FANTASTIC FOUR L'HISTOIRE D'UNE VIE (EN POCHE)


 Fantastic Four, l'histoire d'une vie, dans la collection poche de Panini, pour moins de huit euros. Selon nous, ça méritait bien une piqure de rappel : 

L'histoire d'une vie, c'est Spider-Man qui en avait inauguré le concept. Qui consiste à raconter l'évolution d'un ou plusieurs personnages de l'univers Marvel à travers les décennies, tandis qu'il est réellement affecté par le passage du temps, c'est-à-dire la vieillesse, les drames, et un univers qui change au point de devenir petit à petit hostile ou méconnaissable. Bien entendu, cette aventure narrative n'a de sens que si jamais les éléments les plus significatifs de ce personnage sont maintenus en place. Ainsi, avec les Quatre Fantastiques aujourd'hui, nous allons retrouver le Docteur Fatalis, Galactus, le Silver Surfer, ou des ennemis comme le Penseur fou, sans oublier des faits comme le mariage de Ben et Alicia et la naissance de Franklin Richards. Mais tout ceci est amené différemment. Tout d'abord, la manière dont se forme l'équipe n'est pas tout à fait la même, tout en restant assez identique. Ensuite, le Docteur Fatalis n'est pas un collègue d'université de Reed Richards, mais un scientifique, tout comme lui, qui va l'aider dans ses travaux pour contrer la venue prochaine de Galactus, avant de déraper et d'utiliser ses talents pour asseoir une forme de domination mondiale, qui est selon lui la seule façon d'unir la planète et d'affronter ce qui va venir. Galactus, parlons-en... C'est une véritable obsession pour Richards, c'est-à-dire Mister Fantastic. Il est entré en contact télépathique avec l'alien et il sait que le dévoreur de planètes va venir tôt ou tard boulotter la terre. Il a beau avertir les autorités internationales, personne ne semble prendre la menace au sérieux. Du reste, c'est tout à fait crédible quand on voit qu'aujourd'hui le climat est déréglé et que tout le monde sait que nous allons affronter une crise majeure, sans pour autant que nous ayons l'air de nous en émouvoir réellement (je parle bien sûr des responsables politiques). La venue de Galactus, qui peut advenir dans 5, 10, ou 30 ans est une telle obsession pour Reed qu'elle finit par provoquer le délitement de sa vie sentimentale et personnelle. L'histoire d'une vie tourne donc à l'histoire d'un gâchis, à tout point de vue. 



Il est intéressant de noter que la fin de cet album est encore plus réussie que le début. La difficulté pour Mark Russell était d'écrire quelque chose d'autre, de s'éloigner des canons établis, sans décevoir les fans tatillons. La manière dont se déroule la rencontre du quatuor, son premier voyage dans l'espace, la découverte des pouvoirs, tout ceci est semblable et en même temps réellement différent de ce qu'ont raconté Stan Lee et Jack Kirby. Le rapport entre Reed Richards et Ben Grimm est vraiment explosif car ce dernier n'accepte pas la manière dont il a été utilisé, ce qui a littéralement détruit sa vie personnelle. La Femme Invisible l'est à tout point de vue, comme d'ailleurs n'importe femme dans la société des années 1960 ou 1970. L'obsession de Richards finit par lui coûter son épouse, et si dans les comics traditionnels le flirt de Susan avec Namor n'est jamais poussé très loin, ici il va en être bien différemment. La famille "fantastique" va aussi connaître un terrible drame et c'est finalement avec le temps qu'elle pourra se recomposer, ou même pour être plus précis, enfin être pleinement composée. Du coup, plus les enjeux s'élèvent, plus la tension grimpe, plus les Quatre Fantastiques méritent enfin cette appellation qu'on leur prête souvent, c'est-à-dire de la plus célèbre et formidable famille Marvel. Les deux dernières décennies, pour simplifier les deux derniers épisodes, sont vraiment poignantes; le temps a fait son effet, les FF sont enfin devenus ce qu'ils devaient être, et pour autant le moment est arrivé d'affronter la grande menace pour laquelle ils semblent s'être réunis depuis le départ. Une autre excellente surprise de l'album est la qualité du dessin de Sean Izaakse. Il est particulièrement efficace d'un bout à l'autre, ajoute une touche de modernité à ses planches tout en respectant le traditionnel style Marvel. Ses personnages sont tous très bien dessinés et il infuse de la conviction et du détail dans ces six numéros, pour en faire quelque chose d'esthétiquement réussi. Si les premières pages pouvaient nous faire redouter une saga qui a tendance à s'éloigner de son sujet, en réalité L'histoire d'une vie nous semble aboutie et vraiment pertinente car elle parvient à rétablir en cours de route  la situation, pour déboucher sur ce que nous attendions, c'est-à-dire un autre regard fascinant sur la longue et prolifique carrière des Fantastiques.  Après Spider-Man, une autre bonne surprise à classer au rayon de ces hommages vibrants à un univers narratif entré dans la légende.



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : TROUS DE MÉMOIRE


 Dans le 204e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Trous de mémoires que l’on doit à Nicolas Juncker, un ouvrage publié chez Le Lombard. Cette semaine aussi ,le podcast revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie de l’album De cuir et d’acier que l’on doit à Jeff Legrand pour le scénario, Geoffrey Champin pour le dessin et c’est publié chez Familiar éditions


- La sortie de l’album Bon vent que l’on doit à François Ravard, un titre préfacé par Zep et publié aux éditions Glénat


- La sortie de l’album Pillard de guerre que signe Philippe Pelaez au scénario, Francis Porcel au dessin et qui est publié chez Grand angle


- La sortie de l’album Ancolie que l’on doit à Salomé Lahoche et que publient les éditions Glénat


- La sortie de l’album Tu ne marcheras jamais seule que l’on doit à L’homme étoilé, un titre publié aux éditions Le Lombard


- La réédition d’Âme rouge, troisième volet des aventures de Blacksad qui bénéficie ici d’un grand format spécial anniversaire, un titre signé Juan Díaz Canales au scénario, Juanjo Guarnido au dessin et c’est publié chez Dargaud.



