HAPPY NEW YEAR !

BONNE ANNEE à toutes les lectrices et tous les lecteurs de ce blog
Rendez-vous le 3 janvier pour de nouvelles aventures super-héroïques

INCOGNITO : La série de Brubaker / Phillips

Travailler en binome, quelle joie. Pour les lecteurs, certaines associations (Claremont + Byrne ou encore Millar + Mac Niven) sont de suite rassurantes, voire jouissives. Citons également le duo Brubaker / Phillips qui a finalement trouvé sa voie, son alchimie, et qui en général fournit uniquement une matière première de belle facture. Avec INCOGNITO (Non, ce n’est pas l’adaptation bd du récent film avec Dubosc et Bénabar) vous n’allez pas être déçus, forcément. L’ambiance sombre qui a fait le succès de « Criminal » ou de « Captain America », Brubaker oblige, est à nouveau présente, mais la série emprunte un parcours qui porte au genre super héroïque et d’espionnage. Zack Overkill est un ancien super vilain qui n’a plus de pouvoirs, et qui traverse une bien morne phase, qui plus est placé dans un programme de protection policière, et au centre d’une intrigue qui voit s’affronter une agence gouvernementale et un syndicat de criminels post-humains. Zack ne semble pas fait pour cette existence au rabais, et il va provoquer bien imprudemment l’étincelle qui va mettre le feu aux poudres. Il faut dire qu’il est bien difficile de passer de la possibilité de donner libre cours à des pouvoirs remarquables, d’avoir la faculté de se hisser au dessus du commun des mortels et de goûter à la toute puissance, pour ensuite échouer lamentablement sous le giron de fonctionnaires zélés qui tentent tant bien que mal de vous maintenir en vie. Rien n’a plus de saveur, et cet état dépressif est à rapprocher de celui de l’artiste qui sort de scène et retourne dans l’ombre, ou du drogué qui une fois son trip achevé, amorce la descente et initie une nouvelle période de manque, et d’attente. Brubaker développe toute une série de thématiques dont il est coutumier, et ne révolutionne pas sa marque de fabrique, loin de là. Cette façon de toujours devoir composer avec un passé qui vous tourmente, qui revient en fragments pour guider les choix futurs, c’est aussi ce qu’on retrouve par exemple avec le Winter Soldier, devenu le nouveau Captain America, ou chez le Professeur Xavier, que l’on découvre tout à coup avec une armoire remplie de squelettes qui ne demandent qu’à sortir ! Ou encore cette notion particulière de l’héroïsme qu’il affectionne, ce code d’honneur et déontologique particulier que le protagoniste possède, censé masquer ou faire pardonner d’autres dérives qui font de lui un des « méchants ». Sean Phillips est encore une fois très bon aux dessins, son style est digeste et léger, et associe un trait clair avec un encrage crade et menaçant. Ne croyez pas que l’univers d’ Incognito est sombre comme la nuit, vous trouverez aussi toute une gamme de couleurs pastelles qui se mettent au service du récit et qui rendent l’œuvre plus agréable et humaine. Peut être une voie à suivre, d’ailleurs, pour les prochains titres urbains (Daredevil ?) que Brubaker ne manquera pas de réaliser, qui ont parfois besoin de ce type d’arc en ciel pour éviter la déprime totale. En résumé, encore du bien bel ouvrage ! Achetez la VO sous forme d'un beau Tpb de 176 pages ici.

NAMOR - Voyage au fond des mers (Graphic Novel)

Si Peter Milligan avait voulu nous faire une bonne blague, il ne s’y serait pas pris autrement : le dernier Graphic Novel en date, édité par Panini, est consacré à Namor, Prince des Mers… sauf que si toute l’histoire tourne autour de lui, sa présence est réduite à presque rien. Il faut dire que ce récit se déroule au début des années 50, et qu’alors le quidam moyen n’avait pas l’habitude de voir défiler ces êtres en costumes bariolés, encore moins un homme poisson affublé d’un slip moulant pour tout vêtement. Du coup, le protagoniste devient Randolph Stein, un scientifique épris de son travail, qui nourrit l’ambition de démontrer que les légendes comme l’Atlantide ou le Yéti sont justes des racontars de bonne femme, et qu’elles n’ont pas lieu d’être. C’est ainsi qu’au début de notre album, il prouve scientifiquement, grâce à des prélèvements et des échantillons, qu’à l’origine du mythe de l’abominable homme de neiges se cache en fait un plus prosaïque ours brun de l’Hymalaya. De même, il s’entête à vouloir faire déchanter tous ceux qui parlent de cette créature appelée Namor, censée être capable de respirer sous l’eau : billevesée que tout ceci ! A bord du sous-marin Pluton, Stein plonge au plus profond des abysses en toute quiétude, lui et son staff de petits génies. Au passage, on admire le travail du croate Esad Ribic, qui nous offre une vision somptueuse de ces grandes eaux, et organise un ballet de couleurs aquatiques des plus merveilleux. Cela dit, la continuelle descente vers l'inconnu et le manque d'air qui nécessite l'intervention d'un officier de secours, ont de quoi inquiéter et stresser les membres d'équipage : c’est la le tour de force de cet album ; parler, évoquer, se disputer même, au sujet de ce Prince des Mers invisible, dont la présence fluctue comme un serpent de mer à travers les consciences ; une chimère crainte ou désirée, un objet de fascination qui finit par devenir recherche spasmodique, étouffante, dans un huis-clos au fond des océans, dont on peut bien entendu deviner l’épilogue depuis les premières planches. Le conflit est ouvert entre la science, et la mythologie. Cette dernière, dans le monde Marvel, étant destinée, et cela le lecteur de base le sait, à phagocyter la première, et à réécrire le destin du genre humain, à travers ces êtes aux supers pouvoirs et tout puissants, qui inéluctablement vont proliférer par la suite. On peut également souligner la justesse du choix de la part de Panini, de nous proposer cette aventure dans ce grand format « Graphic Novel ». Il fallait bien un écrin de la sorte pour mettre en valeur les planches de Ribic, qui donne une impression de réalisme rétro à son travail, et qui offre en prime une version renversante de Namor, qui occupe menaçant l’intégralité d’une page, le regard royal, et la peau étrangement bleutée ( le reflet marin ? ). Le lecteur collectionneur se heurtera juste à un petit problème de rangement : le format GN est un peu « bâtard », et dépasse en longueur les autres gros volumes pour la librairie (Deluxe, Best of ) ce qui n’en fait pas un objet facile à ranger parmi les autres albums. Un problème bien relatif, je suis d’accord…

STRANGE TIMES : Strange spécial origines 301 bis (Jack Kirby)

Voici un bon petit numéro de Strange Spécial Origines, qui remonte à quinze ans, pile poil. On peut y lire le Fantastic Four King Size 5 (un annual en fait) ou le quatuor est aux prises avec le pouvoir mental de Psycho Man, un combat entre les premiers X-men et l'équipe des Vengeurs de l'époque (nous sommes sur les pages de X-men 9), et enfin une aventure du Surfer d'Argent de la grande époque, entre naïveté et grandeur cosmique. Point commun de toutes ces histoires : elles sont dessinées par le grand Jack Kirby, et imaginées par Stan Lee himself, comme très souvent durant les premières années de la Marvel.
Comment ça, qui était Jack Kirby ? Vous voulez plaisanter, probablement. Comment ça, mérite t’il tous les éloges dont il fait l’objet, et cette réputation de père nourricier de toute une génération d’artiste, chez qui son talent aurait fait école ? Allez, voici un très brève mais édifiante leçon d’histoire. Jack Kurtzberg, de son vrai nom, fait partie de ce groupe de dessinateurs qui a révolutionné la façon même de penser le comic-book, dès les années 40. C’est en couple avec Stan Lee qu’il invente Captain America, en rehaussant le pathos du titre par des scènes d’actions et de combats qui bouleversent les canons du genre, grâce à leur dynamisme, avec des planches presque cinématographiques où le mouvement semble exploser d’une case à l’autre. Ce même mouvement qui attire l’œil comme un aimant, qui nait de perspectives inédites pour l’époque, de personnages saisis sur le vif, depuis des points de vue inattendus, ce qui a pour effet pervers, souvent, de modifier sensiblement les proportions, à la limite du caricatural -voire du grotesque- des protagonistes kirbyens. Mais ces aberrations anatomiques sont amplement compensées par un effet de dynamisme extraordinaire, la nette sensation de voir tous ces personnages s’échapper du carcan de la planche dessinée, pour s’épanouir hors des marges qui lui sont destinées, pour exploser à la vue de tous et imposer un style hyper cinétique qui va faire école et être copié avec plus ou moins de succès par tous les artistes de la Marvel de l’époque. Dans les années 70, Kirby accentue son travail théorique, et cette fois on le voit tendre encore plus vers un fort contraste entre le noir et le blanc, une dilatation des espaces et une synthèse poussée des masses physiques, des corps. Il produit un nombre conséquent de séries, s’impose un rythme infernal inimaginable pour notre époque moderne, invente et absorbe les crises et les doutes de son temps comme la peur d’un conflit nucléaire et le scénario apocalyptique qui en découlerait, avec une série comme Kamandi, produite pour la DC comics, après un premier départ de la maison mère Marvel. Là, avec des mensuels comme « The new Gods » ou « Mister Miracle », il met progressivement main à la réalisation d’un panthéon personnel, qui va donner naissance, une fois de retour dans le giron de Stan Lee et consorts, à une légende du comic-book, « The Eternals », première mouture. Kirby va perdre un peu de son aura après les graves événements du Viêt-Nam, et la grande crise des valeurs que va traverser l’Amérique : ses œuvres par trop manichéennes, où le combat du bien triomphant contre un mal caricatural et caricaturé, finissent par lasser un public épris de réalisme et de scénarii plus complexes. Cela sera surtout visible au moment de son retour sur Captain America, où il développera des aventures très réactionnaires desservies par des dialogues clairement datés et bien trop rhétoriques, quoi que toujours illustrées avec un talent fou. Kirby perdra la main progressivement, échouera dans sa tentative de créer d’autres héros (comme Captain Victory, personnage d’une autre époque, durant les eighties !) avant de disparaître en février 1994; de suite transporté au panthéon du genre, un pied droit dans la légende.

