SPOILER ZONE : X-MEN "The list"

Il n’y a pas que les Vengeurs qui vont faire les frais de la « liste » d’ennemis du pouvoir en place, à abattre. Norman Osborn souhaiterait également se débarrasser de l’engeance mutante, et comme à son habitude, il ne va pas faire les choses à moitié. Il faut dire qu’un véritable conflit ouvert à éclaté entre les deux factions (le crossover entre Dark Avengers et X-men, à venir en VF ce printemps) et qu’en conséquence, les mutants ont quitté San Francisco, leur base d’opération depuis quelque temps, pour s’établir sur l’astéroïde M, autrefois appartenant à Magneto, et qu’ils ont fait ressurgir des flots, pour la transformer en île refuge pour tous leurs congénères. Le problème, c’est que désormais nous trouvons Namor dans les files des X-men, mais aussi et toujours Emma Frost, qui ont tout deux fini par abandonner Osborn, lequel ne compte pas oublier cette trahison de si tôt. Après avoir manipulé sa matrice génétique et l’avoir placé en état de rut permanent (ce qui entraine chez elle une violence inouïe), le rouquin diabolique utilise Marrina, ancienne femme du seigneur d’Atlantide, pour semer mort et destruction chez ses ennemis. Il ne reste rien de la douce créature d’autrefois, juste une blague de la nature, une sorte de serpent ou de gros ver de mer, assoiffé de sang et carnivore. La bête transforme vite les fonds marins en lieu de carnage, et les victimes commencent à tomber comme des mouches. Il va falloir que les X-men et Namor se serrent les coudes pour neutraliser la féroce menace, avant que le Submariner ne rapporte son trophée de guerre à Osborn, et ne lui promette des lendemains qui déchantent : le jour où il va devoir rendre des comptes à tous ceux qu’il a attaqué, ça risque d’être particulièrement mouvementé ! Alan Davis dessine cette aventure comme les centaines d’autres qu’il a pu illustrer auparavant : un style tout en douceur et courbes lisses, qui ne varie jamais, ou si peu, globalement agréable mais probablement pas assez tragique pour le ton du Dark Reign. Sa version de Marrina est peu convaincante : un dirait un brochet traité aux rayons gamma, une sorte de Brochulk, en somme (et là je passe l’idée à Jeph Loeb, qui n’en est pas à une invention absurde de plus ou de moins, sur la série du géant vert). Baston, carnage, et résolution du problème, le tout en une grosse vingtaine de pages sympathiques mais un ton au dessous de ce que j’au pu lire auparavant, dans la série « The list ». Matt Fraction pouvait mieux faire, sans nul doute.

X-MEN NOIR : Qui a tué Jean Grey ?


Après Spiderman, l’univers NOIR embrasse maintenant les X-men, pour le second album d’une série qui s’annonce bien plus longue que prévue. Noir, fort justement, car l’atmosphère, le décor, les couleurs, tout concourt à créer une bd « pulp » classieuse, un véritable petit bijou graphique qui suinte l’Amérique de l’entre deux guerres, usant jusqu’au cliché des codes du genre, mais toujours avec une maitrise artistique telle qu’on ne peut qu’adhérer. Et je ne vous parle pas des couvertures, où le travail de Dennis Calero atteint des sommets ombrageux du plus bel effet. Mais revenons à cet album : tout débute par un meurtre, ce qui est fort logique vu le ton du récit. La victime est une belle jeune femme, une rousse du nom de Jean, qui porte un tatouage intrigant, un X, et dont le destin ne semble intéresser absolument personne, hormis un nouveau venu dans la police new-yorkaise, un certain Peter. Fred Van Lente, le scénariste, ressort de ses vieux cartons un personnage oublié, Thomas Halloway, qui fut autrefois le premier « Angel », durant le Golden Age de Marvel, et qui fit son apparition en 1940, pratiquement à la même époque à laquelle est située l’action de notre album. Halloway se met en tête de découvrir la vérité et commence ses investigations en allant interroger un détenu un peu spécial, un psychologue paraplégique du nom de Xavier, qui professe dans ses ouvrages la venue de la nouvelle génération d’êtres humains dominants dans notre société moderne et corrompue : les sociopathes ! Il aurait d’ailleurs contribué aux soins mentaux et à l’éducation de certains d’entre eux, un petit groupe de prétendus hors la loi génériquement définis comme étant les « X-men ». Le chef de la police, lui, installé à son poste par les pouvoirs mafieux locaux, ne voit pas d’un très bon œil l’avancée de l’enquête. Il faut dire qu’il s’agit d’Erik Lensherr, immigré russe en Amérique, et que ses méthodes discutables ne prévoient ni atermoiements ni pitié. L’histoire devient complexe, se déploie sur plusieurs niveaux, entre trafic d’héroïne, collusion mafieuse, corruption et recherche de l’assassin de Jean. Au point qu’on finit même par y perdre ses petits en cours de route.



Les X-men de cette aventure sont Scott « Cyclops » Summers, Bobby « Iceman » Drake et Henry « Beast » McCoy. Warren Worthington III s’est lui suicidé peu de temps auparavant en se jetant du toit de l’institut de Xavier, pensant qu’il pouvait voler (il a du se tromper d’univers Marvel). En réalité, il a probablement été poussé dans le vide par la Confrérie, l’organisation qui gère le crime à NY, et qui a à sa tête Magnus, eugéniste intraitable pour qui la moindre faiblesse équivaut à une condamnation à mort. Le refus de Xavier de s’allier avec lui est de cet ordre. Mais Magnus doit tout à Sebastian Shaw, leader du Club des Damnés, et il a lui aussi des comptes à rendre sur ses activités. Shaw a un grand ennemi, Unus, dit l’intouchable, qui est un autre des grands noms de la pègre de l’époque, et qu’il souhaiterait enfin voir manger les pissenlits par la racine. Magnus est donc chargé de mettre la main sur une certaine Anna-Marie Rankin, dont le pouvoir de « s’adapter » à la personnalité et aux capacités de son interlocuteur en fait une arme aussi efficace qu’unique. Et là je m’arrêterai, avant d’avoir recours au reste du tube d’aspirine, pour vous raconter le reste de l’album. Qui est bon, indéniablement, capable de s’affranchir de la traditionnelle imagerie mutante et super héroïque, mais qui désire également explorer tant de ramifications et de secondes pistes à la fois qu’il en devient pratiquement indigeste, trop dense pour au final quatre petits épisodes qui sont tiraillés entre toutes les potentielles directions à suivre, sans jamais vraiment se décider. Si j’ai souligné l’excellent ouvrage de Callero, je voudrais juste ajouter que l’atmosphère profondément sombre joue aussi de vilains tours aux lecteurs, qui doivent parfois ruser pour clairement identifier quel est le personnage représenté dans telle ou telle case, et participer au grand jeu : mais de quel X-man s’agit-il, dans cette représentation « noir », saurais-je le reconnaître ? Mais aussi que Panini n’a pas fait preuve de grand discernement en remplaçant certaines interjections, certaines insultes, par une censure subtile en forme de gros XXX majuscules. L’album étant de toutes manières destiné à un public averti (voir le petit macaron rouge en bas de couverture) je n’en vois franchement pas la nécessité. Pire encore, ayant entre les mains un album titré « X-men », j’ai dans un premier temps mis quelques secondes à réaliser qu’il s’agissait bien d’une forme de censure, et pas un artifice propre à l’histoire. Cela dit, ça ne gâche pas un autre des petits plaisirs de ce type d’album : savourer l’odeur des pages et de l’encre, lorsque celle-ci est à peine sèche et que votre volume est flambant neuf ; une autre manière de se droguer, ou de se laisser bercer par les effluves super héroïques des rotatives.

