FOCUS : LES COMIC-BOOKS SONT-ILS UNE ESPECE EN VOIE DE DISPARITION ?

Les chiffres des ventes consécutifs au reboot Dc ont d'un coté rassuré certains lecteurs, d'un autre ils ont fait bondir les Cassandre du comic-books qui y lisent le déclin inévitable de notre média préféré. Quid de l'avenir de la bd super héroïque américaine telle que nous l'avons connu jusque là? Loin de moi l'idée de détenir la vérité et les solutions, mais juste la volonté de vous rappeler l'évidence en trois points. Trois indices qui mis bout à bout constituent une preuve : les années de vaches grasses sont loin derrière nous, et s'attendre au pire n'est pas forcément une mauvaise stratégie... Un chiffre brut avant de poursuivre cette amère démontration : Si le titre le plus vendu en septembre dépasse de peu peu les 250 000 copies (et ce avec l'effet du reboot, la présence de Jim Lee, une campagne marketing conséquente), le numéro un des X-men de ce même Jim Lee, voilà deux décennies, explosait la barre des huit millions d'unités. Dit comme ça, on aurait presque envie de pleurer.

Alors, pourquoi cet effondrement des ventes? Tout d'abord, parlons gros sous. Nous sommes en pleine prériode de crise mondiale, les porte-monnaies se dégarnissent et les budgets familiaux crient famine. Dans ce cas, c'est souvent sur les loisirs, les biens culturels, que porte l'économie la plus facilement réalisable. J'ai moins d'argent? Je me limiterai donc à un ciné au lieu de deux chaque mois, j'arrête de lire le quotidien (il y a des gratuits), et les comic-books, ce sera à dose homéopathique. J'exagère? A peine. Combien de lecteurs ont réagi ainsi, combien ont-ils opté pour ce serrage de vis salutaire à leurs bourses en danger? Le prix unitaire de nos bd est aujourd'hui de 2,99, voire plus souvent 3,99 dollars ! Une balle dans le pied que se tirent chaque mois les éditeurs.

Ensuite, admettons le franchement. Sur Internet, il n'y a pas que des mp3 et des films gratuits à télécharger. Les comic-books ne font pas exception à la régle. Dès leur jour de sortie, tous les titres disponibles ont fait le tour de la planète, sur des centaines de blogs spécialisés ou sur les forums d'echange. Combien de jeunes lecteurs, parmi la nouvelle génération, se contentent de lire distraitement sur leurs ordinateurs (tablettes tactiles, le must, un confort parfait, une véritable incitation) les comic-books qu'ils n'achètent plus? Un simple passage sur le forum downparadise, par exemple, m'a permis de repérer, en moins de cinq minutes et quelques recherches, l'intégral du catalogue de Lug/Semic, pour les nostalgiques, la grande majorité des albums Panini, toutes les nouveautés Dc liées au reboot, et des miliers de titres différents Marvel/Dc/Image classés sous forme de séries complétes ou de runs cohérent. Sans le téléchargement, combien de comic-books en plus seraient vendus chaque mercredi?

Et puis troisième point, l'évolution des moeurs, et de l'entertainment. Si autrefois les jeunes lecteurs considéraient le comic-book comme un des moyens d'évasion et de rêverie les plus probants, aujourd'hui, que valent 22 pages en couleurs, face aux consoles de jeu, aux ordinateurs, aux réseaux sociaux, à toute cette nouvelle industrie qui demande son lourd tribut économique et de temps disponible, qu'il a bien fallu aller trouver quelque part? Ceci concerne les jeunes, mais aussi nous autres les trentennaires et les quadras, qui avons manifesté au fil du temps un certain snobisme (j'attend la sortie du Tpb avant d'acheter... Je ne veux que des éditions luxueuses et reliées...) et sommes pareillement tombés dans le piège de la distraction fatale des autres rivaux modernes, à coté desquels le comic-book n'est plus attractif et pourvoyeur de bon temps. Un média déjà usé jusqu'à la corde, et en voie d'extinction? Ne raillez pas, la vérité est peut-être très crue et dure à entendre, et sans l'explosion du phénomène des adaptations cinématographiques, où en serions nous aujourd'hui? La survie des comics passe t'elle nécessairement par les salles obscures? L'activité même de lire, une bd ou un livre, est-elle devenue une pratique obsolète, ou si peu répandue qu'elle risque de devenir marginale pour de bon? Les gardiens du temple, les passionés que nous sommes, avec les responsables marketings des grandes maisons d'éditions, et les artistes eux même, chacun devra apporter son lot de solutions et fournir sa propre auto critique, si nous voulons que l'objet de notre flamme perdure. Et conjurer l'extinction, par manque de combustible.

7 commentaires:

  1. Sans le téléchargement, combien de comic-books en moins seraient vendus chaque mercredi par un public qui ne trouverait plus le moyen d'entretenir sa passion. Pour vendre il faut des acheteurs, et quand les foyers n'ont plus un rond, la part pour les loisirs s'en ressent.

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  2. Oui, certes, c'est ce que je dis également. La crise et l'accès immédiat et gratuit à toutes les sorties de la semaine forment un cocktail létal pour le support papier.

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  3. L'accès immédiat et gratuit à toute les sorties de la semaine permet d'entretenir sa passion pour les comics books, ce qui maintient les ventes face à la concurrence des autres loisirs toujours plus envahissants et performants, comme les jeux vidéos, et un porte-monnaie qui se réduit chaque mois. Sans le brassage qu'offre internet avec l'intégral gratuit (qui n'est pas si «immédiat» et accessible que ça), les previews et les sites, les comics auraient complétement certainement décroché. Même Marvel fait du gratuit.