En kiosque : DARK REIGN SAGA 1 - THE REUNION

Bobby Morse n'est pas morte des suites d'un combat contre Méphisto, comme nous l'avions si longtemps cru. Comme tant d'autres héros, elle avait été enlevée puis remplacée par les forces de l'armée Skrull, et c'est donc son double extra terrestre qui a été réduit en cendres à sa place. Puisque désormais les héros remplacés ont repris leur véritable rôle au sein de l'univers Marvel, les retrouvailles avec Clint Barton, son époux, étaient attendues et redoutées. Clint non plus n'a pas eu la vie facile ces temps derniers, il a également connu une fin tragique suite à la folie de Wanda Maximoff, et une “résurrection” dans la foulée. Je ne sais pas pour vous, mais ce qui m'a poussé à acheter ce numéro de Dark Reign saga, c'est l'envie d'en savoir un peu plus, enfin, sur le destin de ces héros enlevés, sur le parcours une fois sortis de scène, en captivité chez les skrulls. Hors, grosse déception, hormis quelques cases de ci de là, puis une dernière partie un peu plus riches en détails, mais qui finalement ne résout pas vraiment l'énigme, il ne nous est pas donné d'assouvir notre soif de savoir, et nous en sommes toujours réduit à extrapoler, alors que l'écho des dernières batailles consécutives à Secret Invasion commence inexorablement à faiblir. Au lieu de ça, on se retrouve à devoir supporter une simple et banale histoire d'espionnage et de complot à l'arme chimique, avec le couple vedette qui tente de déjouer les plans d'une scientifique folle au service de l'A.I.M, et qui fera bailler le plus endurci des lecteurs dès le second chapitre (sur quatre).

Forcément, je suis déçu, et je ne peux pas même compter sur les dessins du couple Lopez pour remonter le niveau : ils n'ont rien de bien formidable, plats et bénéficiant d'un traitement par informatique qui donne un aspect polissé-carte patinée qui me fatigue singulièrement (c'est aussi le défaut des Secret Warriors de Nick Fury, en ce moment). Nous avons vraiment le sentiment d'un coup pour rien, ou d'épée dans l'eau, c'est au choix. Bendis a beau rester persuadé que Mockingbird a un potentiel inexploité et que l'heure est venue de lui donner la place qu'elle mérite, je ne vois guère l'intérêt d'une telle résurrection, plombée de surcroit par cette mini série sans audace et inspiration. C'est en plus revenir sur un des moments les plus émouvants de la saga des “West coast Avengers” et plonger Clint Barton dans les affres sentimentales à l'eau de rose d'une tentative de réconciliation avec son ex épouse, dont la quasi totalité des lecteurs se contrefichent. Il est vrai, cependant, que les fesses de la demoiselle en couverture pourrait bien racheter en partie l'insipidité du propos à l'intérieur. J'ai bien peur toutefois que l'avidité et le manque de courage d'une partie des cerveaux de chez Marvel ne finissent par faire plus de mal à nos superhéros que ne purent en faire les Skrulls en liberté durant leur tentative avortée d'invasion. Cinq euros à économiser, un achat parfaitement dispensable.

JOYEUX NOEL

Bonjour à tous ! Et joyeux Noël ! Univers Comics part en (très) brèves vacances. Pas de mise à jour donc, ni de ce blog, ni de la page Facebook, pour les 25 et 26 décembre. Retour prévu le 27 avec les nouveaux super pouvoirs que me conférera la dinde radioactive ou la bûche venue d'une réalité parallèle, si tout va bien. HAPPY X-MAS !!!

SPIDERMAN : ONE MORE DAY Où comment saborder un personnage sur l'autel des ventes

Le lecteur de la première heure de Spiderman pourrait bien ne plus reconnaître le personnage aujourd’hui. Que de changements capitaux, que d’évolutions ! Nouveaux pouvoirs après une mort et une résurrection de Peter Parker (The Other, une saga qui voit Parker mourir et revenir de l'au delà), plus d’identité secrète puisque Peter s’est démasqué aux yeux du monde entier (Civil War) … Ce qui faisait le charme, la carte de visite de la série, a été profondément bouleversé. Incroyablement inattendu, l’araignée a finit par tourner le dos au gouvernement américain ( et à Tony Stark en particulier ) qui l’avait convaincu de se démasquer, et il est devenu de la sorte un fugitif recherché par les autorités. En cavale avec son épouse et sa tante ( toujours là celle là ! ) il réussit à éviter le projectile d’un tueur à gage du Caïd de la pègre, qui finit sa course dans la poitrine de l’inoxydable Tantine. En fin de vie à l’hôpital, elle semble définitivement perdue, ce qui plonge Parker dans d’affreux remords, lui qui se sent si coupable au point qu’il se dit prêt à TOUT pour la sauver. Le lecteur moyen n'en croit pas ses yeux, lui. Va t'il enfin être débarassé de la vieille dame la plus irritante et persistante de l'histoire du comic-book? La réponse s'appelle "Deus ex macchina", et ceux qui ne connaissent pas cette expression latine vont avoir un exemple lampant, sous la forme d' un pacte avec le diable, ici incarné par Méphisto. Ce dernier, toujours aussi retors, propose un joli marché de dupe : l’amour et le mariage de Peter et Mary Jane contre la survie de la Tante. Avec au passage, pour convaincre le tisseur d’accepter, le retour à l’anonymat ( plus personne ne se rappellera que Parker et Spidey ne font qu’un ) et donc à la possibilité de se refaire une vie. Peter va-t-il accepter de sacrifier celle qu’il aime, son couple, dont il perdra alors jusqu’au souvenir, comme si rien de tout cela n’avait été vrai auparavant ? Voilà une bien bonne idée pour relancer le titre, le ramener à un status quo scénaristique d’il y a plusieurs décennies ! J'ironise, bien sur. Comment ruiner des mois, des années de travail, tout sacrifier sur le sacro saint autel de la rentabilité et du mainstream pur et dur. Car c'est bien là que le bas blesse, nous savons très bien qu'il n'y a pas d'autres issues immédiates, pour s'assurer que la poule continue de pondre de jolis oeufs d'or. Le projet ONE MORE DAY a vraiment partagé les lecteurs, certains ayant réagi de manière très virulente et promis d’abandonner Spiderman. Beaucoup ont maintenu parole, sauf y revenir périodiquement pour vérifier l'étendue des dégâts avec l'amertume du fan trahi. Les ventes, elles , se sont envolées, bien que l'enthousiasme initial soit assez vite retombé, pour une stagnation honorable dans les charts américains. Joe Quesada, responsable éditorial de la Marvel, s’est attelé himself aux dessins, avec ce talent et ce style que j’adore et qu’on lui (re)connait, même s'il a déjà fait bien mieux de par le passé. Straczynski livre un des scénarii les plus controversés de l’histoire des comics américains et vous arrache quelques larmes avec une ultime scène poignante entre Peter et Mary Jane, qu’on aurait préféré ne jamais lire. Le tout contre sa volonté, ce qui explique qu'il claque ensuite la porte avec pertes et fracas, et que Spidey voit s'envoler l'homme qui a su le révolutionner comme peu d'autres avant lui. Un retour vers l'innocence, désirent les pontes de la Marvel, un grand pas en arrière dans l'immaturité et la bétise d'aventures basiques et sans grande saveur, rétorqueront les plus attentifs et objectifs.
Alors, quoi, comme altérnative à One More Day? Et bien je vous le demande, vous, chers lecteurs, comment auriez vous résolu le dilemmen causé par l'impasse scénaristique consécutive à "Back in black"? Par exemple : Spidey fugitif, est finalement recruté par Norman Osborn chez les Thunderbolts, mais se fait bouffer la cervelle dès qu'il lui tourne le dos, par un Vénom aux crocs acérés? Toutes vos propositions les plus folles seront transmises à Joe Quesada, mais je ne peux vous garantir qu'il donnera suite à vos élucubrations...

DAREDEVIL MARVEL DELUXE 3 Le roi de Hell's Kitchen

La collection « Marvel Deluxe » mérite bien son nom. La qualité des albums est excellente, de beaux pavés à placer dans votre bédéthèque, sans y penser à deux fois. Tout juste faut-il passer l’écueil du prix (presque trente euros) mais bien souvent, la dépense est justifiée par un nombre de pages conséquents (pas toujours : le dernier Ultimates vol.2 est manchot…et ce Daredevil Vol.3 est amoindri!) et par la qualité des séries proposées. Alors quand on parle du Daredevil de Bendis, dans cet écrin, on évoque forcément un des cadeaux de noël indispensables pour les amateurs de comics (cadeau que je me suis fait, bien entendu, avec plaisir !). Avouez le, on n’est jamais aussi heureux que quand le sort s’acharne sur ce pauvre Matt Murdock, qui bien qu’aveugle en voit décidemment de toutes les couleurs. Son identité secrète est désormais un secret de polichinelle, il est attaqué de toutes parts, par un peu tout le monde, et retranché derrière un accès de violence inattendue, il tabasse inlassablement les criminels qui osent s’aventurer dans son quartier, Hell’s Kitchen, au point qu’il se rebaptise même le nouveau « caïd » du coin. Murdock ne plaisante plus, il vaut mieux ne pas s’y frotter ! C’est ce que ne semblent pas comprendre certaines petites frappes, comme un groupe de yakuzas qui pensent pouvoir s’emparer du turf de l’homme sans peur, sans coup férir. Ils y vont à cent contre un, courageux mais pas téméraires. Dans ces conditions, même Daredevil en est pour ses frais, avec un long séjour d’hospitalisation confié aux soins de l’infirmière de nuit (cette aide soignante qui chaque nuit s’occupe clandestinement des blessés de la communauté super héroïque ; elle semble avoir rajeunie et n’a jamais été aussi désirable, cela dit en passant), durant laquelle il aura le temps de se livrer à une auto analyse, poussé en cela par son ami Foggy Nelson. Et si finalement, il y avait une explication rationnelle au comportement chaotique de Matt, une raison née du récent assassinat de sa bien aimée de toujours, Karen Page (voir "Devil Guardian"). Matt aurait traversé un épisode dépressif aigu, et selon vous, que peut donner une belle dépression quand la victime se pare d’un justaucorps rouge pour rendre une justice sommaire dans les rues de New York ? Même le mariage de Murdock et de sa dernière flamme en date, Milla Donovan, est remis en question, sous cette optique inattendue. Daredevil ne se gave pas d’anti dépresseurs ou de gâteaux au chocolat ; il cogne et cogne, encore et encore.

