Ça ne commence pas sur les meilleures bases possibles… un personnage qui meurt à la fin du cycle précédent (signé Zdarsky, qui s'est finalement contenté de réécrire des choses déjà racontées dans le passé, avec forcément moins d'inspiration) et qui ressuscite, dès l'arrivée du nouveau scénariste (en l'occurrence Saladin Ahmed) et du nouveau volume, sans qu'il n'y ait aucune autre explication qu'une intervention divine ou mystique. Voilà qui ressemble tout de même à de la facilité, voire à de la paresse. Mais bon, les lecteurs de super-héros sont habitués à avaler des couleuvres et Marvel a vraisemblablement pensé que cette fois encore, le serpent serait rapidement digéré. Matt Murdock n'est donc pas mort, mais il n'est plus pour autant Daredevil. Le voici sans aucun souvenir de sa vie d'avant, ni même sans son célèbre rôle d'avocat, puisqu'il est désormais prêtre. Il s'occupe d'enfants en difficulté dans la paroisse de Saint Nick, en compagnie du Père Javi, qui est un peu son référent. Murdock est donc la figure paternelle d'une bande de gamins turbulents dont l'histoire personnelle est chaotique; il leur sert de guide, grâce à sa spiritualité toute particulière. Un des éléments régulièrement exploités tout au long de la carrière du bon vieux Matt, selon les envies des scénaristes. S'il n'a plus aucun souvenir de son existence en tant que Daredevil, il ressent tout de même d'étranges sensations. Un peu comme un écho lointain de celui qu'il était autrefois, lorsqu'il bondissait sur les toits de New York en collant rouge. D'autant plus que l'identité du mystérieux donateur qui finance les nouvelles activités de la paroisse finit par être révélée au lecteur : il s'agit d'Elektra, qui dans le costume de Daredevil (vous avez bien lu le run précédent, hein ?) s'en va trouver son amant aveugle pour voir si par hasard, il ne lui resterait pas un vague souvenir de leur relation charnelle. Et là, ça dérape.
Disons que durant son passage chez les décédés, Murdock ne s'est pas fait que des amis, et cela va avoir des répercussions sur les épisodes que vous allez pouvoir lire. Nous retrouvons, cela va de soi, plusieurs des personnages récurrents de l'univers de Daredevil, comme Ben Urich, reporter actuellement à la tête du quotidien de New York, le Daily Bugle, qui n'est pas exactement dans son état normal, mais aussi Bullseye, même s'il faudra attendre le volume 2 pour que l'un des assassins les plus redoutables de l'histoire des comics américains fasse vraiment parler de lui. Non, ce qui cloche dans ce nouveau redémarrage pour DD, c'est ce personnage qui exorcise ses adversaires avec une croix dans les mains, qui semble un peu trop concéder à des histoires de foi bon marché, et qui finalement n'est jamais aussi crédible que lorsque cette dernière est perpétuellement remise en cause, qu'elle le torture, l'attire tout en l'éloignant. Alors qu'ici, en embrassant la cause et les habits du prêtre, Murdock devient une version improbable de lui-même, qui clairement ne fonctionne pas. et qu'on ne nous sorte pas les hourras admiratifs pour la dualité "je répands la parole de dieu/je m'habille comme le diable", vraiment trop facile. De plus, les enjeux sont pour l'instant assez limité s; ces cinq premiers épisodes sont relativement peu rythmés et n'ont guère de chance de passer à la postérité. Aaron Kuder en est le dessinateur principal, avec un style qui tend vers l'épure, vers une simplification fonctionnelle et efficace des formes et des corps, mais qui n'oublie pas de gratifier le lecteur de belles pleines pages ou de moments d'action plastiquement efficaces. Globalement, un point point pour le titre. Grosso modo, on retire du relaunch de Daredevil l'idée que Marvel souhaite temporiser jusqu'à l'arrivée de la série Born Again sur Disney +, avant de parier gros sur son héros catholique. D'ici-là, on se contentera d'un super-héros et son chapelet, amen.
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