Rating : OOOOO

PUNISHER (Max Vol.15) : LES FILLES EN ROBES BLANCHES

Garth Ennis est donc définitivement parti, la page est tournée. Et du reste, l’humour à froid, le glauque trash et absurde, qui réjouissait tant les lecteurs de la série Max du Punisher, sont déjà quasiment absents de ce volume 15 édité par Panini. Qui bénéficie toutefois d’un traitement graphique réussi, et des ambiances noires, des dessins crépusculaires d’un Laurence Campbell minimaliste et pourtant si expressif, avec aussi peu de gestes et d’épate : bref, un tour de force apprécié et appréciable. Pour le reste, Castle prend ses valises et met le cap sur le Mexique. Non pas pour participer à la foire aux tapas, mais pour s’occuper d’une sordide histoire d’enlèvements. Un village tout entier est en proie à la panique : les jeunes femmes disparaissent une à une, et lorsqu’elles refont surface, c’est atrocement mutilée, et recousue à la hâte (sans les poumons et les yeux). Prostitution, secte satanique, serial killer ? Toutes les hypothèses sont valables, et le dernier recours des mexicains désemparés est de faire appel à notre justicier implacable, qui traverse une phase d’introspection morbide, comme il ne cesse de le répéter : le trentième anniversaire du jour où sa propre famille a été abattu. Notons au passage qu’il n’a pas pris –ou presque- une ride, et que la croisade contre le crime, ça préserve bien son homme. Toujours aussi froid, impassible, Castle prend ses marques avec distance, emploie d’emblée la bonne vieille méthode qui oscille entre torture et exécution expéditive, et, n’en déplaise aux chastes âmes qui lisent ces quelques lignes, se fait tailler une pipe par une habitante du coin, à sa première nuit d’hôtel. Pas très excitant quand on sait qu’en guise de reflet de la scène, ce sont ses enfants morts qu’il aperçoit dans le miroir de la chambre. Obsédé, notre Frank ?

Notons tout de même qu’au fil des pages, le scénariste Gregg Hurwitz finit par se lâcher un peu : le voici aux commandes du Punisher, tout de même ! On retrouve de ci de là l’héritage d’Ennis (un mafieux qui se fait bouffer par son requin d’aquarium) et une touche d’irrévérence glacée à ne pas mettre entre toutes les mains, mais de manière plus réaliste, plus noire, sans ces bouffée délirantes et quasi parodiques qui ont fait le succès du personnage ces dernières années. Il s’en sort tout de même avec les honneurs, étant donné la lourde tâche qui lui incombait ! Campbell saupoudre ses planches de traits esquissés à la suie, les corps se meuvent dans l’ombre et assument la consistance du charbon, et la scène s’éclaire soudainement d’un rouge expressionniste pour une case choc, un acte de violence froid et raisonné, qui vient rappeler les idéaux de Castle, et son monde sordide, où la lumière ne peut qu’aveugler, jamais réchauffer. On aurait pu penser que ces enlèvements de jeune fille finiraient par aboutir à une terrible histoire de prostitution mais il n’en est rien : hormis quelques pulsions et esquisses de viol par instant, ce volume 15 reste finalement assez sobre sur ce point. Il préfère placer la mise sur l’exploitation d’un des ennemis classiques du Punisher, El Ponte en espagnol, c'est-à-dire le Puzzle vivant, Jigsaw, déjà présent dans le dernier numéro de Marvel Saga. La bonne nouvelle de cet album Max, c’est que sans avoir une aventure révolutionnaire entre les mains, on n’a pas l’impression non plus d’avoir été floué. Un très bon point avant d’aborder ces prochains mois la décapitation de Frank Castle et son retour sous forme d’un zombie cyborg, qui devrait atteindre 9 sur l’échelle Richter du ridicule.

En kiosque : SPIDER-MAN 120

Tout vient à point à qui sait attendre. Toutefois, l’attente peut être exagérément longue, et la surprise décevante, ou tout du moins pas raccord avec l’impatience générée par la patience requise. La première saison de Spiderman post « on efface tout et on recommence » s’achève donc sous la plume de Marc Guggenheim, et laisse une sensation douce-amère, l’impression que si le titre a su d’extrême justesse éviter l’écueil du ridicule total (ce qu’il n’a pas toujours fait ces mois derniers), il est loin d’avoir aujourd’hui un potentiel tel qu’on en reparlera encore dans une décennie. Mais passons au grand final. Si une longue succession de story-arcs et d’artistes ont marqués les aventures de Spidey cette dernière année, les grands mystères qui rebondissaient d’un chapitre à l’autre étaient substantiellement deux : l’identité de Menace, le nouveau grand vilain attaché aux basques de notre tisseur, et le tueur aux traceurs, celui qui laisse sur ses victimes mortes ces petites araignées espions, qui font que l’Araignée est bien vite accusée d’être un serial-killer. Dans le premier cas, les lecteurs attentifs (certaines scènes comme le baiser inattendu entre la fiancée de Norman et Peter…) auront déjà devinés qui se cache derrière le masque du cinglé au planeur. Ou devrais-je dire cinglée ? Je tairai le nom de cette personne, pour ne pas totalement ruiner la surprise de ceux qui n’ont rien compris, mais bon, c’est évident, non ? Le hic, c’est qu’on avait déjà pas mal de bouffons verts, du père au fils, en passant par le bouffon gentil (le neveu Urich). Sans oublier le Super Bouffon, le Demogoblin maléfique… Alors au moment d’introduire un nouveau grand ennemi dans le cast de Spiderman, la venue du cinquantième bouffon avec planeur assorti est-elle si formidable et révolutionnaire ? Et bien non, ça sent le réchauffé, plus ça change plus c’est pareil. Quand aux traceurs sur les corps de cadavres, dans les rues de New-York… et bien voilà un rebondissement surprenant : que peut donc bien faire un sachet plein de ces traceurs sous le lit d’un policier sans reproches, comme par hasard colocataire de notre pauvre Peter Parker ? Oui oui vous avez compris, la police n’est pas toujours à l’abri de bien mauvaises décisions… Barry Kitson s’applique aux dessins, sans fioritures ni gros défauts, le tout est assez lisse et se laisse voir agréablement. Surtout quand Harry décide de reprendre le planeur en main… qui sait où cela va le mener…

N’oublions pas aussi un petit épisode entièrement centré sur l’Anti Venom, de Dan Slott et Chris Bachalo. Ce dernier n’est pas ma tasse de thé. Même si je lui reconnais un découpage délirant dans les séquences et ses planches, l’anatomie de ses créations me donne la nausée. Eddie Brock semblait avoir trouvé la paix et l’illumination depuis qu’il a été « guéri » de son cancer. Sauf que son mentor, un certain Martin Li (pour qui travaille aussi la tante May de Peter, le grand hasard du monde arachnéen, une toile qui enserre son cast et l’étouffe inexorablement) a un secret peu ragoutant : il est aussi le mafieux Mister Negative, qui rêve de contrôler la pègre locale. Le genre de nouvelle qu’il n’est jamais bon d’apprendre. Le tout est gentillet, reste à voir comment ces révélations seront exploitées par la suite. Allez Spidey, un dernier sursaut d’orgueil avant de franchir la ligne d’arrivée : la saison 1 évite le naufrage total dans les arrêts de jeu, mais cela reste une défaite, malgré tout. Il faudra mouiller le maillot dès les prochaines aventures !

CINECOMICS : IRON MAN (En attendant le second volet)

