CYBORGS TOME 1 : RONIN (CHEZ SOLEIL)


 Tous les amateurs de science-fiction et d’anticipation ont rendez-vous chez Soleil pour le premier tome d’une nouvelle série en cinq albums : Cyborgs. Nous sommes projetés dans un futur où une terrible guerre nucléaire a ravagé la planète, au point que l’humanité a été contrainte de vivre durant plusieurs siècles sous terre, dans d’immenses cités-silos. À la suite d’un conflit tout aussi sanglant entre plusieurs de ces factions, les hommes sont finalement revenus à la surface. Désormais, ils vivent à l’abri, dans d’immenses villes-États tentaculaires, cernées par un désert aride et inhospitalier. L’action se déroule à Europa, une cité dont le gouvernement est tombé aux mains d’un dictateur prêt à recourir aux pires violences pour asseoir son pouvoir : Markus Tudor. Il s’appuie sur une milice surentraînée, dirigée notamment par Akira, l’un de leurs formateurs d’élite. Mais ce dernier ne partage en rien les idées de son employeur et songe sérieusement à le quitter. Akira a toutefois une responsabilité à laquelle il tient : Yuko, une jeune fille handicapée de naissance. Ses deux bras, remplacés par des prothèses en plastique rudimentaires, l’empêchent de vivre comme vous et moi. En revanche, elle a suivi un entraînement intensif qui fait d’elle une redoutable combattante. Avec ses pieds, par exemple, elle est capable de mettre n’importe qui au tapis. Cette gamine fait preuve d’un courage et d’une audace peu communs ; même amputée de deux membres, elle est une véritable arme humaine, rapide, agile, percutante. Mais voilà : Tudor semble chaque jour plus décidé à écraser la population sous son joug. Sa dernière loi, aussi terrifiante qu’abjecte, propose ni plus ni moins que l’euthanasie de tous les êtres « imparfaits ». Autrement dit, toute personne née handicapée devra être supprimée dès la naissance. Pour Akira, c’en est trop, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.



Deux choses frappent particulièrement à la lecture de ce premier volume de Cyborgs. D’abord, la qualité exceptionnelle du travail de construction de cet univers futuriste et technologique, imaginé par le scénariste Jean-Luc Istin et magnifiquement concrétisé par Dim D. Ensemble, ils parviennent à bâtir un monde à la fois saisissant, cohérent et crédible. Le tout est ensuite sublimé par Kael Ngu, que les amateurs de comics connaissent bien pour ses nombreuses variantes de couvertures au style ultra-réaliste. Ici, il régale les lecteurs avec des planches fouillées, précises, d’une grande puissance visuelle. Le traitement graphique de cet ouvrage est tout simplement remarquable. La seconde qualité qui saute aux yeux, ce sont les dialogues : ça fuse, ça claque, avec ce qu’il faut de familiarité, parfois de vulgarité, mais toujours avec naturel. La petite voix de Yuko nous guide d’un rebondissement à l’autre, avec une fraîcheur et une justesse qui emportent l’adhésion. Là encore, c’est une réussite. On pourra éventuellement tiquer devant les prouesses spectaculaires de la gamine, presque aussi dangereuse en combat qu’un Wolverine de chez Marvel — sauf qu’elle utilise ses pieds à la place des griffes. Mais si l’on accepte cet excès d'ardeur, on se laisse très facilement happer par le récit. Il regorge de coups de théâtre, d’un antagoniste absolument odieux, d’une société fascisante qui fait froid dans le dos, et d’un mentor charismatique, Akira, vieux sage et combattant hors pair, que l’on apprend à adorer dès les premières pages. Ronin, c’est l’histoire d’une chute : celle d’un collaborateur précieux du pouvoir, devenu cible à abattre. C’est aussi une traque impitoyable, et le passage brutal à l’âge adulte pour une héroïne qui nous accompagnera (avec d'autres) dans cette nouvelle plongée audacieuse dans la science-fiction de demain. Faites ce que vous voulez, mais si j’étais vous, je donnerais vraiment sa chance à cet univers. Il nous a sincèrement séduits.


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UNIVERSCOMICS LE MAG' 51 - ENTREZ DANS L'ENERGON UNIVERSE




 UNIVERSCOMICS LE MAG' 51 - Avril 2025

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Pour lire en ligne ou télécharger votre copie :

https://madmagz.app/fr/viewer/67d8689605e6f60014126bc8

Ou encore ici :

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Sommaire : 

* L'#energonuniverse de #robertkirkman à retrouver chez Urban Comics 

* Les lectures V.O avec Minor Arcana de #jefflemire, le reboot de #witchblade et Hit Me chez AWA Studios 

* Le cahier critique avec les sorties du mois écoulé. Des comics et des BD chez Panini Comics France Urban Comics, Delirium Éditions Soleil Delcourt Comics Aventuriers d'Ailleurs 

* David Messina en tournée française avec le Comic Shops Assemble 

* Le podcast #lebulleur et toute l'actualité de la #BD 

* Preview : #fantasticfour fanfare #1


Couverture superbe de #joelseguin passée entre les bras robotiques experts de #benjamincarret 


Un grand merci à tous pour votre soutien. UniversComics, c'est la page, les réseaux sociaux, le blog, le magazine mensuel. Les comics, la BD, rien que pour vous. N'oubliez pas que pour nous aider, la seule solution est de PARTAGER cette publication ! Merci ! Bonne lecture ! 

