Mariko Yashida est la femme qu'il aime. Au point de confesser de pas pouvoir vivre sans elle. Un tantinet exagéré, mais c'est ainsi. Problème, la demoiselle est rentrée chez elle en orient, sans crier gare, et ne souhaite plus avoir de rapports avec son amant, sans lui fournir d'explications. C'est que son père, un des maîtres de la pègre locale, l'a mariée avec un anonyme homme d'affaires, et que au pays du Soleil Levant, les respect des traditions et le code de l'honneur sont des repères avec lesquels on ne plaisante pas. D'autant plus que derrière cette décision se cache aussi tout un plan qui même affairisme local, et machination pour se débarrasser de Wolverine, qui est jugé indigne d'être le compagnon de Mariko. Cette dernière est soumise au point de subir des violences conjugales, ce qui ne fait que décupler la colère d'un Logan qui finit par sombrer dans la déprime, vaincu par le géniteur dans un combat au sabre (en bois) et séduit par Yukio, une fille des rues, hautement dangereuse, qui a elle aussi des objectifs très personnels et cache une bonne partie de ses motivations à son amant canadien. Car oui, à l'époque Logan boit comme un trou, il aime le cigare, et ne dédaigne pas la chair fraiche et les nuits animalesques. Autre temps, autres mœurs.
Toutes les premières années de Wolverine s'articulent autour de la recherche de la sérénité intérieure, de la domination du côté animal, qui n'attend qu'une bonne excuse pour surgir. C'est cet aspect particulièrement violent qui a séduit Yukio, qui l'a rendue complètement accro; inversement Mariko représente la femme inaccessible et posée, celle qui donne à Logan l'envie d'être différent, meilleur, de dompter la furie qui fait rage en lui. Mais à ne pas savoir choisir, ou en tous les cas à faire le mauvais choix au mauvais moment, Wolverine risque de tout perdre. Chris Claremont est bien entendu à son sommet ici, et il donne une interprétation classique et édifiante de ce qu'était autrefois le mutant canadien, lorsqu'il était en permanence nimbé de mystère, et que personne ne savait rien de ses véritables origines, de ses souffrances passées. Frank Miller est le dessinateur, et il est dans une période d'inspiration extraordinaire. On le voit ici utiliser les espaces blancs pour mieux faire ressortir la masse et la force des personnages. Ceux-ci semblent comme jetés dans le vide, sortir du bord des vignettes. Joe Rubinstein apporte aussi sa touche à l'encrage, en arrondissant, assouplissant, le trait de Miller. Les planches sont parcourues par une tension émotive et une violence latente de toute beauté, nous trouvons une alternance de champs larges et de premiers plans resserrés avec moult détails, qui perdent le lecteur, à la recherche de nouveaux point de repère, continuellement changeants, et le plonge dans une aventure sans concession, qui se partage entre un Japon idéalisé et mal famé, et un récit de combat qui convoque le meilleur de la tradition orientale. Cette histoire en quatre parties a été publiée une première fois par Lug dans un récit complet Marvel en 1984, et récemment elle a fait l'objet d'un volume de la collection Hachette dite "de référence" (le numéro 8). A lire aussi dans l'intégrale Wolverine, tome 1. A noter que cette mini série a amplement inspirée le film Wolverine : Le Combat de l'immortel, qui est d'un niveau qualitatif bien moindre...
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