Comme vous le savez très certainement, 2010 sera l’année IRON MAN, ou ne sera pas. Ainsi le veut la loi de l’exploitation des films de super héros, qui va être à la fête avec le second volet des aventures de tête de fer sur grand écran. Un long métrage très attendu vu le succès et les lauriers receuillis par Iron Man, premier du nom. C’est de ce dernier que je vous entretiendrais aujourd’hui, comme d’une mise en bouche de ce qui nous attend dans les prochaines semaines. Dans le rôle de Tony Starck, inventeur génial mais alcoolo et tombeur de femme sur les bords, Robert Downey Jr, très ressemblant et à son aise, même si on regrettera que le film n’aborde pas les problèmes du justicier avec la bouteille (que l’acteur connait lui aussi très bien). Par contre, profusion d’effets spéciaux en tous genres, avec des scènes très réussies, et certaines qui sont de purs fantasmes pour geeks épris de technologie improbable, notamment quand Starck endosse son armure les premières fois. Le film suit la dernière version des origines d’Iron Man, telles qu’elles ont été revisitées durant la saga « Extremis ». Exit les vilains asiatiques communistes d’autrefois, place aux méchants afghans qui sont à la base des déboires et de la résurrection du multimilliardaire. Ben Laden n’a qu’à bien se tenir, où qu’il se cache. Et après, ce sera le tour des coréens, des iraniens ou des chinois ? A moins que les contrats à moult zéros de Tony ne le laisse pieds et poings liés en ce sens… Le synopsis récitait à la sortie : Tony Stark, inventeur de génie, vendeur d'armes et playboy milliardaire est kidnappé en Afghanistan. Forcé par ses ravisseurs à fabriquer une arme redoutable, il construit en secret une armure hi-tech révolutionnaire qu'il utilise pour s'échapper. Comprenant la puissance de cette armure, il décide de l'améliorer et de l'utiliser pour faire régner la justice et protéger les innocents. Mais quand on est à la tête de la plus puissante multinationale mondiale et fournisseuse d'armes par excellence, il peut vite devenir difficile, voire gênant, de tourner le dos à un marché fort juteux au profit d'un "monde meilleur" et utopique. Iron Man va vivre un bien rude dilemme!
Sincèrement, le film est bon. Une bonne adaptation d’un bon comics, sans grande prétention intellectuelle, un gros divertissement blockbuster bien mené et rythmé avec des effets spéciaux de premier ordre. Downey Jr est un Starck plus que crédible, avec la classe et la nonchalance propre au personnage de papier que nous connaissons. James Rhodes apparaît bien comme le militaire et meilleur ami réduit au rang de gentil larbin sympathique, à qui faire les confidences quand elles servent, et qui sait maintenir les distances quand il le faut. Un black serviable et presque caricatural, ce qu’était de toutes manières le Rhodey de papier des origines. Gwyneth Palthrow en Pepper Potts, la secrétaire de Starck, cela fonctionne, même si son rôle est clairement secondaire, et qu’elle n’est présente ici que pour rendre un peu d’humanité et de piment sentimental à un personnage qui devient vite tout puissant, entre sa fortune, son armure et son génie. Les scènes d’action sont efficaces, et le peuple américain en aura pour son argent, avec ces moments exutoires où les méchants afghans se prennent une sévère déculottée par un super héros républicain armé jusqu’aux dents, qui à peine de retour sur le sol américain après une détention de trois mois, qui a failli lui coûter la vie, réclame… un cheese-burger ! Le méchant dans le film, c’est Jeff Bridges, en industriel retors, c'est-à-dire chauve et barbu, la tête de l’emploi. Il interprète Obadiah Stane, le rival de Starck au sein même de sa compagnie, qui traite en douce des contrats d’armements avec les mêmes rebelles que le gouvernement US pourchasse. Sur fond de fable morale (les armes c’est caca, mais bon ça rapporte gros et c’est assez joli, finalement, un monde entier voué à la cause américaine) et de conflit des civilisations (Les musulmans intégristes, Iron Man ne se trompe pas de cible, pour réussir son début de carrière), voilà une agréable production qui nous réconcilie avec les adaptations au cinéma du Marvel Comics Group, après l’innommable Ghost rider de courte mémoire, et des Hulk verts de honte. A (re)voir, assurément, avant la déferlante du second volet, et Mickey Rourke en Whiplash pas content, mais alors pas content du tout !

X-MEN : The Dark Phoenix saga

Aux States, on trouve en exergue à certains comics : « Nuff said », une façon de dire « Tout est dit, vous avez besoin qu’on en rajoute ? ». C’est ce que nous pourrions dire, après vous avoir récité tour à tour : Byrne, Claremont, Phoenix noir. Nuff said. Chris Claremont, c’est le démiurge des incroyables X-Men, l’homme qui sortit de l’anonymat la série pour en faire le titre le plus vendu de chez Marvel. Une science formidable du récit, des trames et sous trames en abondance, un vaste soap opéra mutant qui culmina probablement avec cette saga du Phoenix noir. John Byrne est son dessinateur fétiche sur la série, probablement le grand nom du genre dans les 80’s, chacune de ses planches sur le titre X étant parfaitement indiscutable, les traits précis et expressifs, lumineux. Reste le Dark Phoenix, un des grands moments de la mythologie X-men, que chaque fan digne de ce nom se doit de connaître sur le bout des doigts. Le Phénix Noir, c'est-à-dire la version sombre et maléfique d’une entité cosmique toute puissante, capable à elle seule d’engloutir une planète, sans que rien ni personne ne soit en mesure de l’arrêter.

Jean Grey, la gentille télépathe et télékinesiste des X-men, au départ jolie petite potiche aux bras de Scott « Cyclope » Summers, est devenue un des personnages les plus puissants du cosmos suite à un retour tragique de l’espace. C’est que les X-men n’avaient pas prévu que le revêtement qui protégeait leur navette des mystérieux rayons cosmiques (les mêmes qui transformèrent les 4 fantastiques ?) allait céder, les condamnant ainsi à un destin aussi tragique qu’inéluctable. Sauf que Jean est capable, de par ses talents sur la télékinésie, de protéger à elle seule le vaisseau en déroute, au prix d’un effort surhumain qui ne sera pas sans laisser de profondes traces. En se sacrifiant pour sauver ses camarades d’une mort certaine, Jean a été transformé en quelque chose d’autre, une force de la nature l’habite désormais : c’est le Phoenix. Sous l’impulsion de Jason Wyngarde, alias Mastermind, le roi de l’illusion, qui œuvre pour le Club des Damnés ( un club select qui désire gouverner le monde et qui a une prédilection pour les tenues sado maso ), Jean bascule lentement et inexorablement vers le mal, et se laisse dévorer par son coté obscur. Mais quand on possède un pouvoir aussi incommensurable, le moindre doute sur votre santé mentale peut avoir des conséquences dévastatrices. La force Phoenix aussi a été contaminée par cette folie galopante, et va évoluer en Phoenix Noir, qui va bientôt aller jusqu’à détruire un système solaire en entier, et souhaiter en faire de même avec notre planète, bien entendu. Vous l’aurez deviné… la seule façon de pouvoir stopper Jean, devenue la plus grande menace qui pèse sur le cosmos, c’est tout simplement de la tuer, avant qu’elle ne tue tout le monde. C’est aussi l’idée des Shi-Ar de la princesse Lilandra, qui décident d’organiser le procès de l’entité et donc de la jeune X-woman. Mais cette dernière est une héroïne au cœur pur et aux sentiments des plus nobles ; si pour éviter quel l’univers périsse, sa mort est souhaitable, alors que mort s’en suive, pour le bien de tous. Sortez vos mouchoirs, et prenez donc une leçon : de l’art d’articuler un récit, d’entretenir le pathos, de créer un comic-book , un vrai, sériel et pourtant jamais banal. Une des pierres angulaires de toute l’histoire des mutants en Bd, un chef d’œuvre qui bien que daté, se lit et se relit avec toujours autant de plaisir, pétri de nobles idéaux et traversé par un souffle cosmique épique, qui font entrer le jolie rouquine dans l’Olympe des grands personnages made in Marvel.