SUPERMAN SPACE AGE : L'HOMME DE DEMAIN D'HIER À AUJOURD'HUI


Lorsque la fin de toute chose approche, vient également le moment de se retourner sur le passé, d'examiner ce qui a été, de reconsidérer les existences et d'en tirer une leçon. Ainsi, face à la catastrophe d'une destruction planétaire, Superman remonte le fil de son histoire, depuis l'immédiat après-guerre – époque où l'humanité entre dans une nouvelle ère avec l'avènement de l'énergie nucléaire – jusqu'à l'assassinat du président Kennedy. C'est à ce moment charnière que Clark Kent, extraterrestre recueilli et élevé par les époux Kent dans une ferme du Kansas, décide de révéler ses dons au grand public. Il devient Superman, non pas seulement pour sauver ce qui peut l’être, mais surtout pour insuffler de l’espoir au monde. Car en vérité, l’humanité n’a pas tant besoin d’être sauvée qu’elle a besoin d’un guide, d’une lueur d’espérance. C’est dans cet esprit que Superman, accompagné de ses camarades dotés de pouvoirs extraordinaires, fonde une association de justiciers, réunis au sein d’un vaste Hall de Justice. Ensemble, ils affrontent des menaces telles que Brainiac, un envahisseur extraterrestre, ou encore la folie de Lex Luthor, prêt à précipiter le monde dans une guerre atomique pour ensuite régner sur ses ruines. Tout cela, vous le savez déjà. Vous en avez entendu parler, vous avez lu ces histoires sous des formes diverses, réinterprétées selon l’inspiration des auteurs. Alors, pourquoi revenir une fois encore sur l’existence hypothétique d’un Superman perdu au cœur d’un multivers en perpétuelle réécriture ? Tout simplement parce que le scénariste s’appelle Mark Russell. Et avec lui, impossible d’être déçu. Son travail recèle toujours une subtile ironie, un équilibre fascinant entre les grandes aspirations héroïques et des considérations sociales, culturelles et philosophiques d’une rare pertinence. Mieux encore, Russell a ce don unique de nous émouvoir tout en nous divertissant. Le nombre de fois où il parvient à nous toucher, à nous faire sourire ou réfléchir, est tout simplement impressionnant. Le rythme du récit est d’une vivacité réjouissante, et cette relecture des exploits de Superman, qui s’éloigne progressivement de ce que nous en connaissons, s’avère irrésistible.




La poésie de cet album n’en est que plus puissante du fait que le combat de Superman est, dès le départ, voué à l’échec. On le sait dès les premières pages : cette histoire finira très mal. Et pourtant, cela n’empêche pas Superman d’épouser Lois Lane, d’avoir un enfant, de fonder une famille – en somme, de continuer à porter l’espoir pour l’humanité tout entière. Il n’est d’ailleurs pas le seul super-héros à entrer en scène, puisque tous les membres majeurs de la Justice League sont de la partie – à commencer, bien entendu, par Batman. Là encore, le personnage reste fidèle à celui que nous connaissons, tout en affichant des différences notables : Bruce Wayne semble ici bien décidé à passer aux choses sérieuses, prêt à employer la manière forte pour libérer Gotham des mafieux en col blanc qui cherchent à s’emparer de la ville en spéculant sur l’immobilier. Pour donner naissance à une mini-série en trois volets aussi passionnante, intelligente que résolument rétro, il fallait un artiste capable d’en épouser pleinement l’esprit. Michael Allred, toujours épaulé par son épouse Laura aux couleurs, incarne parfaitement cette exigence. Il y a chez lui une forme de naïveté dans la représentation des personnages, dans sa façon de faire vivre le geste super-héroïque – et c’est justement cela qui touche. Cette manière de laisser affleurer l’humanité avant tout, plus encore que les exploits grandioses d’un justicier trop immense pour notre monde. On réécrit alors l’histoire, petit à petit. On rembobine le film pour en proposer une nouvelle version. Et, quel que soit l’angle adopté, la conclusion reste inchangée : Superman demeure le symbole du positif, de la confiance en l’avenir, de cet homme qui n’en était pas un au départ, mais qui l’est devenu en refusant de céder au découragement, et en s’appropriant les plus belles leçons transmises par l’humanité. Une lecture édifiante, chez Urban Comics et le Black Label.



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SPECTREGRAPH : L'IMMORTALITÉ ENTRE QUATRE MURS AVEC TYNION IV ET WARD


