THE CURE : UN DOCU-BD CHEZ PETIT À PETIT POUR LA BANDE À ROBERT SMITH


 Ce n’est évidemment pas une sortie comme les autres que je vais vous présenter aujourd’hui, car The Cure n’est pas un groupe comme les autres. Avec Depeche Mode, il représente la quintessence de mes goûts musicaux, la bande-son de toute une vie commencée au milieu des années 1970. Alors, lorsque Petit à Petit décide de consacrer un docu-BD au groupe de Robert Smith, difficile de ne pas se réjouir : c’est une excellente nouvelle qu’il convenait absolument de célébrer. Le principe reste fidèle à la formule de l’éditeur : une partie en bande dessinée, retraçant les grandes étapes du groupe à travers des styles graphiques variés, où chaque artiste apporte sa propre sensibilité, et de nombreuses pages rédactionnelles qui viennent rythmer l’ensemble. L’ouvrage s’ouvre logiquement sur les débuts, en 1975, lorsque quelques amis d’enfance décident de fonder un groupe sans réellement savoir bien jouer d’un instrument. L’ascension sera progressive, portée par la personnalité de Robert Smith, un musicien aussi visionnaire qu’intransigeant. Cette exigence (ou cette obstination, selon le point de vue) explique pourquoi The Cure a toujours été une formation à géométrie variable, soumise à de multiples changements de line-up au fil des ans, même parmi ceux qui accompagnaient Smith depuis l'adolescence (Laurence Tolhurst en sait quelque chose). Le futur leader se montre intraitable d'emblée. Les brouilles, les questions d’ego, sans parler des sempiternels problèmes d’alcool et de drogue, ponctuent la vie du groupe et contribuent à ses incessantes métamorphoses. Pourtant, au cœur de ce chaos, The Cure impose un son unique : un rock sous influence punk, qui glisse peu à peu vers une mélancolie profonde, presque rageuse, une sorte de colère existentielle qui se déverse sur l’auditeur. De cette période naît une poignée d’albums absolument essentiels (Faith, Pornography, en tête de gondole) que tout mélomane averti continue de vénérer aujourd’hui encore.



Après la noirceur glacée de Pornography, The Cure éclate sous la tension. Robert Smith se retire un temps, avant de réinventer le groupe : moins désespéré, plus mélodique, mais toujours hanté. Les années 1980 voient surgir une pop étrange, dansante et triste à la fois — The Walk, The Love Cats, In Between Days — où la légèreté n’est qu’un déguisement pour la mélancolie (Close to me). La partie documentaire fait le point album par album et fournit des renseignements bienvenus, tandis que chaque étape importante est scandée justement, y compris des pauses importantes comme le mariage de Robert Smith avec Mary Poole, petite amie et âme sœur depuis le lycée. En 1989, Disintegration consacre définitivement le chanteur comme poète de l’ombre. Monument de spleen et de beauté hypnotique, l’album reste le sommet absolu du groupe. La suite sera plus inégale : Wish prolonge la magie, mais les années 1990 s’enlisent, entre changements de line-up, de label, lassitude du public qui se tourne vers d'autres genres, et perte d’inspiration. Pourtant, The Cure refuse de mourir. Porté par un public fidèle et des concerts toujours aussi intenses, le groupe connaît une véritable renaissance à l'occasion de la sortie du tout récent Songs of a lost world, autre gemme de noirceur lumineuse. Jérémy Wulc est à la baguette de cet album indispensable pour les fans (et les autres aussi), qui propose une splendide couverture de Julien Hugonnard-Bert (parmi les dessinateurs que vous découvrirez dans les pages intérieures, également). Franchement, jetez-vous dessus !


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