Les amateurs de récits cosmiques se frottent les mains : l'avenir appartient à Thanos, au cinéma (Avengers 2 et Guardians of the Galaxy) et dans nos comic-books (avec le grand rendez-vous de l'été, Infinity). En attendant, Jason Aaron est aux commandes d'une mini-série en forme d'apéritif, intitulée Thanos Rising. Comme le titre le laisse présager, il s'agit de revenir en arrière, à une époque où le grand vilain n'est pas encore cette force funèbre de la nature qu'il est aujourd'hui, mais tout simplement un jeune enfant sur la planète Titan (son lieu de naissance), en compagnie de ses camarades de jeu. Car oui, ce premier numéro nous présente un Thanos très différent de ce que nous connaissons. Des instants consécutifs à sa naissance (une particularité génétique en fait une sorte de monstre violet, et sa mère voit de suite en lui une future menace cosmique au point de vouloir le supprimer) à son éducation et à ses premières années (Thanos se fait peu à peu des amis et rien ne laisse supposer ce qu'il deviendra), c'est ce chapitre de la vie qui est mis à l'honneur cette semaine.C'est la première fois qu'un auteur attache autant d'importance à la genèse du personnage, et s'arrête en détail sur l'enfance, puis probablement l'adolescence (si ce terme signifie quelque chose à ceux de sa race) de Thanos. Le problème c'est que nous le voyons tous comme ce cinglé nihiliste et tout puissant, capable de vouloir anéantir la moitié de l'univers pour les beaux yeux de la Mort, dont il est amoureux. Ou d'assumer une sorte de rôle ambigu, celui du sage cosmique plus dangereux qu'une bombe à retardement prête à exploser, mais dont les armes et le pouvoir en font un interlocuteur privilégié en cas de déséquilibre universel. Ici, le jeune Thanos ne supporte même pas une simple dissection de lézard, et vomit son quatre-heure à la vue du sang.
En fait la question que je me pose, c'est si Thanos enfant a un sens, si je voulais vraiment voir cela? Comme si je le souhaitais maléfique à souhait, dès la naissance, sans un instant de répit dans sa vie et celle des autres. Là, voir cette version innocente et frêle dans ses activités de tous les jours, on touche presque au blasphème. Certes, Simone Bianchi livre des planches superbes et finement travaillées, où les émotions et le sens du détail font mouche, avec une expression des corps en mouvement de toute beauté. C'est du bel ouvrage plastique. Mais il flotte un parfum singulier dans cette mini série qui vient de débuter. Tout en acceptant et louant sa réalisation artistique, je ne parviens toujours pas à associer ce que j'ai pu y lire avec ce que je savais déjà du personnage. Même dans des détails comme l'apparence physique de Mentor, le père du Titan, qui autrefois n'était pas représenté sous cet aspect (retrouvez vos vieux Nova pour vérifier). Du coup, impression mitigé pour Thanos Rising. Sans savoir si cette circonspection vient de l'ouvrage en soi, ou de ma conception toute personnelle de ce qu'est Thanos. On ne touche pas aux fondements de ce mythe mortifère sans égratigner quelques puristes.
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