La collection « Marvel Deluxe » mérite bien son nom. La qualité des albums est excellente, de beaux pavés à placer dans votre bédéthèque, sans y penser à deux fois. Tout juste faut-il passer l’écueil du prix (presque trente euros) mais bien souvent, la dépense est justifiée par un nombre de pages conséquents (pas toujours : le dernier Ultimates vol.2 est manchot…et ce Daredevil Vol.3 est amoindri!) et par la qualité des séries proposées. Alors quand on parle du Daredevil de Bendis, dans cet écrin, on évoque forcément un des cadeaux de noël indispensables pour les amateurs de comics (cadeau que je me suis fait, bien entendu, avec plaisir !). Avouez le, on n’est jamais aussi heureux que quand le sort s’acharne sur ce pauvre Matt Murdock, qui bien qu’aveugle en voit décidemment de toutes les couleurs. Son identité secrète est désormais un secret de polichinelle, il est attaqué de toutes parts, par un peu tout le monde, et retranché derrière un accès de violence inattendue, il tabasse inlassablement les criminels qui osent s’aventurer dans son quartier, Hell’s Kitchen, au point qu’il se rebaptise même le nouveau « caïd » du coin. Murdock ne plaisante plus, il vaut mieux ne pas s’y frotter ! C’est ce que ne semblent pas comprendre certaines petites frappes, comme un groupe de yakuzas qui pensent pouvoir s’emparer du turf de l’homme sans peur, sans coup férir. Ils y vont à cent contre un, courageux mais pas téméraires. Dans ces conditions, même Daredevil en est pour ses frais, avec un long séjour d’hospitalisation confié aux soins de l’infirmière de nuit (cette aide soignante qui chaque nuit s’occupe clandestinement des blessés de la communauté super héroïque ; elle semble avoir rajeunie et n’a jamais été aussi désirable, cela dit en passant), durant laquelle il aura le temps de se livrer à une auto analyse, poussé en cela par son ami Foggy Nelson. Et si finalement, il y avait une explication rationnelle au comportement chaotique de Matt, une raison née du récent assassinat de sa bien aimée de toujours, Karen Page (voir "Devil Guardian"). Matt aurait traversé un épisode dépressif aigu, et selon vous, que peut donner une belle dépression quand la victime se pare d’un justaucorps rouge pour rendre une justice sommaire dans les rues de New York ? Même le mariage de Murdock et de sa dernière flamme en date, Milla Donovan, est remis en question, sous cette optique inattendue. Daredevil ne se gave pas d’anti dépresseurs ou de gâteaux au chocolat ; il cogne et cogne, encore et encore.
Alex Maleev est probablement le dessinateur qu’il fallait pour cette longue et belle saga de DD. Des dessins crépusculaires, parfois hiératiques, entachés d’ombres galopantes et de reflets cendrés qui se confondent avec la violence urbaine d’une vie qui part en sucette. Du grand art assurément, avec des doubles planches expressives qui prennent tout leur sens dans ce grand format « de luxe ». Plaisir des yeux également que ce volume 3 car il contient aussi des épisodes qui voient le retour de Natacha Romanova, aka la Veuve Noire, qui vient d’être vendue à ses ennemis par les services secrets américains, en échange d’une dangereuse terroriste. Le meilleur moyen pour elle de rester en vie, c’est de trouver refuge chez son ex amant, Matt Murdock, et d’ailleurs elle semble bien vite se réadapter à ses anciennes habitudes : notre avocat aveugle la trouve d’emblée chez lui sous les draps de satin, prête à une nuit agitée, qui le sera bien finalement, mais pour d’autres raisons (un combat nocturne contre Jigsaw, ennemi classique du Punisher, en fait). Un retour impromptu de l’espionne soviétique qui permet à Daredevil de faire le point sur son mariage (Mila a demandé le divorce arguant du fait qu’elle s’est mariée sur la base d’une duperie) et de comprendre la force de son amour pour sa compagne aveugle, elle aussi. Au point qu’il ne touchera pas la jolie rousse en combi latex, une performance dont je n’aurais pas été capable, je l’avoue. Les super héros ont aussi un super self control, semble t’il. Bonus cadeau en fin d’album, le numéro 65 de la série régulière qui nous permet de revenir sur les récents événements, à travers le prisme de points de vue extérieurs aux faits, comme celui de Spiderman, qui culpabilise lorsque l’identité secrète de son ami justicier est révélée à la presse. Une agréable façon de conclure en douceur un nouvel album Deluxe qui se dévore d’un bout à l’autre, et qui réjouira les incontournables du style « Bendis », magnifié par la crudité des dessins de Maleev.
Juste une remarque destinée à Panini pour finir : pourquoi le prix des Deluxe ne varie t'il pas, même quand le nombre de pages est inférieur, et que cela se voit de suite au premier coup d'oeil? Tant qu'à payer, autant que ce soit le juste prix.
Je possède aussi les 3 Deluxe du run de Bendis sur DD. C’est vrai que ce 3ème tome est bien mince (Il ne contient que 2 arcs alors que le précédent en contenait 3). Le prix lui par contre ne varie pas, ce qui est scandaleux ! Il reste 3 arcs pour finir le run de Bendis et pour l’instant Panini qui a divulgué une liste des sorties Deluxe pour 2010 n’a toujours pas parlé Daredevil!
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