DAREDEVIL est de retour sur les étagères du rayon « nouveautés » avec un 18° tome de ses aventures dans la collection 100% Marvel. Ce ne sera pas de refus vu le retard accumulé avec l’édition américaine, si nous comparons avec les autres titres publiés dans les revues Panini. Bendis n’est plus de la partie, mais les premières aventures de l’ère Brubaker n’ont guère épargnées notre tête à cornes préférée, qui continue d’aller d’une galère à l’autre, et de porter la poisse à toutes les femmes qui entrent dans sa vie. Il les choisit toujours physiquement intelligentes ( il a du goût pour un aveugle, Matt Murdock ) puis il les pleure régulièrement, après la classique tragédie post rapport de couple qui met un terme à une belle romance, avant le prochaine. La dernière victime en date est Milla Donovan, une jeune et jolie aveugle elle aussi, qui est cruellement devenue le jouet de la vengeance de Mister Fear, contre Daredevil. Elle a en effet succombé aux effets irréversibles des effluves d’un gaz inventé par le super vilain maître de la peur, qui a fait d’elle une psychopathe en puissance, incapable de se contrôler au point qu’elle soit actuellement internée en hôpital psychiatrique. Ce qui a bien entendu un contrecoup immédiat et sévère sur la psyché de Matt, plus dépressif et surtout violent que jamais. Inconsolable, il fuit sa vie en tabassant les petites frappes du quartier, et en se complaisant dans la douleur de la rupture, derrière le costume écarlate du justicier de Hells Kitchen. C’est finalement son amie et collègue Dakota North qui va lui donner l’opportunité de se remettre sur les bons rails, en enquêtant sur un condamné à mort qu’elle présume être innocent. Murdock pénètre dans le couloir de la mort et découvre un être brisé qui semble s’acharner à vouloir se punir, mourir, alors que le fameux « sens radar » da Daredevil, qui lui confère la faculté de déceler mensonges et vérité chez l’interlocuteur, a vite fait de comprendre qu’il est en fait étranger aux faits dont on l’accuse. DD pourra-t-il sauver celui que tout accuse, et qui a avoué, sans pour autant être coupable ?
C’est un petit Daredevil qui vous attend en kiosque. Après les aventures pyrotechniques sous la houlette de Bendis, prolongées par le début du run de Brubaker, la page se tourne enfin pour le diable rouge, qui alors qu’il doit digérer l’internement de Milla, sa femme, a au moins une période de repos relative dans sa carrière chaotique de justicier nocturne. L’album s’ouvre d’ailleurs sur le numéro 106 de la série régulière, qui a tous les traits du classique « fill-in » pour laisser le temps de souffler au dessinateur attitré. Le boulot de Paul Azaceta, le remplaçant pour l’occasion, est à peine décent. S’ensuit un « one shot » du nom de « Blood of the Tarantula » qui ne sert qu’à une seule chose : introduire le personnage de la Tarentule Noire dans le microcosme de Daredevil. Franchement, cette énième histoire d’un type venu des bas fonds qui se rachète et lutte pour la salubrité de son quartier, ça sent furieusement le réchauffé, et ça n’apporte pas grand-chose au lecteur. Heureusement les quatre derniers épisodes recentrent le sujet : voici venir « Cruel and unusual » qui court du numéro 107 au numéro 110 de la série régulière. Michael Lark reprend les crayons pour nous replonger dans ce récit urbain qui multiplie les planches entre bistre, gris foncé et le rouge cendre du costume de Matt et de ses lunettes d’aveugle. Toute cette aventure se déploie comme une longue et patiente enquête policière : pour quelle raison Ben Donovan a-t-il bien connu l’horrible crime dont il est accusé ? Et pourquoi, alors que DD sait pertinemment qu’il est innocent, persiste-t-il à s’accuser et à vouloir rôtir sur la chaise électrique ? Pour corser le tout, les fédéraux sont de sortie, et Dakota North va même devoir composer avec son père ( avec qui les rapports sont plus que tendus…), un des pontes du FBI local. Pas d’individus aux super pouvoirs, pas d’archi ennemis qui tiennent Daredevil en échec, juste un mafieux de seconde Zone, un certain Slaughter, que nous retrouvons ici avec un sourire blasé : après le Hibou, la Caïd ou Mister Fear, ça nous fait des vacances. C’est vrai que nous nous étions habitués à du pathos à longueur de pages, à des rebondissements inattendus et spectaculaires qui remettaient en cause l’identité même de notre justicier en collant. Du coup, voilà la fine bouche avec ce dix huitième album de la collection 100% Marvel, qui ronronne un peu trop, avec une première partie quasiment dispensable. Ce qui est assez drôle quand on sait que pour une fois le scénario a été écrit à quatre mains entre Brubaker et Greg Rucka. Mais enfin, mettons nous à la place de ce vieux DD : une petite trêve dans son malheur infini, ça ne peut que lui faire du bien, et nous le ramener en grande forme dans quelques mois. Surtout que pendant ce temps, Milla est toujours chez les dingues, et qu’elle est même privée de visites ! Courage Matt, quelque chose me dit que tu vas encore devoir en baver…
C’est vrai que le "Fill-in" et le "One shot" du début du recueil font un peu office de bouche trou et sont très dispensables. D’autant plus que le graphisme n’est pas terrible.
RépondreSupprimerMais Lark revient sur "Cruel and Unusual" et c’est un soulagement pour les yeux. Avec ce titre Brubaker encre de plus en plus la série dans le genre polar plus que dans le récit super héroïque. Ici pas super vilain sur vitaminé en costume.
Tu parles de la fatalité des femmes dans la série Daredevil. Et bien moi, je ne comprends pas pourquoi les scénaristes prennent tous un malin plaisir à les faire morfler. La série réveille-t-elle en eux des pulsions sadiques ou misogynes ? Ici encore une victime. Pauvre Dakota.
Mais comment fait Matt pour toutes les tomber ???
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