PUNISHERMAX Tome 2 : BULLSEYE

Encore un pas en avant dans le gore malsain avec le second album de la nouvelle série du Punisher, PunisherMax. Après le combat acharné contre le Caïd et son homme de main des plus coriaces (un bucheron que rien n'arrête et qui a bien failli désosser notre justicier, le "Ménnonite", dans le tome 1), c'est cette fois Bullseye qui va se dresser sur la route de Frank Castle. Un Bullseye ici dépeint non seulement comme un assassin infaillible et infatigable, mais surtout comme un fou dangereux, un psychopathe effrayant, complétement allumé du cerveau. Il mène toujours à bien les missions qu'on lui confie, nous fait comprendre Jason Aaron. Qui n'hésite pas à ouvrir ce récit sur un meurtre très scatologique, histoire de donner le ton. Les âmes sensibles auront déjà refermé l'album, les autres pourront continuer la lecture, et il vont en voir de belles! Le Punisher, lui, n'est pas au mieux de sa forme. Il s'est pris une jolie rouste dans les premiers épisodes, et il est encore en phase de convalescence, bien aidé par un médecin qu'il a rencontré à l'époque du Viet-Nam. Le contrat que Wilson Fisk à placé sur sa tête plane comme une sourde menace inéluctable. Bullseye a décidé de s'approprier sa future victime, avant de terminer le boulot. Ce qui veut dire le comprendre, marcher dans ses pas, singer son parcours, en semant après chaque étapes morts et mutilés (au passage une pauvre famille innocente sert de simulacre lorsque le criminel décide de "ressentir" le drame personnel de sa cible). Jamais nous n'avions vu un "Tireur" (vieille appellation Vf de l'ère Lug/Semic) aussi répugnant. Nous savions qu'il était instable, mais à coté de cette version, Hannibal Lecter est un personnage de Carl Banks ou d'Hergé. Même son employeur comprend qu'il risque de créer autant de problèmes qu'il peut apporter de solutions. Avec lui, Aaron se lâche totalement, explore les bas-fonds de l'abject et piétine la bien pensance.



Mais ce récit est plus malin et profond qu'on ne le pense au premier abord. Outre l'outrance avec laquelle est dépeint Bullseye, c'est aussi le portrait de Frank Castle qui mérite qu'on s'y attarde. Castle n'est pas une machine à tuer infaillible, mais au contraire un homme plein de doutes, déjà vieillissant, avec ses cicatrices sur le corps et dans l'âme. Aaron ne le dit jamais, mais à travers l'obsession de Bullseye (se mettre dans la peau de sa victime, rejouer ses derniers instants en famille avant le massacre de celle ci) il met le doigt sur une question cruciale, jamais abordée de manière aussi intéressante et crédible auparavant : le Punisher est-il né après la tuerie de Central Park, ou bien était-il déjà présent, ce matin là, aux cotés de Maria et de ses enfants. Et dans cette seconde hypothèse, le bonheur familial de Frank, tel qu'on nous le vend et présente depuis des lustres, ne serait-il pas qu'une chimère, cachant en fait un secret inavoué? Je vous laisse lire pour vous faire une idée, mais au delà du carnage et du sang qui suinte de ces pages, ce discours traverse l'ensemble de cet arc narratif et le rend plus profond et poignant que tout ce que nous aurions supposé auparavant. Même les dessins de Steve Dillon semblent avoir gagné en noirceur, en maturité, en solennité, tout en gardant cette ligne pure et simple qui fuit tout réalisme exagéré. Il est toujours possible de parler de violence gratuite, et cet album n'échappe pas totalement à ce fléau des temps modernes, mais il renferme suffisament de substance pour en décréter la réussite et la pertinence. Une lecture choquante, paroxistique, presque "insane" comme disent les américains, par endroits. Mais aussi maligne, et révélatrice de ce qu'est vraiment le Punisher, zones d'ombre comprises. A dévorer absolument, pour les fans du personnage.

Rating : OOOOO

4 commentaires:

  1. Concernant la "naissance" du Punisher, je crois bien qu'Ennis avait déjà posé l’hypothèse que Castle était déjà comme cela au Vietnam (volume Born je crois) et que la mort de sa famille n'était qu'une excuse (volume Au commencement...).

    Mise à part cela bon blog!
    VnDArkham

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  2. Ah mais ça je sais bien, d'autant plus que mon personnage préféré chez Marvel est le Punisher! C'est dans BORN, la mini série (Max 1 en VF) que nous avons en effet la certitude que le Punisher est né au Vietnam. Non, ce que ce volume là nous révèle à mots couverts, ce n'est pas quand le Punisher est né, mais comment il est revenu du Vietnam, ce qui lui rodait dans la tête avec sa famille, à son retour, et comment il s'est vraissemblablement construit une fiction de bonheur parfait, alors qu'en fait... Un très bon récit, super gore en plus.

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  3. Donc on est d'accord ^^ Je viens de le finir et c'est vrai que c'est un p%*#@n de récit et la mise en page avec les parallèles entre les 3 protagonistes est vraiment bonne.
    A quand la suite!
    VnDArkham

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  4. Ouais, Vivement la suite, c'est du bon Punisher tout ça !

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Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!

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