 Parmi toutes les ambitions démesurées que l’humanité a pu nourrir depuis l’aube des temps, accéder à l’immortalité figure sans conteste parmi les plus élevées. Pourtant, une vérité implacable s’impose : nous sommes tous destinés à mourir un jour ou l’autre. L’idée d’une existence éternelle relève de l’impossible. Mais pour Ambrose Everett Hall, cet état de fait n’a jamais été acceptable. En possession d’une fortune considérable, il décide de faire ériger une immense demeure à l’architecture labyrinthique. Entre ces murs, il consacre l’essentiel de son existence à la mise au point d’une machine fascinante : le Spectregraphe. Cet appareil, en théorie du moins, fonctionne comme un gigantesque enregistreur capable de capturer et de reproduire toutes les caractéristiques d’un être humain, tant physiques que psychologiques, dans le but d’en créer une copie. L’objectif ? Concevoir une sorte d’avatar spectral destiné à hanter les lieux pour l’éternité. Toutefois, une telle ambition se heurte aux limites de la science et de la connaissance humaine. Les premiers essais sont loin d’être concluants et, au fil des ans, Ambrose ne parvient qu’à engendrer des créatures ectoplasmiques monstrueuses et désincarnées. À ses côtés, son compagnon, un certain Freddy, finit par se lasser de cette existence cloîtrée auprès d’un homme consumé par ses obsessions, qui ne comprend pas qu’en s’accrochant désespérément à l’immortalité, on passe à côté de la seule chose qui importe vraiment : vivre. Accepter la finitude de l’existence, c’est aussi embrasser la beauté de son caractère éphémère, savourer pleinement les joies passagères et même les peines qui rythment notre parcours. Bien des années plus tard, la fameuse demeure est mise en vente. C’est là que débute notre histoire. "L’héroïne", Janie Chase, une mère célibataire dont le métier consiste à vendre ce genre de propriétés, se retrouve contrainte de proposer la maison à un mystérieux acheteur. Seulement voilà : dans l’agitation de la journée, elle a oublié son petit garçon, laissé seul à la maison, attaché sur sa chaise haute. Et personne ne peut intervenir pour s’occuper de lui… Le coup de stress !






Selon Tynion IV, le scénariste de cet album "lorsque Christian et moi avons commencé à discuter d’un projet commun, je lisais des ouvrages sur le mouvement spiritualiste du XIXe siècle. Nous nous sommes alors rendu compte qu’aucun de nous n’avait jamais vraiment écrit d’histoire de maison hantée. Nous avons ainsi réfléchi à la manière de renverser les codes classiques du genre pour créer quelque chose d’étrange, de terriblement effrayant mais résolument moderne. C’est un projet dont nous parlons depuis des années, et c’est un vrai plaisir de le voir enfin prendre vie sur le papier." Tynion nous propose une vision assez sarcastique du monde de l'occultisme avec des personnages qui sont censés faire peur ou tout du moins en imposer avec leur prestance et leur apparence, mais qui en réalité sont totalement désemparés face au phénomène auquel ils souhaitaient être confrontés. Vous allez par exemple croiser la route d'une jeune gothique qui dans un premier abord semble être l'exécutrice de la volonté de l'acheteur potentiel et être de mèche avec lui ; en réalité, elle va fondre comme neige au soleil et se révéler d'une vulnérabilité extraordinaire, au point de devenir totalement dépendante des décisions de Janie. Le dessinateur, Christian Ward, est en très grande forme dans Spectregraph. "Beaucoup de mes projets naissent d’une question : ‘À quoi ressemblerait mon… ?’ Et pour celui-ci, la question était : ‘À quoi ressembleraient mes fantômes ?’ Ce projet a une dimension très cinématographique, si bien que j’ai regardé de nombreux films de Michael Mann. Mann a une façon propre d’utiliser ses décors comme des personnages à part entière, et cela m’a paru essentiel ici. Non seulement pour la maison – car après tout, il faut bien une maison pour qu’il y ait un fantôme qui la hante – mais aussi pour les villes dans lesquelles nous évoluons. Je veux que cet univers soit profondément ancré dans le réel, afin que les éléments ‘spectraux’ paraissent d’autant plus saisissants en contraste." Ward offre des planches superbe avec des contrastes très marqués et une mise en couleurs quasi lysergique, comme c'est habituellement sa marque de fabrique, dans un album ou l'aspect spectral et éthéré des apparitions est censé jouer un grand rôle dans sa réussite. Le choix de l'artiste fonctionne à merveille et il parvient à proposer une approche complètement dingue en terme d'inventivité et de la représentation de cet entre deux, un état où l'on n'est pas vraiment mort mais certainement plus vivant, pâle copie grotesque de  ce que l'on fût autrefois. Très bel ouvrage qu'on recommande vivement. 



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BILLY LAVIGNE


 Dans le 196e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Billy Lavigne que l’on doit à Anthony Pastor, un ouvrage publié chez Casterman. Cette semaine aussi, je reviens sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l’album Il déserte que l’on doit au scénario d’Antoine de Caunes, que Xavier Coste met en dessin et qui est édité chez Dargaud


- La sortie de La proie, nouvel épisodes des aventures de Parker, le personnage iconique de Richard Stark que reprend Doug Headline au scénario et Kieran au dessin pour inaugurer la nouvelle collection Aire noire des éditions Dupuis


- La sortie de l’album Merveilleux que l’on doit à Cookie Kalkair, un titre édité chez Steinkis


- La sortie de l’album Moheeb sur le parking que l’on doit à Clara Lodewick, édité chez Dupuis dans la collection Les ondes Marcinelles


- La sortie du deuxième et dernier tome de Zoé Carrington, diptyque que l’on doit à Jim et qui est édité chez Grand angle


- La réédition de Blankets que l’on doit à Craig Thompson ainsi qu’aux éditions Casterman



 
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CHASM : LE FARDEAU DE KAINE (UN FARDEAU POUR LES LECTEURS)


