Une page suffit à Robert Kirkman, pour camper le décor. Une page, pas une de plus. Rick est un flic, dans une petite bourgade américaine, en apparence tranquille. Jusqu'au jour où il doit se servir pour la première fois de son arme, lors d'une fusillade en pleine campagne. Comble de malchance, il est touché et se retrouve dans le coma. Lorsqu'il se réveille, il ne trouve personne à son chevet, et pour cause... L'hôpital est désert, des cadavres putréfiés jonchent le sol, et les seules créatures encore debouts et (apparemment) vivantes sont des zombies, des "morts qui marchent", d'où l'appellation d'origine contrôlée de Walking Dead. Un choc terrible pour Rick, qui se précipite vers sa famille, en vain. Sa maison est vide, saccagée, et il ne parvient pas à trouver la moindre trace de sa femme (Lori) et de son fils (Carl). Le récit de Kirkman insère alors intelligemment deux personnages, un afro américain et son rejeton, seuls survivants de la petite ville, qui rassurent le policier par leur humanité évidente, et lui narrent les événements des dernières semaines. On en apprend assez pour comprendre les enjeux, mais bien entendu on en ignore encore plus, afin d'instaurer ce qui sera le grand suspens de toute la série : qu'est-il arrivé? La situation est-elle réversible? Le monde entier est-il concerné? Est-ce la fin de l'humanité? Pour trouver des réponses, Rick emprunte une voiture de patrouille, et fait route vers la plus grande ville voisine, Atlanta, où il espère en une communauté de "résistants", et surtout retrouver les siens.
Las, la situation en ville est terrible. Des morts qui marchent, des cadavres, le danger est partout. Rick n'aurait d'ailleurs pas survécu à sa découverte si un jeune casse-cou du nom de Glenn ne l'avait tiré d'affaire. Ce dernier lui permet de trouver refuge auprès d'une poche de survivants, qui se sont établis en bordure de la métropole. C'est peut être alors que le récit souffre de son seul et unique vrai "passage en force", mais qui se justifie pour le pathos à venir de la série. La famille de Rick est bel et bien là, elle a survécu, et lui fait fête à son arrivée. On en tire une petite larme, on se dit que c'est quand même bien le hasard (Rick savait que sa femme s'était probablement rendue chez ses parents, en ville) et que finalement, c'est un petit bonheur tout mérité. Kirkman prend le temps de dresser un portrait sommaire mais efficace des différents acteurs, en particulier de Shane, le meilleur ami de Rick, flic lui aussi, et qui est l'homme fort du camp. C'est lui qui a sauvé Lori et Carl d'un atroce destin, c'est lui the man of the situation. Mais on le devine aussi frustré et rageur. Un secret couve. Dale, le vieux sage de la compagnie, essaie bien d'avertir Rick de la sourde menace qui pèse... Et l'évidence s'installe lentement : il ne faudra pas seulement se soucier des zombies qui rôdent, mais aussi des vivants que vous fréquentez, ne pas trop leur tourner le dos... C'est un véritable petit bijou de narration, illustré avec une maestria évidente, tout en noir et blanc, par un Tony Moore particulièrement inspiré. Ceux qui ont déjà vu la série télévisée, sans lire le comic-books, peuvent oublier l'adaptation sur petit ecran, et considérer que cet ouvrage surpasse de très loin la version animée. C'est une oeuvre majeure de la Bd américaine moderne, une introduction quasi parfaite à un univers en pleine décomposition, qui un tome après l'autre, n'aura de cesse de conquérir un lectorat en transe. Indémodable et incontournable. (à suivre...)
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