En 1995, le déclin du Punisher est avéré, au point que les lecteurs ont la désagréable surprise de voir les trois séries mensuelles du héros controversé s'arrêter. Exit Castle et ses aventures "off limits". Le final est d'enfer, puisque drogué et manipulé, il finit par s'en prendre à des innocents et liquide Nick Fury lui même (en fait, ce n'était pas lui, mais un life model decoy, un leurre. Cela sur le moment on ne le savait pas). La punition est exemplaire, puisqu'il devra passer sur la chaise électrique (voir la cover proposée ci contre, éloquent, non, pour un relaunch?). Bien fait! Marvel en profite aussitôt pour tenter de laisser une nouvelle et dernière chance au personnage, avec une on-going toute belle toute neuve, confiée à John Ostrander (qui va au moins faire preuve d'audace formelle) et Tom Lyle, souvent assez inspiré d'ailleurs, dans la pure tradition des planches musculeuses et over the edge des années 90. Castle est en réalité sauvé in extremis des bras de la mort, après une farce d'exécution, par ses pires ennemis : une famille mafieuse, conduite par Don Geraci. Le vieux patriarche se sent partir, et il a un plan pour maintenir le clan sur de bons rails : le confier aux petits soins du Punisher, à qui il demande carrément de prendre sa succession. L'argument est imparable : sa guerre contre le crime est stérile; en oeuvrant de l'autre coté de la barrière, il pourrait vraiment faire la différence, et sauver des vies. Car oui, la famille Geraci est mafieuse, mais évite le trafic de drogue et la prostitution. Mafiosi allégés et humanistes, ils présentent un visage assez peu crédible si confrontés avec ceux que Castle dézinguent habituellement, avec notamment quatre petits enfants et une flopée d'hommes de main, qui voient d'un très mauvais oeil l'arrivée de leur némésis en tant que nouvel homme fort à suivre.
Le Punisher envisage de noyauter cette famille de l'intérieur avant de faire le grand ménage, comme à son habitude, mais voilà, la famille, c'est son point faible. Pour une fois épris de compassion, ou tout du moins de compréhension, il va finir par se prendre au jeu, et voir ses repères se brouiller. Et également s'attacher à la fille aînée de Don Geraci, ou à Vinnie, le fidèle porte flingues de la maison. Cette nouvelle chance pour le Punisher va durer 18 mois, avant une nouvelle et cette fois presque définitive disparition (Sans Garth Ennis que serait-il devenu?). Il faut dire qu'à mi parcours, Ostrander change la donne : un groupe de criminels, emmené par Jigsaw, organise le massacre des Geraci (Don Geraci lui même tirant les ficelles de ce renversement de situation!) Le Punisher sauve in extremis les petits fils du chef de clan, mais ce dernier disparaît pour de bon de la carte de la pègre, remettant du même coup notre justicier sur le sentier de la guerre. Et là... grand écart à 180 degrés, il va traverser toute une série d'aventure en collaboration avec le Shield et le Fbi, pour protéger un prédicateur religieux qui prône l'entente entre mutants et êtres humains normaux, et qui a le nouveau Front de Libération Mutant aux trousses. Bref, rien à voir avec la direction initiale que semblait avoir pris la série les premiers mois, ce que le public sanctionna assez vite et de manière indiscutable. Autant la première partie de ces 18 numéros est en effet prenante et bien construite, autant le final est confus et trop loin de l'univers traditionnel du Punisher pour séduire les fans de Frank Castle. Quand à espérer un jour voir une traduction française de ce dont je viens de vous parler, autant commencer dès maintenant à brûler un cierge par jour sur l'autel de St Panini, tout en sachant que ça ne servira vraisemblablement à rien...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!