SPOILER ZONE : AVENGERS "The list"

Clint Barton a les nerfs. Et on peut facilement comprendre pourquoi. S’il officie actuellement chez les Vengeurs sous le costume en cuir d’Echo, il fut pendant des années le justicier–archer du nom d’œil de Faucon (Hawkeye en VO). Lorsque Norman Osborn a entreprit de créer son propre groupe de Vengeurs – un ramassis de criminels et de psychopathes sans foi ni loi – il a confié le costume mythique de Clint à Bullseye, un des pires assassins que compte la planète, de surcroit doté de la faculté de ne jamais raté la cible, tout en sachant transformer un peu tout en une arme mortelle, du cure-dent au shuriken. Barton n’a vraiment pas digéré cet affront et décide de rendre visite au rouquin maléfique pour lui faire payer ce sacrilège, si possible dans un joli bain de sang frais ; un projet qui ne recueille pas l’adhésion de ses camarades super héros, si ce n’est pour l’aide que lui apporte finalement son ex femme Mockingbird, dans son projet pour le moins aventureux. Car tout de même, s’attaquer seul à Osborn et ses Dark Avengers, c’est un peu fort de café… Et pourtant, Clint réussit une entrée fracassante chez l’ennemi, et parvient à se frayer un passage jusqu’au grand chef, non sans avoir balancé Venom par la fenêtre (du haut d’un building, l’atterrissage est douloureux…) et criblé Bullseye de balles à bout portant. Daken le fiston de Wolverine, a lui droit à une flèche qui lui traverse le crâne de part en part, ce qui n’est pas si grave étant donné son facteur auto-guérissant. Le hic en fait , c’est qu’Osborn bénéficie d’un système de défense des plus perfectionnés, et qu’il a à son service un larbin dévoué et surpuissant du nom d’Arès, le Dieu de la guerre. Et quand ce dernier tombe à bras raccourcis sur le pauvre Clint, inutile de vous dire quelle est l’issue de l’affrontement. Quelle petite frappe, que ce prétendu habitant de l’Olympe, qui met aux services de l’axe du mal ses gros muscles et son peu de cervelle ; encore un à qui il va falloir botter les fesses avant de passer à autre chose que ce règne obscur. Bendis fait mouche avec un récit tendu et riche en action jouissive, et Djurdjevic assure aux crayons, le tout étant magnifié par les contrastes entre le noir de la nuit et des costumes, et l’or des lumières de la ville, qui filtrent à travers les vitres du Qg des Vengeurs, dans les premières planches. Probablement un des « one-shot » les plus agréables à lire de ces dernières années, avec juste un petit regret : ce n’est pas encore aujourd’hui qu’un super héros fera ravaler à Osborn son sourire suffisant de pauvre hyène dégénérée.

PUNISHER (Max Vol.10) : Punisher Présente Barracuda

Ne cherchez pas la silhouette habituelle du Punisher dans le volume 10 de la série dédiée au… Punisher, car vous ne la trouverez pas. Pas même l’espace d’une case ou d’un croquis. Car cet album particulier dans la collection Marvel MAX ( pour adultes ) est ce qu’on appelle un « spin-off » ou simplement en Vf série dérivée. Comme le précise le sous titre de l’album, Punisher presents : Barracuda. Ce dernier est le plus récent des ennemis charismatiques de Franck Castle : un gros bestiau surpuissant, un char d’assaut humain, que notre justicier a déjà travaillé au corps dans une aventure précédente ( il lui reste un œil et quelques dents, par exemple, signe qu’il a déjà croisé la route de ce bon vieux Castle…) et qui rêve désormais de vengeance. En attendant d’heureuses retrouvailles avec qui l’a sévèrement battu, le géant black Barracuda part pour un petit état d’Amérique du Sud, où il va défaire le gouvernement local, aux mains d’un petit mafieux sans envergure, qu’il avait lui-même installé là des années auparavant. Le tout avec à ses cotés un jeune rejeton de mafieux américain à qui il est censé « apprendre le métier », sauf que celui-ci est un maigrichon hémophile et binoclard, une proie bien facile sous certaines latitudes. L’occasion de développer d’une manière moins conventionnelle, mais finalement séculaire, le thème de l’initiation, du mentor qui prend le novice sous sa coupe, pour une virée débridée et déjantée dans le milieu du crime et des balles perdues. Mais nous trouvons aussi une bimbo aux nichons siliconés, first lady locale, prise dans le tourbillon fou d’une aventure irrévérencieuse. Le tout est conté avec brio par un Garth Ennis qui se lâche totalement. Absolument anti conformiste, très grossier et brut de décoffrage, ce Barracuda est un album à ne vraiment pas laisser entre toutes les mains tant le contenu risque d’apparaître « shocking » pour le lecteur habituel de petites histoires super héroïques classiques. Goran Parlov est bien bon aux dessins et retranscrit avec brio la folle épopée à forte teinte d’hémoglobine. Les lecteurs du Punisher en ont peut être vu d’autres, mais le ton de ce nouvel opus ne pouvait qu’appartenir à la collection Max. Les plus sensibles ou les puristes de la langue peuvent d’ores et déjà passé leur chemin. Les autres, pour le fun, auront une dose massive de causticité et de second degré, et un bon bol de « slang culture » s’ils décident de s’orienter plutôt vers la VO. Je ne suis pas spécialement tourné vers le comic-book trash, mais je me suis bien amusé avec ce Barracuda. Qui donne tant dans l’outrance et l’exagération, qu’il en ressort éminemment sympathique, même si fatalement destiné à succomber dans de prochaines pages, quand son chemin et celui de Frank Castle convergeront à nouveau. Le Punisher est comme Attila, là où il passe, l’herbe ne repousse plus. Le ménage est fait, et en profondeur.

En kiosque : DARK REIGN 4

La lune de miel avec le mensuel « Dark Reign » aura finalement été de courte durée. Au risque de ne pas me faire que des amis, tirons donc à balles réelles sur le 4° numéro du dernier né de chez Panini, qui semble déjà manquer de souffle après si peu de temps. A commencer par les Dark Avengers, qui liquident Morgane Le Fey en deux temps trois mouvements, après un combat qui devait être pour le moins dantesque. Elle qui fut sur le point de damer le pion à des calibres comme Sentry ou Ares, et qui laissa le docteur Fatalis sur le carreau, en piteux état, se laisse finalement prendre au piège des sortilèges de ce bon docteur latvérien comme une débutante. La voici projetée dans un passé lointain, à une époque où de gigantesques sauriens carnivores donnent la chasse à des tribus d’homo-sapiens primitifs. Une incohérence historique qui n’est pas le pire, tant la série est le reflet du meilleur et du moins bon de son géniteur, Brian Bendis. Si les dialogues sont souvent pétillants, irrévérencieux, et s’il se dégage du tout comme une bonne odeur de sitcom super héroïque bien troussée, la lenteur des débats et la sensation de faire du surplace assez rapidement nous fait quelque peu tiquer. Le temps que Bendis nous livre un arc narratif complet, n’importe quel scénariste des sixties/seventies avait celui de pondre deux saisons complètes du personnage de son choix. Sinon j’aime toujours autant les dessins de Deodato, mais c’est si sombre que ça en gâche quelques planches, cela dit en passant. Bon, loin de moi l’intention de dire que les D.A sont aussi ennuyeux que les Mighty Avengers (mais est-ce bien possible ?) mais par rapport aux premières flammes, les étincelles de ce mois ci ne m’ont guère réchauffé.

