Graphiquement, Ivan Reis signe des planches d’une richesse impressionnante, renforcées par l’encrage de Danny Miki et les couleurs savantes de Brad Anderson. Le trio évoque les ombres et les textures du comics d’horreur classique sans sombrer dans le pastiche. Francis Portela apporte quant à lui une respiration visuelle bienvenue lors de deux épisodes, avec un style plus européen et clair, qui n'est visiblement pas suffisant pour que son nom apparaisse sur la couverture de l'ouvrage (on adore Francis, aussi doué que sympathique, c'est un crève-cœur que cette décision erronée). Au-delà de ses atours macabres, Hyde Street se penche ouvertement sur notre fascination pour la faute et la punition. Les damnés de Geoff Johns ne sont pas que des monstres : ce sont des humains rongés par la culpabilité, la honte ou l’orgueil. L’horreur, ici, n’est pas dans les crocs des démons, mais dans la lucidité. Et c’est ce qui rend la lecture aussi dérangeante que captivante. Il y a toujours une raison qui pousse ces individus à devenir ce qu'ils sont devenus, qui éclaire d'un jour nouveau leur décadence. Seul les criminels les plus ignobles, comme cet homme qui s'en prenait à des jeunes filles, sont voués à une fin atroce, sans nuance ou rédemption ébauchée. Sombre, cruel, et pourtant profondément humain, Hyde Street confirme que Geoff Johns n’a rien perdu de sa science du récit. Il la met simplement au service d’un enfer moral d’une cohérence jusqu'ici quasi parfaite. L'impression est qu'il s'agit là d'un vrai univers à tiroirs, capable de tenir sur la durée, comme un témoigne aussi le numéro spécial consacré à Mme Bienfaite (la fanatique de la maigreur) et sa famille, qui vient donner de la profondeur psychologique à un personnage détestable, incarnation de la course à la superficialité et aux kilos de trop. Hyde Street est vraiment une découverte à faire au plus vite !
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