Nous sommes en l'an 4001 : le Japon ne ressemble plus guère à ce pays que nous connaissons tous. Le Néo-Japon est plutôt une sorte de station orbitale de dimension colossale, un vaste royaume cybertechnologique qui plane au dessus de la Terre. Certains diront une utopie, d'autres un paradis : pensez donc, plus aucun crime n'y est recensé, et la maladie aussi parait avoir été éradiquée. A la tête de tout ceci, nous trouvons le "Père" objet de toutes les révérences, ou les craintes, bien que sa présence soit insaisissable. Son homme de main, le bras armé de la police et de la justice, en quelque sorte, se nomme Rai. Celui-ci peut apparaître en tous points du Néo-Japon, comme s'il sillonnait virtuellement tout le réseau cybernétique, et intervient donc rapidement et furtivement. D'ailleurs pour beaucoup, il s'agit d'un mythe. Tout dérape le jour où un meurtre est commis, le premier depuis mille ans. Lula, une jeune témoin qui a assisté au méfait, reste sur les lieux et rencontre Rai, qu'elle va accompagner dans ses aventures futures. Il y a quelque chose qui cloche tout là-haut. Les Luddes forment une sectes qui combat l'hégémonie technologique, et ils pourraient bien précipiter le Néo-Japon au sol. Spylocke est un anti-héros mystérieux et charismatique, qui couve aussi de lourds secrets. Rai se laisse peu à peu prendre dans les filets d'une enquête qui l'amène à découvrir qu'il existe des zones d'ombres dans le réseau, des choses qui se passent en marge de sa connaissance, de sa juridiction donc, et que tout ce qu'il lui a été donné d'apprendre sur lui-même et le monde est probablement biaisé, et n'est qu'une version élaborée pour les basses besognes du "Père" qui est aussi son employeur virtuel. Derrière cette exploitation politique et sécuritaire, se pose la question de la nature même de Rai. Homme ou machine? Simple fonctionnaire destiné à être remplacé une fois démis de ses fonctions, comme les autres avant lui, ou âme rebelle, capable de faire imploser ce système aseptisé qu'est désormais le Néo-Japon?
Pour un tel scénario, il fallait un artiste capable de nous plonger dans la froide fascination qu'exerce un environnement futuriste et synthétique, glacial et glaçant. Très bon choix, c'est exactement ce que Clayton Crain fait de mieux, d'autant plus que la mise en couleurs est bluffante de réalisme. Alors certes, on ne sent pas le travail de l'artisan, crayon en main, et plus l'influence de l'ère digitale, mais si c'est pour arriver à une telle osmose entre la trame et la manière dont elle est mise en images, on vote pour, sans remords. Bliss Comics sort l'artillerie lourde, avec douze épisodes (et des poussières, pardon, des bonus...) et un pavé de 300 pages, pour un prix qui reste accessible, c'est à dire 28 euros. Un moyen radical pour découvrir une des séries emblématiques d'un éditeur américain (Valiant) qui se pose aujourd'hui en alternative idéale au duopole Marvel/Dc (Image comics étant à conseiller pour des récits plus matures et indie dans l'âme, nous parlons là de mainstream). Depuis que tout le catalogue a été relancé, et que Jeff Lemire et Matt Kindt ont été désigné comme architectes pour les nouvelles fondations, c'est indiscutablement un choix à faire, car ces albums sont accessibles, et de bonne facture. Kindt qui ici est capable de reprendre des éléments de base de la première série (Rai a déjà eu une existence passée) et de la compléter, de l'enrichir de manière notable, pour dresser le parcours d'une machine froide et asservie, découvrant lentement les secrets de sa propre origine, et du pouvoir qui l'emploie, se détachant peu à peu de sa condition d'esclave légitime pour glisser vers une rébellion identitaire. Pas ou peu de temps mort, une série que le meilleur Warren Ellis ne renierait pas. Conseillé, fortement.
Pour un tel scénario, il fallait un artiste capable de nous plonger dans la froide fascination qu'exerce un environnement futuriste et synthétique, glacial et glaçant. Très bon choix, c'est exactement ce que Clayton Crain fait de mieux, d'autant plus que la mise en couleurs est bluffante de réalisme. Alors certes, on ne sent pas le travail de l'artisan, crayon en main, et plus l'influence de l'ère digitale, mais si c'est pour arriver à une telle osmose entre la trame et la manière dont elle est mise en images, on vote pour, sans remords. Bliss Comics sort l'artillerie lourde, avec douze épisodes (et des poussières, pardon, des bonus...) et un pavé de 300 pages, pour un prix qui reste accessible, c'est à dire 28 euros. Un moyen radical pour découvrir une des séries emblématiques d'un éditeur américain (Valiant) qui se pose aujourd'hui en alternative idéale au duopole Marvel/Dc (Image comics étant à conseiller pour des récits plus matures et indie dans l'âme, nous parlons là de mainstream). Depuis que tout le catalogue a été relancé, et que Jeff Lemire et Matt Kindt ont été désigné comme architectes pour les nouvelles fondations, c'est indiscutablement un choix à faire, car ces albums sont accessibles, et de bonne facture. Kindt qui ici est capable de reprendre des éléments de base de la première série (Rai a déjà eu une existence passée) et de la compléter, de l'enrichir de manière notable, pour dresser le parcours d'une machine froide et asservie, découvrant lentement les secrets de sa propre origine, et du pouvoir qui l'emploie, se détachant peu à peu de sa condition d'esclave légitime pour glisser vers une rébellion identitaire. Pas ou peu de temps mort, une série que le meilleur Warren Ellis ne renierait pas. Conseillé, fortement.
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ca a l'air sympa mais y'a combien de numero ?
RépondreSupprimerEn fait ici tu trouveras l'équivalent de toute la première phase, appelons ça "la première saison", ce qui permet de suivre avec plaisir la série. Mais Rai est toujours en cours bien sûr.
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