Les Secret Warriors, par contre… Que dire ? Pas grand-chose, je n’aime pas, voilà tout. Pour la technique de colorisation et d’impression des illustrations de Caselli, je me suis déjà exprimé, en mal, je n’y reviendrais pas. Pour l’histoire en soi, je commence déjà à bailler. Voici venir un énième retour sur le devant de la scène de Nick Fury et de sa bande d’amis, de la comtesse Allegra de Fontaine à son vieux pote baroudeur Dum Dum Dugan. Fréquenter Fury a du bon : vous ne vieillissez pas, voire même, vous rajeunissez de manière spectaculaire, comme cette garce de comtesse qui semble avoir à peine la trentaine, sur les pages de ce mois ci. Bien entendu, si tout ce joli cast est de sortie, c’est qu’en face, il va y avoir Hydra et ses machinations, des complots à n’en plus finir… Mais au fait, et les Warriors, dans tout ça ? Pour le moment, ils sont au service aveugle de Fury, et se lancent sans expérience et en dépit d’une formation clairement de série B, à l’assaut d’un monde hostile où des individus comme Osborn ne rêvent que de les voir se pendre au bout d’une corde. Nick, pourquoi es-tu aussi méchant ? Laisse les donc en paix, ces jeunots, et nous aussi tes lecteurs, par la même occasion. Enfin Deadpool. Le gros morceau. Le mercenaire à la grande bouche débarque sur les pages de Dark Reign à la faveur d’un crossover en quatre parties avec la série des Thunderbolts. Deadpool, c’est soi disant de l’humour rafraichissant, du 3° degré en guise de bouffée d’oxygène, dans un monde de comics trop sérieux et voué à la sinistrose. Mouais. Il n’empêche que ce n’est pas ma tasse de thé, tout du moins pour ce qui est de cet arc narratif intitulé « Magnum Opus ». Wade l’a mauvaise depuis qu’Osborn l’a doublé puis ridiculisé, après qu’il se soit mis en danger pour participer à l’effort de guerre contre les Skrulls, en récupérant de précieuses informations sur le métabolisme et la biologie des aliens. Du coup, l’heure de la revanche a sonné, et notre mutant déjanté investit le QG des Vengeurs Noirs pour régler son compte au rouquin diabolique. Ce qui donne l’occasion d’une longue série de vannes de bas étage à l’encontre du nouveau chef de la défense américaine, d’un niveau sensiblement égal à ce qui se raconte dans les cours de récré des écoles primaires. Certes, c’est de l’humour, c’est léger et fait pour. Mais quand même, j’ai ressenti une certaine gêne à penser que j’avais aussi payé pour ça, et surtout comparé avec ce que peut être en temps normal le titre « Thunderbolts ». Paco Medina n’est pas mauvais du tout aux dessins, mais ne comptez pas sur lui pour enrichir ses cases avec des décors fouillés ; c’est bien pratique de dissimuler l’indigence derrière des explosions qui provoquent de la fumée, ça permet de gagner du temps pour respecter les délais. Je préfère au final le trait plus fouillé de Bong Dazo, même si sa capacité à faire transparaître les émotions et les mimiques de Deadpool à travers son masque (comme s’il était un muppet) est assez discutable dans un récit à teneur « adulte ». Mais je suis probablement le seul à blâmer, je n’ai pas su garder mon âme d’enfant, ce qui me fait voir certaines productions particulièrement infantiles avec les yeux de l’adulte désabusé et désenchanté. C’est la seule explication que j’ai trouvé à cette continuelle sérénade de compliments à l’encontre d’un personnage, qui en dehors de certaines histoires sporadiques, ne m’a jamais vraiment emballé. A l’instar de ce Dark Reign 4, qui n’a pas grand-chose d’inoubliable. Dark Reign, bon sang, c'est tragique et poignant, et pas cette pantalonnade humoristique digne d'un bon gros "fill-in". Non mais!

En kiosque : X-MEN 156

Enfin Malicia va pouvoir savourer les plaisirs immenses et irréfrénables de l’amour physique : ça va être chaud, avec tout le temps qu’elle a à récupérer, la pauvre. Voilà où voulait en venir Mike Carey, avec cette saga en cinq parties du nom de Savage ( les trois derniers volets dans notre mensuel de janvier) qui permet enfin à la belle mutante d’échanger ce baiser langoureux avec son amant de toujours ( ou presque… disons pratiquement depuis l’introduction du cajun sur les pages d’Uncanny X-men) Gambit. Pour en arriver là, il a quand même fallu en supporter, des inepties, des pages et des pages redondantes de combats absurdes, de Danger (la salle des dangers sous forme humaine; oui, je sais, on en est arrivé la…) qui plonge tous nos personnages dans des décors fictifs où ils revivent certains épisodes de leur passé, censés souligner les traits psychologiques particuliers de Malicia, à travers les moments forts de sa carrière de mutante. Pendant ce temps là Xavier continue sa quête de rédemption, qui passe par un formidable cadeau à son élève : il lui ôte les blocages mentaux qui l’empêchaient d’accéder pleinement à son potentiel génétique, et qui étaient responsables de son impossibilité à entrer physiquement en contact avec les autres. Il a fallu vingt années au professeur X pour ce tour de passe-passe, une balle dans la tête, une amnésie totale due à une mort cérébrale, et se faire lâcher par ses ex étudiants, pour qu’il puisse se rendre compte qu’après tout, et bien oui, il peut l’aider, la petite Malicia… Ou bien on nous prend pour des poires, où le père Xavier est encore plus retors et pervers que ce qu’on nous a raconté ces temps derniers.
Entre temps nous avons aussi du supporter un petit équipage Shi-Ar venu sur notre planète pour récupérer Danger, puisque cette dernière est basée sur leur technologie, et qu’elle a un certain prix au marché noir, et les dessins anonymes de Scott Eaton, qui sans être un vulgaire tâcheron n’a rien d’un grand artiste, ni ne possède suffisamment de talent et d’originalité pour égayer l’œil du lecteur exigeant. Enfin, la saga est finie, et le mois prochain nous aurons droit à un nouvel arc narratif complet des X-men, en souhaitant que cela suffise pour remonter une pente assez savonneuse. J’en oublierais presque de mentionner les Young X-men, qui ferment la marche en janvier. Il faut dire que cette série m’ennuie profondément, et je ne dois pas être le seul puisqu’en Amérique elle est morte de mort naturelle pour être remplacée par le retour des Nouveaux Mutants. En parlant de mort, notons au passage le retour parmi nous de Dust/Sooraya, ramenée à la vie par le tatouage du Phoenix ( !) que lui a appliquée Ink. Wolverine quand à lui, donne un cours de moralité à Rockslide sur l’intérêt de ne pas tuer son adversaire, même si celui-ci mériterait cent fois son triste destin : Tuer ça n’est pas bien, les X-men valent mieux que ça, tu ne pourras pas l’oublier, etc… Un prêchi prêcha lassant qui tombe à plat, qui n’a qu’une seule excuse acceptable : c’est le dernier numéro, il fallait bien pondre 22 planches avant de mettre la clé sous le paillasson. Voilà c’est vrai, au revoir à plus jamais, à ce cast de jeunes mutants sans saveurs, dont plus personne ne sait que faire. Pour être franc avec vous, il en reste encore beaucoup trop, de mutants, dans le sous-bois des héros de série B, chez Marvel. X-men, la revue au passé glorieux, qui cherche son second, voire troisième souffle, et qui sera remis à la prochaine fois. Ce ne sera certainement pas pour janvier.

SILVER SURFER : Requiem (Graphic Novel)


Ne me dites pas que vous pensiez que le SILVER SURFER ( le Surfer d’argent, en Vf ) n’est qu’un alien en slibard qui parcourt le cosmos sur une planche à repasser ? Si vous avez encore des doutes sur la qualité des histoires que l’on peut tirer de ce personnage, il est grand temps de vous pencher sur le cas de ce récent « graphic novel » que nous propose Panini Comics. D’autant plus que cette aventure du Surfer est censée être la dernière, bien qu’elle n’appartienne en réalité à aucune espèce de continuity marvellienne d’aucune sorte. Dans cette aventure, le héros cosmique est atteint d’un mal incurable, d’une sorte de cancer qui s’étend sur sa peau argentée et ne lui laisse que quelques semaines à vivre. Le docteur Richards, des 4 Fantastiques n’y peut rien, ni aucune autre sommité scientifique. L’idée de départ est donc des plus simples : un être aux pouvoirs hors du commun se heurte à la plus banale des engeances mortelles, ce même cancer qui avait fini par terrasser Captain Marvel dans une autre œuvre de légende, déjà recensée sur nos colonnes. Une histoire émouvante et adulte, qui met aux prises un grand héros sans peur et presque sans reproches, qui a toujours triomphé de toutes les épreuves, et qui doit fatalement se rendre à l’évidence : la maladie et la mort réclameront leur tribut, quoi qu’il dise ou fasse. De la rencontre avec Spiderman, pleine de retenue et d’émotions, au règlement d’un conflit entre deux races d’aliens si proches et pourtant si pleins de haine envers le voisin, le Surfer vit ses ultimes jours dans l’espoir d’illuminer et d’aider une dernière fois ses semblables. Avant un retour sur Zenn-La, sa planète natale, pour une mort dans les bras de sa bien aimée de toujours, qui en bouleversa plus d’un. On peut être ou ne pas être fan de Straczynski, qui a su devenir incontournable ces dernières années chez Marvel, il faut bien admettre que son récit est quasiment parfait, et les dessins du croate Ribic sont à la hauteur de l’événement, magnifique et sobre en même temps, délicats et lumineux dans un habit pastel des plus attirant. REQUIEM, le bien nommé. Qui replace la figure du super héros dans une optique plus humaine et vulnérable, à l’heure où les justiciers costumés meurent et ressuscitent comme le quidam moyen attrape la grippe et se rétablit. Bien entendu, ce type de largesse scénaristique est possible uniquement quand les conséquences des inventions de l’auteur n’auront pas d’impact suivi sur les prochaines vicissitudes du personnage mis en scène, il s’agit donc avant tout d’une pause récréative où peut s’exprimer le fantasme du scénariste : plus encore que de donner naissance à un de ces héros de papier, lui écrire une digne épitaphe et le conduire jusque sa dernière demeure. Sans machine miraculeuse pour guérir, sans intervention divine ou de magie noire, sans cataclysme qui engloutit le cosmos ; une mort, une vraie, avec le silence et la solitude qui accompagne celui qui se presse de dire adieu aux siens, pour quitter la scène et l’espace, et ne laisser derrière lui qu’une planche de surf abandonnée sur une lointaine planète. RIP Silver Surfer, qui n’a d’ailleurs plus de série régulière depuis belle lurette…

