OLDIES : SPIDER-MAN L'EMPIRE (THE REIGN) DE KAARE ANDREWS

Commençons par la fin : il y avait une grande attente autour de cette mini série dessinée par l’artiste aux multiples facettes, Kaare Andrews, et comme chacun le sait, à grandes attentes, grands risques également de se casser la figure. Cela dit, ne vous laissez pas égarer par cet incipit : The Reign (L'Empire en Vf) est une bonne histoire et bien illustrée (les couvertures sont aussi très belles) et vaut probablement le prix de l’album, mais ce n'est pas non plus le chef d’œuvre annoncé, à tort. Le pitch? Dans un futur proche, Spiderman a fini par raccrocher ses toiles, et la ville de New York est sous le joug d’une direction fascisante où le contrôle est aux mains des mass médias et de politiques qui exacerbent les peurs des habitants. Peter Parker, comme à son habitude, survit d’un petit boulot à l’autre, d’une crise existentielle à l’autre. On le retrouve même humble fleuriste, bien loin du héros qu'il fut, au service des new-yorkais. La population finit par se soulever et tente d’améliorer son quotidien, par le biais de petites émeutes rapidement et durement réprimées. Parker n’a aucunement l’intention de se laisser emporter par ce problème, jusqu’à ce qu’un de ses fans les plus improbables vienne frapper à sa porte. On découvre ainsi que certaines vieilles connaissances sont elles toujours en activité (JJJ, un acronyme comme indice), ce qui contraindra progressivement le tisseur de toile à reprendre du service, pour le bien de la ville, et à affronter ses démons issus du passé. Il était temps, car le pauvre se fait même tabasser sans réagir dans une ruelle, et il semble devenu l'ombre de lui même, de celui qu'il était à ses grandes heures.

Andrews se lance, avec cet ouvrage, dans un gigantesque What if... (cette série qui s’interroge sur des scénari alternatifs à notre réalité ; du genre Et si Peter Parker n’avait pas été mordu par une araignée mais par une méduse ?) peuplé d’une multitude de personnages, au risque de sembler par moments un peu brouillon. Evidemment les amateurs de comics l’auront compris : il s’agit d’une tentative d’émuler le chef d’œuvre de Frank Miller, Dark Knight Returns, mettant en scène un Batman vieillissant, dans des circonstances presque analogues. Mais cette imitation stylistique, qui arrive 20 ans après son modèle, n’a pas le même impact ni le même panache. Autre point négatif : la volonté (probablement imposée par Marvel) de reprendre certains points et personnages tels que présentés dans la série des films de Spider-man avec Maguire, tout particulièrement le troisième (comme le costume noir). La puissance du cinéma ne date pas d'aujourd'hui. Toutefois cette aventure reste appréciable et appréciée, un bon divertissement typique des affres de notre cher Homme Araignée, qui sans être révolutionnaire ou destiné à l’Olympe du comics, vous fera probablement passer une agréable heure de lecture. Avec un artiste complet à la barre, qui pose des questions pertinentes comme ce qui se produit lorsqu'un homme, par fatigue, lâcheté ou douleur, tourne le dos aux valeurs qui ont toujours été les siennes, ou bien les conséquences pour une femme de vivre sa vie avec un mari dont les pouvoirs dérivent d'une morsure radioactive. En effet, Andrews nous explique clairement que Mary-Jane est morte car empoisonnée par les fluides corporels de Peter, à savoir, pour être clair, le sperme de ce dernier, qui s'est révélé fatal au fil des ans. Un récit qui est aussi tout particulièrement notable à une époque où le mouvement des "indignés"  a récemment fait tâche d'huile, et où on ressort les vieux masques-sourires de "V For Vendetta" pour éprouver le frisson de la rébellion, sans pour autant aller jusqu'au bout des actes ou des idées. 

Album sorti dans la collection Spider-Man 100% Marvel 5tome 7) et Marvel Collector en kiosque (le #4)





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