Alex Maleev est probablement le dessinateur qu’il fallait pour cette longue et belle saga de DD. Des dessins crépusculaires, parfois hiératiques, entachés d’ombres galopantes et de reflets cendrés qui se confondent avec la violence urbaine d’une vie qui part en sucette. Du grand art assurément, avec des doubles planches expressives qui prennent tout leur sens dans ce grand format « de luxe ». Plaisir des yeux également que ce volume 3 car il contient aussi des épisodes qui voient le retour de Natacha Romanova, aka la Veuve Noire, qui vient d’être vendue à ses ennemis par les services secrets américains, en échange d’une dangereuse terroriste. Le meilleur moyen pour elle de rester en vie, c’est de trouver refuge chez son ex amant, Matt Murdock, et d’ailleurs elle semble bien vite se réadapter à ses anciennes habitudes : notre avocat aveugle la trouve d’emblée chez lui sous les draps de satin, prête à une nuit agitée, qui le sera bien finalement, mais pour d’autres raisons (un combat nocturne contre Jigsaw, ennemi classique du Punisher, en fait). Un retour impromptu de l’espionne soviétique qui permet à Daredevil de faire le point sur son mariage (Mila a demandé le divorce arguant du fait qu’elle s’est mariée sur la base d’une duperie) et de comprendre la force de son amour pour sa compagne aveugle, elle aussi. Au point qu’il ne touchera pas la jolie rousse en combi latex, une performance dont je n’aurais pas été capable, je l’avoue. Les super héros ont aussi un super self control, semble t’il. Bonus cadeau en fin d’album, le numéro 65 de la série régulière qui nous permet de revenir sur les récents événements, à travers le prisme de points de vue extérieurs aux faits, comme celui de Spiderman, qui culpabilise lorsque l’identité secrète de son ami justicier est révélée à la presse. Une agréable façon de conclure en douceur un nouvel album Deluxe qui se dévore d’un bout à l’autre, et qui réjouira les incontournables du style « Bendis », magnifié par la crudité des dessins de Maleev.
Juste une remarque destinée à Panini pour finir : pourquoi le prix des Deluxe ne varie t'il pas, même quand le nombre de pages est inférieur, et que cela se voit de suite au premier coup d'oeil? Tant qu'à payer, autant que ce soit le juste prix.

SPIDERMAN : BACK IN BLACK


BACK IN BLACK : Retour au noir. Le noir du costume, que Spiderman avait déjà porté à la suite de la grande saga des années 80, les « Guerres secrètes », et qui avait ensuite fini sa course sur les épaules du plus grand ennemi moderne du monte en l’air, son « double maléfique », Venom. Retour au noir, également pour ce qui est de la thématique. Une période bien sombre pour Peter Parker s’amorce, puisque le voici désormais démasqué publiquement, poursuivi par la loi pour avoir trahi le camp pro gouvernemental ( suite à Civil War ) et que sa Tante May est à l’hôpital dans un coma profond, après avoir essuyé les balles qui lui étaient destinées. Il n’en faut pas plus pour que le gentil Parker se renfrogne et décide de changer de modus operandi. Exit la raison et la retenue, place à une version plus violente et impitoyable du super héros par excellence, qui à cette occasion renoue donc avec son habit de ténèbre. Ambiance urbaine et glauque, Spidey sombre dans la dépression et donne la chasse à celui qui a voulu assassiner sa tante. Nous sommes bien loin du héros gentillet qui blague continuellement, même face à la mort, et exorcice ses démons à coups de calembours bien pourris, tout droit sortis d'un sachet de Carambars goût fraise, les pires, cela dit en passant.

Cette période noire de Spidey est due à J.M.Straczynski, qui lorsqu'il a reçu entre ses mains expertes les destin du tisseur, a choisi justement d'aller de l'avant, d'en modifier jusqu'aux caractéritiques séculaires (la toile organique, exit les lanceurs de vieille facure) au point d'ammener le titre à un stade avancé de non-retour. On pourra discuter longuement du bien fondé de cette opération de radicalisation du personnage, mais elle a porté dans le même temps à une maturation rapide et longtemps attendue de Peter Parker, et à la fin d'un esprit, d'une culture de l'insouciance, qui avait bien souvent caractérisé les aventures de Spidey. Du numéro 471 au 545 du titre mensuel, il a accompli un travail minutieux, provocateur, décrié, par moments très discutable. Comment accepter les larmes de crocodile du Docteur Fatalis après l'attentat aux Twin Towers de 2001, lui qui a si souvent mis mis la planète en danger, et se soucie comme d'une guigne du bien être de nous autres occidentaux? Doom est un terroriste, un des plus dangereux, et des plus complexes certes, mais le voir pleurer sur les décombres new-yorkais est plutôt abscond. De même, attribuer des relations sexuelles et une progéniture cachée à la belle Gwen Stacy, avec le Bouffon Vert, qui plus est, n'est pas seulement osé, c'est carrément douteux et maladroit. Pour ceux qui souhaitent lire l'intégralité de ce retour au noir, qui s'inspire du titre de l'album du même nom du groupe AC/DC, il existe aux States et sur amazon deux gros pavés, deux TPB qui reprennent les épisodes liés à « Back in black ». C’est un moment sombre et solennel dans l’histoire de Parker, où les dessins de Ron Garney sont souvent limpides et propres, mais sans cette profondeur que l’on pourrait attendre d’une telle saga. Il en ressort un certain académisme propret mais loin d'être génial. La recherche du criminel et la soif de vengeance de Spidey devient vite lassante, et se joue sur un faux rythme qui peine à vraiment motiver le lecteur d'un bout à l'autre. Heureusement qu’il il y a aussi de très bonnes perles, de ci de là, dans ces deux volumes, comme le face à face final entre l’éditeur du Bugle, Jameson, et Parker, son employé aimé/détesté, qui reste un des meilleurs moments de ces dernières années, où encore les épisodes de Aguirre/Saccasa qui sont rythmés, frais, et surtout dessinés de bien belle manière par Angel Medina. Très réjouissant également le face à face final entre Wilson Fisk et Peter Parker (sans le masque, visage découvert) qui ne sait pas malheureusement aller au bout de son audace, et ne bénéficie pas de dessins travaillés (les fonds de case sont totalement monochrome et indigents). Le problème avec « back in black », c’est qu’en bouleversant de manière si inattendue le statut quo du tisseur ( identité connue de tous, le voici hors la loi avec sa famille entre la vie et la mort ), la rédaction Marvel s’est mise dans un cul de sac : impossible d’aller de l’avant sans devoir à jamais modifier radicalement les caractéristiques du personnage, trop de risques de tuer la poule aux œufs d’or… ce qui a entraîné une frilosité réactionnaire dictée par l'impératif des ventes (Spiderman est un comics mainstream, en ce sens il ne peut déroger à un tableau des charges qui lui sert de code ADN, certaines révolutions ne sauraient être définitives) : d'où le regrettable One more Day / Brand new Day et le pire relaunch de l'histoire arachnéenne. Back in Black ; le testament de l'Araignée ?

Rating (saga entière) : OOOOO

MAIS QUI EST WONDER WOMAN au juste?

Dans le monde machiste et bodybuildé des super héros, y a t'il une place pour une super héroïne? La réponse est oui, bien évidemment, et même pour une femme merveilleuse, Wonder Woman, la parfaite incarnation de la force et de la grâce, unies pour le meilleur seulement. Attention, WW ne fait pas la vaisselle, elle a trop peur de briser les fragiles assiettes de porcelaine qui lui passeraient sous les mains. Wonder Woman est née au début des années 40, de l'esprit fertile de William Moulton Marston. Fertile, car le dénommé Marston est aussi et entre autres l'inventeur du test de pression sanguine systolique, mieux connu sous le nom de detecteur de mensonge. Selon Marston, "Même les filles ne voudront pas être des filles tant que nos archétypes féminins manqueront de force, de vigueur et de puissance. Comme elles ne veulent pas être des filles, elles ne veulent pas être tendres, soumises, pacifiques comme le sont les femmes bonnes. Les grandes qualités des femmes ont été méprisées à cause de leur faiblesse. Le remède logique est de créer un personnage féminin avec toute la force de Superman plus l'allure d'une femme bonne et belle. " Bonne, pas forcément dans le sens où nous l'entendons vulgairement aujourd'hui, et pourtant, force est de constater qu'il y a pensé également.