 En mars 2024, Marvel a publié un gros fascicule intitulé Web of Spider-Man, censé donner un aperçu de quelques unes des trames sur le point d'être développées, dans l'univers du Tisseur de toile. Celle qui nous intéresse ici et qui est placée en exergue à la mini série The curse of Kaine est écrite par Steve Foxe et dessinée par Greg Land. Il ne faut que deux trois pages pour comprendre le désastre. On se lance dans une nouvelle plongée absurde, la suite des aventures désormais totalement dénuées d'intérêt de Ben Reilly. Vous pensiez que Dark Web aurait suffit pour inciter Marvel à balancer les fonds de tiroir sous le tapis ? Que nenni, la descente aux enfers devient ici de la spéléologie masochiste. Le pauvre Ben Reilly trouve un moyen assez banal de s'enfuir des Limbes où il était retenu comme prisonnier, suite aux agissements de la Goblin Queen. Il n'a pas récupéré les souvenirs de son clone, c'est-à-dire Peter Parker, mais ce n'est pas grave, ce qui compte c'est ce qu'il va faire désormais de sa vie, aux côtés de sa chère et tendre, la néo-sorcière Halloween Eve (Janine), un de ces personnages complètement foutraques qui indiquent bien que Marvel aurait dû lâcher l'affaire depuis longtemps. Ensemble, ils détroussent de malheureux citoyens, comme un vulgaire duo de pickpockets du RER. Sauf que bon, vous le savez, lorsqu'on voit Ben pointer le bout de son nez, le premier clone raté et défiguré de Peter Parker n'est jamais loin. Kaine aussi va se joindre à l'aventure, qui va avoir comme grand vilain un Eternel, le perfide Druig. Le véritable problème qui se pose dorénavant, c'est de déterminer à quoi peuvent bien encore servir ces personnages. Leur création, à l'époque de la Saga du clone des années 1990, avait vraiment apporté un vent de renouveau et produit un effet considérable sur la plupart des lecteurs. Mais déjà au bout de quelques mois, on avait compris que les scénaristes commençaient à s'emberlificoter les pinceaux et ne savaient plus comment sortir de l'ornière. Aujourd'hui, 30 ans plus tard on se rend bien compte que le cycle éternel des morts et résurrections, changements de nom et de costume, est arrivé à un point où il n'y a absolument plus rien à sauver de ce qui apparaît comme un désastre éditorial complet.



Scarlet Spider maintenant, c'est Kaine, tandis que Ben Reilly est devenu Chasm, autrement dit un criminel, une version sans foi ni loi de ce qu'il était avant, c'est-à-dire un frère pour Peter Parker. Ici, Kaine a appris que son clone-frangin était de nouveau en train de filer un mauvais coton (ou une mauvaise toile, c'est selon). Ce qu'il voudrait, c'est donner à la vie de Ben un sens plus noble que de dévaliser des gosses de riches et d'épouvanter les criminels déments. Mais lorsqu'il découvre que Ben est sous l'emprise de Druig, qu'il commet des actes dont il n'a pas conscience, que des monstres sont impliqués dans cette sombre histoire, le pauvre bon samaritain défiguré comprend qu'il va devoir s'employer au delà du raisonnable (tout en payant son loyer en retard à son propriétaire, une sorte de malédiction récurrente des Parker). L'Homme Taupe et ses Moloïdes est aussi de la partie, mais franchement, je vais être honnête, dès la première dizaine de pages passée, je me suis déjà retrouvé dans l'embarras le plus total, à savoir finir ce qui est une purge quasi illisible, parce que oui messieurs dames, je vais toujours au bout de mes lectures, aussi dispensables soient elles. Seul point positif, les dessins de l'italien Andrea Broccardo, un artiste qui mériterait des titres bien plus nobles et passionnants, dont le trait souple et toujours énergique permet au moins de produire de belles pages, qui n'ont certes aucun sens. Mais à quoi peut bien servir ce Ben Reilly là dans l'univers Marvel ? Pourquoi un tel acharnement sur ce personnage pourtant magnifique, tragique, mais attachant ? On ne comprend pas, on ne comprend plus rien, c'est parfaitement superfétatoire. Le fardeau n'est pas pour Kaine, mais pour nous autres, imprudents lecteurs. 



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LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR


 Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familiale, située sur une île étrange appelée L'île aux lanternes. Cela fait quelques années qu'elle n'a pas pris le ferry pour retrouver les siens, et pour cause : dès les premières pages, nous faisons connaissance avec le drame qui a marqué son existence, dans un passé proche. Lors du même festival, son père qui était resté seul dans le phare familial, plutôt que d'accompagner son épouse et ses enfants, est mort tragiquement, brûlé vif. Qui plus est Eloane et son paternel avaient eu une dispute juste auparavant. Il faut dire que la première cité est une forte tête, qu'elle a toujours tenue bon face aux décisions des adultes et au caractère autoritaire de sa mère. Eloane a aussi un petit frère qu'elle adore et qu'elle tente de protéger ; celui-ci a subi un traumatisme lors du décès de son père, à tel point qu'aujourd'hui il ne profère plus le moindre mot et communique avec les autres en leur envoyant des messages, avec son téléphone. Et puis autre élément important de cette bande dessinée, le festival en soi, où il est question d'apporter une lanterne à une espèce de patriarche qui organise une grande cérémonie. Chacun doit laisser sa flamme s'éteindre lentement et par la même occasion accepter de se libérer du poids des remords, des soucis de tout ce qui peut nous gâcher la vie, à l'intérieur. Bien entendu, Eloane ne croit absolument pas à tout ce qu'elle considère être des sottises superstitieuses… et c'est bien dommage, car elle porte en elle une colère mortifère et des failles incommensurables.



