La nouvelle série de Rick Remender qui vient d'être publiée chez nous (Urban comics) est résolument axée sur la science-fiction. Elle nous emmène dans les profondeurs sous-marines à la découverte d'une fabuleuse cité, de dangers sournois qui guettent à l'extérieur, et de tout un monde étrange et futuriste aux tréfonds des abysses. Une fois n'est pas coutume, j'aborderai l'univers de Low par le dessinateur, à savoir Greg Tocchini. Nous avons affaire ici à un nouveau phénomène artistique indéniable. Nous sommes déconcertés devant ses crayonnés, qui associent à la fois la rondeur, la souplesse des corps en premier plan, et une manière abrupte et presque cavalière de remplir les fonds de case d'un fourmillement de détails, de lignes ébauchées, inachevées, rarement pleines. L'artiste définit à lui seule une atmosphère, donne le ton, mais a presque tendance à étouffer le lecteur avec des planches merveilleuses et qui auraient besoin de respirer sur un plus grand format pour être pleinement appréciées. Au fil des épisodes, Tocchini va affiner son ambition et corriger certaines failles dans son exubérance, mais en tous les cas, c'est beau, indiscutablement beau. Et déroutant. Nous en arrivons à Rick Remender, le scénariste, qui nourrit une véritable obsession pour les récits de familles, de transmission, d'héritages assumés ou pas, de trahisons filiales ou paternelles. Cette fois encore, on devine dès les premières pages que les personnages principaux sont les membres de la famille Caine, avec un père, son épouse, et les trois enfants (frère et soeurs) qui sont arrivés en âge de découvrir le monde merveilleux et dangereux dans lequel ils sont immergés depuis leurs naissances. Une initiation qui va virer au cauchemar. Tout ce joli cast de la série habite dans une sorte de cité fortifiée, et devant le constat que leur monde est condamnée, ils sont à la recherche d'un nouvel espace habitable. A coté de ce qui semble être le dernier rempart de l'humanité, sous les flots, nous trouvons l'océan infini, et ses habitants, créatures effrayantes ou grands méchants à la morale noyée depuis des lustres. Mad Max under the water (ici ce n'est pas le pétrole qui a disparu, mais l'air recyclé et vicié qui commence à manquer cruellement)
Remender n'hésite pas à nous surprendre, quitte à organiser un faux départ narratif. Si les Caine sont agressés sauvagement dans le premier épisode, et les filles enlevées, nous faisons ensuite, dès le second, un bond en avant de dix ans pour nous retrouver aux portes de l'apocalypse, quand tout est destiné à finir, et mal. Comme le dit le fils Caine, accusé de corruption dans l'exercice de son travail (une sorte de flic local), l'espoir et la religion ne sont que des maladies mentales. Seulement voilà, sa mère s'accroche désespérement à l'espoir, justement, et l'arrivée d'une sonde en surface, la première depuis bien longtemps, pourrait être le signe salvateur que demain existera. Mais comment convaincre et faire réagir une société tombée dans l'apathie et la résignation, qui s'oublie et se noie dans la drogue et l'inactivité?
Il est intéressant de noter à quel point les deux séries de Rick Remender que sont Black Science et Low peuvent avoir des accointances. Ce sont deux aventures de science-fiction, qui repoussent les limites du possible et du plausible. Voyages inter dimensionnels ou plongée dans l'univers des abysses, nous avons à chaque fois une figure forte, décidée à normaliser l'impossible, maîtriser le fantastique, le démythifier et le maîtriser, au détriment (sans le vouloir bien sur) de sa propre famille. L' auteur semble ne guère se soucier des limites et de la raison, et ne prend pas en compte le sacro saint commandement qui domine actuellement le marché, à savoir produire des séries de plus en plus réalistes,; au contraire il lâche la bride à son imagination la plus fantasque et produit une orgie de concepts et de situations qui peuvent même donner le tournis aux lecteurs les moins préparés. La notion de famille, comme déjà évoquée, est central dans Low. Les parents Caine sont occupés, dès les premières pages, à garantir des lendemains meilleurs à leur progéniture, et c'est ce lien fort et intime, mis en danger et foulé aux pieds à la fin du premier numéro, qui devient le ressort narratif permettant de susciter l'empathie et l'inquiétude du lecteur. Un space opera sous-marin étrange, beau et inquiétant, si dense qu'il peut rebuter certains au premier abord, mais d'une richesse narrative et plastique fascinante. Avec un premier tome proposé à dix euros, il serait dommage de ne pas tenter l'expérience.
Remender n'hésite pas à nous surprendre, quitte à organiser un faux départ narratif. Si les Caine sont agressés sauvagement dans le premier épisode, et les filles enlevées, nous faisons ensuite, dès le second, un bond en avant de dix ans pour nous retrouver aux portes de l'apocalypse, quand tout est destiné à finir, et mal. Comme le dit le fils Caine, accusé de corruption dans l'exercice de son travail (une sorte de flic local), l'espoir et la religion ne sont que des maladies mentales. Seulement voilà, sa mère s'accroche désespérement à l'espoir, justement, et l'arrivée d'une sonde en surface, la première depuis bien longtemps, pourrait être le signe salvateur que demain existera. Mais comment convaincre et faire réagir une société tombée dans l'apathie et la résignation, qui s'oublie et se noie dans la drogue et l'inactivité?
Il est intéressant de noter à quel point les deux séries de Rick Remender que sont Black Science et Low peuvent avoir des accointances. Ce sont deux aventures de science-fiction, qui repoussent les limites du possible et du plausible. Voyages inter dimensionnels ou plongée dans l'univers des abysses, nous avons à chaque fois une figure forte, décidée à normaliser l'impossible, maîtriser le fantastique, le démythifier et le maîtriser, au détriment (sans le vouloir bien sur) de sa propre famille. L' auteur semble ne guère se soucier des limites et de la raison, et ne prend pas en compte le sacro saint commandement qui domine actuellement le marché, à savoir produire des séries de plus en plus réalistes,; au contraire il lâche la bride à son imagination la plus fantasque et produit une orgie de concepts et de situations qui peuvent même donner le tournis aux lecteurs les moins préparés. La notion de famille, comme déjà évoquée, est central dans Low. Les parents Caine sont occupés, dès les premières pages, à garantir des lendemains meilleurs à leur progéniture, et c'est ce lien fort et intime, mis en danger et foulé aux pieds à la fin du premier numéro, qui devient le ressort narratif permettant de susciter l'empathie et l'inquiétude du lecteur. Un space opera sous-marin étrange, beau et inquiétant, si dense qu'il peut rebuter certains au premier abord, mais d'une richesse narrative et plastique fascinante. Avec un premier tome proposé à dix euros, il serait dommage de ne pas tenter l'expérience.
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