Marston s'attelle à la tache, et bien vite le personnage de Wonder Woman prend forme, et obtient son propre comic book, en pleine seconde guerre mondiale. Armée de ses bracelets à l'épreuve des balles, de son lasso magique, et forte de son entraînement d'amazone, Wonder Woman est l'archétype de la femme parfaite dans l'esprit de son créateur. Elle est belle, intelligente, forte, mais a néanmoins un côté doux. À cette époque, ses pouvoirs provenaient de sa « concentration d'amazone », et non d'un cadeau des dieux, ce qui deviendra la version officielle dans les années 60, où la série basculera dans la mythologie grecque à la sauce super héroïque, revue et corrigée. Dès les premières couvertures, Wonder Woman apparait ligotée ou ligotant des hommes, et surtout des femmes, comme dans le célèbre numero 3 de la série où elle capture des femmes, les habille de fourrures puis les chasse dans la forêt, et finalement les attache et les expose sur un plateau. Une belle série de sous entendus érotiques, de scènes équivoques, un bon divertissement pour Marston qui met ainsi en scène ses propres fantasmes, lus par des milliers d'adolescents! En 1954, le docteur Wertham lance sa crosade pour la sauvegarde de la morale : sa cible préférée sont les comics et leur lot de situations décadentes. Pour Wonder Woman, une amazone en corset moulant qui capture les hommes au lasso, le glas a sonné.Le coté féministe du personnage est mis de coté, et la série vivote en attendant des jours meilleurs. Dans les années 70, Wonder Woman retrouve le devant de la scène : la censure est plus lâche, et le coté mythologique séduit beaucoup de nouveaux lecteurs. Wonder Woman est même admise à faire partie de la Ligue de Justice, le grand rendez vous des superhéros DC, avec cependant une longue série de douze épreuves imposées par ses collègues masculins, machisme oblige. Si Hercule a bien du en passer par là, la demoiselle peut bien faire autant sans se plaindre. Durant le grand "Crisis on infinite earth", saga qui remodella en profondeur l'univers DC, Wonder Woman trouva une mort bien brève, avant de renaître de ses cendres sous les pinceaux de George Perez, et de traverser une belle phase de popularité. Wonder Woman c'est aussi une serie TV très kitsch avec Linda Carter, qui fit couler beaucoup d'encre et éveilla nombre d'ados à travers le monde au choses de l'erotisme et du bondage! Wonder Woman, icone de la féminité liberée de l'homme et revendiquant ses droits et sa place par la force, est aussi paradoxalement la plus évidente machine à fantasmes libérée par le mâle américain des comics, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Qui a dit que les hommes n'aimaient pas se faire ligoter et fouetter par une amazone à forte poitrine, en corset, bottes et petite culotte? Les comics, ça éveille à la vie!

En kiosque : DARK REIGN 3

DARK REIGN, ça continue. Et comment ! A commencer par le titre éponyme, qui s’ouvre par un huis-clos psychologique. Vous vous demandiez comment un psychopathe comme Osborn pouvait avoir réussi à convaincre Bob Reynolds, alias Sentry, a intégrer le cast des Vengeurs Noirs ? La réponse vous est donnée ce mois : le Bouffon y fait étalage de sa science de la manipulation des autres, aidé en cela par l’esprit déjà perturbé à la base de son interlocuteur. Sentry est un schizoïde, et si ses pouvoirs semblent illimités, son esprit ne résiste pas à tant de grandeur. C’est pourquoi il apparaît être régulièrement victime de crises durant lesquelles il prend l’apparence de son double maléfique, appelé Voïd, et défait tout le bien qu’il a pu accomplir dans son costume jaune traditionnel. Osborn étant un maître en double identité criminelle, il n’a aucun mal à trouver les mots justes pour faire vibrer la corde sensible de Bob. Le reste de l’épisode est le prolongement du grand combat (boucherie ?) entre Morgane La Fée et les Dark Avengers. Comment tuer une sorcière virtuellement invincible puisque pouvant remonter le temps et revenir en avant à sa guise ? Réponse : en passant de la défense à l’attaque, et en allant la débusquer à son époque de départ. Classique, et un ton en dessous des dialogues raffinés qui marquent les très bonnes premières planches, avec probablement une petite exagération dans les tons sombres de la part du coloriste, qui nuit un peu au travail de Deodato; mais globalement, ça tient vraiment la route. Les Secret Warriors de Nick Fury jouent clairement dans une catégorie inférieure, d’autant plus que l’idée de miser sur un groupe de héros débutant et pratiquement inconnus impose forcément un round d’observation qui se note, en plein Dark Reign, à l’heure où nombre de série sont menées tambour battant. La grande idée est que le Shield était infiltré depuis bien longtemps par l’Hydra et le Baron Von Strucker, qui tiraient les ficelles de l’organisation de Fury, à l’insu de tous. L’impression d’un potentiel fort intéressant est bien réelle mais il faudra exploiter correctement cette galerie de nouveaux personnages, qui d’ailleurs se sont déjà éclipsés pour ce second épisode : pas de révélation ou de caractérisation particulière d’un ou plusieurs d’entre eux, nous sommes concentrés purement et simplement sur les machinations du Baron Strucker, à l’exception de quatre planches qui mettent en scène un dîner au restaurant, où nous pouvons apprendre quelques éléments du destin probable de nos jeunes héros, sous couvert de prédictions funestes. Je ne suis pas non plus trop convaincu par l’aspect graphique des Secret Warriors. Si Stefano Caselli a un talent certain, la colorisation et le travail par ordinateur confèrent un aspect patiné, lisse, quasi cartoonesque, que je n’aime pas trop.

En fait, le plat principal de Dark Reign 3, ce sont les Thunderbolts. Tout simplement brillants. Vous vous étonniez vous aussi, qu’un président humaniste et démocrate comme Obama puisse donner son aval à un psychopathe comme Norman Osborn, et le laisser manigancer envers et contre tous ? L’explication arrive ce mois : tout d’abord ce n’est pas lui qui a eu cette idée, mais Bush, son prédécesseur. Ensuite, il se méfie comme de la peste du Bouffon Vert, preuve en est qu’il le convoque pour un entretien secret à bord de l’Air Force 1, où il le somme de répondre aux accusations de Leonard Samson, le psychiatre dopé aux rayons gamma. Les dialogues sont savoureux, tout comme l’opinion du Doc sur la santé mentale de son interlocuteur (« … est-il à même de gérer des affaires de sécurité nationale ? » « … il ne devrait même pas se balader dans la rue ») . qu’à cela ne tienne, Osborn a conçu un plan diabolique pour inverser les rôles, endosser la cape de la victime et sauver le président d’une agression impromptue, qu’il a en réalité méticuleusement préparée. C’est ainsi qu’il est attaqué par un Green Goblin de substitution, et qu’il parvient à faire endosser à Samson les habits du traître à la patrie. Obama ne semble pas complètement dupe, et Andy Diggle est parfois un peu lourd dans sa façon de dépeindre Barack comme un politicien probe et droit, attentif, respectueux, parfait quoi ! L’autre grand intérêt c’est d’assister aux premiers pas de la nouvelle mouture des Thunderbolts ( les anciens étant devenus les Dark Avengers ) guidés par l’espionne soviétique Yelena Belova et le mercenaire Paladin. On y trouve aussi un nouvel homme fourmi, espiègle pervers qui une fois rétréci trouve refuge et protection entre les deux nichons de la glaciale Yelena. Les Thunderbolts sont totalement immoraux, déjantés, et suivre leurs aventures est aussi agréable que de gratter une plaie infectieuse qui démange : on a beau faire, c’est très dur de s’arrêter. Et vous l’aurez compris, j’attache beaucoup d’importance aux échanges verbaux entre les personnages, plus qu’à l’action elle-même. Quand c’est réussi, ça donne un comic-book plus adulte et réaliste, qui puise dans les racines de la fantaisie pour élaborer une recréation du monde tel que nous le connaissons, et rendre l’univers Marvel si attachant car si proche du notre. Un miroir déformant et distordu, pour mieux comprendre notre propre réalité. Dire que les lecteurs de Tintin ou d’Asterix nous considèrent trop souvent comme de grands enfants naïfs… Dark Reign 3 en kiosque, recommandé sans retenue.

En kiosque : SPIDER-MAN 119

Avis à tous ceux qui persévèrent malgré l’horrible relaunch, et à tous ceux qui n’attendaient que ces lignes pour se moquer : le nouveau Spiderman (oui, je sais, je ne l’écrit jamais avec le trait d’union, je n’aime pas ça…) est en kiosque. Quelle nouvelle ! Nous plongeons tout de suite dans le vif du sujet avec une histoire en deux parties de Dan Slott, les numéros 581 et 582 de la série régulière. Nous retrouvons des personnages habitués du cast arachnéen, de Harry Osborn à Liz Allen (son ex épouse) au petit Normie (son fils, tête à claques impénitente qui passe son temps à triturer des action figures de Spidey en grimaçant comme un dangereux pervers) et au beau frère Mark Raxton, alias Molten, dont le corps est fait de métal en fusion. Le mariage d’Harry est fini en eau de boudin, et les relations avec Liz sont depuis assez tendues, et c’est un euphémisme. En conséquence, il fait appel à Peter Parker, l’ami des coups difficiles, pour l’accompagner chez son ancienne flamme, et renouer les fils du dialogues. L’excuse est qu’il a « une belle surprise » pour Liz, mais qu’il ne dévoile pas durant le trajet. Arrivé sur place, patatrac, l’Homme de Métal nourrit une telle haine pour son ex beau frère que le simple son de sa voix le fait entrer dans une furie folle : il brise les carcans qui le maintenait prisonnier sur sa table de soin (chez Liz se trouve donc un laboratoire high tech censé le guérir) et se déchaîne sans vergogne. Moment choisi, comme de tradition, pour une rapide disparition de Peter, et l’apparition de Spidey, qui devait passer dans le coin, par l’odeur alléchée… Mike Mc Kone illustre ce récit avec son talent habituel ; peut être avez-vous noté comme le regard de ses personnages est toujours empreint de tristesse, de résignation, ou bien est ce moi qui me fait des idées ? La dernière planche est un épilogue qui nous replonge dans le cours du suspens haletant, presque insoutenable, qui nous taraude depuis un an : qui est le tueur qui place des araignées espions (le traceur de notre héros pour retrouver les criminels) sur le corps de ses victimes. Non, je plaisante, rarement a-t-on vu une saga aussi diluée, au point d’en être presque éthérée et sans saveur. Le pire, c’est que vous le lirez bientôt, même la vérité sera décevante et sans grand impact pour la série, rien qui ne justifie une si longue attente. Autrefois, nous vibrions pour l’identité du Hobgoblin (Le Super Bouffon. Ned Leeds ou Flash Thompson ?) ou pour connaître le nom de l’assassin du Capitaine Jean Dewolf, aujourd’hui nous en sommes là, et c’est d’un pathétique triste… J’en plains les plus jeunes lecteurs qui ont pris le train en marche.

