NICK FURY TOME 1 : FURY JUNIOR EN SOLO

Là encore, je sens que les puristes vont en avoir un coup de sang  : comment cela Nick Fury? Mais ce n'est pas lui voyons, le vrai Nick Fury a presque atteint la centaine, mais il a toujours bon pied bon œil, enfin façon de parler, puisqu'il est borgne. Cigare au bec, allure de barbouze décomplexé, le chef du contre-espionnage est un exemple de coolitude, à la croisée des chemins entre John Wayne et Jean-Paul Belmondo. Alors la version moderne, celle qui met en scène le fils du colonel, c'est évidemment une tentative assez maladroite d'introduire dans l'univers Marvel le Nick Fury du cinéma, qui avait déjà été testé dans l'univers des Ultimates. Au passage, le fiston a lui aussi un bandeau sur l' œil, et n'allez pas trop me demander pourquoi Marvel a ressenti le besoin de pousser la similitude jusque-là... Vous l'avez compris, je n'aime pas ce personnage qui est arrivé comme un cheveu sur la soupe, ce qui n'empêche que l'on peut toujours essayer de juger une série uniquement pour ce qu'elle raconte, pour sa qualité artistique, sans trop se laisser influencer par ses racines. Nous voici donc avec un premier titre solo dédié au personnage. On le retrouve en France, sur la Côte d'Azur, pour une infiltration dans un casino : il s'agit de subtiliser des documents en toute discrétion. Sauf que l'agent Franki Noble, convertie à la cause d'Hydra, se dresse sur son chemin. C'est fun et décomplexé, et surtout James Robinson laisse toute liberté au dessinateur de s'éclater. Alors Aco fait des choses assez étonnantes, et on en prend plein les yeux.


Car oui, c'est la prestation de cet artiste qui singularise la série. Avec l'emploi fréquent de double planches surchargées en petites vignettes, en détails grossis, mais toujours surlignés avec intelligence et originalité, comme dans ce premier épisode qui joue avec les caméras de surveillance et la forme sphérique. Les couleurs également sont éclatantes, pétaradantes, comme pour rappeler le lointain cousinage avec l'époque de Steranko, qui suintait le lsd mis en images. 
On retrouve Fury dans un train, au Mexique, pour sauver la peau d'un dignitaire local, alors que ça canarde et que c'est fort en tequila! Mais aussi dans le royaume sous-marin de Namor, où là aussi Hydra a noyauté la société, et en vacances dans un bled paumé où chacun tente de le supprimer. Mais encore ...Nick Fury sur la Lune!
Robinson choisit le format court, pour raconter des récits déconnectés les uns des autres, si ce n'est l'opposition qui voit s'affronter les deux extrêmes que sont Fury et Franki Noble. Peu à peu l'évidence s'impose, ce Fury là est à l'aise dans les baskets de son père, et on pourrait même dire qu'on ne voit pas l'intérêt de remplacer l'un par l'autre, si ce n'est apporter une touche de modernité, et mettre à la page celui qui a fait de l'espionnage un art de vivre, au milieu de héros bodybuildés en collants, beaucoup moins subtils. Ce titre fonctionne car il s'affranchit des habitudes routinières des grandes productions Marvel, et tente de construire quelque chose de son coté, sans regarder et copier sur le voisin, et ça a le mérite d'être fun et décomplexé. Bref on encourage. 



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