 
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MARVEL EPIC COLLECTION : THE COMING OF GALACTUS


 S’il est une collection que nous chérissons particulièrement chez Marvel, c’est bien la Epic Collection, qui permet de redécouvrir de vastes cycles issus des plus grandes séries de la Maison des Idées. Ces solides volumes de 400 à 500 pages, dotés d’une couverture souple, offrent un contenu des plus généreux, enrichi de nombreux bonus. Panini a tenté de les adapter en VF, mais le public n'a pas suivi, et le projet est tombé tristement à l'eau. L’ouvrage qui nous intéresse aujourd’hui est consacré aux Quatre Fantastiques de Stan Lee et Jack Kirby, et il est d’une importance capitale. On y retrouve trois moments fondateurs de la longue saga de ces héros emblématiques que le cinéma met à l'honneur en cette fin juillet. Premier temps fort : la confrontation avec des ennemis qui sont en quelque sorte leurs doubles maléfiques, les Terrifics (Frightful Four en VO). Eux aussi sont quatre, eux aussi ont des super-pouvoirs, mais ils les mettent au service du mal, animés d’une obsession tenace : éliminer les Fantastiques. Le plus dangereux est sans conteste le Sorcier, tandis que l’Homme-Sable et le Piégeur passent davantage de temps à se quereller qu’à nuire efficacement. On y retrouve également Médusa, ce qui ne manque pas de surprendre lorsqu’on connaît son rôle futur et ses véritables origines. Le deuxième grand moment de l’album est la découverte d’une race secrète, ayant évolué en parallèle de l’humanité, cachée depuis des siècles sur notre propre planète : les Inhumains. Médusa y réapparaît, cette fois comme membre d’un groupe dissident ayant fui le Grand Refuge, passé sous le joug de Maximus, le frère de Flèche Noire. Au passage, Johnny Storm, alias la Torche, tombe éperdument amoureux de Crystal, une jeune Inhumaine blonde et charmante qui ne tardera pas à jouer un rôle majeur dans l’univers Marvel. Leur idylle, à peine ébauchée, est déjà contrariée par l’incompréhension entre deux mondes. Les Inhumains, alors encore rigides et peu nuancés, gagneront en complexité et en profondeur au fil des années. Ils auront même une série sur le petit écran, mais une des pires du genre, pour laquelle le mot dispensable est bien gentil…



Troisième moment essentiel, et non des moindres : l’arrivée de Galactus sur Terre. Cette saga, qui donne son titre au recueil, débute par l’arrivée de son héraut, le Silver Surfer, chargé de lui dénicher des planètes à consommer lors de ses fringales cosmiques. Mais le Surfer, après avoir rencontré Alicia Masters, une sculptrice aveugle à l'humanité rayonnante, commence à douter de sa mission. Galactus, de son côté, apparaît encore sous une forme brute, dépourvue de l’aura majestueuse qu’on lui connaîtra plus tard. Son pouvoir est néanmoins colossal, et l’enjeu de cette confrontation n’est autre que la survie de la Terre. Appuyés par le Gardien Uatu, les Fantastiques livrent là un combat dantesque. L’un des grands sommets narratifs du Silver Age, qui témoigne de la puissance créative du tandem Lee/Kirby et de leur influence durable sur des générations de lecteurs. On notera cependant, en feuilletant ces pages historiques, quelques relents datés : un Reed Richards passablement paternaliste, prompt à rabrouer Susan, qui deviendra son épouse dans ces épisodes (eh oui, le mariage figure dans ce volume !). Quant à la Femme Invisible, elle semble parfois plus préoccupée par sa nouvelle coiffure que par les menaces planétaires, au grand dam de ses partenaires qui n’y prêtent guère attention… Du Stan Lee dans toute sa splendeur, avec ses élans verbeux, ses stéréotypes, mais aussi cette verve unique et ce souffle romanesque inimitable. Ajoutez à cela la puissance visuelle de Jack Kirby, qui déploie ici toute sa classe visionnaire, et vous obtenez un incontournable. Un concentré de mythologie Marvel à savourer sans modération, dont la version sur grand écran est une des grandes attractions de l'été. 


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FANTASTIC FOUR FIRST STEPS : DES PREMIERS PAS AVEC STYLE ET PARESSE


Spoiler possible (au sujet de comment arrêter Galactus uniquement)

 Avec The Fantastic Four : First Steps, Marvel Studios tente une nouvelle fois de réhabiliter ses pionniers mal-aimés du grand écran. Après une succession d'échecs plus ou moins retentissants en guise de fardeau, et un MCU en perte de vitesse (ne nous voilons pas la face), cette itération réalisée par Matt Shakman, sur fond de sixties réinventées et de crises existentielles, se veut à la fois reboot, manifeste esthétique et film à taille humaine. Mission réussie ? Pas tout à fait. Enfin, ça dépend de ce qui vous pousse à le voir, en fait. Sur le papier, l’idée est séduisante : abandonner le poids de la super continuité pour livrer un film autoportant, centré sur la dynamique familiale des Quatre Fantastiques. Et de fait, le film commence fort. Reed, Sue, Johnny et Ben ont déjà leurs pouvoirs, leur notoriété et leur QG sur Terre-828, une réalité alternative où l’architecture rétrofuturiste, les voitures volantes et les montres parlantes ont remplacé les références aux Avengers. Plus besoin de se farcir quinze films et six séries pour comprendre qui est qui : ici, chacun arrive en scène avec son rôle et sa charge symbolique. Et au diable la sempiternelle origin story, alors traitée à la manière d'un documentaire, film dans le film. Mais derrière cette liberté apparente se cache un paradoxe. En démarrant dans le vif du sujet, Shakman gagne du temps, mais perd en intensité. L’attachement aux personnages, censé être immédiat, tarde à se produire. L’intelligence scénaristique, qui condense les enjeux familiaux et cosmiques dans une intrigue resserrée, ne suffit pas toujours à pallier un déficit d’émotion qui s'avère assez criant, à plusieurs reprises. L’atout majeur du film reste son duo central : Pedro Pascal, en Reed Richards, incarne assez bien l’archétype du savant brillant rongé par ses doutes, tandis que Vanessa Kirby électrise l’écran en Sue Storm. C’est elle, véritable colonne vertébrale du récit, qui mène l’action, résout les conflits, et donne au groupe une humanité crédible. La scène de dialogue avec l’Homme-Taupe – réjouissante apparition burlesque de Paul Walter Hauser – résume à elle seule l’équilibre étrange du film : entre sincérité et second degré, absurdité et drame. L’intrigue, quant à elle, repose sur un dilemme audacieux : Galactus accepte de ne pas détruire la Terre, il réclame en retour… le fœtus de Sue. Un twist inattendu, presque dérangeant, qui aurait pu nourrir un drame dense sur la parentalité, le sacrifice et l’autonomie. Malheureusement, l’idée, puissante sur le papier, se dilue dans un final trop expéditif. La confrontation avec le Dévoreur de Mondes – massif mais fade – manque d’ampleur, et le prix à payer, pourtant déchirant, est traité sans réelle gravité.



