Bon, je l'avoue, il m'est très difficile d'être objectif, lorsqu'il s'agit d'aborder une série Moon Knight, c'est à dire un personnage que j'affectionne particulièrement, écrite par Jeff Lemire, qui se trouve être mon scénariste préféré de ces dernières années. Je choisis de le dire en préambule, car étant donné que je considère cette série comme un bijou de premier ordre, peut-être une des tout meilleures que j'ai eu l'opportunité de lire depuis la fin des Secret Wars, autant être franc et direct. Nous revoici donc avec Marc Spector sur les bras, ce spécialiste du désordre mental, qui s'est inventé toute une série d'identités différentes pour mener à bien sa mission, aux ordres d'une divinité égyptienne (Konshu) qui n'existe peut-être nulle part ailleurs que dans sa tête, depuis des décennies. Du coup, ne soyez pas trop surpris de le retrouver dans un asile de dingues, où il est enfermé, et subit un (mal)traitement éprouvant, entre électro-chocs et coups de poing dans la figure. Marc n'a aucune idée de ce qu'il fait là, comment il est arrivé, pour quelles raisons. Et ce ne sont pas les autres patients qui vont l'aider, eux qui semblent baigner dans la neurasthénie la plus complète. Seule exception à cela, un certain Bertrand Crawley, qui compte sur lui pour briser ses chaînes et redevenir le justicier qu'il était. Ou pas... Car alors que Marc tente tant bien que mal de comprendre ce qui se passe, les exploits de la veille au soir passent à la télévision, et on y voit Moon Knight dans son joli costume blanc, en pleine action.... Marc aurait tout inventé, depuis le début? C'est là que Lemire offre aux lecteurs une formidable mise en abîme de tout ce qui s'est dit et écrit sur le personnage depuis sa création. Il parvient à faire douter son héros, et celui qui en suit les aventures du même coup. Moon Knight n'existe pas, ou tout du moins pas comme nous le pensions, sous les traits de qui nous le croyons? Ou bien s'agit-il d'une vaste conspiration, d'un traquenard dans lequel Spector est tombé, et qui va lui coûter les pires efforts pour remonter la pente, et triompher de cette folie ambiante?
En gros, Moon Knight est-il victime des machinations de Seth, qui désire asservir notre planète, ou a t-il perdu la boule définitivement? Ou pire encore, est-ce en fait Konshu lui même qui aurait orchestré tout ceci? Ce qui explique que nous avons de forts beaux moments, avec une ville toute entière recouverte de sable et où se dresse une imposante pyramide, sans oublier des gardes et des infirmiers tirés de la mythologie égyptienne, alternés à un point de vue plus prosaïque, qui nous fait douter de la santé mentale du héros, et comprendre que tout ce qu'on voit pourrait bien être une illusion, un fantasme de malade mental. L'album tout entier, jusque dans sa conclusion ouverte, fonctionne sur ces différents niveaux d'interprétation, tout en maintenant le lecteur dans un état permanent de doute, laissant supposer qu'il se pourrait que la réalité soit un mélange des deux, totalement impossible à appréhender pleinement, à ce stade du récit.
Pour obtenir un si bel effet, il faut aussi un dessinateur au diapason. Avec Greg Smallwood, nous voilà servis. L'artiste est capable de varier les styles selon les époques et les personnalités de Spector. Il lorgne sans aucune crainte et sans rougir vers le trait de Bill Sienkiewicz, et épate par une mise en page renversante, avec un découpage au service de l'histoire, tantôt nous plongeant lentement et inexorablement dans la démence, tantôt tournoyant autour du pauvre héros, anatomie visuelle d'un homme perdu dans les méandres de la folie, ou simplement englué dans une toile perverse tissée par des ennemis invisibles. Une réussite totale, tant au niveau de la manière de faire progresser l'histoire, que dans son rendu graphique. Achat fortement recommandé, dès le 8 février chez Panini Comics, comme de bien entendu!
Pour obtenir un si bel effet, il faut aussi un dessinateur au diapason. Avec Greg Smallwood, nous voilà servis. L'artiste est capable de varier les styles selon les époques et les personnalités de Spector. Il lorgne sans aucune crainte et sans rougir vers le trait de Bill Sienkiewicz, et épate par une mise en page renversante, avec un découpage au service de l'histoire, tantôt nous plongeant lentement et inexorablement dans la démence, tantôt tournoyant autour du pauvre héros, anatomie visuelle d'un homme perdu dans les méandres de la folie, ou simplement englué dans une toile perverse tissée par des ennemis invisibles. Une réussite totale, tant au niveau de la manière de faire progresser l'histoire, que dans son rendu graphique. Achat fortement recommandé, dès le 8 février chez Panini Comics, comme de bien entendu!
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