Rating : 00000

SPOILER ZONE : SIEGE 1 "Osborn à l'assaut d'Asgard"

Si vous tenez absolument à ne pas savoir ce qui se trame en ce moment du coté des States, je vous recommande chaudement de sauter ces quelques lignes, qui portent de toutes manières le titre générique de « spoiler », ce qui veut tout dire. Pour les autres, bienvenus à bord de SIEGE, le premier numéro étant disponible par correspondance. Le siège en question sera celui d’Asgard, la mythique cité des Dieux nordiques, pour le moment situé en suspension dans les airs, au dessus du sol américain, en plein midwest sauvage. Norman Osborn, à la tête du H.A.M.M.E.R et des Dark Avengers, n’a jamais vraiment eu toute sa tête (c’est quand même un des pires psychopathes du pays…) mais quand Loki, Dieu de la duperie et prince des fourbes, se mêle de lui confondre les idées, cela donne au final un plan complètement délirant : Tout d’abord, provoquer sciemment un incident diplomatique avec Asgard, un prétexte qui sera l’étincelle qui mettre le feu aux poudres.
Il suffira, pour ce faire, de s’en prendre à Volstagg, qui erre en Amérique comme un poisson hors de son bocal, et qui une fois attaqué par des sbires tout puissants de Hood, roi de la pègre, réagit de manière disproportionnée et maladroite, entrainant une véritable catastrophe en plein match de football, à Chicago. Les images du stade qui s’embrase sont retransmis dans le monde entier, c’est un peu un nouveau Stamford (Civil War à la clé) qui revient hanter les consciences américaines, alors que le pays n’est pas encore totalement guéri, et qu’il panse les plaies de la récente invasion Skrull. Osborn se permet d’outrepasser ses droits et ses prérogatives, refuse d’écouter Obama himself, et rassemble ses troupes pour lancer l’assaut à la cité des Dieux. Action / Réaction, une grande tradition américaine que de réagir de suite, sous le coup de l’émotion, et de réfléchir ensuite. Bien entendu, la tâche sera ardue, voire impossible, sauf que dans les rangs de l’envahisseur, nous retrouvons Sentry, toujours aussi puissant et indestructible, que délicat à manier pour les scénaristes made in Marvel. Le grand problème avec « SIEGE », c’est qu’il arrive un peu trop tôt, pour clore l’ère du Dark Reign en beauté, mais sans pour autant que les infinies potentialités de ce dernier aient été correctement exploitées. Au contraire, il ressort de toute cette période comme une vague sensation d’inachevé, de grand tournant historique manqué, et il n’est pas dit que d’appuyer lourdement sur la psyché fragile d’Osborn, d’en faire un mégalomaniaque fanatique prêt à défier des dieux eux-mêmes, soit une bonne chose. Avec plus d’esprit calculateur et de malice, il pouvait vraiment devenir la plus grande menace jamais rencontrée sur les pages d’un comic-book, parce pour une fois le ver avait toutes les cartes en main pour dévorer la pomme sans que celle-ci puisse se défendre. Coipel est aux dessins, ce qui serait une très bonne chose, s’il n’officiait pas, pour une fois, en dessous de ses standards habituels : certains personnages ont un aspect étrangement juvénile et les visages, les expressions, sont parfois comme bâclés, manquent de caractérisation. Dire que ce premier rendez-vous avec « Siege » est une grosse déception est toutefois un peu exagéré : et si, pour une fois, ce grand événement Marvel démarrait modestement pour exploser dans toute sa grandeur, par la suite, contrairement à Secret Invasion, qui s’est un peu ramollie sur la distance ? C’est ce qu’il faut souhaiter, au vu de ce numéro un qui sans être raté, n’apporte pas le lot d’émotions prévues et nous laisse un peu sur notre faim. (ps : Suis-je le seul à noter une certaine affinité – ce sera peut être pour les lunettes et l’air pince sans rire / garce qui se contrôle – entre la nouvelle directrice et adjointe d’Osborn au H.a.m.m.e.r et l’ancienne candidate à la Maison Blanche Sarah Palin ?)

En kiosque : MARVEL HEROES 27

Dès la couverture, il y a de quoi prendre peur : Hulk la rage au ventre qui vous fonce dessus, épaulé par ses alliés Défenseurs. En 3° de couverture, Christian Grasse ose comparer cette histoire du géant vert avec certaines sagas des années 60 (et rapproche, entre autre hérésie, Mac Guiness de Kirby, ce qui me semble quand même pas mal exagéré !) et évoque « une histoire des sixties à notre époque ». Même avec la naïveté propre aux années 60, même avec la meilleure volonté, je ne sais comment sauver ce combat insipide et ridicule entre les Défenseurs et les Agresseurs (sic !) qui plonge le lecteur dans les affres sans fonds de la perplexité totale. La lutte est orchestrée par le Grand maître, un des Doyens de l’univers, qui dispose de ses pions comme pour une partie d’échec. Hulk affronte sa version rouge (qui n’est pas communiste, ce qui aurait été le cas dans les sixties), Namor se frotte à Tigershark, Le Docteur Strange combat contre le Baron Mordo, alors que le Surfer est opposé à Terrax. Tout le monde tape sur tout le monde, ça bastonne à tous les étages, et pourtant… Panini pourrait organiser un grand jeu primé : le premier qui envoie, sur carte postale, la trame du scénario de Jeph Loeb, avec mentionné pour finir où il veut en venir. Le pire, c’est qu’il n’est même pas possible de compter sur les Mighty Avengers, censés être les piliers de la revue, pour remonter le niveau. La série semble plongée dans l’ennui complet depuis l’avènement du Dark Reign, et le nouveau groupe formé par la Sorcière Rouge (en réalité Loki sous les traits de Wanda Maximoff) oscille entre humour second degré et aventure super héroïque sans inspiration. Cette fois les nouveaux merveilleux Vengeurs font le tour du monde en 24 heures pour résoudre toute une série de conflits, de menaces qu’on devine clairement inspiré par les machinations de Loki, ce qui n’est pas pour faire plaisir à Norman Osborn. Le titre de Vengeurs est une franchise dont il espérait se servir pour sa propre gloriole, et voilà que les nouveaux venus, conduits par Hank Pym (alias La Guêpe, le pauvre…) font de l’ombre à ses folles ambitions. C’est mauvais, un point c’est tout. La série a perdu de son sens, et se réduit actuellement à des affrontements stériles, illustrés par un clone de L.F.Yu du nom de Rafa Sandoval. Tous les lecteurs qui souhaitent participer au grand jeu évoqué ci-dessus pourront répondre également à une question subsidiaire, pour les départager : A quoi sert encore cet énième titre consacré aux Vengeurs ? Je cherche encore une réponse plausible…