Le reste du casting tient la route, sans vraiment sortir du lot. Johnny Storm amuse sans éclat, malgré une relation intrigante avec la Silver Surfer (Julia Garner, magnétique mais sous-exploitée). Ben Grimm, quant à lui, est relégué à l’arrière-plan, victime d’un montage visiblement amputé. Une bluette vaguement esquissée avec une institutrice (Rachel Rozman, rien à voir avec Alicia Masters) n’y change rien : La Chose reste ici un second couteau émouvant mais sacrifié. Visuellement, First Steps est un festin. Couleurs vives, décors stylisés, musique de Michael Giacchino aux accents sixties : l’univers alternatif séduit l’œil, même si l’ensemble finit par ressembler à une belle maquette sans âme. Le film hésite sans cesse entre plusieurs tons : space opera, fable familiale, parodie méta, épopée mélancolique… et finit par n’être vraiment aucun des quatre. C'est bubble-gum à souhait, joli, mais ça ne sert aucun ressort scénaristique (et ça permet de botter en touche pour ce qui est de raccrocher les wagons. Pour l'arrivée des F4 aux côtés des Avengers, il faudra patienter). En comparaison directe avec le Superman de James Gunn, sorti la semaine dernière, la défaite est patente. Là où Gunn parvient à infuser une modernité émotionnelle et sociétale dans un mythe archétypal, First Steps reste prisonnier d’une prudence stérile. On devine l’envie de bien faire, de surprendre, de réinventer. Mais tout semble bridé : les pouvoirs sont utilisés à minima (Mister Fantastic n'est pas si fantastique), l’humour est timide, les enjeux sont désamorcés. Hors de question de déplaire à une partie du public (sauf les défenseurs hardcore de Norrin Rad, bien entendu), là où Superman assume pleinement une vision anti trumpiste du monde et de l'Amérique. L'absence de prise de risque qui nous irrite tant, c'est par exemple lorsqu'il est question d'aborder de front la réaction de Reed Richards, lorsqu'il réalise que le sacrifice de son fils pourrait être le seul moyen de stopper Galactus. Le film aurait vraiment pris de l'ampleur s'il avait tenté d'insinuer sérieusement le doute, mis la petite famille au pied du mur ; au lieu de cela, tous ces choix atroces sont rapidement évacués (si j'y pense ? Non, Sue, je blaguais) tout comme d'ailleurs les réactions de la foule. Imaginez un peu une planète entière sur le point d'être dévorée, mais qui aurait encore une chance de s'en sortir, si pour cela on sacrifiait à sa cause un nouveau-né… Vous pouvez parier que la population se déchaînerait contre les Fantastiques et ferait tout ce qui lui est possible pour s'emparer du bambin. Tout au plus, on se contente de quelques huées et de journalistes qui boudent. C'est assez hautement improbable, tout comme il est dommage que la figure christique du Silver Surfer soit galvaudée et résumée, à un certain point, en une autre histoire de maternité. Au peuple irréductible de "le Surfer est un homme", objectons qu' il a en partie raison et en partie tort, puisque nous sommes de toute manière dans un univers parallèle non canonique, ce qui exclut pas à l'avenir de faire intervenir un Norrin masculin traditionnel, lorsque le travail de couture aura été réalisé, c'est-à-dire lorsque les Fantastiques auront rejoint la timeline classique du MCU. Ce sera pour très bientôt comme on peut s'en rendre compte dans une des deux scènes bonus à la fin du film. La seconde est totalement inutile et si vous partez avant la fin du générique, sachez que vous ne perdrez absolument rien pour la compréhension de ce qui suivra. Alors, échec ou (re)fondation prometteuse ? Disons que The Fantastic Four: First Steps est un film qui veut tout reprendre à zéro… sans oser prendre de vrais risques. Il avance prudemment là où il pouvait (dé)foncer. La famille est là, le terrain est balisé, nous voici rassurés. Pour le grand frisson, on verra plus tard.



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : L'AMOURANTE


 Dans le 203e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente L’amourante que l’on doit à Pierre Alexandrine, un ouvrage publié chez Glénat. Cette semaine aussi, il revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

La sortie de l’album Traqué dans l’espace que l’on doit à Chris Baldie et Michael Park qui cosignent le scénario pendant que Chris Baldie s’occupe de la partie dessin, un album paru aux Aventuriers d’ailleurs

La sortie du deuxième tome de la série La marche brume, un titre baptisé Les chimères que l’on doit à Stéphane Fert et qui est édité chez Dargaud

La sortie de l’album Vipère au poing, adaptation en bande dessinée par Frédéric Rébéna du roman signé Hervé Bazin, un titre paru aux éditions Rue de Sèvres

La sortie de l’album Mecs in progress que l’on doit à Lauraine Meyer avec la participation de Noëlla Bugni-Dubois pour un titre édité chez Steinkis

La sortie de l’album Qui arrête les colombes en plein vol ? un album que signe l’autrice Séverine Tales pour les éditions Payot graphic

La réédition au format poche de l’album Patrick Dewaere, et plus largement des 5 albums que sortent les éditions Glénat dans ce format, un titre signé Laurent-Frédéric Bollée au scénario et Maran Hrachyan au dessin.



 

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BATMAN SILENCE : NOUVELLE EDITION AVANT … HUSH 2 !


 Paru entre 2002 et 2003, Batman : Hush fête aujourd’hui ses 23 ans sous la bannière d’Urban Comics. Avant la suite (Hush 2) inattendue, qui pointe le bout de son nez en cet été (mais qui a déjà du retard aux States). L’occasion rêvée de revenir sur cette saga événement signée Jeph Loeb au scénario et Jim Lee au dessin, une œuvre qui conjugue polar, action débridée, romance contrariée et fan-service maîtrisé avec une virtuosité qui continue d'impressionner deux décennies plus tard. Ou de fatiguer, c'est selon. Tout commence dans les égouts nauséabonds de Gotham, où Batman pourchasse un Killer Croc plus difforme que jamais. Le justicier l’emporte sans sourciller, mais l’affaire se complique : la rançon destinée à libérer un riche otage a été subtilisée. L’élégante Catwoman y est pour quelque chose, mais la belle est sous l’influence de Poison Ivy, dont les courbes vénéneuses pourraient réveiller un cadavre. Batman tente d’intervenir, mais une mystérieuse main coupe son filin, le précipitant dans une chute brutale. Gravement blessé, Bruce Wayne est opéré par Thomas Elliot, un vieil ami d’enfance devenu neurochirurgien de génie — et accessoirement nouvelle figure majeure dans cet échiquier mouvant. Rétabli, Batman reprend l’enquête, cette fois en duo avec une Catwoman plus amoureuse que jamais. Leur relation atteint un sommet torride à Metropolis, sur les traces d’Ivy, où Superman — lui aussi manipulé — s’invite pour un combat fratricide d’anthologie. Au fil des épisodes, les pièces du puzzle se mettent lentement en place. Après chaque confrontation, une silhouette inquiétante apparaît, visage bandé à la manière d’une momie, tirant les ficelles depuis l’ombre. Ce personnage énigmatique, baptisé "Hush" (Silence), cristallise rapidement tous les soupçons. Est-il un vieux fantôme du passé, un pion déguisé, ou le vrai maître du jeu ?



Ce qui fait la force de cette histoire, ce n’est pas seulement la succession de péripéties ou le défilé de la quasi-totalité de la galerie gothamite — le Joker, Harley Quinn, l’Épouvantail, Ra’s al Ghul, Double-Face, et même Huntress — mais bien la manière dont tout s’agence dans une chorégraphie de tension parfaitement réglée. Certains y verront une simple revue d’effectif destinée à briller en vitrine. D’autres comprendront que c’est justement cette immersion dans l’univers complet du Chevalier Noir qui rend Hush aussi addictif qu’efficace. Et puis il y a Jim Lee. Rarement un artiste aura autant électrisé une série Batman. Son trait précis, dynamique, spectaculaire, redéfinit la grammaire visuelle du personnage pour toute une génération. Chaque planche semble conçue pour devenir un poster. Chaque case déborde d’énergie cinétique. Son Batman massif, félin, toujours au bord de l’explosion, incarne une puissance contenue à la perfection. Et Lee a manifestement pris son pied à croquer tous ces visages iconiques, en leur offrant une esthétique contemporaine sans jamais trahir leur essence. Quant à Loeb, il joue avec les archétypes comme un prestidigitateur avec ses cartes truquées. Il pousse même l’audace jusqu’à livrer au lecteur ce que tant d’histoires ont évité : une relation sincère, durable (en apparence) entre Batman et Catwoman, jusqu’à l’inévitable moment où Bruce lui révèle sa véritable identité. Un fantasme geek devenu réalité narrative, depuis réemployé dans une version mariage chic et choc par Tom King. Enfin, pour ceux qui aiment percer les mystères avant l’heure, un conseil : méfiez-vous des "nouveaux personnages" trop présents, trop vite installés. Loeb, vieux briscard de l’écriture télé et comics, connaît les ficelles, et s’en amuse. Le twist final — même s’il est anticipable — n’en reste pas moins savoureux. Batman : Silence, c’est un peu comme un blockbuster estival de luxe : généreux, calibré, parfois un brin trop démonstratif, mais toujours redoutablement efficace. Une porte d’entrée idéale pour les néophytes, un plaisir visuel et narratif pour les fans de longue date. Vingt ans plus tard, cette saga reste une pièce maîtresse de la mythologie de Batman, à lire, relire, et faire découvrir.