Nous avons tous été confrontés, un jour ou l'autre, aux difficultés de la communication : cette impossibilité de transmettre ce que l’on ressent, y compris aux membres les plus proches de notre famille. Ironiquement, c’est souvent en raison même de ces liens familiaux que surgissent malaise, angoisse ou colère, rendant leur expression d’autant plus difficile. La Nuit des lanternes aborde ce dilemme avec une approche rapide et percutante, en le transposant dans un récit où l’horreur vient se mêler aux tensions familiales. "L’héroïne" y subit une transformation des plus surprenantes, devenant une sorte d’être de feu. Mais elle n'est pas le seul "monstre" à hanter les lieux. Très vite, colère et secrets cèdent la place à une menace plus sombre encore, et le récit nous entraîne peu à peu dans l’inconnu et la terreur. Jean-Étienne déroute et séduit sincèrement avec cet album, d’abord par un dessin très personnel, presque expressionniste. Les forts contrastes entre noirs, rouges et teintes orangées donnent à certaines scènes une intensité visuelle frappante, qui évoquent de véritables incendies sur la page. L’histoire, originale, traite d’un sujet universel avec frontalité, ce qui confère à cette bande dessinée un véritable pouvoir d’attraction sur un large public. On pourra toutefois regretter que la relation entre Eloane et son père soit expédiée un peu rapidement, sans que l’on puisse réellement en comprendre les enjeux et les détails profonds. En revanche, le lien mère-fille bénéficie d’un traitement plus développé, qui apporte une touche de pathos intime et bienvenue à l’ensemble. En somme, une surprise originale que nous vous recommandons vivement de découvrir.

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LE REBOOT DE WITCHBLADE PAR BENNETT & CAFARO


 Nous étions sans nouvelles de Sara Pezzini depuis presque une décennie. Certes, en 2017, un nouveau titre intitulé Witchblade avait bien vu le jour chez Image Comics, mais il mettait en scène un autre personnage, dans une tentative de moderniser le mythe des années 1990. Ce projet, clairement, n’avait pas totalement trouvé son public. Cette fois, ne boudons pas notre plaisir : il s’agit bel et bien du retour de mademoiselle Pezzini, celle qui fut, à la grande époque, la Witchblade que nous avons tant appréciée. Ce retour prend la forme d’un reboot, ce qui signifie que l’histoire repart entièrement de zéro. Il n’est donc absolument pas nécessaire de connaître le personnage ni d’avoir lu ses précédentes aventures pour s’y plonger. D’autant que la scénariste, Marguerite Bennett, reprend un grand nombre d’éléments du passé, tout en les modernisant et en y ajoutant de nouvelles trouvailles. Le récit parvient ainsi à être à la fois fidèle à l’esprit de la série d’origine et suffisamment novateur pour séduire une nouvelle génération de lecteurs. À l’époque, Witchblade se distinguait par son esthétique marquée : un personnage féminin à peine vêtu, dont l’arme mystique se manifestait sous la forme d’un gant lui conférant des pouvoirs extraordinaires. Dans cette nouvelle version, l’approche est suffisamment différente. Sara est désormais assaillie par une sorte d’artefact qui un beau jour s’empare d’elle, et lorsqu’il se manifeste, c’est une véritable armure qui recouvre son corps. Ce choix permet d’éviter l’écueil d’une représentation trop sexualisée, qui ne serait clairement plus de mise en 2025. L’histoire nous présente Sara en inspectrice de police, infiltrée dans les milieux interlopes des trafiquants d’êtres humains ; elle se fait passer pour une flic corrompue. Son véritable objectif est tout autre : retrouver les assassins de son père, lui aussi membre des forces de l’ordre, trahi et abattu par certains de ses propres collègues véreux. Avant d’embrasser la carrière de policière, Sara a servi plusieurs années dans les Forces Spéciales militaires. C’est donc une combattante aguerrie, déterminée à aller jusqu’au bout pour venger le paternel et se libérer du poids de son passé.




Si le retour de Witchblade fonctionne aussi bien, c'est pour deux raisons principales. La première, c'est la manière avec laquelle Marguerite Bennett modernise la série tout en restant fidèle à ses origines. Elle parvient ainsi à parfaitement nous expliquer la manière dont l'artefact s'empare de Sara, au point que cette dernière se sent comme privée de son propre corps. Au fil des épisodes, de nombreuses références à ce que peuvent ressentir les femmes dans la société, quand elles sont tendance à être objectivées ou déshumanisées, sont ainsi reliées aux nouvelles capacités de l'héroïne et à cette armure qui lui permet d'acquérir des dons extraordinaires, mais qui la coupe de son libre arbitre et de ses choix, si jamais elle accepte de se laisser dépasser par ces dons. C'est alors particulièrement bien vu et écrit, avec finesse. L'autre point important, c'est le dessin de l'italien Giuseppe Cafaro : il s'agit d'une production Top Cow et donc il est évident que le dynamisme, la plastique des personnages, la mise en page explosive, doivent respecter certains codes hérités de la grande époque de Marc Silvestri ou Michael Turner. Cafaro est capable de maîtriser tout cela avec maestria, bien aidé il est vrai par les couleurs d'Arif Prianto. Le duo nous offre une véritable leçon de dessin dans la catégorie "comment recycler les années 1990, ou plutôt le meilleur de cette décennie, pour en faire quelque chose de survitaminé en 2025". Chaque épisode apporte son lot de suspense, fait bien avancer le récit et il est évident que la nouvelle mouture de Witchblade à tout pour être une petite série à suivre de très près. Nous espérons sincèrement qu'elle va rencontrer un succès mérité. Le premier Tpb est disponible et le numéro 10 va bientôt sortir aux States. 