Pour rendre un peu de décence à ce Marvel Heroes, il faudra tout miser sur le Dieu du Tonnerre. Straczynski a banni Thor d’Asgard, sa patrie, et voici le géant blond errer en peine sur Terre, avec un Mjolnir (son marteau enchanté) tout cassé : ce qui est vraiment la guigne quand on pense que l’objet est réputé indestructible, et qu’il en a besoin pour transmuter son corps avec celui de Donald Blake, son alter-ego terrien. Pendant ce temps, Loki a réussi, en bon Dieu de la duperie, à convaincre ses concitoyens, désormais guidés par Balder Le Brave, à se rendre en Latvérie, patrie de Fatalis, pour y être accueillis avec les honneurs dus à leur rang, et trouver un nouvel Eden, un nouvel Asgard. Coipel passe la main à Marko Djurdjevic, qui use d’un style plus sombre et brouillon mais reste plutôt efficace. On sourira devant la scène pathétique qui voit Volstagg, guerrier ami fidèle de Thor, noyer son chagrin dans l’alcool, de voir son compagnon d’armes banni à jamais. Une pause méditative dans l’action, les préparatifs d’un grand départ, le tout bien écrit et censé nous amener lentement à « Siege », le prochain grand événement Marvel : voilà sur ce quoi s’appuie le mensuel, ces temps derniers. Pour être complet, il me faut aussi toucher un mot de l’Initiative, qui poursuit sa route vers le « disassembled » et qui rentre de plein pied dans l’ère du Dark Reign, quand Norman Osborn débarque à Camp Hammond, là où s’entrainent les jeunes recrues, pour leur annoncer que la récréation est finie, et qu’il leur faut lever l’ancre. Pendant ce temps, le grand public laisse parler sa frustration et veut lyncher nos jeunes héros, et la pauvre Komodo est abandonnée à son triste sort, sur le champ de bataille, par ses congénères de l’Initiative de l’ombre. Action à gogo d’une page à l’autre, toujours aussi mal illustrée par un Humberto Ramos qui ignore les arrondis et se vautre dans des dessins anguleux et disproportionnés. Le tout se laisse assez facilement lire, mais ça ne restera pas dans les annales, c’est certain. L’impression est qu’au final, sous couvert de « Règne Obscur », Marvel ait tendance à tenter de nous refourguer un peu n’importe quoi, le meilleur et pas mal de pire. De tous les mensuels dédiés à cet argument, Marvel Heroes est de loin le plus dispensable, et si ce n’était pour Thor, je l’aurais probablement abandonné à son destin.

REBIRTH OF THANOS : Le retour du Titan fou


THANOS est un poids lourd de l’univers Marvel. Un vilain, un vrai de vrai : une menace cosmique de tout premier ordre. Le personnage fut une des grandes figures développées par Jim Starlin dans les années 70 : il avait une obsession bien à lui, celle de conquérir le pouvoir ultime à travers un objet fabuleux, le Cube Cosmique, qui lui aurait aussi permis de gagner l’amour de sa chère et tendre, la Mort en personne ! C’est d’ailleurs cette dernière qui va le ressusciter pour maintenir l’équilibre dans l’univers entre l’ensemble des défunts de tous les temps, et la population vivante actuelle. Thanos avait en effet quitté la scène avant de revenir encore plus démoniaque qu’auparavant, bien des années plus tard, au moment du grand crossover « Infinity Gauntlet ( Le défi de Thanos en VO ) ». Mais ce retour fut à l’époque orchestré en plusieurs étapes, principalement sur les pages de la série régulière du « Silver Surfer », où on voyait le titan fou revenir à la vie, être chargé par la mort elle-même d’éliminer la moitié de la population de l’univers, et où repointait le bout du nez sa Némésis, Drax le Destructeur, un être tout en muscle et invincible, dont l’existence même repose sur le besoin d’anéantir le Titan. Des épisodes fort bien mis en scène, qui firent vite monter la pression, et dessinés par un Ron Lim capable de s’en tenir à un trait pur et simple, mais diablement efficace. L’anatomie du Surfer, par exemple, est proche de la perfection, sans tomber dans le réalisme servile : Lim est bien meilleur quand il s’agit de dépeindre le cosmos et son infinie variété, plutôt que de sombres réalités urbaines. Il est bon quand il s'applique, également. Ce qu'il ne fait pas toujours...
Ces cinq épisodes décisifs sont réunis dans un TPB en VO, intitulé « The rebirth of Thanos », qui a aussi la superbe idée d’inclure « Thanos quest », une aventure indispensable en deux parties de 40 pages, où Thanos justement, réunit les joyaux de l’infini, six pierres précieuses qui toutes ensemble confèrent à leur porteur des pouvoirs divins, une maitrise totale et sans partage sur tous les aspects de l’existence. C’est justement cette quête fructueuse qui entraînera la grande aventure du Gant de l’Eternité, un des monuments de la Marvel tous âges confondus. Cette seconde partie du livre est l'oeuvre du duo déjà cité plus haut, la belle doublette Jim Starlin-Ron Lim, et nous présente un Titan retors et machiavélique, qui arrache une à une les gemmes convoitées aux anciens de l'univers, dans un parcours qui va le mener jusqu'au statut divin. Starlin a son sommet, probablement. Ceux qui ne lisent pas l’anglais avec facilité peuvent se replonger dans la lecture des vieux Nova, édités par Semic, au second semestre 1991. Attention toutefois, à l’époque cette revue était encore proposée sous un petit format qui ne rend vraiment pas hommage à la qualité de ce travail, d’où mon conseil de privilégier la piste du Tpb original, disponible à peu de frais sur Amazon. Et de retrouver un vilain cosmique au sommet de sa forme, avant qu’il ne devienne un anti héros philosophant sur la vanité de toute ambition, en contradiction avec la force de la nature qu’il incarnait alors, le mal absolu, effrayant.

Rating : OOOOO

BEYOND ! Marvel Universe 5 (Panini fait du déstockage)

Le mois dernier, Panini a fait du déstockage : en achetant un de ses mensuels phares, vous vous retrouviez avec une autre revue offerte. A ce petit jeu de l'incertitude j'ai tiré ma foi une bonne pioche, puisque j'ai hérité d'un exemplaire de Marvel Universe, consacré à la mini série BEYOND.

Beyond, comme le Beyonder, l'être tout puissant à la base de la grande saga des Guerres Secrètes, pour ceux qui suivent les comics depuis des lustres. Enfin presque, car si le processus de sélection des différents personnages qui vont participer à cette nouvelle aventure est identique, les raisons en seront tout de même différentes, et sur un ton bien plus badin. Nous suivons pour commencer le quotidien d'un jeune nouveau super héros fort sympathique du nom de Gravity, qui se laisse attirer et happer par une construction gigantesque en plein Central Park. De là, il se retrouve projeté à bord d'un énorme engin spatial, entouré d'un cast divers et varié de héros et de criminels, comme au bon vieux temps des Secret Wars. L'animosité règne entre les individus au point que les disputes éclatent immédiatement, culminant avec un Venom/Scorpion qui embroche avec sa queue/aiguillon le tisseur des familles, Spiderman, trucidé dès le premier volet des six que compte cette aventure. Le vaisseau précipite et s'écrase sur une planète inconnue où l'histoire semble bégayer : voilà qu’à nouveau on demande à nos héros de se castagner à mort, jusqu'à ce que le dernier rescapé puisse exprimer et voir exaucer tous ses vœux les plus fous. Si la solidarité semble de mise pour se sortir de ce mauvais pas, certains font parler leur égoïsme avant tout, et semble prêt à mettre au point un vrai petit carnage pour décrocher la timbale promise et rentrer sur Terre. MacDuffie n’utilise pas forcément que les gros bras de l’univers Marvel, pour étoffer son récit, au contraire, on voit poindre toute une série de personnages mineurs, comme Deathlock le cyborg, le Fantôme de l’Espace ou encore Hood, caïd de la pègre qui à l’époque n’avait pas encore eu droit à son grand baptême de la crédibilité sous la plume de Bendis. Il a également le bon goût de nous offrir une nouvelle plongée dans les affres de l’incertitude, qui rongent un Hank Pym plus que jamais décidé à reconquérir son ex femme (La Guêpe) et en bute à une incapacité chronique à faire oublier ses actions passées (il a frappé son épouse) et sa difficulté à se faire une place dans une société super héroïque où il ne fait pas toujours bon, pour le moral et l’amour propre, de côtoyer des dieux et des mutants surpuissants. J’en arrive aux dessins, signés Scott Kolins, dont je suis loin d’être un grand fan, à la base. Et pourtant le bougre s’améliore, peu à peu, et c’est indéniable. Son style cartoonesque et naïf est ici justifié par un humour, un second degré, qui affleure tout au long de l’aventure, qui ressemble plus à une parodie des « Secret Wars », qu’à sa descendance directe. Beyond ! est une Bd rafraichissante et pétillante, truffée d’action et de rebondissement, peut être un peu trop inconséquente pour tous les lecteurs sérieux qui ne jurent que par le sacro-saint réalisme et sont fans d’ambiances urbaines oppressantes, mais qui est capable de vous faire bien sourire et de vous réjouir, pour peu que vous l’affrontiez sans avoir trop de préjugés. Mention spéciale au travail de Paul Mounts, qui entre couleurs chatoyantes et clair obscurs léchés et de belle facture, contribue au rachat de Scott Kolins, son compère aux crayons. Si Panini a d’autres aventures du même tonneau à liquider pour quelques centimes de plus, je suis preneur. Les nouveaux lecteurs devraient être du même avis, gageons le.