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SUPERMAN THE WORLD : ANTHOLOGIE COSMOPOLITE POUR LE KRYPTONIEN


 Il n’y aura donc pas de jaloux. Après Batman : The World, cette anthologie cosmopolite qui offrait une série d’épisodes courts mettant en scène le Chevalier Noir dans divers contextes nationaux, c’est au tour de Superman d’avoir droit au même traitement. Le timing, il faut le reconnaître, est parfait : l’Homme d’Acier est plus que jamais sous les feux des projecteurs. Commençons pour une fois, par deux remarques qui ne sont pas des plus flatteuses, mais qu’il convient néanmoins d'aborder librement. La première concerne les équipes artistiques mobilisées ici. Il faut le noter : le principe d’une représentation “nationale” est parfois réduit à un simple prétexte. Certains auteurs choisis, comme Jorge Jimenez pour l’Espagne ou Stevan Subić pour la Serbie, sont déjà des habitués des super-héros, et travaillent régulièrement pour DC Comics. Leur confier une histoire se déroulant dans leur pays d’origine est une idée logique, certes, mais qui s’avère peut-être moins surprenante – et donc moins stimulante – que lorsqu’un véritable pont culturel est établi entre DC et un autre univers graphique. Du coup, on préférera les contributions issues d’auteurs extérieurs à la sphère super-héroïque traditionnelle. Par exemple, Fabio Celoni pour l’Italie, bien plus connu pour son travail chez Disney, propose une relecture plus audacieuse.. Deuxième réserve : les histoires elles-mêmes. Trop souvent, elles cèdent à la tentation du cliché touristique. À Florence, Superman affronte une intrigue directement inspirée de La Divine Comédie ; en Allemagne, il est question d’un acier ultra-résistant ; au Brésil, au Cameroun ou au Mexique, il se heurte à des divinités locales ou à des échos incas. Bref, on surfe sur la carte postale, sur le folklore facilement identifiable, au détriment de la singularité ou de la profondeur. Un soupçon d’audace narrative n’aurait pas été de trop. À ce jeu-là, la France s’en tire mieux que beaucoup. L’épisode signé Sylvain Runberg (avec Martial Toledano) s’affranchit des clichés en nous immergeant dans un enfer urbain très quotidien : celui du métro parisien. La population y est… disons, pas toujours des plus chaleureuses. Offrir des vacances romantiques à Lois Lane dans la Ville Lumière n’a donc rien d’une sinécure, et le couple finira par s’échapper vers une destination bien plus logique – et recommandable – pour deux amoureux venus de Métropolis : la Provence. Ce récit, drôle et malin, compte parmi les meilleurs de tout le recueil.



Il est suivi, juste derrière, par un autre excellent épisode, lui aussi particulièrement éclairant sur ce qui fait l’essence même de Superman. Et comme par hasard, il s’agit du récit américain, signé Dan Jurgens et Lee Weeks – ce dernier prouvant une nouvelle fois qu’il est un dessinateur exceptionnel. Dans cette histoire, Superman affronte une créature gigantesque venue d'ailleurs, que l’armée s’empresse de vouloir éliminer sans chercher à comprendre les raisons de son apparition. Mais Superman, ce n’est pas la peur de l’Autre. Ce n’est pas un va-t-en-guerre, ni un soldat obtus. C’est un homme – ou plutôt un surhomme – qui tente toujours de comprendre ce qui pousse l’adversaire à agir. Il tend la main avant de brandir le poing. Et ces quelques pages, d’une grande justesse, condensent à elles seules l’éthique fondamentale du personnage, et la recette de son succès depuis plus de 85 ans. S'agissant d'une anthologie, il serait totalement inutile de dresser une liste exhaustive de tous les artistes et des différents synopsis, pour chacun des épisodes. Je vous laisse le plaisir de découvrir et de picorer ; clairement, certains sont vraiment très touchants et vont vous plaire énormément, d'autres sont probablement plus anecdotiques et cela va dépendre aussi de votre sensibilité. On retrouve un Superman à ses débuts pour la parenthèse en Inde, et même un superman beaucoup plus âgé, pour ce qui est de la République Tchèque. J'en ai déjà parlé plus haut, mais j'ai aimé les pages réalisées par Jorge Jimenez, qui emmène Superman dans sa ville natale de Granada, pour une journée malheureusement sans super pouvoirs, où il va faire tout un tas de petites rencontres et tenter de rester fidèle à ses habitudes, sans être capable de voler ou être invulnérable. Toute cette petite histoire reflète très bien ce que nous savons et aimons de Superman. Petite déception pour ceux qui auraient aimé retrouver Krypto dans les différents épisodes, ou qui aurait souhaité que les récits s'ouvrent à d'autres membres de la famille, comme Supergirl : ici c'est Superman et uniquement Superman, avec en plusieurs occasions lLois Lane et plus rarement Lex Luthor, des histoires de kryptonite. Une plongée donc vers l'essentiel, qui comme toutes les tentatives de ce genre n'a pas vocation à entrer au Panthéon du genre mais juste à souligner l'universalisme d'un personnage, qui peu importe sous quelle latitude on l'observe et on le lit, conserve des caractéristiques qui font de lui le héros part excellence, une image de ce que l'être humain peut avoir de meilleur. Silence final pour le dernier épisode au Japon, qui prouve que Superman et mangas sont aussi bien assortis que le jus de pomme et le saumon. 