Ne comptez pas sur la suite pour relever sensiblement le niveau : figurez-vous que cette fois le pauvre Peter fait du … speed dating ! C’était bien la peine d’éliminer Mary-Jane de la série pour en arriver là. Curieux qu’un type aussi puissant et vainqueur de milles batailles toutes plus effrayantes les unes que les autres, qui a sauvé le monde plusieurs dizaines de fois avec les Vengeurs et voyagé sur d’autres planètes aux confins de l’espace, soit incapable d’avoir une vie sentimentale (et je ne dis pas même pas sexuelle…) normale ! Il n’est pas même capable d’emballer une bimbo à la poitrine exubérante qui semble pourtant ne rien demander d’autre ! A sa décharge, il est chaperonné par Betty Brant, secrétaire du journal DB et ancienne flamme dans les années 60 (le temps passe vite), qui fourre son nez partout où il ne faut pas, au point qu’elle se met en tête de caser la tante May avec le premier inconnu qui lui tombe sous la main. Bien sur, ce sera le père de J.J.Jameson (ah le hasard et ses aléas chez Spiderman…) qui devra s’y coller. La tantine a fait trente infarctus et est ressuscitée un bon nombre de fois, mais que voulez vous, elle semble quand même moins frigide que son neveu neuneu. Un Peter qui finit la soirée avec Betty en phase « c’est mon anniversaire et personne ne veut de moi pour faire la fête », et ne profite même pas du moment intime sur le canapé pour la réconforter virilement : mais où a-t-il la tête (surement pas dans le pantalon…) ! Je ne parlerai pas du reste de la revue, car franchement, à quoi bon s’étendre sur tous ces micro récits issus de mensuels absurdes et à la vie brève et dispensable, comme King Size Spiderman summer special. En gros, un truc anthologique juste bon à être feuilleté sur la plage, entre deux apéros, vite lu vite oublié. C’est ridicule et sans aucun intérêt pour le lecteur fidèle, comme s’il n’existait rien d’autre à adapter dans les tiroirs de la Marvel, pour compléter nos mensuels. Même une bonne galerie de covers originales, ce serait dix fois plus intelligents. Bref, un formidable auto-gol pour finir ce mois ci, au terme de toutes manières, d’un sommaire pas franchement délirant, que nous déconseillons fortement aux palais exigeants. Du fast food comics, rien de plus.
**** (ps : une revue offerte en plus du mensuel, Panini écoule ses stocks. Ouais, bof...) ******

Marvel Monster : EXILES

Voici venir un Marvel Monster compilant les dix derniers épisodes de la série « Exiles ». Enfin les dix derniers, pas tout à fait, puisque le titre repart de zéro sur de nouvelles bases, avec la plus classique des métamorphoses nominales : « New Exiles ». Ce qui m’a toujours interpelé avec ce groupe de personnages de seconde zone, c’est le succès qu’ils ont pu connaître lors de leur publication en Vf sur les pages d’Astonishing X-men. Car tout de même, je n’y ai jamais vraiment retiré de plaisir. Une série assez dispensable, jouant encore et encore sur les paradoxes temporaux, sur des versions alternatives de notre univers et de nos héros, bref rien de très original ni de très léché, avec une trame rarement subversive (jamais ?) et purement mainstream. Ce qui n’est pas une insulte en soi, loin de là, mais qui ne contribuera pas à faire de ces exilés des personnages cultes. Le Monster, lui, n’est pas forcément l’écrin recommandé pour un dernier salut : la qualité des pages est toujours aussi cheap, pour un prix final toujours aussi déroutant et exagéré.

Pour les lecteurs qui l’ignorent, les Exilés sont en fait des voyageurs temporels dont la mission est de réparer les déchirures et les dégâts qui peuvent se produire dans la toile du Multivers. Leurs différentes missions les envoient d’un monde et d’une ligne temporelle à l’autre, ce qui explique qu’on les voient fréquemment s’associer ou combattre des personnages morts ou des versions alternatives de ceux que nous sommes habitués à fréquenter. L’équipe est à géométrie variable et subit des retouches selon les défections, les drames, les projets de chacun. Ces temps derniers, les membres influents sont entre autres Blink, Morph, Sabretooth ou la version 2009 de Spiderman (Miguel O’Hara, vous vous rappelez ?). Ils vont devoir en découdre avec une Sue Storm ( la femme invisible des fantastiques ) calée dans le costume de Madame Hydra. On l’avait deviné, qu’elle avait un coté garce sous ses airs de bonne mère de famille. Pour le reste, oui, c’est rythmé, mais loin d’être indispensable. Toujours dans le même ordre d’idée, on découvre ensuite le « Quatuor Fantastique » de Fatalis, énième variation sur un thème maintes fois retravaillé. Sympa, d’accord, mais tellement prévisible, à peine plus intéressant qu’un « What if quelconque » dont les revues Panini nous abreuvent parfois quand il faut boucler le sommaire d’un mensuel dans l’urgence, et que l’imagination fait défaut. Pas de caractérisation particulière, ni de raison de s’attacher à tel ou tel autre personnage, les pages se suivent et se ressemblent, le scénario est plutôt bourrin naïf, et les apparitions de Morph vous donneraient presque honte de lire des comics : désolé, mais ce type de clin d’œil ne me fait plus rire depuis mes dix ans. Voire plus, c’est tout dire. Pour corser le tout, les dessinateurs se suivent sans grande conviction, une belle brochette d’artistes se succèdent, sans jamais donner de raison de crier au génie. Non vraiment, je n’arrive pas à comprendre le phénomène « Exilés ». Ni ceux qui iront dépenser 27 euros pour un album aussi peu motivant, au moment même ou la librairie de Noël propose d’autres propositions bien plus alléchantes ( Spiderman :Noir, Daredevil l’omnibus et le tome 3 des Marvel Deluxe, entre autres ). Un monster pour fans hardcore, autrement je n’en vois pas l’utilité.

CINECOMICS : WATCHMEN

Adapter un tel monument comme WATCHMEN ne fut pas une mince affaire. Avant Zach Snyder, bien d’autres ( dont Aronofsky ) s’y sont cassé les dents, ou ont du renoncer. Trop complexe, trop périlleux: que de méfiance vis-à-vis de cette Bd unanimement saluée comme une des meilleurs du genre, toutes époques confondues ( et là je confirme : indispensable ! ). Au final, le réalisateur a choisi une approche respectueuse, scrupuleuse, il porte donc le comic-book à l’écran en en suivant quasiment pas à pas les planches et les cases, en y reproduisant du mieux que faire se peut jusqu’aux dialogues. Il est vrai que le génie d’Alan Moore, créateur de cette histoire à tiroirs et à coulisses, avait tracé une voie, un mécanisme, qu’il aurait été suicidaire et orgueilleux de réorchestrer. Nous revoici donc plongés en 1985 dans un monde bipolaire, à l’acmé de la guerre froide, en attente d’un holocauste nucléaire qui ne saurait tarder ( la fameuse horloge de l’apocalypse, qui rythme le film, annonce cinq minutes avant l’imminente catastrophe ). Foin de bataille entre super héros bodybuildés et autres tarlouzes masquées, les Watchmen sont de vieux reliques de l’époque héroïque où de simples citoyens ( un peu plus entrainés, un peu plus riches, un peu plus dérangés du ciboulot ) endossant un costume et un masque pour le triomphe de l’ordre et de la justice. Mais de quel ordre, quelle justice ? Le pouvoir ne corrompt-il pas ? Et si tout ceci n’était qu’une farce ( ce que ne cesse de répéter le personnage du Comédien, anti Captain America par excellence ) ?

Watchmen est un roman graphique paru en 1986, imaginé par Alan Moore et dessiné par Dave Gibbons. C'est une uchronie, ce genre qui réécrit l'histoire à partir d'un événement modifié arbitrairement. Ici, l'action se déroule en 1985, les USA ont gagné la guerre du Vietnam, Nixon entame un cinquième mandat et le monde est à deux doigts de la guerre atomique, à cinq minutes de minuit sur l'horloge de l'apocalypse. Comment en est-on arrivé là ? Pour faire bref, disons que dans les années 30, des individus plus ou moins anonymes ont enfilé capes et moule-burnes pour faire régner l'ordre. Plusieurs générations se sont passées le relai. Parmi ces autoproclamés super-héros, le Dr. Manhattan, comme le projet du même nom, un géant bleu mélancolique, le seul à posséder des super-pouvoirs (et lesquels : il maîtrise la matière à l'échelle moléculaire, voit le passé et l'avenir, et voyage sur Mars,peut même se dédoubler à l’infini). C'est ce surhomme, quasi divin, qui a gagné la guerre du Vietnam à lui tout seul, c'est l'arme absolue.Les Watchmen, eux, ont été déclaré hors la loi, parce que la foule demandait des comptes sur leurs agissements ; reprenant à son compte une célèbre citation de Juvénal, le peuple réclamait une réponse à cette éternelle question : « who watches the Watchmen ? ».
Rarement une telle adéquation parfaite entre personnage de papier et être de chair à l’écran ne fut si évidente. Extraordinaire incarnation que ce Rorschach/Jackie Earle Haley, en équilibre précaire entre psychopathe et redresseur de torts inflexible. Chacune de ses mimiques, chacune de ses apparitions, est un pur plaisir. Son masque à tâches mouvantes le rend effrayant, attirant. Superbe aussi ce « Hibou », Patrick Wilson, un peu dépassé, en panne sexuelle au moment propice ( avec l’allumeuse Silk Spectre ) et qui se regimbe uniquement à la vue des costumes de latex et des bottes fétichistes de sa collègue. Le mythe du super type tout puissant en sort écorné, et la fin du film, qui prend quelques largeurs, pour une fois, avec l’œuvre originale, conserve toutefois sa portée philosophique : la fin justifie t’elle les moyens, un mensonge aussi sanglant soit-il, peut il être excusé pour des raison d’état, pour éviter une catastrophe pire encore ? Au final, une œuvre plastiquement très réussie, exigeante et à multiples niveaux d’interprétations, trop intelligentes et rusée pour séduire l’ensemble de son public, mais qui pourrait bien marquer, à jamais, un « avant » et un « après » dans l’histoire des films du genre.