ION - DC Monster édition (Green Lantern)


Kyle Rainer est devenu membre du corps des Green Lantern lorsque le plus célèbre d’entre eux, le terrien Hal Jordan, a pété un câble et a basculé du coté obscur de son âme (Copyright Georges Lucas). Depuis il a accompli beaucoup de chemin, sauvant même le Corps tout entier de la disparition définitive, et en acquérant un nouveau pouvoir incommensurable, qui est venu s’ajouter à ceux que lui confèrent son statut de « Green lantern ». A la mort de Jade, sa petite amie ( troisième petite amie à décéder, Kyle porte la poisse…), il est investi des super pouvoirs de celle-ci et devient donc quelque chose de plus, le tout puissant ION, nouveau stade de l’évolution des surhommes de l’espace. Mais voilà, effet secondaire de ce surplus, ou pas, Kyle a d’étranges sensations dans la tête, semble perdre la boussole, et on l’aperçoit dans l’espace en train de ravager des mondes entiers alors qu’il est censé être sur Terre. S’est il dédoublé ? Est il devenu résolument fou ? Ou est il simplement victime des machinations d’un de ses ennemis, qui cherche à travers lui à atteindre le corps des Green Lantern lui-même ? Les réponses sont dans ce gros volume qui regroupe les douze épisodes de la maxi série ION, de chez DC comics. Le tout sous forme d’un beau « Monster », cette collection à gros volume de chez Panini comics. Les pages sont de qualité un peu plus « cheap » mais c’est la seule solution pour limiter la dépense, encore qu’à 29 euros, il faut y penser à deux fois avant de se lancer dans l’achat ! Panini est quand même un des seuls éditeurs au monde à proposer une collection de comics imprimés sur du papier toilette recyclé, mais que voulez vous, j'ai toujours eu un faible pour les vertes lanternes de l'espace, alors...



Ron Marz (les fans de Marvel se rappellent de lui sur Silver Surfer), un des spécialistes des sagas cosmiques, tisse là un récit sympa et sans faille, même s'il n'y a pas non plus grand chose de révolutionnaire. Aux dessins, Greg Tocchini assure avec son style en apparence un peu brouillon et flou, mais qui au final tient toujours la route et se révèle assez agréable. Par contre, ses successeurs, qui lui prêtent main forte dans la seconde partie de l’ouvrage, n’ont pas toujours ses qualités et le graphisme n’y gagne pas au change. Ce Monster n’a rien d’incontournable mais il est un avant goût de ce qui a suivi et mouvementé l'an passé la revue DC Universe, à savoir la grande saga « Sinestro corps » qui a bouleversé l’existence des « Green Lantern ». On peut toutefois le recommander sans risque de se tromper à tous les fans de ce type de personnage, et préciser que l’aventure est nettement abordable, même par ceux qui connaissent bien peu l’univers DC. Une bonne chance pour tenter les nouveaux lecteurs, qui entre "Yellow corps", "Red Lantern" et autres aménités du genre, ont peut être quelques scrupules, ces derniers mois, à se laisser initier à l'univers cosmique de Rayner, Hall, et consorts en vert.

Rating : OOOOO

En kiosque : X-MEN 155 (Enfin, il y était le mois dernier...)

Vous ne trouvez pas ça bizarre vous, qu’en chroniquant régulièrement les sorties kiosque ce blog fasse l’impasse sur le mensuel X-men ? Une des raisons qui me poussent à éviter le sujet est l’indigence du propos, ces mois derniers, chez nos amis mutants. Depuis la fin du « complexe du Messie » nous avons eu bien peu à se mettre sous la dent, et finir les titres X sans bailler n’est pas une gageure, croyez moi. Petit saut en arrière, avec le numéro de décembre, avant d’attaquer la production 2010. et bien croyez moi, ça n’est pas brillant. D’abord, voici un « one-shot signé Claremont himsef, intitulé Sword of the Braddocks. On y retrouve Psylocke (rajeunie et du même coup sans le charme qu’on lui a connu) qui lutte et donne son denier combat contre Slaymaster. Ce dernier est un de ses vieux ennemis historique, et il s’acharne sur Bettsy avec rage, en supprimant toutes les versions de la belle, à travers tout le multivers. Bref, ça déchire et ça trucide, mais pour ce qui est de l’intelligence et de la finesse, le scénario n’a rien d’autre à proposer. Si encore c’était superbement mis en image… mais non, voilà venir une énième réalisation sans âme qui fleure bon le « computer » à plein nez, abonde de tons et de myriades de coloris différents, mais qui n’a pas de caractère. Joli et creux comme une Miss France en fin de soirée. S’ensuit X-men Legacy, deux épisodes qui voient Charles Xavier poursuivre sa quête, celle du rachat, du pardon, depuis qu’il s’est révélé être un vieux Machiavel de série B, et qu’il a perdu l’intégralité de ses souvenirs après avoir reçu une balle en pleine tête. Il est encore en vie, vous étonnez vous ? Ne cherchez pas à comprendre, c’est ça les séries mutantes… Cette fois il est acoquiné avec Gambit, à la recherche de Malicia, à qui le vieux satyre voudrait demander pardon pour ne pas avoir pu et su lui apprendre à utiliser correctement ses pouvoirs. Arrive un équipage de Shi-Ars qui s’en prend à la belle mutante en cavale, et la salle des dangers incarnée en la personne de Danger, qui met tout le monde d’accord et piège tous les protagonistes ensemble. Indigeste et lourd comme une choucroute au dessert, on en pleurerait presque de voir imprimé tant de bêtise. Hélas, ça se voudrait sérieux, et on fait semblant d’y croire, en rêvant à des jours meilleurs. Scott Eaton ne sait toujours pas dessiner correctement, et ça n’est pas fait pour arranger le jugement final.

Duclis in fondo, le mensuel se conclut par une note juvénile, avec les Young X-Men. Comme le temps des Nouveaux Mutants, et même de Generation X semble bien loin… Ce nouveau groupe de jeunes pousses mutantes se laisse lire, à condition de ne pas être trop regardant sur le contenu. Ce mois ci c’est la musulmane de service, Sooraya alias Dust, qui est à l’honneur. Atteinte de dégénérescence cellulaire, elle se sait vouée à une mort certaine, et pour conserver une chance de rester en vie, elle en vient à libérer le dangereux terroriste anti mutant (et cyborg) Donald Pierce. Hélas, sa condition est si désespérée que cela ne suffira pas, et l’épisode se referme sur ce qui semble bien être un nouveau décès à enregistrer chez les jeunots aux super pouvoirs. Le tout est saupoudré de visions d’un futur alternatif (sans qu’on comprenne tout à fait bien pourquoi, pour le moment) où la plus caustique d’entre elles est un Scott Summers vieillard et sur une chaise roulante, en tout point semblable à son ex modèle et mentor, le Professeur Xavier. Rien de bien extraordinaire non plus, ce qui pose le problème du niveau d’ensemble de la revue. Fort bas, bien loin en dessous des standards que devrait atteindre ce qui est, après tout, l’héritier de la défunte Spécial Strange, qui fut le grand catalyseur du succès des mutants en France. L’impression est que tout le potentiel accumulé suite au « Messiah Complex » et la perte de pouvoirs de l’immense majorité des mutants, continue d’être gâché par un manque cruel d’idées à exploiter, et une frilosité scénaristique qui est à la source des continuels « relaunch », mort et résurrection, et autres bêtises récurrentes, ces mois derniers.

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