Dans un comic-book américain, ce qui se produit en janvier peut devenir totalement obsolète en février. C'est la règle, puisque les personnages n'appartiennent pas à leurs auteurs, mais bien à une maison d'édition, qui doit choisir une équipe créative pour que chaque mois nos héros vivent de nouvelles aventures. Parfois, les artistes qui arrivent n'ont qu'une seule idée en tête ; défaire de qui a été fait, pour donner une nouvelle direction au titre et aux personnages qu'ils doivent écrire.
Aujourd'hui, occupons nous brièvement du super groupe canadien, Alpha Flight. Dans le numéro 66, les membres du team ont un problème économique grave. Ils souhaitent s'affranchir de la tutelle du gouvernement canadien, mais comment y parvenir sans les fonds prodigués par l'héritage familial de Walter Langkowski? Ce dernier est considéré comme mort par le monde entier, et même si son ex femme connaît la vérité (on y vient juste après) elle décide d'attaquer en justice pour récupérer la coquette somme qui est en jeu. La vérité, c'est que Walter a été ramené parmi nous, mais sous la forme d'un gros monstre blanc et poilu, qui est aussi l'avatar animal de la déesse Harfang, une belle pièce scandinave au corps parfait. Walter est donc devenue une femme, certes plantureuse, mais qui aux yeux des jurés ne correspond en rien à ce qu'il est censé être. Ergo, Walter n'est pas lui même, donc il est bien mort. Bill Mantlo, le scénariste, a une idée bien à lui pour que Walter garde son bien, ou tout du moins soit assez riche pour aider ses équipiers.
C'est bien connu : dans un accès de rage, vous frappez au hasard, en chassant des fantômes, et vous finissez par mettre au jour un filon d'or, un trésor. Pour le coup, Mantlo ne s'est pas vraiment foulé. Il faut dire que c'était son dernier numéro avant l'arrivée de son successeur, James Hudnall, et qu'il fallait qu'il trouve une solution, à toute vitesse.
Il s'avère que La Division Alpha a déjà eu maille à partir avec une certaine Dream Queen, qui s'est fait une spécialité de les tourmenter avec d'horribles cauchemars. Du coup, dès le numéro 67, Hudnall nous informe que les soucis économiques (et la découverte qui en découle) de Sasquatch/Langkowski sont en fait de l'ordre de la fiction onirique. il les a rêvés quoi...
Je cite la belle Wanda / le beau Walter, selon la formulation que vous préférez : Alors que j'étais au tribunal, pour tenter de récupérer mes biens, j'ai cru être attaqué par les Grands Monstres (des ennemis récurrents de la Division, ndr). L'autre jour j'étais dans les montagnes, et j'ai cru avoir découvert de l'or. Quand je suis revenu en ville j'ai réalisé avoir finalement transporté un stupide tas de granit.
Et voilà. Dans un comic-book, quand l'inspiration vous manque, quand vous avez un problème scénaristique qui vous angoisse, la formule magique est : Mais ce n'était qu'un rêve, voyons!
Sauf que prendre les lecteurs pour des quiches, ça ne paie pas, sur le long terme.
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