Si Peter Milligan avait voulu nous faire une bonne blague, il ne s’y serait pas pris autrement : le dernier Graphic Novel en date, édité par Panini, est consacré à Namor, Prince des Mers… sauf que si toute l’histoire tourne autour de lui, sa présence est réduite à presque rien. Il faut dire que ce récit se déroule au début des années 50, et qu’alors le quidam moyen n’avait pas l’habitude de voir défiler ces êtres en costumes bariolés, encore moins un homme poisson affublé d’un slip moulant pour tout vêtement. Du coup, le protagoniste devient Randolph Stein, un scientifique épris de son travail, qui nourrit l’ambition de démontrer que les légendes comme l’Atlantide ou le Yéti sont justes des racontars de bonne femme, et qu’elles n’ont pas lieu d’être. C’est ainsi qu’au début de notre album, il prouve scientifiquement, grâce à des prélèvements et des échantillons, qu’à l’origine du mythe de l’abominable homme de neiges se cache en fait un plus prosaïque ours brun de l’Hymalaya. De même, il s’entête à vouloir faire déchanter tous ceux qui parlent de cette créature appelée Namor, censée être capable de respirer sous l’eau : billevesée que tout ceci ! A bord du sous-marin Pluton, Stein plonge au plus profond des abysses en toute quiétude, lui et son staff de petits génies. Au passage, on admire le travail du croate Esad Ribic, qui nous offre une vision somptueuse de ces grandes eaux, et organise un ballet de couleurs aquatiques des plus merveilleux. Cela dit, la continuelle descente vers l'inconnu et le manque d'air qui nécessite l'intervention d'un officier de secours, ont de quoi inquiéter et stresser les membres d'équipage : c’est la le tour de force de cet album ; parler, évoquer, se disputer même, au sujet de ce Prince des Mers invisible, dont la présence fluctue comme un serpent de mer à travers les consciences ; une chimère crainte ou désirée, un objet de fascination qui finit par devenir recherche spasmodique, étouffante, dans un huis-clos au fond des océans, dont on peut bien entendu deviner l’épilogue depuis les premières planches. Le conflit est ouvert entre la science, et la mythologie. Cette dernière, dans le monde Marvel, étant destinée, et cela le lecteur de base le sait, à phagocyter la première, et à réécrire le destin du genre humain, à travers ces êtes aux supers pouvoirs et tout puissants, qui inéluctablement vont proliférer par la suite. On peut également souligner la justesse du choix de la part de Panini, de nous proposer cette aventure dans ce grand format « Graphic Novel ». Il fallait bien un écrin de la sorte pour mettre en valeur les planches de Ribic, qui donne une impression de réalisme rétro à son travail, et qui offre en prime une version renversante de Namor, qui occupe menaçant l’intégralité d’une page, le regard royal, et la peau étrangement bleutée ( le reflet marin ? ). Le lecteur collectionneur se heurtera juste à un petit problème de rangement : le format GN est un peu « bâtard », et dépasse en longueur les autres gros volumes pour la librairie (Deluxe, Best of ) ce qui n’en fait pas un objet facile à ranger parmi les autres albums. Un problème bien relatif, je suis d’accord…
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Très bel album ou Namor n’est effectivement qu’un prétexte pour l’intrigue.
RépondreSupprimerC’est vrai que dans cette collection on a souvent eu des formats différents et ceci au détriment des planches qui du coup se retrouvent soit plus grandes soit plus larges que celles d’origine. Sur les 4 derniers numéros Panini revient sur un format plus standard, plus proche des comics américains ce qui n’est pas plus mal.
Pour ma part ce qui me dérange le plus dans cet Album c’est le lettrage de certaines bulles ou cases. Notamment pour le journal de bord ou la police d’écriture est tellement minuscule qu’il m’a fallu une loupe pour lire. Bon, je sais que j’ai la vue qui baisse mais quand même…