En 1994 la série Daredevil connaît une véritable révolution artistique copernicienne, avec l'arrivée d'un artiste qui bouscule les habitudes des lecteurs du Diable Rouge. Scott McDaniel s'empare du scénario de Chichester, et fait du titre un laboratoire expérimental fascinant, au service d'une trame complexe et drue, que Semic propose sous la forme de deux albums Top Bd intitulés Renaissance (Fall from Grace, en Vo). Cet arc narratif est salué par la critique, mais peu de lecteurs s'y intéressent chez nous, et le suivant, Tree of Knowledge, reste à ce jour inédit en librairie en France. Nous allons donc en toucher un mot, tout en rappelant les enjeux. Au terme de Fall From Grace, Matt Murdock a simulé sa mort, et Daredevil opère sous un nouveau costume, une véritable armure grise et rouge, alors que nombre de ses alliés pensent qu'il s'agit là d'un nouveau venu sous le masque. Après avoir écarté (et profité) de la menace du virus about face, permettant de réécrire l'Adn des victimes contaminées, Daredevil va se retrouver embarqué dans un récit qui convoquent science cyberpunk et conspiration de la vieille école, avec notamment le Baron Von Strucker dans les coulisses. Cette histoire est sortie il y a presque vingt ans, et la technologie n'était pas encore aussi sophistiquée, toutefois c'est elle qui est l'enjeu de cet arbre de la connaissance. DD tombe dessus un peu par hasard, le jour où il arrête deux petits voyous qui s'amusent à cloner des cartes bancaires aux distributeurs de billets. De là il remonte la piste d'un certain Knowbot, génial pirate informatique, que son employeur protège en lui allouant les services d'un colosse ultra moderne, le dénommé Killobyte. Pour le coup, le lecteur de l'an 2016, habitué aux connections 4G et qui sait monts et merveilles de l'Internet, pourra s'étonner. Qu'est ce donc que cette vision burlesque du monde virtuel que nous présente Dan Chichester? Le reflet d'un moment de l'évolution où Internet était encore perçue comme un privilège, une autoroute vers le savoir que ne pourraient parcourir que les grosses cylindrés, et qui devait laisser trop de citoyens démunis, sans accès, impuissants devant les nouveaux patrons du Web, et donc des marchés de demain. Rétro-fiction.
Chez le scénariste, Internet et la réalité virtuelle se confondent pleinement. Les vilains chassent Daredevil et évoluent comme dans un jeu en ligne, avec des points bonus pour chaque victime innocente tuée, ou bien avec une vision distordue des faits, le héros en collant étant représenté par un dragon. System Crash, c'est le nom de l'association de cyber-terroristes qui sèment la pagaille en ville, et les morts (un ferry boat qui explose, des dizaines de morts, des snipers qui tirent depuis le World Trade Center...), tandis que le Baron Struker et l'Hydra se frottent les mains, de voir New-York glisser vers le chaos, grâce à des méthodes et une technologie que les justiciers ne maîtrisent pas encore. Captain America vient bien prêter main forte à Daredevil, mais ce n'est pas Steve Rogers, un vieux de la vieille qui écoute sa musique au gramophone, qui sera de grande utilité. Les guest stars défilent dans Tree of Knowledge, avec Elektra (qui est revenue à la vie et a récupéré la part sombre de son essence vitale dans Fall From Grace, justement), le Shield (Fury et son sempiternel cigare) ou encore Gambit (de passage...) et Iron Fist. Karen Page est aussi au menu, détruite par la présumée mort de Matt Murdock, au point qu'elle est hantée par son passé d'actrice porno, qui refait surface, juste à temps pour qu'elle se lance dans une croisade contre une brève vidéo mettant un scène un acte pédophile. Scott McDaniel en met plein les yeux à chaque planche...ou il vous donne la nausée, selon qu'on aime, ou pas. Il est vrai que parfois son style ultra baroque et décomposé est au détriment de la lisibilité, et que ces épisodes sont sombres, très sombres, sans la moindre attention aux anatomies académiques. Tout est distordu, broyé, expressif et expressionniste, c'est un cauchemar des sens et des formes, mais c'est aussi fascinant de voir comment il est possible, d'un coup, de