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LE HULK ROUGE EN MUST-HAVE CHEZ PANINI : MAIS QUI EST LE HULK ROUGE ?


 Hulk est vert. A d'autres reprises, il fut gris. Mais rouge ? Voyons, ça n'est pas sérieux ! Sauf que si. Le fait est que ce Hulk là (Rulk, comme il est aussi nommé, contraction de Red et Hulk) n'est pas celui auquel vous pensez. Exit Bruce Banner, qui pour une fois n'est pas responsable des méfaits constatés, et place à… Mais n'en disons pas plus, car pour ceux qui n'ont pas vu le film Brave New World ou encore jamais parcouru ces pages, le mystère de l'identité du colosse écarlate est de mise, et c'est un des moteurs de l'action (non, je plaisante, tout le monde sait que c'est le colonel Thaddeus E. "Thunderbolt" Ross qui perd son sang froid). Nous sommes ici en Russie, et Leonard Samson (psychiatre dopé aux rayons gamma) et Miss Hulk mènent l'enquête. Emil Blonski (l'Abomination, un des ennemis récurrents de notre héros vert) a été neutralisé et abattu, après un énième combat furibond. Tout le monde est d'accord, du S.H.I.E.L.D. à Iron Man, utiliser une arme à feu n'est pas le modus operandi habituel du colosse de jade, bien plus habitué à tout détruire sur son passage à coups de poings. Et puis son avatar "humain", le docteur Bruce Banner, est toujours en détention. Du coup, la vérité commence à poindre : il y a un autre Hulk en liberté, et lui aussi ne fait pas dans la dentelle quand il entre en action. En plus, il recourt à la force létale et à l'armement pour se faire respecter ! Un témoigne recueilli permet même de définir la couleur de la menace : le rouge, et pas le vert. Bonne nouvelle, vous allez rapidement parvenir à comprendre la problématique et les enjeux. Car Jeph Loeb n'a pas pour ambition de livrer une œuvre approfondie et à multiples interprétations, juste celle de fournir un divertissement décomplexé et musculaire, où l'action et la baston sont les moteurs du récit. Le Hulk rouge est ultra brutal, bagarreur, et tout le monde en prend pour son grade dans chaque épisode, Avengers compris…



Voici un album qui se lit rapidement, du coup. Peut être même bien que son principal atout réside dans les dessins de Ed McGuinness. Trait clair et propre, tendance à l'exagération anatomique pour faire ressentir d'avantage la puissance des combats, quitte à loucher vers le cartoon, et orgie de gros bras musculeux et de créatures labellisées "gamma", comme A-Bomb, qui apporte aussi une touche de bleu… Vaste défouloir que certains considèrent comme un comic-book potache, ce Red Hulk est aussi une quête, celle d'un anti-héros aux méthodes discutables, qui tape sur tout ce qui bouge, au point même de s'en prendre à Uatu le Gardien, pourtant un être des plus pacifiques, tandis que le microcosme et l'univers gravitant autour du Hulk classique s'emballe. C'est l'inflation, on a l'impression que récupérer des pouvoirs liés à la bombe gamma, c'est à la dernière mode et qu'il est aussi facile de se les procurer que d'aller chercher son paquet de Marlboro au tabac du coin. Loeb nous entraîne dans une enquête aux accents presque noir, en jouant habilement avec les points de vue, les doutes et les rebondissements, tout en tissant une intrigue qui mêle l’action explosive propre à Hulk à la tension d’un thriller d’investigation. Le rythme est effréné, sans répit, sans le moindre temps mort. C’est d’ailleurs là que réside le seul léger défaut du récit : à certains moments, le nombre de personnages en présence semble un peu trop élevé, et bien que leur gestion soit maîtrisée, l’ensemble peut parfois donner une impression de surcharge. Survenant après un petit bijou comme Planet Hulk, et un gros événement salué par à peu tous comme World War Hulk, ce cycle réalisé par Jeph Loeb fait figure de récréation explosive, mais pas très fouillée. On devine qu'il n'a pas du passer bien longtemps à écrire chaque épisode, pourvus de tonnes de coups, de mandales, et de "Hulk Smash" de la bonne vieille école. Bref, prenez tout cela au troisième degré, et consommez votre blockbuster sans la moindre vergogne. 