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SIEGE OF DARKNESS : GHOST RIDER DANNY KETCH EPIC COLLECTION VOL.6


 Dans les années 1990, Marvel aimait les chaînes, les flammes, le cuir noir et les entités infernales. Avec Siege of Darkness, on tient l’illustration parfaite de cette période où tout devait être plus sombre, plus violent, plus mystique – quitte à y laisser un peu de cohérence en route. Ne cherchez pas dans votre collection de vieilles revues Lug puis Semic, il est question aujourd'hui de matériel inédit, du sixième volume de la Epic Collection consacré à Ghost Rider Danny Ketch, le Rider incontournable pour ceux qui sont nostalgiques de cette période gothique. Tout commence là où Road to Vengeance s’achevait : Lilith, mère des monstres, revient sur le devant de la scène accompagnée de ses enfants dégénérés, les Lilin. Mais surprise : elle a changé de patron. Fini Centurious, place à Zarathos, le démon très intime qui hante les origines mêmes du Ghost Rider. Face à eux, une brochette de héros et anti-héros en quête de rédemption ou de vengeance : Ghost Rider, Blaze, Vengeance (une sorte de Rider bis, incarné par Michael Badalino, un flic aux méthodes musclées), Morbius, Doctor Strange, les Nightstalkers et quelques seconds couteaux plus ou moins possédés par leurs démons personnels. Sur le papier, tout est réuni pour un grand événement horrifique à la sauce Marvel : l’apocalypse apporté par des brumes démoniaques, des civils carbonisés par paquets de douze, des motos en feu qui déchirent la nuit, des épées mystiques, des trahisons, des tunnels secrets sous les cimetières, des rituels et, bien sûr, un vieux grimoire ou deux (le Darkhold joue un rôle central dans cette histoire). C’est une parodie d'Inferno sous stéroïdes, plus proche de Hellraiser que de Harry Potter : sérieux, brutal, sans humour (il y en a un peu, mais pas de quoi se vautrer en hurlant de rire). Mais si Siege of Darkness a tout du blockbuster infernal sur le papier, c’est aussi un chaos éditorial en 17 parties, où le récit semble aussi perdu que ses héros. Difficile de suivre la trame d’un épisode à l’autre tant la qualité et le style des dessins fluctuent : certains numéros baignent dans une ambiance poisseuse et envoûtante, d’autres sombrent dans la confusion visuelle, à tel point qu’on se surprend à se demander qui sont parfois les personnages et si l'artiste au travail sur certaines planches est un vrai professionnel, ou un amateur recruté en convention contre un ou deux sketchs.



Le vrai plaisir vient de cette galerie de personnages en roue (crantée) libre. Tout le monde y passe, tout le monde a son moment de gloire ou de chute. Certains se font liquider, d'autres disparaissent, quelques-uns réapparaîtront dans une autre série, et d’autres sombreront dans l’oubli (mention spéciale au pauvre Pilgrim, rapidement évaporé). Morbius trahit tout le monde puis se ravise, Doctor Strange tente de garder le cap avant de subir une métamorphose, et la jeune Jinx explose de rage quand elle croit que Modred a tué Louise Hastings. Et puis il y a Salomé, la Sorcière Suprême d’avant la continuity traditionnelle, qui débarque sans prévenir pour voler la vedette à tout le monde et prépare son propre arc narratif ailleurs. On adore. Ou on est consterné. L’ensemble se lit comme une descente aux enfers orchestrée par un éditeur possédé : ça sent le souffre, la panique narrative, les deadlines trop serrées, mais ça se lit d’un trait. Il y a quelque chose d’étrangement attachant dans cette volonté de tout mettre sur la table – y compris ce qu’on n’avait pas demandé. Une sorte de carnage mystico-gothique qui joue la carte de la surenchère, quitte à ne plus trop se souvenir de ce qui a été raconté dans l'épisode précédent. Ce qui peut s'avérer frustrant dans cet album, c'est finalement le peu de pages qui sont réellement consacrées à Ghost Rider; il n'est qu'un personnage parmi tant d'autres et même si c'est dans son titre que nous trouvons le dessinateur le plus intéressant, à savoir Ron Garney, il n'empêche, nous avons bien peu de matière à nous mettre sous la dent. C'est pourtant une période décisive car petit à petit, le Rider aussi, sous sa forme démoniaque, s'est attaché à Stacy, la jeune femme amoureuse de Danny… et c'est toujours dans ce même volume que la révélation va avoir lieu : l'attirance qu'elle éprouve pour ce motard à tête enflammée et tout à fait compréhensible puisqu'il s'agit bel et bien de son fiancé. Le reste du temps, tous les héros de cette histoire sont trop occupés à se taper dessus, à disparaître sur le plan mystique, à souffrir et à jurer vengeance, pour qu'on puisse vraiment s'attacher à ce qui leur arrive. Bref, c'est la sinistrose la plus totale, probablement cet instant dans l'histoire ou les comic books qui étaient devenus gothiques à souhait ont carrément viré dans le délire, sans se soucier de ce qu'ils étaient en train de raconter. Siege of Darkness aurait pu être le renouveau glorieux des Midnight Sons. Ce fut leur chant du cygne. L’événement censé les propulser a fini par les consumer. Si vous lisez l'anglais décemment, vous avez une chance de tout dévorer d'un coup. Courage ?



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SUPERMAN FOR ALL SEASONS : LES 4 SAISONS DE L'HOMME D'ACIER


 Il y a des œuvres qui s’attachent à raconter les origines d’un mythe, assez besogneuses, et d’autres qui cherchent à comprendre ce qu’il y a derrière, avec intelligence et savoir faire. Superman : For All Seasons fait indéniablement partie de cette deuxième catégorie. Publiée à la fin des années 1990 par Jeph Loeb et Tim Sale, cette mini-série en quatre épisodes se place dans le sillage de Batman : Year One ou The Long Halloween, non pour offrir une réécriture spectaculaire des débuts du héros, mais pour dresser un portrait intime, fragile et profondément humain de Clark Kent. Le pari est simple : montrer Superman non pas comme l’Homme d’Acier invincible, mais comme le garçon du Kansas qui doute, qui tombe, qui espère – et surtout, qui fait ses propres choix. Si ça ne vous rappelle pas ce que vous venez (peut-être) de voir au cinéma, que le grand cric me croque. Chaque épisode de la quadrilogie est calé sur une saison – printemps, été, automne, hiver, je ne vous apprends rien – et porté par un narrateur différent. Quatre voix, quatre regards qui participent à définir qui est Superman. Au printemps, Jonathan Kent prend la parole. C’est l’époque des promesses et des commencements : Clark est encore lycéen à Smallville, ses pouvoirs évoluent, et son identité est en pleine mutation. Cette saison inaugure une transition, celle de l’enfance vers l’âge adulte, de Clark vers Superman. Loeb y excelle dans la simplicité avec la figure du père, dépassé par ce fils devenu plus fort que lui, mais déterminé à lui transmettre une boussole morale. Tim Sale, de son côté, pare cette chronique douce-amère de couleurs pastel, de traits ronds, presque tendres, qui soulignent la chaleur d’un foyer, mais aussi le vertige d’un futur incertain. En été, c’est Lois Lane qui prend le relais. Nous voilà à Metropolis, en pleine lumière. Superman est apparu au grand jour, et ses actes héroïques captivent les foules autant qu’ils déconcertent. Pour Lois, figure cynique du journalisme urbain, l’homme venu des cieux est une énigme troublante : pourquoi, avec de tels pouvoirs, choisir d’aider plutôt que de dominer ? Cette question fondamentale irrigue toute l’œuvre. Le Superman de Loeb n’est pas une divinité bienveillante, mais un homme qui choisit chaque jour de faire le bien. La scène où il rentre seul dans son appartement, baigné d’un bleu crépusculaire, dit mieux que mille discours le poids de cette vocation. Ce serait si facile de céder, après tout.