faire sauter les codes classiques dans ce genre de série mainstream, pour oser quelque chose de follement audacieux. En France ce matériel n'a jamais été publié. La saga comprend cinq parties, plus un interlude dont s'occupent deux autres artistes (Greg Wright et Sergio Cariello), et un épilogue. En tout, nous allons de Daredevil #326 à #332, dans ce qui est un des cyber délires les plus romanesques et improbables que les comics des années 90 ont su nous régaler. Il existe une belle édition américaine, dans la recherchée Marvel Epic collection (le volume 18) qui reprend l'intégralité de la période Fall From Grace/Tree of knowledge, y compris l'annual #10 qui fait la transition entre les deux (la réaction à la mort prétendue de Matt Murdock, alors que DD tente de faire croire à tous qu'un autre individu se balade sous le costume). Si vous ne connaissez pas ce pan de l'histoire de Tête à cornes, pensez à remédier, et à tanner Panini, sait-on jamais... (en kiosque cette saga a été présentée dans Special Strange 100 à 104, dans les années 90)
Chez le scénariste, Internet et la réalité virtuelle se confondent pleinement. Les vilains chassent Daredevil et évoluent comme dans un jeu en ligne, avec des points bonus pour chaque victime innocente tuée, ou bien avec une vision distordue des faits, le héros en collant étant représenté par un dragon. System Crash, c'est le nom de l'association de cyber-terroristes qui sèment la pagaille en ville, et les morts (un ferry boat qui explose, des dizaines de morts, des snipers qui tirent depuis le World Trade Center...), tandis que le Baron Struker et l'Hydra se frottent les mains, de voir New-York glisser vers le chaos, grâce à des méthodes et une technologie que les justiciers ne maîtrisent pas encore. Captain America vient bien prêter main forte à Daredevil, mais ce n'est pas Steve Rogers, un vieux de la vieille qui écoute sa musique au gramophone, qui sera de grande utilité. Les guest stars défilent dans Tree of Knowledge, avec Elektra (qui est revenue à la vie et a récupéré la part sombre de son essence vitale dans Fall From Grace, justement), le Shield (Fury et son sempiternel cigare) ou encore Gambit (de passage...) et Iron Fist. Karen Page est aussi au menu, détruite par la présumée mort de Matt Murdock, au point qu'elle est hantée par son passé d'actrice porno, qui refait surface, juste à temps pour qu'elle se lance dans une croisade contre une brève vidéo mettant un scène un acte pédophile. Scott McDaniel en met plein les yeux à chaque planche...ou il vous donne la nausée, selon qu'on aime, ou pas. Il est vrai que parfois son style ultra baroque et décomposé est au détriment de la lisibilité, et que ces épisodes sont sombres, très sombres, sans la moindre attention aux anatomies académiques. Tout est distordu, broyé, expressif et expressionniste, c'est un cauchemar des sens et des formes, mais c'est aussi fascinant de voir comment il est possible, d'un coup, de faire sauter les codes classiques dans ce genre de série mainstream, pour oser quelque chose de follement audacieux. En France ce matériel n'a jamais été publié. La saga comprend cinq parties, plus un interlude dont s'occupent deux autres artistes (Greg Wright et Sergio Cariello), et un épilogue. En tout, nous allons de Daredevil #326 à #332, dans ce qui est un des cyber délires les plus romanesques et improbables que les comics des années 90 ont su nous régaler. Il existe une belle édition américaine, dans la recherchée Marvel Epic collection (le volume 18) qui reprend l'intégralité de la période Fall From Grace/Tree of knowledge, y compris l'annual #10 qui fait la transition entre les deux (la réaction à la mort prétendue de Matt Murdock, alors que DD tente de faire croire à tous qu'un autre individu se balade sous le costume). Si vous ne connaissez pas ce pan de l'histoire de Tête à cornes, pensez à remédier, et à tanner Panini, sait-on jamais... (en kiosque cette saga a été présentée dans Special Strange 100 à 104, dans les années 90)
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Merci beaucoup.
RépondreSupprimerEn attendant il faut toujours oser demander à Panini...