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MINOR ARCANA : LA MAGIE ET LES TAROTS AVEC JEFF LEMIRE


 Jeff Lemire, c'est une référence absolue. En ce qui me concerne, tout du moins. Et je ne suis pas un fan aveugle qui ne sait pas reconnaître les baisses de forme de l'animal, ou encore sa volonté de produire en masse, trop souvent, au détriment de la qualité extraordinaire qui a caractérisé ses premières publications dans l'industrie du comic book. Avec Minor Arcana, nous revenons aux choses sérieuses, c'est-à-dire du Lemire pur jus, avec des thématiques déjà explorées à maintes reprises, mais toujours présentées avec une touche vibrante d'humanité et une sensibilité réelle envers les cabossés de la vie, ceux qui ont traversé des épreuves et en sont ressortis changés à jamais. Bon, je ne tenterai pas de convaincre les allergiques au style graphique du canadien, quand il entreprend de dessiner aussi ce qu'il écrit. Pour moi, c'est un concentré d'émotions brutes, un univers où tout est suggéré derrière une patine de tristesse, où le trait simple et parfois minimaliste regorge d'infinis nuances et transmet tous les états de l'âme. Ce qui rend l’histoire si immersive, dans Minor Arcana, c'est cette approche, mais aussi le fait que Theresa St. Pierre, la protagoniste de la série, interagit avec le petit monde qui l’entoure et qu'elle a volontairement abandonné. Retour au point de départ, confrontations familiales et secrets encore à révéler, soyez les bienvenus dans les obsessions de l'artiste. Que ce soit dans ses échanges avec les habitants de sa ville natale ou simplement lorsqu’elle déambule dans les rues, chaque détail contribue à brosser le portrait de l'héroïne qui n'en est pas une. Cette ambiance un tantinet glauque sert de toile de fond à un récit plus profond : le retour de Theresa dans sa ville d’enfance pour s’occuper de sa mère malade, atteinte d'un cancer. Mais très vite, on comprend que ce retour ne se limite pas à cette seule raison. Il y a une amie chère (amie aimée d'amour) qui a refait sa vie avec un policier local, il y a le fantôme du père… À mesure que Theresa se confronte à la vérité, on comprend que son retour ne relève pas uniquement du devoir filial. Plus elle est honnête avec elle-même, plus le monde qui l’entoure prend une nouvelle dimension. Quant à sa mère, elle lit les cartes, prédit l'avenir, prétend parler avec les morts. Des conneries, pour sûr, selon la fille.




Sauf que tout à coup, Theresa se retrouve dans un étrange bâtiment désert. Est-ce la réalité ou un mauvais songe ? Elle est d'ailleurs persuadée qu'il s'agit d'un rêve dont elle ne parvient pas à s’extirper. Errant dans les couloirs, elle découvre bientôt une porte qui, contre toute logique, s’ouvre sur une nature bucolique. Theresa y fait la rencontre d’un homme, mais elle refuse de croire qu’il est le mari de la femme pour qui elle avait décidé de tirer les cartes, un beau soir sans y croire, en remplacement de sa mère endormie. Le lecteur comprend vite de quoi il s'agit : un moment empreint de magie, que Theresa se refuse pourtant à considérer comme réel. La jeune fille aurait donc des pouvoirs, la capacité d'aller tailler le bout de gras avec les défunts ! C’est alors que sa mère entre en scène et lui reproche d'avoir fait fuir une de ses rares clientes, avec sa réaction effrayée. Theresa pique une belle colère, rejette sa mère et tombe dans une rage profonde, qui agit finalement comme un bouclier pour éviter toute prise de conscience sur ce qui est en train de se jouer. Tous les personnages de Minor Arcana semblent porter dans leurs yeux un deuil indicible. Celui du remords, de l'incapacité de se comprendre, de la pesanteur d'une vie qu'ils subissent, dont ils ne peuvent fuir. En apparence, car les cartes et la divination sont claires, Theresa va avoir les moyens de renouer peu à peu tous les fils de la trame, de remonter le temps, d'enquêter sur ses propres racines, sur la tragédie qui a bouleversé à jamais l'histoire de sa famille. La magie comme deus ex macchina, pour une série qui s'attarde une fois encore sur le poids écrasant des secrets, des non dits, avec une douloureuse sincérité. Le Jeff Lemire 2024/2025 semble être une bonne cuvée. Pour le moment, uniquement en VO. 



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ROCKETEER : NOUVELLES AVENTURES CHEZ DELCOURT (EN HOMMAGE À DAVE STEVENS)


 Créé en 1982 par Dave Stevens, Rocketeer est un comic book qui rend hommage aux épopées d’aventure des années 1930-40. Son héros, Cliff Secord, est un pilote d'avion et cascadeur qui découvre un jet-pack expérimental conçu pour l'armée et initialement dérobé par une bande de malfrats. Malgré lui, il devient un justicier poursuivi par des gangsters, des espions nazis et des agents gouvernementaux. Vous l'avez deviné, l’univers du Rocketeer repose sur une esthétique rétro-pulp sublimée par le style graphique détaillé du tant regretté Stevens. Son encrage soigné et son souci du détail dans la reconstitution de l’époque font de sa série un petit bijou méconnu du genre (pourtant très tôt adaptée au cinéma ; en 1991 chez Disney, est sorti un film réalisé par Joe Johnston, avec Billy Campbell et Jennifer Connelly) Parmi les personnages marquants, on retrouve la petite amie Betty, inspirée par Bettie Page, qui incarne une beauté pin-up et une femme de caractère, ainsi que Peevy, mécanicien et mentor de Cliff. Au menu, du romantisme, de l'humour et pas mal action, suivant la recette des vieux films d’aventure. Mais voilà, Dave Stevens est décédé en 2005 et depuis son personnage a été repris à plusieurs reprises par d'autres artistes. La série a d'ailleurs connu un appendice intéressant en 2013, chez l’éditeur IDW, avec un florilège de récits courts regroupés dans ce volume édité par Delcourt en ce mois de mars. Ces tranches de vie permettent d’apprécier le talent de certains des artistes les plus marquants des comics américains de ces dernières années. Il convient également de souligner que plusieurs d’entre eux nous ont malheureusement quittés à leur tour depuis la réalisation de leur histoire. C’est notamment le cas de John Cassaday et Darwyn Cooke, deux dessinateurs d’exception qui occupent une place de choix dans le panthéon du genre. C'est donc un hommage à plusieurs niveaux qui se met en place, dans un album aux styles très différents, mais à la beauté graphique épatante.