SPOILER ZONE : Punisher "L'arrivée de Frankencastle"

L’une des principales conséquences de « la liste » de Norman Osborn, sur laquelle il avait compilé les héros à éliminer d’urgence, est la décapitation du Punisher par un personnage de seconde zone, l’ignoble Daken, fils de Wolverine. Mais Castle est déjà de retour, sous la forme d’un hybride chair / métal, sur les pages de Punisher 12. On nage dans le gothique, à défaut de nager dans le bon goût. Rick Remender, sur le site de la Marvel, donne une interview dans laquelle il s’étend sur le futur du personnage, et qui me laisse vraiment perplexe. Après s’être fait démembré et être passé de vie à trépas, le Punisher est accepté parmi la communauté des monstres Marvélliens, avec entre autres Man-Thing, Morbius, Ghost Rider… pour entamer une nouvelle carrière qui lorgne du coté de l’horror le plus classique. Remender entend faire un rapprochement entre ces monstres, terrés dans la cité souterraine de Monster Metropolis, et qui subissent les préjugés de tous ceux qui les jugent selon leur apparence extérieure, et les mutants victimes de l’ostracisme public. La psyché du Punisher sera étudiée à l’aune des récents événements dramatiques et de sa transformation physique. L’auteur entend poser la question de l’identité même de Castle : héros ou vilain ? Punisher 12 est dessiné par Tony Moore est n’est qu’un avant goût de la plus grande bataille gore de la Marvel, qui éclatera dans le numéro suivant. Mais tout ceci ne vous rappelle t’il pas déjà quelque chose ? A savoir le contraire d’aujourd’hui, un Castle décédé et ramené à la vie par des anges, et transformé en un justicier agissant pour le compte de forces célestes ? En bref, une des pires heures de la carrière de notre héros, qui confina avec le ridicule pur et simple, et qui l’aurait voué à la disparition en bonne et due forme si ce n’était pour Garth Ennis et son arrivée salutaire. Après ces dernières années de succès et de retour de flamme, j’ai bien peur que sous la plume de Remender, le Punisher ne traverse à nouveau une forte zone de turbulence, dont il n’est pas dit qu’il puisse se remettre. Après tout, il est déjà mort, non ?

En kiosque : MARVEL UNIVERSE 18 (WAR OF KINGS 1/7)

Il en a subies des misères, notre Blackagar Boltagon, alias Flèche Noire, roi des Inhumains. C’est que ces derniers temps, il n’était pas vraiment lui-même, au sens propre du terme : un skrull avait pris sa place au coté de son peuple et de sa femme Médusa (les skrulls sont apparemment aussi capables de reproduire certaines prouesses intimes…) et pendant ce temps, il était retenu prisonnier et atrocement torturé par les aliens tout verts. Inutile de dire qu’une fois libéré, Blackagar a conservé une dent contre ses geôliers et que sa revanche va être sanglante. D’autant plus que son pouvoir est effrayant ; d’un simple murmure il peut raser au sol un quartier tout entier, alors s’il se mettait à crier, les dégâts seraient inimaginables… Bien décidé à libérer son peuple du joug de tous ses oppresseurs, Flèche Noire décide d’exploiter sa puissance, grâce aussi aux inventions technologiques de son frère Maximus, qui convertissent les ondes sonores du roi en énergie pratiquement illimitée. Attilan, la cité des Inhumains, est ainsi propulsée dans l’espace, et règle leur compte aux derniers skrulls qui errent dans le vide infini, sans la moindre pitié, sous le regard interloqué de Crystal, dont personne ne semble vouloir écouter la compassion. Puis c’est au tour des krees, qui sont les pères génétiques de la race des Inhumains. Ils voulaient mettre au point un peuple de guerriers impitoyables, ils vont être servis ! Flèche Noire et son peuple arrivent en masse, et leur premier désir est de soumettre Ronan, actuel souverain des krees, et d’annexer son territoire. Imprudence fatale durant le processus, nos conquérants font un petit crochet par le territoire impérial Shi-Ar, une autre race belliqueuse actuellement gouvernée d’une main de fer par Vulcan, dont nous parlerons par la suite. Ce dernier n’attendait qu’un prétexte de ce type pour ouvrir les hostilités. Voilà le pitch de départ de la grande « War of Kings » qui s’ouvre officiellement ce mois ci dans les pages de Marvel Universe. Tout commence donc par un one-shot de 40 pages, où Abnett & Lanning mettent en place le décor avec savoir faire et nous tiennent en haleine avec ces Inhumains révoltés. Paul Pelletier s’en sort plutôt bien aux dessins, qui sans être cosmiques restent d’agréables facture. Cette fois, c’est bon, le conflit est lancé !

Pour le reste, nous trouvons la mini série : Kingbreaker, en quatre parties. Elle repose essentiellement sur de tragiques liens de famille, qui se confondent avec une imminente guerre cosmique, rien de moins que cela ! Vulcan, l’empereur des Shi-Ar, est en réalité un terrien, un mutant, le troisième fils de Christopher Summers, le frère des X-men Cyclope et Havok. Laissé pour mort et abandonné après le premier combat des Nouveaux X-men sur l’île de Krakoa, il a nourrit un très fort sentiment de revanche et une paranoïa galopante, et il souhaite plus que tout de voir mourir l’ensemble de la famille des Summers. Après avoir tué son propre père, il détient prisonnier son frère Havok et Polaris, sa fiancée, ainsi que les Starjammers Chod et Raza. Ces derniers subissent nombre de tortures depuis des mois, jusqu’au jour où Havok parvient à trouver les ressources pour s’échapper, et où il libère ses compagnons. Tout est donc en place pour la grande revanche entre les deux frérots, et seule la mort de l’un d’entre eux pourra résoudre leur différent. Pendant ce temps Vulcan se lance dans une vaste opération d’expansion de l’Empire Shi-Ar, et n’écoute plus que l’appel du sang, au point qu’il réduit en bouillie les émissaires d’autres races venus lui demander des comptes, inquiets devant la tournure des événements. Il décide aussi de mettre sur pied une nouvelle équipe de gardes rapprochés, tous recrutés dans les geôles impériales, parmi les créatures les plus impitoyables et terrifiantes jamais retenues. Ce sont eux qui vont se frotter à Havok et ses amis, à nouveau libre, avant que le X-man ne parvienne à faire mordre la poussière à son frère haï, qui croyait pourtant bien l’avoir brisé. Action à go-go dans ces quatre épisodes correctement illustrés par Dustin Weaver, sans plus. On retrouve enfin la trace d’Havok, abandonné à son triste sort depuis des mois dans les cachots impériaux de son frère. On fait la connaissance de nouvelles créatures démoniaques et sanglantes, chacune motivée par des intérêts propres ( l’argent, la passion du feu, l’envie de tuer un Dieu…). En somme, un bon divertissement qui prend plaisir à mettre l’espace à feu et à sang, et qui nous promet d’autres confrontations sans partage entre les deux Summers. Un numéro de Marvel Universe dont vous auriez tort de vous priver, et une « War of kings » lancée sur de bons rails. L’année finit plutôt bien pour les amateurs de sagas cosmiques.

PUNISHER : CERCLE DE SANG (Marvel Best of)

Nous revenons à nouveau au Punisher, en remontant cette fois plus loin encore dans le temps ( voir l’article sur Punisher War zone pour notre première critique ). Le meilleur moyen de tester le potentiel d’un personnage, avant de se lancer dans un mensuel « on going » déficitaire, c’est de lui consacrer une mini série le temps de prendre le pouls du lectorat. En ce sens « Blood circle », la mini du Punisher lancée en janvier 1986 est particulièrement réussie. Prévue initialement en quatre parties, elle est in extrémis prolongée à cinq, devant l’ampleur du succès et la nécessité de donner à Steven Grant l’espace vital minimum pour développer tout son scénario. Annoncé en couverture comme « one of four » dès le premier volet, le cinquième numéro est lui gratifié d’un « five of five » de dernière minute. Ce premier jet sera à la base du succès monstre du personnage, que l’ère des temps, et une certaine radicalisation diffuse de la violence avaient fini par rendre inéluctable. Frank Castle y fait des premiers pas en solo pas toujours très bien affirmés, ou définis, mais qui le porteront très loin. On le retrouve dès la première planche prisonnier du quartier de haute sécurité de Ryker’s Island, mais pas du tout intimidé. Pour lui, la prison, c’est pratiquement un gymnase idéal pour s’entrainer sur les pauvres codétenus qui ont la malchance de croiser son regard. Tous les autres malfrats ont pour le coup l’impression d’être piégés, enfermés avec ce justicier implacable qui désire transformer son compagnon de cellule en animal domestique et obéissant dès la première nuit ! Parmi les autres détenus, nous trouvons toute une ribambelle de pourris de premier ordre, des matons corrompus, et même me célèbre « Puzzle » ou « Mosaïque » selon la traduction di moment, Jigsaw en Vo. Ce dernier a eu le visage horriblement mutilé en passant à travers une verrière, suite à un affrontement avec Castle. Il règne en petit despote sur une partie de la prison de Ryker’s mais va bien vite déchanter ! Autre pointure en détention, la caricature mafieuse Carlo Cervello ( dit le Cerveau, c’est très original tout ça ) et son sicaire dévoué du nom de Grégario. Prévoyant de s’évader bien vite de l’enfer carcéral, ils impliquent le Punisher dans le projet, pour mieux le poignarder dans le dos. Mais tout ce plan finit par tomber à l’eau, et la mutinerie terminée, notre héros se retrouve dans le bureau du directeur, non pas pour y subir une peine atroce et attendue, mais pour apprendre l’existence de la « Trust », une association de citoyens dits responsables, qui désirent nettoyer la société de la lie qui la ronge. Pour venir à bout de ces parasites, il faut donc pactiser avec le diable, et Castle semble être l’homme de la situation pour ces ronds de cuir machiavéliques, qui lui rendent la liberté dans le but d’en faire un de leurs pions. Ce qui sera vite impossible, lorsque notre justicier se rendra compte que les méthodes employées mettant en grand péril la vie de tas d’innocents, et s’émancipent de toutes valeurs morales. Le Punisher massacre à tour de bras, mais rien ne peut lui ôter son éthique professionnelle…

