SEX & VIOLENCE : ODEUR DE SOUFRE CHEZ GLENAT COMICS

Dès son titre, le projet de Justin Gray et Jimmy Palmiotti a de quoi rassembler un bon paquet de lecteurs. On leur promet du sexe et de la violence, que demande le peuple? En fait cet album est composé de différents petits récits de longueur variable, et à chaque fois un dessinateur différent se charge de la partie graphique. Par exemple le première épisode se déroule à Portland, dans l'Oregon. Nous plongeons dans le milieu le plus sordide du porno gonzo, autrement dit des vidéos tournées à l'arrache, qui terminent sur internet avec peu de moyens, mais une violence bien réelle. Une jeune fille à été victime de ce genre de pratique et elle en est morte de manière horrible... mieux vaut que je vous passe les détails. Seulement voilà, lorsque son grand-père mène l'enquête, on se rend vite compte que l'individu est dangereux et motivé, d'autant plus qu'il pourrait bien avoir lui aussi un rôle à jouer dans ce qui s'est passé. Jimmy Broxton dessine donc ce récit avec un style crade et suffoquant, les couleurs sont sombres, le sang et la pluie viennent maculer les planches tandis que les corps féminins affriolants et désirables apportent une touche de soufre attendue. La seconde partie est un peu moins intéressante car plus classique. Nous suivons une jeune femme flic homosexuelle, momentanément placée au repos car trop stressée et bouleversée par ce qu'elle a du vivre durant son service. Depuis son appartement elle se rend compte que les voisines d'en face -plutôt jolies et mignonnes- sont elles aussi lesbiennes et qu'il est finalement très simple de les espionner à leur insu, avec une caméra, derrière les rideaux. Voyeurisme total donc, et immersion malsaine dans la vie des autres. Le scénario peine vraiment à convaincre et si ce n'est pour certains plans à réserver à un public mature ,on a du mal à comprendre où veulent en venir les auteurs... Le dessin de Juan Santacruz adopte un trait lisse et clair, ce n'est pas mauvais mais pas non plus particulièrement génial. 


Le troisième récit est très bref et particulièrement coquin. On s'y rend compte qu'il faut faire attention lorsqu'on met la main sur une femme qui élève seule sa fille, et à qui elle désire trouver un père. Surtout lorsqu'elle utilise sa progéniture déjà bien formée pour tester le malheureux sur lequel elle a jeté son dévolu. Romina Moranelli fait dans le basique pour illustrer ces quelques pages. Cap ensuite sur l'Union soviétique en pleine Seconde Guerre mondiale, avec un récit poignant et sans concession, au beau milieu des soldats de l'Armée rouge, pour un plan aussi machiavélique qu'absurde, visant à détruire les chars ennemis. Le dessin de Rafa Garress et particulièrement intéressant et instaure une ambiance fort différente du reste de l'album. Nous en finissons par l'histoire qui m'a peut-être le plus intéressé. Nous y faisons la connaissance d'un jeune homme qui découvre très tôt que sexe, voyeurisme, et meurtres, peuvent faire bon ménage. Il pourrait retrouver rapidement la bonne voie si ce n'est qu'il rencontre au lycée une certaine Helen, belle comme tout, mais qui semble régulièrement frappée par son père. Notre jeune "héros" décide de prendre les choses en main, mais rien ne va se passer comme prévu, et les personnages de ce récit ne sont pas forcément ceux que nous pourrions imaginer au départ. Les dessins de Vanesa Del Rey s'accordent parfaitement à ces pages diaboliques, probablement les mieux construites de cet album. Sex and violence se laisse lire sans trop de problème, et ce serait fortement abuser que de le déclasser au rayon des déceptions. Néanmoins le niveau qualitatif est assez variable, et il est regrettable que les scénaristes aient régulièrement choisi une happy end pour leurs histoires, là où le contraire aurait été sinon plus moral, en tous les cas souvent plus pertinent et passionnant à lire.





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