Urban Comics a eu la très bonne idée de proposer, lors du récent Free Comic Book Day français, le premier épisode d'une nouvelle série, de manière complètement gratuite donc. Il s'agit de The Autumnlands, oeuvre particulièrement intrigante signée Kurt Busiek. Nous avons affaire là à une histoire qui plonge ses racines dans la magie, avec notamment sept cités suspendues qui flottent dans le ciel de cet univers fantasmagorique, et dont le fonctionnement et l'essence même sont basés sur les règles de la féerie et de l'occultisme. La magie semble être un bien de consommation, le moteur de cette civilisation, la monnaie d'échange ou le moyen de régir les relations sociales, mais l'équilibre est de plus en plus fragile entre ces mondes d'en haut, où les mages se réunissent pour trouver une solution au tarissement inexorable de la magie, et ceux qui vivent en bas, les peuples de la plaine, qui à l'ombre de cette société nantie se contentent des miettes qui tombent de la table. Et qui survivent dans un état qui ressemble presque à de l'esclavage. Si vous y voyez un parallèle avec ce qui se passe à l'échelle planétaire chez nous, ne soyez pas surpris; il est fort probable que cela soit véritablement l'intention de l'auteur. Vient s'ajouter à cela un ensemble de légendes qui narrent les exploits passés d'un certain Grand Champion, un être quasi surnaturel et surpuissant, qui parvint il y a des millénaires de cela à sauver la force et la puissance de la magie, en trucidant vaillamment tous ses adversaires. Personne ne sait vraiment qui est ce héros formidable, et chacun lui prête des traits différents selon sa culture et sa race. Car oui, détail d'importance dans cette histoire, tous les personnages sont des animaux anthropomorphes, des créatures qui semblent droit sorties de nos comptes d'enfance, et qui se raccrochent à ce prophète idéalisé pour tenter de voir des lendemains qui chantent. Au lieu de cela la catastrophe est imminente. En voulant invoquer un sort un peu trop compliqué pour extraire ce héros des temps anciens et le ramener à leur ère, les magiciens et autres mystiques assemblés vont provoquer la chute de leur royaume, qui s'écrase avec pertes et fracas. La survie va devoir s'organiser, et vite.
Le talent de Kurt Busiek, lorsqu'il s'agit de construire un univers à partir de rien, n'est plus à prouver, comme en témoigne l'excellente série Astro City. Ici il parvient à mélanger critique sociale et univers de fantasy d'une manière brillante. Les premières pages sont sous le signe de l'idylle; une ville merveilleuse, des animaux anthropomorphes, le narrateur, Dunstan, qui est aussi un adolescent, terrier fils de l'un des plus importants magiciens et notables de la ville... bref tout est fait pour que les prémices nous emmènent vers le merveilleux et nous enchantent d'emblée. Mais ce serait se tromper lourdement que de penser que l'atmosphère va rester longtemps dans cette fausse veine disneyenne. Très vite c'est même la catastrophe qui prend le dessus, et l'instinct de survie qui fera la différence, entre ceux qui s'en sortiront et ceux qui seront condamnés. Il est intéressant de noter que dans cet univers régi par la magie, la figure du héros légendaire est incarnée par Steven T Learoyd, un soldat dont les traits sont tout ce qu'il y a de plus humain, et qui apparaît aux yeux de ceux qui attendent de lui des miracles, comme une créature fragile, voire repoussante. Pour que tout fonctionne, il fallait un dessinateur de grand talent, capable de crédibiliser l'ensemble et d'imprimer une véritable touche personnelle à cet univers. Très bonne pioche avec le jeune et peu connu Benjamin Dewey, dont les planches sont tout simplement extraordinaires, que ce soit lorsqu'il s'agit de faire transparaître la beauté des lieux, où au contraire faire exploser la violence qui règne sous-jacente. L'artiste est tout bonnement parfait et il parvient à donner à chacun de ces animaux un caractère et un look propres, qui font qu'on adhère très vite à ce monde bigarré. Il est épaulé par un Jordie Bellaire format deluxe aux couleurs, qui magnifie des planches stupéfiantes. Fable ésotérique mais aussi récit fort intelligent sur les interactions sociales, les rapports de soumission et de dénomination/exploitation, et sur le regard porté vers la différence de l'autre, The Autumnlands est une excellente surprise que je vous recommande fortement de vous procurer, d'autant plus que Urban Comics propose le premier tome à 10 € seulement, comme la maison d'édition en a l'habitude depuis quelques temps. Ceux qui ont lu le premier épisode offert gratuitement samedi dernier ont bien compris de quoi je parle, et à mon avis, ont déjà eu l'envie rapidement de lire la suite.
Le talent de Kurt Busiek, lorsqu'il s'agit de construire un univers à partir de rien, n'est plus à prouver, comme en témoigne l'excellente série Astro City. Ici il parvient à mélanger critique sociale et univers de fantasy d'une manière brillante. Les premières pages sont sous le signe de l'idylle; une ville merveilleuse, des animaux anthropomorphes, le narrateur, Dunstan, qui est aussi un adolescent, terrier fils de l'un des plus importants magiciens et notables de la ville... bref tout est fait pour que les prémices nous emmènent vers le merveilleux et nous enchantent d'emblée. Mais ce serait se tromper lourdement que de penser que l'atmosphère va rester longtemps dans cette fausse veine disneyenne. Très vite c'est même la catastrophe qui prend le dessus, et l'instinct de survie qui fera la différence, entre ceux qui s'en sortiront et ceux qui seront condamnés. Il est intéressant de noter que dans cet univers régi par la magie, la figure du héros légendaire est incarnée par Steven T Learoyd, un soldat dont les traits sont tout ce qu'il y a de plus humain, et qui apparaît aux yeux de ceux qui attendent de lui des miracles, comme une créature fragile, voire repoussante. Pour que tout fonctionne, il fallait un dessinateur de grand talent, capable de crédibiliser l'ensemble et d'imprimer une véritable touche personnelle à cet univers. Très bonne pioche avec le jeune et peu connu Benjamin Dewey, dont les planches sont tout simplement extraordinaires, que ce soit lorsqu'il s'agit de faire transparaître la beauté des lieux, où au contraire faire exploser la violence qui règne sous-jacente. L'artiste est tout bonnement parfait et il parvient à donner à chacun de ces animaux un caractère et un look propres, qui font qu'on adhère très vite à ce monde bigarré. Il est épaulé par un Jordie Bellaire format deluxe aux couleurs, qui magnifie des planches stupéfiantes. Fable ésotérique mais aussi récit fort intelligent sur les interactions sociales, les rapports de soumission et de dénomination/exploitation, et sur le regard porté vers la différence de l'autre, The Autumnlands est une excellente surprise que je vous recommande fortement de vous procurer, d'autant plus que Urban Comics propose le premier tome à 10 € seulement, comme la maison d'édition en a l'habitude depuis quelques temps. Ceux qui ont lu le premier épisode offert gratuitement samedi dernier ont bien compris de quoi je parle, et à mon avis, ont déjà eu l'envie rapidement de lire la suite.
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