A l’époque, le Punisher n’a pas encore de définition caractérielle définitive. On le voit par exemple tomber bêtement dans les filets d’une belle asiatique qui l’enjôle avec ses caresses ( et plus… ) et le conforte dans son choix de bosser pour la Trust. Comment Castle a-t-il pu être aveugle à ce point, et ne pas flairer le danger, se dira l’habitué des sagas de Garth Ennis ? Idem quand il règle à combats à mains nus en poussant un cri de ninja ou de karatéka, là où aujourd’hui il enfoncerait certainement un bon coup de genoux dans les parties intimes ou la mâchoire. Coté crayonnés aussi, notre Punisher 86 a encore de la marge. Mike Zeck en fait un justicier d’âge mur et qui laisse trop transparaître ses émotions violentes ( la surprise, la consternation… ) à la limite de la caricature. Le scénario de Steven Grant tient globalement bien la route, et il fait abstraction des origines du personnage ; seuls quelques renvois dans les pensées intimes nous ramènent au Viet-Nam, mais le novice en la matière n’en apprendra guère sur le passé du Punisher. Par contre, il a l’intelligence de doter Castle d’une certaine logique destructive, en le poussant à monter les gangs les uns contre les autres, et à développer ce concept d’organisation, de respect du chef qui fédère, et donc d’une élimination logique et presque mathématique du problème mafieux. Cotés dialogues et couleurs, il faudra bien entendu tenir compte de l’époque, pour comprendre et justifier certaines naïvetés lexicales, une certaine logorrhée ampoulée et des tons empruntés aux trips sous Lsd. Mais à une époque où le Punisher est entré par la grande porte dans la plupart des bédéthèques qui se respectent, un tel document sur sa genèse a une valeur évidente, et l’album édité par Panini, dans la collection « Best of Marvel » possède une vraie classe avec cette jolie cover cartonnée qui nous fait rentrer de plein pied dans l’ambiance de la série. Sans être indispensable, voilà un volume qui saura en séduire plus d’un parmi les amateurs de gros flingues et de lutte mafieuse.

SPOILER ZONE : La JLA et Wonder Woman, projets futurs de la DC

Il y a un peu plus de deux semaines s’est tenue une grande réunion censée définir dans les grandes lignes les prochaines idées directrices de la maison d’édition Dc. Rich Johnston, toujours bien informé et présent sur le site bleeding.cool, est parvenu à saisir quelques informations de la plus grande importance pour le destin de quelques uns de nos héros préférés. Il se murmure tout d’abord que Dc Comics envisage de relancer en grandes pompes une de ses séries phares, la Justice League of America, en confiant le titre à deux pointures comme Geoff Johns et Jim Lee, en espérant réaliser ce que la Marvel est parvenue à mettre au point avec les « New Avengers ». Seconde news de la plus haute importance, la probable arrivée sur « Wonder Woman » d’une équipe créative d’exception formée de Grant Morrison et Ethan Van Sciver : on en salive d’avance. L’auteur écossais s’est dit très impliqué dans ce projet car pour lui la belle amazone est « un mix de puissance, de bondage, et de sexualité dérangée ». Il déclare aussi avoir toujours perçue en elle « quelque chose de curieusement artificiel » et entend apporter des changements importants pour l’univers de Diana. Van Sciver n’a pas confirmé qu’il sera bien de la partie, après avoir achevé son Flash :Reborn, toutefois il a autorisé la publication de ces rumeurs, qui affirment que ce nouveau travail calquera plus ou moins le titre « Batman & Robin ». Après un ou deux arcs narratifs, la suite sera confiée à des dessinateurs invités.
En attendant, il serait grand temps qu’un auteur irrévérencieux et audacieux décide de donner un bon coup de pied dans la fourmilière et transforme tout ce petit monde de splendides et chastes potiches guerrières en personnages d’épaisseur. Le public français n’a jamais vraiment accroché à l’univers de Wonder Woman, qui depuis l’arrivée de Panini vivote d’un album et d’une collection à l’autre, sans réellement avoir l’honneur de se voir décerner une place fixe dans un magazine mensuel. Aujourd’hui encore le principal souvenir qui remonte à la mémoire des trentenaires et plus, est celui de Lynda Carter et de son short étoilé qui capture les vilains en les enserrant dans les spires de son lasso, dans une série télé devenue cultissime. Et si on confiait finalement le mensuel aux mains expertes de Milo Manara ? Je vote pour !

En kiosque : MARVEL HEROES 26

Straczynski et Coipel ont beau avoir du talent et vouloir insuffler un nouvel esprit au Dieu du tonnerre, THOR reprend sa vieille numération, et ce n’est pas pour me déplaire. C’est ainsi que l’épisode de ce mois se voit affublé d’un bon 600 tout rond, et gagne en épaisseur : comme il est de tradition chez Marvel, ce sera un épisode double avec d’importantes répercussions sur le microcosme asgardien. De fait, Loki a encore manigancé un autre de ses complots perfides, et ce n’est pas sa nouvelle apparence féminine qui va arranger les choses (la religion nous avertit, méfiez vous des femmes !). Cette fois, il a trouvé le moyen de ramener à nous le père d’Odin, c'est-à-dire le grand père de Thor, le légendaire Bor, celui qui a crée Asgard de ses propres mains. Un sortilège d’envoutement distordant cruellement la réalité, le guerrier réssuscité se croit attaqué de toutes parts et plongé dans un monde diabolique peuplé de monstres ; sa réaction est virulente et agressive. Thor se rend sur les lieux, sans identifier clairement son adversaire, et livre un combat dantesque que Coipel orchestre à merveille : le frenchy est au sommet de son art. Les Dark Avengers d’Osborn viennent se mêler à la bagarre générale, mais ils ne boxent pas dans la même catégorie : Norman lui-même est éjecté comme un fétu de paille, dans son armure blasphématoire d’Iron Patriot. La seule solution qui s’offre à Thor est de tuer l’agresseur, tant la fureur et la force de celui-ci menaçaient notre planète de représailles sanglantes. Seulement voilà, la punition pour qui tue un Dieu Asgardien est cruelle et sans appel : la bannissement éternel et la perte de tous droits et titres, fusse t’on le seigneur du tonnerre et de la foudre. Loki triomphe donc (l’épisode s’intitule Victory) et éloigne Thor le temps de mener à bien ses plans diaboliques : à commencer par un grand changement de domicile pour les habitants d’Asgard, qui pourraient bien trouver refuge en Latvérie, patrie du dictateur fou Fatalis, associé au sein de la cabale à Osborn et Loki himself. Avant de quitter la série suite à des divergences profondes avec les pontes de la Marvel, Straczynski tisse avec talent les fils de ce récit, qui obscurcit plus encore l’horizon de ce « Dark Reign » décidément bien sombre.

Par contre, les « Mighty Avengers » ne sont pas au mieux. La nouvelle équipe formée par celle qui semble être Scarlet Witch conclut son combat contre Chton, le dieu du Chaos, et c’est brouillon, chaotique, exagéré, pour finalement se terminer en bulle de savon : un coup pour rien, circulez il n’y a plus rien à voir. Le seul intérêt réside peut être dans la tension verbale qui règne entre Starck et Hank Pym, qui se jettent subtilement à la face leurs erreurs passées, leurs défauts caractériels, qui font d’eux de potentiels leaders à ne pas suivre. Khoi Pham ne se foule pas beaucoup aux dessins : essayez donc de percevoir, dans une seule de ses cases, un fond illustré, un paysage quelconque. La couleur ( jaune sable/orangé du ciel désertique ou le bleu délavé de la neige de Wundagore) sert de cache-misère pour une absence flagrante de minutie. Ce n’est pas ma tasse de thé. Mais ça l’est encore moins avec ce qui suit. Je veux dire : Humberto Ramos et ses personnages distordus et méprisant les proportions, passés systématiquement sous un rouleau compresseur et étalés là comme de vulgaires mannequins élastiques. Comme tout ceci est accompagné d’un scénario qui me fait bailler, l’épisode du jour de l’Initiative est vraiment dispensable. Le combat contre Ragnarok, le clone sans éthique de Thor, est un pur moment de baston sans profondeur, ça cogne, ça meurt ( bien sur un personnage vraiment très secondaire) et ça n’oublie pas une petite note mélo toute triste, avec Trauma, tout déçu de voir que Thor Girl ( personnage vraiment débile, par ailleurs ) ne s’intéresse pas à lui. Le niveau est vraiment au ras des pâquerettes, n’en jetez plus. Les quelques pages dédiées justement à Trauma, qui servent à boucler la pagination de Marvel Heroes, sont autrement plus édifiantes, avec notamment une révélation attendue, en toute fin, sur le géniteur véritable de l’ado tourmenté. En bref et pour conclure, heureusement que Thor fête son 600° épisode en grande forme, car pour le reste, Heroes est en ce moment dans une assez mauvaise passe…

