Il existe en effet un cousinage évident entre le personnage de E-Ratic et Spider-Man; après tout, vous n'êtes pas si naïf que cela, vous avez bien compris de quoi il retourne ! Lorsqu'un adolescent s'enferme dans sa chambre et fabrique de la toile bien gluante en cachette de sa tante, avec la hantise qu'on le surprenne en action… ce genre d'allusion divertissante se retrouve avec Oliver Leif, qui dispose uniquement de dix minutes de super pouvoirs par jour, qu'il a peur de libérer et qu'il doit ensuite recharger jusqu'à la prochaine manifestation de ses dons. Non, je n'ai pas l'esprit mal placé, c'est juste drôle et ça sert d'introduction, pour vous parler du second tome des aventures de ce personnage publié aux États-Unis par AWA et en France chez Black River. Kaare Andrews est un artiste complet capable de choses excellentes, notamment d'adapter et de faire évoluer son style graphique, année après année et selon les exigences de l'histoire. Ici, il nous offre un comic book bubble gum et électrisant, qui est un peu la synthèse de décennies d'histoires du genre super héroïque. On y retrouve l'inspiration des grands classiques comme le Spider-Man de Lee et Ditko, contaminé par l'énergie du manga. Tout comme Spider-Man autrefois, Oliver fréquente l'école. Il est encore très jeune et il a un frère mieux bâti, dans les classes supérieures, tandis que lui est une sorte de petit nerd qui subit les brimades des autres camarades de sa classe. Le système scolaire américain est différent du nôtre et dès le plus jeune âge, certains élèves vivent sur une sorte de petit campus, dont l'atmosphère est ici présentée d'une façon tout à fait irréaliste mais qui permet de brosser une galerie de portraits attachants. Que ce soit la petite amie jalouse, rancunière et youtubeuse ou la principale déjantée et mièvre au possible, chaque personnage ajoute son grain de sel à la tragicomédie juvénile d'E-Ratic. Cette série fonctionne aussi grâce à cela, une plongée dans la préadolescence, ce moment où tout change, à fortiori quand vous êtes dotés de super pouvoirs et qu'on compte sur vous pour sauver le monde.
Cet album, c'est aussi l'occasion d'en apprendre un peu plus sur les pouvoirs du protagoniste, même si nous sommes encore loin, tout comme lui d'ailleurs, de maîtriser parfaitement la situation. Tout ça commence par un cauchemar assez effrayant, qui met en scène une créature qu'Oliver va rencontrer par la suite. Son identité sera à révélée dans les dernières pages; et ça se poursuit avec l'apparition d'une sorte de princesse venue d'un autre monde et une situation totalement improbable à l'école, avec des agents gouvernementaux qui viennent suivre la piste des possibles "renaissants" (c'est-à-dire individu doté de super pouvoir) et qui imposent d'étranges colliers pour contrôler tous les adolescents, dans leur moindre faits et gestes. Kaare Andrews est un meilleur dessinateur que scénariste et ce n'est pas lui manquer de considération que d'affirmer cela. Le récit est prenant, truffé de rebondissements, mais on a toujours cette sensation que certains d'entre eux sont un peu mal ficelés ou forcés. Néanmoins, on sourit beaucoup, on ne s'ennuie pas et les dessins sont absolument magnifiques. Alors bien sûr, il faut apprécier ce style clairement hérité du manga, cette énergie débordante qui suite largement de chaque page, ce petit côté cartoony avec des figures féminines toutes plantureusement avantageuses. La couleur de Brian Reber est au diapason et apporte un bénéfice très efficace. En réalité, si vous voulez convaincre un ado qui ne lit que du manga de se mettre aux comics, E-Ratic est peut-être la série qu'il faut pour le reconvertir progressivement en client fidèle. Loin d'être le titre qui révolutionnera le genre, voici en tous les cas le second volume d'un nouveau petit personnage au capital sympathie débordant, qu'on retrouve finalement avec plaisir chez Black River.
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