La panoplie du parfait petit gothique est passée en revue dès les premières secondes du dernier film inspiré des comics de la Marvel : Ghost rider. Couleur noire dominante, travelling angoissant sur un cimetière à l'abandon, et les cryptes surmontées de croix ostentatoires, personnages tout droit sortis de l'enfer imaginaire collectif, le catalogue des poncifs du genre ne perd pas de temps à se déployer. Bienvenue dans ce nouveau film dont on se saura jamais, même à tête reposée, bien après le visionage, s'il s'agit d'un ignoble nanard à déconseiller, où d'une pellicule à prendre au second degré, truffée d'humour décalé et ne se prenant pas trop au sérieux. Car au dela de l'aspect "gore" ( le film est rempli de créatures infernales et d'effets spéciaux qui objectivement donneront des cauchemars aux plus sensibles... ), c'est bien l'humour qui sauve Ghost rider du naufrage, de son indigence scénaristique, de la difficulté d'adapter sur le grand ecran un comics qui bat déjà de l'aile depuis bien des années aux States, même si le dernier relaunch en date semble avoir porté ses fruits, et permis au titre de perdurer quelques années de plus.
Nicholas Cage a des cheveux dans le film, ou en tous les cas plus que dans ses dernières apparences : un des effets du pacte conclu avec le diable? Toute la première partie ( la jeunesse de Johny Blaze, cascadeur casse cou qui pactise avec Mephistopheles pour sauver son père du cancer ) est d'une rare mièvrerie et d'un pathétique inquiétant : il m'a fallu résister pour ne pas quitter la salle au bout de ce quart d'heure soporifique, qui ferait passer les telefilms de M6 pour de grand moments du septième art. Quand le grand Cage entre en scène, changement de ton : plus d'humour, enfin un acteur qui joue (presque) juste, et le fessier et les nibards de l'affriolante Eva Mendes, vulgaire à souhait, pas une once de finesse, mais fichtrement bonne. Rien que pour elle, je suis restée sagement à ma place, à attendre la suite. La suite, justement, est plus divertissante pour qui connait le comics : La transformation en Ghost Rider ( qui dès la seconde fois devient immédiate et perd donc tout interêt et pathos, dommage et incompréhensible étant donné les souffrances liées à la première métamorphose...), les confrontations avec les vilains de passage ( dont un Blackheart qui donne l'impression de sortir droit de la version diabolique de Beverly Hills 90210 ), les relations Cage/Mendes dont une interview décalée ( celle ci est journaliste dans le film ) qui fait bien sourire, tout cela est ma foi assez sympathique, et le film se laisse regarder, enfin, dans la mesure où il faut bien rentabiliser les huit euros pour la place : Monsieur Pathé ne remboursera de toutes façons pas. Nous sommes encore loin des Spiderman de Sam Raimi, mais après avoir distraitement suivi Elektra et Superman returns, tout le reste semble comme nimbé dans le talent et le bon goût...Mark Steven Johnson avait il est vrai déjà sevi sur Daredevil ( comment transformer un excellent comics en film lourdeau et ampoullé ), le voilà donc inculpé récidiviste : mais que fait la police?
Cela dit attention : depuis des années le public américain boudait le personnage. Et comme d'habitude le film est employé pour relooker et relancer le héros de papier, et en ce sens il a finalement contribué au retour du Motard Fantome sur le devant de la scène. Evidemment, les derniers instants du film laissent présager que les pontes de la Marvel semblent orientés vers un hypothétique Ghost rider - Le retour de la revanche, mais en toute objectivité, il n'est pas dit que ce sera le cas : déjà pour ce premier jet, les scénaristes ont semblé aux prises avec un cruel manque d'inspiration; on tremble par avance à l'idée d'un futur travail d'ecriture pour la suite. Car rappellons le tout de même, la trame est aussi mince que les statistiques de Rigaudeau lors de son passage en NBA, il y a quelques années. Et puis de toutes manières, pas de projets concret en ce moment, où ce sont surtout les spoilers et les news savoureuses sur Thor qui nous préocupent. Les méchants de Ghost Rider sont aussi effrayants qu'inconsistants : Nicolas Cage pourrait même en venir à bout sans se transformer, rien qu'en leur passant le dernier Diams sous forme de sonnerie polyphonique pour portable. Dommage aussi que les paroles de Ghost rider soient quasiment incompréhensibles : la voix est si distordue, si caverneuse, que les sous titres n'auraient pas été de trop. A ceux qui oseraient dire ensuite que Cage est impassible et son visage ne trahit aucune expression, nous rétorquerons qu'il est égal à lui même, et que le mérite de sauver le film du naufrage du siècle lui revient presque integralement; à lui et aux courbes pornographiques d'Eva Mendes, qu'on souhaiterait vraiment voir intégrer le cast d'un hypothétique et ultra attendu "Avengers", pour assouvir de vieux fantasmes à base de latex/spandex.
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