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  4. Oui et non. tout d'abord je ne dis pas qu'il faut faire la chasse au téléchargement ou que je suis contre. Je télécharge moi même un peu de tout, et de plus, le problème ne me regarde pas. Les fabriquants et producteurs de contenus sont suffisamment bien payés pour trouver des solutions, moi on me rémunère pour d'autres tâches. Par contre, ce que je veux dire, c'est que parmi mes amis et connaissances, il en a un bon pourcentage qui télécharge chaque mercredi les sorties, avec comme philosophie "ça m'évite de les acheter". Je sais bien qu'il impensable d'acheter tout ce qu'on télécharge, mais parmi les plus jeunes surtout, le support est tellement dématérialisé que ça ne les gêne plus de lire les comic-books sur un ordi, et qu'en conséquence pourquoi payer, pour du matériel disponible partout et gratuit sur le net? C'est une question que Marvel, Dc, et autres, devront bien un jour regler. Et si ça pouvait les inciter à baisser leurs pris du numéro au détail, j'en suis fort aise... (je poste en anonyme, mais c'est bien moi l'auteur du blog et des réponses, petit problème informatique ce midi!)

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  5. C'est toujours sympa les exemples autour de soi. Moi je connais des amis, s'ils doivent faire un choix entre les comics et leur console de jeu, laisseront les comics et décrocheront, et n'en achèterons plus jamais, parce que le public des comics est essentiellement composé de passionnés, une clientèle fidélisée, par conséquent, le lecteur de comics achète toujours quelque chose ou est impatient de retrouver une adaptation super-héros au ciné ou en jeu vidéo ou se lance dans une collection ect. La question du marketing par rapport à internet se pose évidemment tout le temps. Les éditeurs n'en n'ont manifestement pas souffert. Il me semble que depuis qu'internet existe le comics ne s'est pas effondré, et n'a jamais été aussi populaire, comme en témoigne tous les dérivés, supports numériques et adaptations cinéma et télé qui rapportent beaucoup aux principaux éditeurs. Tout est une question de modèle économique et critiquer le téléchargement comme tueur de la vente papier et donc de la production de comics, est un mauvais procès. Revois IMMÉDIATEMENT ton titre s'il te plait.

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  6. "le comics ne s'est pas effondré, et n'a jamais été aussi populaire"
    Il me semble que tu confonds la situation en France et en Europe, où des éditeurs comme Panini ou Delcourt tirent leur épingle du jeu avec le circuit librairie et quelques titres en kiosques, avec la réalité du marché américain, où les meilleures ventes, voici 10-15 ans, se chiffraient en millions d'exemplaires ! Aujourd'hui un titre qui dépasse la barre des 100 000 est déjà un énorme et franc succès, et des séries comme Thor ou les Fantastiques, par exemple, plafonnent plus proches des 50 000 ... Après si des chiffres moyens de vente de 10 à 15 fois inférieurs à ce qui se faisait avant, en l'espace de dix quinze ans, tu ne trouves pas ça une crise grave et évidente, c'est ta vision des choses... a ton avis, pourquoi Dc reboote totalement son parc de comics? Pourquoi les séries subissent des relaunchs en continuation? Pourquoi des titres phares, des gros crossovers, comme Fear Itself, dépassent à peine les 75 000 ventes, ce qui aurait été considéré comme un echec cuisant voilà dix ans? Le public composé de "passionés" comme tu dis c'est en grande partie des gens comme moi, de 30 a 50 ans, qui suivent depuis des années, auquel il faut ajouter une minorité (bien présente cela dit) de jeunes vraiment accrocs (tant mieux) et un bon nombre de jeunes lecteurs "occasionels", "du moment" attirés par les films ou un effet de mode, mais dont on sait bien qu'ils peuvent d'un moment à l'autre decrocher totalement. Nier qu'internet a chez ces derniers un impact, et syphonne nombre d'acheteurs potentiels, c'est aussi nier la réalité.
    Au fait, pourquoi je devrais changer mon titre? après tout c'est une question, avec un point d'interrogation, et chacun est invité et le bienvenu, pour y apporter sa ou ses réponses. Je ne suis pas du tout d'accord avec ce que tu prétends affirmer, mais j'apprécie que chacun donne son point de vue, même s'il est différent du mien. C'est le but de ce blog.

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  7. « si des chiffres moyens de vente de 10 à 15 fois inférieurs à ce qui se faisait avant » il me semble que tu confonds les titres et les ventes globales. Alors c'est sûr, il se vend beaucoup moins de comics aux U.S. mais dans une proportion de chute de moitié depuis 15ans (Avant internet n'existait pas...) En fait, les ventes sont à peu près stables sur la durée pour les DC / Marvel depuis 10ans. Donc, je maintiens, on ne peut pas parler de marché qui s'effondre. Le Crossover à répétition est un phénomène qui vraisemblablement s'essouffle (d'autant que Secret Invasion a dû dégoûter pas mal de lecteurs). Le public de comics, d'ici et d'ailleurs, est un public de passionnés, aux USA c'est une vraie culture, que des fans, de tout âge. Incriminer le téléchargement comme cause des maux du support papier n'est pas tenable. Ca le sera peut-être si les tablettes se généralisent ou peut-être que ça sera le contraire, ou peut-être que ça verra les ventes comics numériques exploser, on verra. Donc rajoute six points d'interrogation sur le titre de ton article (si tu veux pas le changer), et je te donne trois euros pour une VO avec des coloriages dégeu, des copiés/collés et du tracing pourri à chaque page.

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