En kiosque : DARK REIGN 3

DARK REIGN, ça continue. Et comment ! A commencer par le titre éponyme, qui s’ouvre par un huis-clos psychologique. Vous vous demandiez comment un psychopathe comme Osborn pouvait avoir réussi à convaincre Bob Reynolds, alias Sentry, a intégrer le cast des Vengeurs Noirs ? La réponse vous est donnée ce mois : le Bouffon y fait étalage de sa science de la manipulation des autres, aidé en cela par l’esprit déjà perturbé à la base de son interlocuteur. Sentry est un schizoïde, et si ses pouvoirs semblent illimités, son esprit ne résiste pas à tant de grandeur. C’est pourquoi il apparaît être régulièrement victime de crises durant lesquelles il prend l’apparence de son double maléfique, appelé Voïd, et défait tout le bien qu’il a pu accomplir dans son costume jaune traditionnel. Osborn étant un maître en double identité criminelle, il n’a aucun mal à trouver les mots justes pour faire vibrer la corde sensible de Bob. Le reste de l’épisode est le prolongement du grand combat (boucherie ?) entre Morgane La Fée et les Dark Avengers. Comment tuer une sorcière virtuellement invincible puisque pouvant remonter le temps et revenir en avant à sa guise ? Réponse : en passant de la défense à l’attaque, et en allant la débusquer à son époque de départ. Classique, et un ton en dessous des dialogues raffinés qui marquent les très bonnes premières planches, avec probablement une petite exagération dans les tons sombres de la part du coloriste, qui nuit un peu au travail de Deodato; mais globalement, ça tient vraiment la route. Les Secret Warriors de Nick Fury jouent clairement dans une catégorie inférieure, d’autant plus que l’idée de miser sur un groupe de héros débutant et pratiquement inconnus impose forcément un round d’observation qui se note, en plein Dark Reign, à l’heure où nombre de série sont menées tambour battant. La grande idée est que le Shield était infiltré depuis bien longtemps par l’Hydra et le Baron Von Strucker, qui tiraient les ficelles de l’organisation de Fury, à l’insu de tous. L’impression d’un potentiel fort intéressant est bien réelle mais il faudra exploiter correctement cette galerie de nouveaux personnages, qui d’ailleurs se sont déjà éclipsés pour ce second épisode : pas de révélation ou de caractérisation particulière d’un ou plusieurs d’entre eux, nous sommes concentrés purement et simplement sur les machinations du Baron Strucker, à l’exception de quatre planches qui mettent en scène un dîner au restaurant, où nous pouvons apprendre quelques éléments du destin probable de nos jeunes héros, sous couvert de prédictions funestes. Je ne suis pas non plus trop convaincu par l’aspect graphique des Secret Warriors. Si Stefano Caselli a un talent certain, la colorisation et le travail par ordinateur confèrent un aspect patiné, lisse, quasi cartoonesque, que je n’aime pas trop.

En fait, le plat principal de Dark Reign 3, ce sont les Thunderbolts. Tout simplement brillants. Vous vous étonniez vous aussi, qu’un président humaniste et démocrate comme Obama puisse donner son aval à un psychopathe comme Norman Osborn, et le laisser manigancer envers et contre tous ? L’explication arrive ce mois : tout d’abord ce n’est pas lui qui a eu cette idée, mais Bush, son prédécesseur. Ensuite, il se méfie comme de la peste du Bouffon Vert, preuve en est qu’il le convoque pour un entretien secret à bord de l’Air Force 1, où il le somme de répondre aux accusations de Leonard Samson, le psychiatre dopé aux rayons gamma. Les dialogues sont savoureux, tout comme l’opinion du Doc sur la santé mentale de son interlocuteur (« … est-il à même de gérer des affaires de sécurité nationale ? » « … il ne devrait même pas se balader dans la rue ») . qu’à cela ne tienne, Osborn a conçu un plan diabolique pour inverser les rôles, endosser la cape de la victime et sauver le président d’une agression impromptue, qu’il a en réalité méticuleusement préparée. C’est ainsi qu’il est attaqué par un Green Goblin de substitution, et qu’il parvient à faire endosser à Samson les habits du traître à la patrie. Obama ne semble pas complètement dupe, et Andy Diggle est parfois un peu lourd dans sa façon de dépeindre Barack comme un politicien probe et droit, attentif, respectueux, parfait quoi ! L’autre grand intérêt c’est d’assister aux premiers pas de la nouvelle mouture des Thunderbolts ( les anciens étant devenus les Dark Avengers ) guidés par l’espionne soviétique Yelena Belova et le mercenaire Paladin. On y trouve aussi un nouvel homme fourmi, espiègle pervers qui une fois rétréci trouve refuge et protection entre les deux nichons de la glaciale Yelena. Les Thunderbolts sont totalement immoraux, déjantés, et suivre leurs aventures est aussi agréable que de gratter une plaie infectieuse qui démange : on a beau faire, c’est très dur de s’arrêter. Et vous l’aurez compris, j’attache beaucoup d’importance aux échanges verbaux entre les personnages, plus qu’à l’action elle-même. Quand c’est réussi, ça donne un comic-book plus adulte et réaliste, qui puise dans les racines de la fantaisie pour élaborer une recréation du monde tel que nous le connaissons, et rendre l’univers Marvel si attachant car si proche du notre. Un miroir déformant et distordu, pour mieux comprendre notre propre réalité. Dire que les lecteurs de Tintin ou d’Asterix nous considèrent trop souvent comme de grands enfants naïfs… Dark Reign 3 en kiosque, recommandé sans retenue.

1 commentaire:

  1. Le meilleur de tous les mensuels du moment pour moi. Dark avengers est tout simplement délectable, Secret Warriors est riche en révélations, quand aux thunderbolts, vivement l'affrontement avec Deadpool !

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