Puis vient l’automne, le temps du doute, du déclin. Lex Luthor s’empare du récit. Génial, manipulateur, visionnaire, Luthor est ici dépeint comme un homme blessé d’amour-propre, ulcéré de voir sa ville préférer ce messie tombé du ciel. Pauvre chou. Son combat contre Superman n’est pas motivé par la kryptonite, mais par une jalousie fondée : il hait ce que Superman révèle de lui-même, son impuissance à inspirer, à élever. Et, plus retors encore, il décide de s’en prendre non pas aux muscles de son rival, mais à sa morale. C’est en cela que Luthor est grand : il comprend que la véritable faille de Superman, c’est son humanité. L’hiver, enfin, est confié à Lana Lang. Amie d’enfance, amoureuse contrariée, elle incarne à la fois le souvenir d’une innocence perdue et l’amertume d’un avenir rêvé puis trahi. Elle aussi souffre du départ de Clark, de sa transformation. L’hiver est celui des regrets, des chemins séparés. Mais c’est aussi, à travers la neige et le silence, le moment d’une renaissance. Lana et Clark, chacun à leur manière, acceptent leur solitude, et tirent de cette mélancolie une force nouvelle. Superman n’est jamais aussi grand que lorsqu’il doute – et ces Saisons nous le rappellent avec une infinie tendresse. Le point commun de ces quatre histoires, c’est Smallville. La ferme des Kent devient le cœur battant : un refuge, un repère, une ancre. Clark y revient toujours, que ce soit pour se reconstruire, pour se souvenir, ou simplement pour respirer. Là où Batman est né dans une ruelle, Superman, lui, a grandi dans un champ de maïs et baigné d'amour. Toute la différence est là. Le trait de Tim Sale sublime cette approche. Il capture à la perfection la dualité Clark/Superman : corps massif dans une salopette trop courte, puis silhouette filante dans le ciel. Son art est fait d’ellipses, de suggestions. Peu de lignes, mais toujours le bon geste. Et les couleurs enveloppent l’ensemble d’une lumière douce, presque sépia, qui évoque autant les souvenirs d’enfance que les instants suspendus. For all seasons est l’une des plus belles œuvres jamais consacrées à l’Homme d’Acier. Elle répond à une question que trop peu de récits prennent le temps de poser : pourquoi ? Pourquoi Superman est-il Superman ? Et la réponse, ici, ne tient ni à Krypton, ni au soleil jaune, ni aux collants rouges. Elle tient à une poignée de gens ordinaires, à un père et une mère qui croient en lui, à une amie d’enfance, à une ville qui l’a vu partir et où il a ses racines. Urban Comics en propose une version "prestige" depuis la fin juin, sur le modèle de ce qui vient d'être fait avec All-Star Superman.




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LE SUPERMAN DE JAMES GUNN : SUPERMAN EST TOUJOURS BEL ET BIEN VIVANT !


 Avec son Superman tant attendu, James Gunn ne signe peut-être pas un film destiné marquer à jamais le cinéma de son empreinte… mais il livre assurément un excellent film de super-héros. Un de ceux qui réussissent à conjuguer spectacle familial, réflexion humaniste et passion/connaissance pour son médium d’origine. Le pari était risqué : relancer l’univers de la Distinguée Concurrence après les échecs et les errements du DCU précédent. Mais Gunn, en vieux briscard du genre, semble avoir compris l’essentiel : Superman ne se résume pas à une cape rouge et une mâchoire carrée en béton armé. Il est, d’abord, un symbole de bonté désarmante, d’humanité sans filtre, d’espoir candide dans un monde qui s’en méfie. Subversif, non ? Dès les premières scènes, Gunn coupe court aux poncifs et nous évite la litanie des origines : pas de chute de Krypton, pas de révélation larmoyante des pouvoirs, pas même le sempiternel malentendu avec Lois Lane, qui se laisser berner par une simple paire de lunettes : ici, elle est déjà en couple avec Clark depuis trois mois et sait tout la double identité de son fiancé à l'épreuve des balles. Superman existe déjà, reconnu des foules, actif depuis plusieurs années, dans un monde où les méta-humains font partie de l’histoire depuis trois siècles. C’est un univers inédit qui n'a pas l'ambition d'être trop réaliste, inspiré par les pages bariolées des comics plutôt par les manuels de stratégie militaire. Tant mieux, car on n'en pouvait plus de la sinistrose ambiante, de l'envie de tout rendre tendu, contemporain, martial, iconique. Un peu de sain divertissement, de temps en temps, personne n'est contre. Loin du dieu tourmenté incarné jadis par Henry Cavill, le Superman de David Corenswet est sans doute le plus vulnérable à ce jour. Il saigne, vacille, doute, tombe, mais se relève. Dans le privé, il est même susceptible de se prendre le chou avec sa fiancée pour des questions déontologiques ou d'idéaux. Il n’a pas non plus besoin de lunettes pour jouer les humains : il l’est profondément, jusque dans ses maladresses, ses hésitations, et une politesse old school qui ferait rougir Captain America. Gunn le montre généreux, parfois naïf, mais jamais ridicule. Une figure de l'héroïsme d'autrefois, devenue presque incongrue à force d’être sincère, qui mord la poussière et s'en remet à un super chien (Krypto) quand les événements l'y poussent. Face à lui, un Lex Luthor glaçant, campé par Nicholas Hoult, mi-Elon Musk mi-sociopathe visionnaire, obsédé par le pouvoir technologique et la domination symbolique. Certes, le personnage manque clairement d’épaisseur et de subtilité, mais sa dangerosité réside justement dans cette simplicité brutale : il incarne les travers d’un monde obsédé par le rendement, l’influence et l’immortalité digitale. Son armada de singes-bots occupés à troller Superman sur les réseaux sociaux est une des fulgurances les plus drôles et mieux senties de toute l'histoire des cinécomics. Rien que pour ce genre de moment, on l'aime, James Gunn.



La réussite du film repose aussi sur son casting presque impeccable. Rachel Brosnahan donne à Lois Lane un mélange d’aplomb, d’ironie et de détermination qui en fait une co-protagoniste à part entière, sans avoir besoin de la sexualiser à outrance. Les personnages secondaires, de Jimmy Olsen à Guy Gardner en passant par Mr. Terrific ou Hawkgirl, existent chacun à leur manière, sans jamais faire tapisserie. Et sans qu'il soit nécessaire de revisiter leurs costumes improbables des comics, sans parler de l'odieuse coupe au bol du Green Lantern, nec plus ultra de l'audace capillaire. Même les scènes d’action, un peu trop nombreuses en fait, sont convaincantes et nous font trembler pour un héros qui à priori à toutes les cartes en règle pour s'en sortir sans gros ennuis. Ce Superman ne se contente pas de tordre le cou aux habitudes : il revendique un héritage, celui du Superman de Richard Donner, dont il utilise ouvertement le thème musical, tout en injectant çà et là des clins d’œil à All-Star Superman, aux Super Friends, ou à d'autres versions plus loufoques du passé. Gunn connaît la matière, et surtout, il en devine le potentiel. Il sait que Superman, depuis ses origines, est un personnage politique, un immigré surpuissant dont l’histoire parle d’exil, d’acceptation, et de bien commun. Pas besoin de discours appuyés : le film le rappelle avec tact, humour et une forme de tendresse un peu désuète mais assumée. De quoi donner des sueurs froides aux super trous du cul qui parlent de long métrage super woke. Cet instant jouissif et pathétique où vous réalisez que malgré des décennies d'aventures et une ribambelle de films, ces rachitiques du bulbe n'ont toujours pas saisi qui est Superman. Alors oui, tout n’est pas parfait. La bande-son, sans éclat. Quelques longueurs en milieu de parcours. Un monde en construction qui peine parfois à trouver son équilibre entre exposition et narration. Mais ces défauts, loin d’handicaper le film, lui donnent un certain charme artisanal (c'est drôle quand on connait le budget), une sincérité qui contraste agréablement avec le cynisme ambiant du genre. Avec Superman, James Gunn lance son DC Universe sur des bases solides : pas de révolution esthétique, pas de complexité tordue à la Nolan, pas de testostérone monochrome à la Snyder. Juste un film qui croit encore en quelque chose, qui croit aussi que le super-héroïsme dans les salles obscures peut avoir des lendemains qui chantent encore. C’est peut-être ça, aujourd’hui, être original, ou punk rock, comme le dit Lois à un certain point. Ramer contre le courant pour se rapprocher de la source, accepter l'idée que ce n'est pas l'exotisme de la destination qui compte, mais là où on veut aller vraiment, et pourquoi. Gunn a coché presque toutes les cases, sans avoir peur de la dérision, du grand guignol, du ridicule. Il a fait un film qui ressemble fort à ce qu'il aime trouver dans un comic book, et par là-même, il a peut-être bien ressuscité tout un genre moribond et lui a offert un semblant de début de nouvelle légitimité. Super fort, non ?



