Heureusement que Delcourt a placé en exergue du tome 2 de Radiant Black une page de résumé, qui permet de situer l'action et qui sont les personnages, car autrement le lecteur qui déciderait de prendre l'aventure en route serait totalement perdu. C'est que nous sommes d'emblée dans la suite du premier volume, à savoir un combat sans merci entre les quatre différentes expressions du Radiant, chacune représentée par une couleur différente, et un mystérieux ennemi qui est clairement venu pour les exterminer, au prétexte qu'ils représentent une menace pour notre planète. D'un côté nous avons une totale inexpérience et le manque de coordination des héros, puis de l'autre un adversaire très coriace, qui parait beaucoup plus maître de lui et qui de surcroît à la fâcheuse capacité de se recharger en puisant dans l'énergie des Radiant. Les combats sont spectaculaires avec une mise en couleur qui oscille entre le magnifique et l'impression d'en faire un peu trop, au point de flirter avec les limites du lisible. Néanmoins Marcelo Costa (et Natalia Marques) a vraiment un talent indéniable quand il s'agit de faire sauter les planches à la figure du lecteur, et c'est en effet un comic book survitaminé qui nous est donné ici à lire. Mais pas que, car le scénario de Kyle Higgins est aussi capable de nous émouvoir, notamment la relation entre les deux amis Nathan et Marshall. Le premier est à l'hôpital, dans le coma, et vraisemblablement il ne se réveillera plus; son pronostic vital est engagé. Le second a donc récupéré l'énergie du Radiant Black et il tente de faire de son mieux pour qu'on pardonne ses bêtises, tout en en voulant à mort à la jeune Satomi (Radiant Red), qui est responsable du drame de son ami. Une relation amicale d'ailleurs très forte qui donne lieu à des scènes touchantes dans la chambre d'hôpital, avec l'espoir qui s'amenuise au fil des jours, jusqu'à la grande décision de tout tenter, d'aller au-delà de l'univers connu, d'exploiter des pouvoirs encore mal maîtrisés pour faire revenir celui que tout le monde estime être perdu. Au passage, cela signifiera aussi affronter la vérité, la vérité vraie, celle que l'on se cache parfois, de peur de s'y confronter.
Les quatre individus qui ont reçu chacun des pouvoirs dérivés du Radiant (en touchant une sorte de trou noir qui apparaît dans l'espace-temps) possèdent des personnalités différentes, ce qui permet d'équilibrer les scènes où ils se retrouvent et de créer de la tension, mais aussi de la dynamique dans cette équipe qui n'en est pas une. D'ailleurs, le dernier des six épisodes présents dans ce second volume est consacrée à une jeune fille, Meghan Camarena, qui porte le costume rose. Son activité principale est d'être une influenceuse/streameuse sur Youtube. Toute son existence tourne autour de son travail sur les réseaux et il suffit d'une simple panne de micro pour que elle ne puisse plus répondre aux attentes de ses fans. Le détail est important car c'est en voulant se procurer un nouvel appareil que sa vie va basculer définitivement. On notera une volonté farouche de Higgins de faire parler ses personnages comme de véritables jeunes, quitte à caricaturer exagérément les expressions et les tics de langage. C'est particulièrement flagrant dans le dernier épisode mais c'est aussi quelque chose dont on se rend compte dans les cinq précédents; il y a par endroits quelques petits détails au niveau de la traduction qui nous font tiquer, pour être parfaitement honnête. Appartenant à la génération des quadras, voire même désormais des quinquas (quasiment), j'ai toujours du mal avec ce français, lorsqu'il est aussi maltraité, mais j'ai toutefois bien conscience que c'est aussi une réalité irréversible. Dernier point, cette série se voudrait être une sorte d'antidote pour ceux qui sont en manque de "Invincible" (la série de Kirkman) ou qui aimerait retrouver l'esprit des comic books d'antan, comme par exemple les premiers pas de Spider-Man. C'est vrai qu'il y a un côté rafraîchissant et juvénile dans cette histoire, mais tout ceci est fortement parasité par un scénario beaucoup plus complexe qu'e ce qu'on pourrait deviner, avec des enjeux qui tardent à réellement se dessiner, au point qu'à certains moments l'histoire se fait même un peu brouillonne. Radiant Black est donc assez paradoxal : il y a un énorme potentiel dans ce titre, les pages sont réellement accrocheuses et donnent envie de s'y plonger, mais nous sommes toujours à la croisée des chemins, c'est-à-dire en équilibre entre une grande réussite promise à un avenir brillant et quelque chose qui vise un peu trop haut et risque de redescendre, tel un soufflet avorté. On attend le tome trois pour se prononcer avec plus de justesse.
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