En kiosque : MARVEL ICONS 56

La vraie bonne nouvelle de ce numéro de Marvel Icons, c’est qu’il s’ouvre avec un épisode double des New Avengers, qui fêtent pour l’occasion (déjà, comme le temps passe vite !) le cinquantième numéro depuis le relaunch opéré par Bendis. Après des débuts en fanfare, le titre n’a pas toujours brillé par son excellence, mais le niveau moyen reste des plus convenables. Aujourd’hui, nous retrouvons nos héros, toujours terrés chez Bucky Barnes (le nouveau Captain America) et choqués par ce qu’ils voient à la télévision : non, ils ne regardent pas la blonde plastique Victoria Silvstedt à la Roue de la Fortune, mais bien la présentation du groupe de Vengeurs Noirs de Norman Osborn, en direct. Bendis s’en donne à cœur joie avec cet humour qui est sa marque de fabrique ; pas d’action dans les premières planches, juste la rage et les blagues à froid qui montent, devant cette ignoble mise en scène, cette parodie grinçante de ce qu’est devenue la justice dans une Amérique post « Secret Invasion ». C’est l’intervention de Jessica Drew (Spiderwoman, qui tente de retrouver ses marques depuis que la reine des Skrulls a assumé ses traits pour coloniser notre planète), quand elle accepte de se jeter dans la gueule du loup, qui permet d’attirer aux Qg des New Avengers les psychopathes à la solde du Bouffon Vert, pour le grand règlement de compte tant attendu par les lecteurs. Et bataille il va y avoir ! Sauf que… Osborn envoie en lieu et place de ses sbires gouvernementaux, ce qui se fait de pire en matière de criminels et vilains détraqués, de Hood, nouveau roi de la pègre, aux Démolisseurs. Durant l’affrontement, Bendis nous permet de prendre du recul sur l’action en elle-même, en consacrant une planche par personnage, qui nous livrent ainsi leurs craintes et leurs angoisses intimes, en plein exercice. C’est bien vu, et illustré à chaque fois par un artiste différend. Le reste du temps, c’est encore Billy Tan qui s’y colle, et c’est toujours cohérent, car en accord avec l’esprit du moment qui flotte sur ce titre. Un curieux mélange soap opéra, action super héroïque et sarcasme à froid, mais qui fonctionne globalement bien.

Iron Man, ou Tony Stark, si vous préférez, est vraiment dans la panade. Traqué par Norman Osborn car il possède enregistrées dans son cervelet de précieuses informations sur sa technologie et sur l’identité de tous les héros recensés auprès de l’Etat, il a du également nommer sa fidèle amie Pepper Potts à la tête de ce qui reste de sa compagnie multinationale (c'est-à-dire plus grand-chose) afin qu’elle en supervise la fin définitive. Et il faut être prudent, car il reste encore un grand nombre d’armures, et d’armes en tous genres, qui pourraient bien causer de gros soucis à un peu tout le monde si Osborn parvient à mettre le grappin dessus. Ce n’est pas un hasard si Pepper se trouve nez à nez avec une armure d’Iron… Woman et décide de s’y glisser ; l’homme de fer s’est il inventé son pendant féminin ? Tony reste également un grand séducteur : même pourchassé par tous les services de sécurité américains, il trouve encore le temps de séduire l’ancienne directrice du Shield Maria Hill (beaucoup trop masculine pour mes goûts à moi) pour une étreinte sauvage qui était dans l’air… Fraction et Larrocca orchestrent plutôt bien la déchéance du personnage, même ci le dessinateur pourrait quand même tenter d’harmoniser la caractérisation qu’il fait de Norman Osborn avec celles des autres artistes impliqués dans le « Dark Reign ». Le visage du grand manitou du H.a.m.m.e.r sur certains gros plans ne me convainc pas vraiment.
Et nous retrouvons aussi Captain America ! Afin de rendre visite au professeur Zhang Chin, et de récupérer les restes de l’androïde Human Torch (qui autrement servira de base pour une arme de destruction massive, il y a fort à parier !), Bucky Barnes sollicite l’aide de Namor, prince des mers, avec qui il connut des heures de gloire durant la seconde guerre mondiale, dans le groupe de héros des Envahisseurs. Entre clins d’œil au passé, et révélations sordides (Bucky, autrefois sous le costume du Winter Soldier, aurait assassiné par erreur la femme de Chin) Brubaker continue d’avancer prudemment vers le numéro 50 de la série, et Epting reste agréable, en bon illustrateur rassurant, toujours capable de rendre son travail à temps, et bien fait.
Inutile de s’éterniser sur le mini récit dédié à Jarvis, le majordome des Vengeurs, qui clôt ce numéro. Quand une histoire propose des dialogues du genre : Iron Man « Jarvis, Bon Dieu ! Les ennemis nous attaquent de tous les cotés ! » Jarvis : « En effet Monsieur, et aucun ne s’est essuyé les pieds », je ne me sens pas en mesure de me lancer dans une analyse profonde. Humoristique touche finale pour peu qu’on veuille bien rire, malgré les sombres heures que traverse l’univers Marvel version Osborn.

CINECOMICS : GHOST RIDER

La panoplie du parfait petit gothique est passée en revue dès les premières secondes du dernier film inspiré des comics de la Marvel : Ghost rider. Couleur noire dominante, travelling angoissant sur un cimetière à l'abandon, et les cryptes surmontées de croix ostentatoires, personnages tout droit sortis de l'enfer imaginaire collectif, le catalogue des poncifs du genre ne perd pas de temps à se déployer. Bienvenue dans ce nouveau film dont on se saura jamais, même à tête reposée, bien après le visionage, s'il s'agit d'un ignoble nanard à déconseiller, où d'une pellicule à prendre au second degré, truffée d'humour décalé et ne se prenant pas trop au sérieux. Car au dela de l'aspect "gore" ( le film est rempli de créatures infernales et d'effets spéciaux qui objectivement donneront des cauchemars aux plus sensibles... ), c'est bien l'humour qui sauve Ghost rider du naufrage, de son indigence scénaristique, de la difficulté d'adapter sur le grand ecran un comics qui bat déjà de l'aile depuis bien des années aux States, même si le dernier relaunch en date semble avoir porté ses fruits, et permis au titre de perdurer quelques années de plus.

Nicholas Cage a des cheveux dans le film, ou en tous les cas plus que dans ses dernières apparences : un des effets du pacte conclu avec le diable? Toute la première partie ( la jeunesse de Johny Blaze, cascadeur casse cou qui pactise avec Mephistopheles pour sauver son père du cancer ) est d'une rare mièvrerie et d'un pathétique inquiétant : il m'a fallu résister pour ne pas quitter la salle au bout de ce quart d'heure soporifique, qui ferait passer les telefilms de M6 pour de grand moments du septième art. Quand le grand Cage entre en scène, changement de ton : plus d'humour, enfin un acteur qui joue (presque) juste, et le fessier et les nibards de l'affriolante Eva Mendes, vulgaire à souhait, pas une once de finesse, mais fichtrement bonne. Rien que pour elle, je suis restée sagement à ma place, à attendre la suite. La suite, justement, est plus divertissante pour qui connait le comics : La transformation en Ghost Rider ( qui dès la seconde fois devient immédiate et perd donc tout interêt et pathos, dommage et incompréhensible étant donné les souffrances liées à la première métamorphose...), les confrontations avec les vilains de passage ( dont un Blackheart qui donne l'impression de sortir droit de la version diabolique de Beverly Hills 90210 ), les relations Cage/Mendes dont une interview décalée ( celle ci est journaliste dans le film ) qui fait bien sourire, tout cela est ma foi assez sympathique, et le film se laisse regarder, enfin, dans la mesure où il faut bien rentabiliser les huit euros pour la place : Monsieur Pathé ne remboursera de toutes façons pas. Nous sommes encore loin des Spiderman de Sam Raimi, mais après avoir distraitement suivi Elektra et Superman returns, tout le reste semble comme nimbé dans le talent et le bon goût...Mark Steven Johnson avait il est vrai déjà sevi sur Daredevil ( comment transformer un excellent comics en film lourdeau et ampoullé ), le voilà donc inculpé récidiviste : mais que fait la police?
Cela dit attention : depuis des années le public américain boudait le personnage. Et comme d'habitude le film est employé pour relooker et relancer le héros de papier, et en ce sens il a finalement contribué au retour du Motard Fantome sur le devant de la scène. Evidemment, les derniers instants du film laissent présager que les pontes de la Marvel semblent orientés vers un hypothétique Ghost rider - Le retour de la revanche, mais en toute objectivité, il n'est pas dit que ce sera le cas : déjà pour ce premier jet, les scénaristes ont semblé aux prises avec un cruel manque d'inspiration; on tremble par avance à l'idée d'un futur travail d'ecriture pour la suite. Car rappellons le tout de même, la trame est aussi mince que les statistiques de Rigaudeau lors de son passage en NBA, il y a quelques années. Et puis de toutes manières, pas de projets concret en ce moment, où ce sont surtout les spoilers et les news savoureuses sur Thor qui nous préocupent. Les méchants de Ghost Rider sont aussi effrayants qu'inconsistants : Nicolas Cage pourrait même en venir à bout sans se transformer, rien qu'en leur passant le dernier Diams sous forme de sonnerie polyphonique pour portable. Dommage aussi que les paroles de Ghost rider soient quasiment incompréhensibles : la voix est si distordue, si caverneuse, que les sous titres n'auraient pas été de trop. A ceux qui oseraient dire ensuite que Cage est impassible et son visage ne trahit aucune expression, nous rétorquerons qu'il est égal à lui même, et que le mérite de sauver le film du naufrage du siècle lui revient presque integralement; à lui et aux courbes pornographiques d'Eva Mendes, qu'on souhaiterait vraiment voir intégrer le cast d'un hypothétique et ultra attendu "Avengers", pour assouvir de vieux fantasmes à base de latex/spandex.

CHASM : LE FARDEAU DE KAINE (UN FARDEAU POUR LES LECTEURS)

 En mars 2024, Marvel a publié un gros fascicule intitulé Web of Spider-Man , censé donner un aperçu de quelques unes des trames sur le poin...