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MOON KNIGHT LE POING DE KONSHOU : VENGEANCE ET PAILLETTES



 Ressuscité pour la énième fois, Marc Spector entame un nouveau chapitre de sa carrière de justicier nocturne dans Moon Knight : Fist of Khonshu, relaunch post-Blood Hunt qui, sous couvert de numéro #1, s’inscrit dans la continuité directe de la série précédente. Toujours avatar de Khonshou, divinité lunatique et capricieuse, Marc tente tant bien que mal de jongler entre ses multiples personnalités et une criminalité new-yorkaise qui, elle, ne prend jamais de vacances. Le travail se réorganise dans l’église reconvertie qu'est la Mission de Minuit, QG de notre héros un poil dérangé, avec un retour aux fondamentaux : protéger les voyageurs de la nuit, qu’ils soient menacés par des dealers ou des super-vilains en mal de sensations fortes. Un nouveau venu, Achilles Fairchild, écoule une drogue surnaturelle baptisée Poudre de fée — de la poussière magique qui tue autant qu’elle fait planer. S’ensuit une première confrontation tendue dans un night-club et une plongée dans l’univers glauque d’une ville de New York rongée par la magie et le vice. Le scénario de Jed MacKay jongle avec efficacité entre exposition, dialogues tendus et séquences d’action. Il articule initialement son intrigue autour de deux lignes narratives complémentaires : les investigations de Mr. Knight d’un côté, et celles de deux policiers new-yorkais, Flint (retraité) et Frazier (en fonction), de l’autre. Les conversations autour d'une table sont aussi savoureuses que les échanges de coups de poing avec des vilains de seconde zone — mention spéciale à Cubist, antagoniste conceptuel et légèrement ridicule, dont les phéromones perturbent la réalité (et les narines). On n'oublie pas non plus le super-héroïsme plus classique, avec une incursion chez Tony Stark pour analyser la nouvelle drogue et tenter de créer un antidote. Stark oriente Spector vers une super-scientifique déjà croisée dans Avengers Inc. et liée à Tigra, qui partage ici une scène intime et tendue avec Marc — preuve que la série sait aussi ralentir pour explorer les failles émotionnelles de son héros. Et ça c'est chouette !



Mais la star de cet album reste sans conteste Alessandro Cappuccio, qui signe ici ses adieux à Moon Knight avant de filer dessiner Ultimate Wolverine. Son trait, désormais affûté comme une lame de croissant lunaire, marie élégamment la rugosité du polar urbain à la fantasmagorie mystique du personnage. Les combats sont chorégraphiés avec une grâce brutale, tandis que les visages — au départ encore hésitants — captent aujourd’hui l’ambiguïté et la tension de manière saisissante. Le tout est sublimé par la colorisation de Rachelle Rosenberg, fidèle partenaire de Cappuccio. Sa palette oscille entre bleus nocturnes, éclats lunaires et éclairs surnaturels. Le costume de Moon Knight brille comme une balise dans les ténèbres, tranche avec les néons blafards des clubs, c'est du grand art ! Du coup, la crainte de ce qui va suivre est légitime. Et ce sont deux dessinateurs qui vont se relayer, dès lors, avec l'italien Domenico Carbone, et Devmalya Pramanik. Petite rupture stylistique avec le premier, qui met dans ses pages une sacrée énergie encore brute et promet beaucoup de belles choses dans les mois à venir. Le second se rapproche plus de Cappuccio, avec moins de méticulosité et des compositions un peu plus chargées, mais ça fait agréablement le job, et la série a le mérite de ne pas tourner le dos à son identité graphique et tente de creuser un chemin cohérent. On a aussi le plaisir de réentendre parler de Hank Pym, personnage malmené et trahi par Marvel ces dernières années, et d'être amené vers une confrontation ultra musclée entre Moon Knight et Fairchild, qui n'est pas vraiment le mafieux lambda qu'on pourrait croire dans un premier temps. Bref, sans atteindre des sommets stratosphériques, le titre du Chevalier de la Lune reste un de ceux qu'on recommande toujours aux lecteurs qui veulent passer un bon moment avec la Maison des Idées.



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WHAT IF ..? GALACTUS - NE ME DEMANDEZ PAS POURQUOI...


 Impossible d’échapper à Galactus pendant ces vacances estivales de 2025. Il faut dire qu’un film longtemps attendu consacré aux Quatre Fantastiques débarque enfin au cinéma, et, pour ne rien gâcher, votre magazine préféré a choisi de dédier sa couverture de juillet au Dévoreur de planètes. De quoi raviver l’enthousiasme des foules et inciter les lecteurs à découvrir la dernière publication en date proposée par Panini, un album mettant à l’honneur le personnage. Ce volume réunit cinq récits indépendants, les fameux What If…?, ces scénarios hypothétiques — mais clairement alternatifs — qui imaginent ce qui se serait passé si un élément crucial de l’histoire Marvel avait été modifié. Le thème ici : les hérauts de Galactus, c’est-à-dire ses messagers, ces éclaireurs galactiques dont la mission consiste à trouver des planètes à dévorer pour leur maître, guidé par une faim insatiable. Le plus célèbre d’entre eux reste bien sûr le Silver Surfer, mais d’autres ont endossé ce rôle au fil du temps, comme Terrax ou Nova. Dans cet album, ce sont cinq personnages Marvel totalement inattendus qui se retrouvent investis du Pouvoir Cosmique, chacun pour des raisons bien distinctes. L’ouverture se fait avec Bruce Banner, alias Hulk, qui choisit de s’exiler dans l’espace pour ne plus représenter une menace sur Terre. Mais, là encore, rien ne se passe comme prévu : la créature de jade est bientôt rongée par les remords et comprend qu’il reste, une fois encore, une machine à destruction. On découvre ensuite ce qui arriverait si Gambit, des X-Men, devenait à son tour un héraut de Galactus. Cette fois, le Dévoreur a besoin de ses services pour subtiliser une planète récemment acquise par le Collectionneur : une réplique de son monde natal qu'il croyait perdu. Pris de nostalgie, il demande au X-man de s’emparer de ce précieux fragment de son passé. Et qui mieux que le Cajun pour ce genre de mission discrète ? Mais, évidemment, rien ne va se dérouler selon les plans initiaux. 



