Amateurs de poésie et de récits psychologiques et complexes, la collection Hachette dite "de référence" a pensé à vous, en présentant World War Hulk à ses lecteurs. Vous vous souvenez?
Hulk est vert. De rage. Il faut dire que le géant de jade s’est fait exilé dans l’espace par ses anciens compagnons d’arme. Figurez vous que les Illuminati, une sorte de secte élitiste comprenant la crème du monde super-héroïque, ont décidé de se débarrasser du colosse en le plaçant dans une fusée, destination une gentille planète verdoyante et inhabitée où il n’embêtera plus personne et trouvera le calme tant désiré. Seulement voilà, la navette n’arrive pas à destination, mais plutôt sur un monde guerrier où Hulk est vite réduit en esclavage, transformé en gladiateur, puis où il devient le héros d’un peuple, une icône; dulcis in fondo il trouve l’amour et semble enfin comblé. Catastrophe donc le jour où son vaisseau terrien explose mystérieusement, entraînant de la sorte la perte de Caiera son épouse locale, et du petit qu’elle portait en son sein. La vengeance va être terrible ! Epaulé par ses compagnons d’armes les plus fidèles, Hulk revient sur Terre pour réduire les Illuminati en poussière. Qui ne peuvent plus se cacher : Le voilà ! Et que de subtilité dans ce retour du géant vert. Hulk commence par un petit détour sur la Lune où il retrouve Flèche Noire, leader des Inhumains, et membre de la secte des héros imprudents. Ce dernier ne fait bien entendu pas le poids, et se fait très sévèrement exploser la tête. Hulk débarque ensuite sur Terre, où il réclame qu’on lui livre les «traîtres» responsables de sa condition. Tony Stark, alias Iron Man, a beau se construire une armure étudiée pour l’occasion, Hulk n’en a cure et le traite comme une vulgaire boîte de conserve qu’on aurait juste un peu de mal à ouvrir. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant si au fil des pages vous allez rencontrer une longue série d'onomatopées en lettres capitales, d'explosions cataclysmiques, ou des visages tuméfiés marqués par les gnons. World War Hulk c'est le grand crossover bourrin de l'ère moderne chez Marvel, et d'ailleurs tout était annoncé dans le titre. Guerre mondiale + le géant vert, rien ne laissait augurer d'une aventure subtile.
Voilà pour le plot de la première partie de ce qui fut le grand "marvel-event" de 2007, et que nous pouvons aujourd'hui relire avec le recul qui s'impose, dans la collection Hachette. Bien sur, pour ce qui est de la psychologie et de la subtilité, WWH lorgne plutôt du coté des bons (?) films de Van Damme que vers une probable palme d'or cannoise. Romita Junior nous offre de bien belles planches, et d’autres plus contrastées, mais pour ceux qui aiment son style, ça reste une bonne prestation graphique. Le sang et les blessures s'y trouvent à foison, parfois caricaturés comme pour atténuer l'effet d'une boucherie fort improbable. Greg Pack n'essaie même pas de faire sembler, le plaisir est régressif, comme assister à une rencontre de catch interplanétaire où tout le monde cogne son voisin. Le plus ennuyeux dans cette histoire, c’est son coté «peu crédible». Hulk a beau être vraiment fort, et il a beau être épaulé par quelques extraterrestres remontés (les Liés en guerre de la planète Sakaar), je me rappelle que par le passé Wolverine ou Spider-man réussirent à lui tenir tête dans de vieux épisodes des 80's et 90’s. Et voilà que cette fois, avec le monde Marvel contre lui, Hulk est si enragé qu’il résiste à tout et à tous ? En tous les cas, ce comics est avant tout un vaste exutoire : Hulk va tout casser, Hulk détruire et détruire encore, Hulk pas content et tu vas chier du sang. Réjouissant sur le moment, mais aussi banalement assez frustrant, quand on constate que tout cet excès de colère n'a finalement pas apporté grand chose à la cosmogonie Marvélienne : de la baston jusqu'à plus soif, des héros humiliés et des dégâts en pagaille, et puis on oublie tout et on recommence : voici qu'arrivent les Skrulls et leur "invasion secrète", enchaînons, enchaînons, sans transition... Ah si, une conséquence logique, il y en a une : l'arrivée de Rulk, le Hulk rouge de Jeph Loeb, qui a été encensé par certains (bien peu) et répudiés par les autres (la grande majorité, en gros tous les lecteurs possédant un minimum de sens critique). WWH, ça le fait vraiment, à condition de le prendre pour ce qu'il est : un divertissement simple et immédiat, sans grande portée artistique.
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