Le concept est simple : jusqu'où êtes-vous prêts à aller pour survivre, quand cette survie dépend de votre capacité à résister au dépend des autres, de ceux qui vous sont chers, parfois? Hopeless (un joli nom pour un tel titre) apporte dès le départ des éléments de réponse : jusqu'au sacrifice personnel, bien sur, quand les affects, les sentiments, sont en jeu. Le grand méchant de l'histoire est bien connu de l'univers Marvel : c'est Arcade, qui a passé sa vie a piéger tous nos héros dans des constructions fantasmagoriques et absurdes, du flipper géant (mentionné ici) au parc d'attraction mortel. Avec un maigre bilan puisqu'il a toujours été régulièrement battu et humilié. Cette fois, je suis assez dérouté, car la version d'Arcade présente initialement dans Avengers Arena est bien plus puissante et dangereuse que tout ce qui a été fait autrefois. Pourquoi et comment, cela reste un mystère pour le lecteur, dans les premières pages. Ce n'est tout de même pas parce qu'il s'est laissé poussé une longue chevelure qu'il est devenu cette force de la nature? Sur une île inconnue de tous, il est parvenu à isoler et capturer seize jeunes apprentis héros (certains devraient quand même avoir une plus grande expérience que d'autres, comme Darkhawk ou X-23) et il leur soumet un impératif hallucinant : ils vont devoir participer à un jeu mortel, s'éliminer les uns après les autres pour qu'un seul d'entre eux survive, à l'issue du tournoi meurtrier. Et pour bien montrer qu'il ne plaisante pas, il demande aux gamins d'élire le plus faible d'entre eux, pour faire couler le premier sang. Faute de quoi, c'est lui qui choisira. Nous sommes à la croisée des chemins entre Battle Royal, le Seigneur des mouches, et Hunger Games, et même si les personnages qui vont vous faire frémir dans ce Marvel Deluxe ne sont pas des cadors de l'univers Marvel, on finit par s'attacher à ces gamins qui risquent fort de ne pas mourir vieux...
Deux camps se forment assez rapidement, suivant les affinités et les anciennes formations d'appartenance des personnages. Nous avons des membres de l'Avengers Academy (X-23, Hazmat, Reptil...), de l'académie Braddock (Cullen Bloodstone...) Chase et Nico des Runaways, et d'autres héros plus solitaires comme le déjà mentionné Darkhawk ou une jeunette qui marche sur les pas de Deathlock, transformée elle aussi en une créature cyborg. Ce qui est intéressant, c'est de les voir évoluer, changer, se radicaliser ou au contraire tomber victimes de leur naiveté intrinsèque, dès lors que les adultes sont irrémédiablement écartés du jeu, et que les chances d'êtres secourus apparaissent fort minces. Certains meurent, certains pensent mourir (mais ce n'est pas le cas), et même si la boucherie attendue n'est pas aussi sanguinolente que prévue, il reste que le ton donné par Hopeless est sombre et tout le monde ne rentre pas en chantant à la maison, après une randonnée dans les bois. Saluons le travail de Kev Walker, qui fait partie de ces artistes qui vous donnent l'impression de balancer des planches un peu crades, brouillonnes, mais qui en fait ont un talent certain pour narrer un récit, et le rendre efficace visuellement. Avec la faculté de dépeindre de manière crédible chacun des petits héros de cet album, et en offrant une vaste palette de tons pour les paysages et la configuration des lieux où se déroulent cette histoire de survivalisme extrême. On craignait au départ de s'ennuyer avec ces douze premiers épisodes, mais en réalité ils font de ce Deluxe un petit pavé fort sympathique, qui a le potentiel pour aller saisir de nouveaux lecteurs, ceux qui ne sont pas forcément des fans acharnés des principales têtes d'affiche chez Marvel. Il convient juste d'accepter l'idée que ce sont les seconds ou troisièmes couteaux, la génération future (en danger) qui monopolise les débats, et on se laisse prendre au jeu assez vite, par un récit plus malin qu'il ne semble de prime abord.
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