Moon Knight aussi est de la partie. Dans une ambiance plus sombre et mystique, Marc Spector devient le héraut d’un Galactus affaibli, qui a tué Konshou, le dieu égyptien de la Lune. Mais force est de constater que tout cela est franchement mauvais. Voir Moon Knight se rebeller contre le Dévoreur de mondes, dans un récit absurde dénué du moindre intérêt, relève presque de la parodie involontaire. Que dire ensuite de l’épisode mettant en scène Malicia, juste avant qu’elle ne rejoigne la Confrérie des Mauvais Mutants ? La voici embarquée dans l’espace en tant que messagère de Galactus, après avoir embrassé le Silver Surfer écrasé sur Terre, lui avoir volé ses pouvoirs, puis décidé de se rebeller contre Galactus lui-même. Elle lui mène la vie dure… mais c’est surtout le lecteur qui trinque en parcourant ces pages d’une stupidité abyssale. Cerise sur le gâteau : une traduction bâclée, dont les dialogues ne veulent strictement rien dire. À force de vouloir interpréter gauchement le texte original, on sent que le travail a été fait à la va-vite, suivant l’expression bien connue au « cul du camion », et sans la moindre motivation. Et le pire reste à venir. Une vingtaine de pages absolument illisibles, où Gwen Stacy, sous l’identité de Ghost-Spider, devient l’héroïne de Galactus. On y mélange cosmique et fantasy dans une histoire incohérente au possible. Il faudrait que je la relise pour vous expliquer ce que j’ai lu, mais très sincèrement, une fois m’a largement suffi. Il est hors de question que je m’inflige une seconde dose de cette purge. On referme donc l’album avec le sentiment d’avoir été pris pour des imbéciles. Tout commençait relativement correctement, et puis, au fil des pages, c’est devenu un véritable défilé d’absurdités. Une insulte à l’intelligence — mais surtout le genre d’album capable de vous dégoûter des comics Marvel ou de vous donner envie de faire une pause. Si l’objectif était de faire découvrir Galactus à un lectorat novice, c’est totalement raté : il risque de prendre ses jambes à son cou. Et si, au contraire, l’idée était de garnir les étagères des lecteurs fidèles de Marvel, c’est peut-être encore pire. Il ne faudra pas s’étonner si ces derniers finissent par aller voir ailleurs. Quant aux artistes impliqués, ils changent à chaque épisode, avec pourtant quelques grands noms au générique (Nocenti, Eaton, Groom). Mais, au vu de cette déroute finale, il vaut peut-être mieux taire leur participation.


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SUPERMAN ORIGINES SECRÈTES EN DC PAPERBACK CHEZ URBAN COMICS


 Les origines de Superman ont déjà servi de prétexte à de nombreux récits, tous proposant des variations sur le même thème, avec à chaque fois une version subtilement différente des moments fondateurs du plus grand héros de l’univers DC Comics. Mais c’est peut-être Geoff Johns qui livre ici la version la plus accessible et la plus naturelle, avec ses Origines Secrètes, republiées chez Urban Comics dans la nouvelle collection DC Paperback. Personne, en effet, n’ignore la genèse de Superman. Même ceux qui ne lisent jamais de comic books savent que le petit Kal-El a atterri sur notre planète à bord d’une fusée, dernier survivant de la planète Krypton, et qu’il a été recueilli par une famille d’Américains moyens du Kansas, les Kent. Geoff Johns, qui avait déjà signé un Green Lantern : Secret Origins au cours de sa prolifique carrière, s’amuse ici avec le personnage le plus iconique de toute la bande dessinée super-héroïque. Le cahier des charges est respecté à la lettre : de l’émotion, de bons sentiments (les parents adoptifs et l’amour inconditionnel qu’ils transmettent à leur fils), les figures incontournables de la série (Lex Luthor, la première romance avec Lana Lang, suivie de Loïs Lane), et tous les piliers qui soutiendront ensuite la légende du héros. C’est aussi un récit initiatique, dans lequel le jeune Clark découvre peu à peu ses incroyables pouvoirs — invulnérabilité, vol, vision thermique, entre autres. John Byrne avait déjà raconté à merveille à peu près la même histoire juste après Crisis on Infinite Earths, avec Man of Steel, un titre qui avait permis de remettre un peu d’ordre et de cohérence dans le panthéon parfois chaotique de Superman. Vingt ans de récits et de continuité malmenée ont sans doute justifié cette nouvelle relecture. Et soit dit en passant, elle constitue un excellent point d’entrée pour les nouveaux lecteurs. Elle propose en effet une version claire et définitive des événements ayant précédé les aventures modernes de Superman, du moins pour la période classique de l’univers DC. Depuis, les New 52 et toute une série de nouvelles "époques" sont passés par là, et la donne a encore changé. Pas forcément pour le mieux, si vous voulez mon avis.



Il faut aussi dire que l’ensemble est raconté avec beaucoup de justesse, et même une certaine légèreté. Certaines scènes font sourire, comme celle où le jeune Kent, encore novice, embrasse pour la première fois la douce Lana — ce qui déclenche au passage sa vision thermique. Une jolie parabole qu’il est inutile de vous expliquer davantage… (Dans le même registre, on pense à Peter Parker, ado frustré, s’entraînant seul dans sa chambre à projeter une toile d’araignée gluante.) Clark Kent devra aussi apprendre ce qu’est l’amitié, ou du moins tenter de l’approcher, face à un génie arrogant et retors comme Lex Luthor. L’écueil d’une relation ambiguë, saturée de bons sentiments (on pense à Smallville, par exemple), est ici évité avec brio. Ce Luthor-là est un véritable salaud, qu’on prend un malin plaisir à détester. Clark devra aussi trouver les bons stratagèmes pour préserver son identité secrète — ce qui, rétrospectivement, fait sourire quand on se rappelle qu’il y parvient depuis des décennies avec un peu de gel et une vieille paire de lunettes. Johns nous entraîne également dans le futur, aux côtés des Légionnaires de Brainiac ou de Saturn Girl, histoire de revisiter avec habileté la période Superboy du personnage. Les nouveaux lecteurs de l’univers DC qui souhaitent en apprendre davantage sur le plus célèbre des Kryptoniens, tout comme les nostalgiques qui ont apprécié à sa juste valeur Superman for All Seasons de Loeb et Sale, ne passeront pas à côté de cet album simple, efficace et sincère. Le tout est sublimé par le trait pur, clair et rassurant d’un Gary Frank très inspiré. Une maîtrise graphique qui suinte l’émotion, la retenue, et surtout l’amour du personnage et de son univers délicieusement rétro.


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FANTASTIC FOUR L'HISTOIRE D'UNE VIE (EN POCHE)

 Fantastic Four, l'histoire d'une vie, dans la collection poche de Panini, pour moins de huit euros. Selon nous, ça méritait bien un...