Il y a une vingtaine d'années de cela,
le général Kenkoy a mis au point un virus très particulier.
Ingéré, il permet à un individu de modifier son propre corps, par
la force de sa pensée et de ses désirs. Eddie Passim, un agent de
la sécurité américaine, a perdu une des fioles contenant le virus
dans le métro new-yorkais. Il a du prendre le maquis et disparaître
car Kenkoy et ses sbires décidèrent d'éliminer tous les témoins
de l'affaire et tous les agents au courant du virus. Retour au temps
présent : le virus est de nouveau à l'ordre du jour, et bon nombre
de prétendants entendent bien mettre la main dessus pour des raisons
diverses. Kenkoy voudrait s'en servir pour son trafic de drogue
personnel, et il est plus dangereux que jamais, associé maintenant à
une secte asiatique redoutable, excroissance de la Main, du nom de
Mandragore. Celle ci entend créer la guerrière parfaite en infusant
et stabilisant une partie de l'essence vitale d'Elektra (à l'époque
considérée comme morte) dans une ninja volontaire et idéaliste,
Erynis. Mais n'oublions pas non plus Morbius, qui souhaite s'emparer
du virus pour ne plus être le vampire qu'il est devenu, ou encore le
double vaudou de Matt Murdock, qui désire devenir un être humain à
part entière, et pas seulement une construction magique. Ajoutez-y
Venom, qui pointe le bout de son nez, et une jeune journaliste aux
dents longues, qui découvre l'identité secrète de Matt en fouinant
dans le disque dur de Ben Urich, et vous obtiendrez une saga
passionnante au cours de laquelle la carrière de Daredevil va subir
de significatives modifications, du changement de costume à un décès
présumé.
Changement de costume, donc. DD passe
du classique collant rouge à une sorte d'armure faite d'un textile
ultra résistant et souple, à tendance grise. Du plus bel effet,
très moderne et pratique. D'autant plus que les crayons de Scott
McDaniel apportèrent au titre un indéniable succès : découpage
anarchique et expressionniste des planches, magnifique utilisation
des ombres et des figures qui lacèrent la page, parfois dans une
veine légèrement similaire au travail de Frank Miller sur Sin City,
par exemple. Dan Chichester parvient avec Fall From Grace
(Renaissance, le titre français choisi par Semic, qui édita la saga
dans deux volumes de la collection Marvel Top) à donner un sacré
coup de boutoir au statu-quo de Daredevil : Elektra va revenir sur le
devant de la scène, Matt va pourtant choisir de renouer avec Karen
Page, avant de devoir affronter le péril de la révélation de sa
double identité, et finalement d'opter pour une décision radicale :
feindre sa mort et adopter un nouvel avatar, devenir quelqu'un
d'autre. Inutile de dire que Fall From Grace a longtemps divisé les
lecteurs, mais il faut aussi souligner que le succès fut au
rendez-vous de ce pari artistique, cet c'est largement mérité. Les
deux auteurs tentèrent de prolonger le succès, avec un autre arc
narratif d'importance, Tree of Knowledge, qui toutefois a beaucoup
moins marqué les esprits (et il est inédit en Vf). Puis avec une
mini série dédiée à la belle ninja : Elektra Roots of Evil, très
intéressante formellement, mais un ton en dessous de ce splendide
Fall From Grace, que je relis toujours avec plaisir et intérêt. Si
vous ne connaissez pas cette parenthèse de la carrière de
Daredevil, je vous invite chaleureusement à y jeter un oeil, ou les
deux.
Moi aussi j'aime beaucoup cet arc,même si certains aspects de l'histoire peuvent rendre pénible par son incompréhension dus à l'utilisation mal avisée des ellipses.Mais au moins,cela a permis de donner un coup de fouet à une série où il ne se passe rien de bien intéressant.Quant à MacDaniel,il atteint là l'apogée de son style (aidé par Collazo à l'encrage) en clair-obscur des plus réussis!
RépondreSupprimerLe #324 est mon 1er épisode acheté en VO,et le TPB mon 1er.Do you remember "Dangereuses Visions" José?^^
Et comment! Fall From Grace c'est en plein dans nos années lycée/fac, et à l'époque, en effet, le must c'était d'aller à Lille chercher ses comics ou les commander dans le beau catalogue N/B qui nous faisait baver! Tout ça semble si loin aujourd'hui....
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