 Betty est une femme splendide, une pin-up dans tous les sens du terme, aussi Cliff est régulièrement jaloux, dès lors que sa petite amie participe à des castings ou quand elle est confrontée aux avances de nouveaux prétendants. De son côté, cette dernière n'apprécie pas forcément le côté casse-cou du jeune homme et la célébrité qu'il peut acquérir, lorsqu'il endosse son jet-pack. Bref, leur relation pimente la plupart des épisodes de manière très agréable. La fidélité de Betty est testée dans un récit très émouvant où elle passe les derniers mois de la guerre à attendre des nouvelles de son fiancé, alors que les hommes qui l'entourent considèrent qu'il est forcément mort au combat, puisqu'il ne donne pas de nouvelles. Kurt Busiek écrit décidément des choses touchantes et toujours pertinentes. Dans un des autres petits épisodes, nous faisons la rencontre du pendant allemand de Rocketeer, une aéronaute qui arbore les couleurs nazis et qui tente de voler les plans pour un nouveau jet-pack encore plus performant. Il est bien entendu nécessaire pour Cliff de maintenir son identité secrète et parfois, il est à deux doigts d'échouer, mais toujours il parvient à rester l'idole des foules, capable même d'intervenir en pleine séance de cinéma pour sauver l'établissement d'une bande de malfaiteurs, et devenir ainsi la star du moment. Ce qu'il n'est pas toujours, comme lorsqu'il se fait voler la vedette par un acteur qui endosse le costume de AeroMan, la merveille volante, incarnation d'un personnage de bande dessinée, ce qui permet à Mark Waid de conclure joyeusement les quelques pages qu'il écrit par des remarques sarcastiques et fort drôles au sujet des comics. Concernant les dessinateurs, on le répète, les pages sont toutes excellentes, mais nous avons eu un coup de cœur particulier pour la peinture gracieuse et magnifique de Scott Hampton, et bien entendu, la classe infinie de John Cassaday. Ce petit album a beaucoup de charme et des tas de raisons pour séduire, même si vous ne connaissez pas du tout son protagoniste : en quelques pages, vous allez tout comprendre et forcément adorer cet hommage à Hollywood d'autrefois. 



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CORSO : LES CHIENS vs LES CHATS… DANS L'ESPACE


Comme vous le savez tous, les chats et les chiens ont en général tendance à ne pas faire trop bon ménage. Certes, si vous avez un exemplaire des deux quadrupèdes à la maison, vous vous êtes probablement rendus compte qu'ils peuvent très bien cohabiter et devenir les meilleurs amis du monde. Mais ici, dans l'univers de Corso, les choses sont en apparence très différentes. Il faut imaginer que cette antagonisme atavique est reproduit dans l'espace à l'échelle cosmique. Le personnage principal de cette bande dessinée s'appelle donc Corso et il est pilote au service de la République des Chiens. Incontestablement, il fait preuve de talent mais il n'a pas le bon pedigree, histoire de faire comprendre au lecteur qu'il n'a pas un carnet d'adresse très étoffé et n'appartient pas à la bonne classe sociale, sur sa planète. Du coup, lorsqu'il part au combat pour affronter une escadrille de la Monarchie des Chats, son comportement et ses prises d'initiatives ne sont pas appréciés de ses supérieurs, même s'il vient en aide à l'un de ses collègues en grande difficulté. Il contrevient trop rapidement aux ordres, pire encore, son vaisseau est touché et le voilà qui fait naufrage sur une planète inconnue, où d'entrée il va être confronté à des conditions proches du survivalisme. L'endroit semble particulièrement aride, peuplé de petites bestioles très étranges ; pas la moindre goutte d'eau à l'horizon et pour seul compagnie une sorte de petit papillon, qui semble voler grâce à l'électricité statique. Alors Corso a beau être un pilote doué, sera-t-il capable de résister longtemps à de telles conditions hostiles ? Par chance, il va finir par découvrir des recoins un peu plus florissants et même pas rentrer en contact avec les habitants de ce monde singulier.



Certes, ce n'est pas le premier récit qui met en scène des animaux anthropomorphes dans des situations habituellement réservées aux êtres humains bipèdes que nous avons l'occasion de lire. Néanmoins, Danilo Beyruth, qui est un des auteurs brésiliens les plus appréciés du moment, parvient à synthétiser toute une liste d'influences évidentes, pour obtenir un amalgame personnel truffé d'énergie, avec un capital sympathie indéniable et un personnage principal attachant, le tout dans un noir et blanc élégant rehaussé par un trait bien affirmé, qui n'a pas peur de s'émanciper des rondeurs rassurantes pour caractériser tout un univers à partir de rien. L'histoire est touchante puisque sur cette planète inconnue Corso va rencontrer une tribu de chats, qui ignorent jusqu'à l'existence même des chiens, leurs ennemis naturels, et qui vont peu à peu l'accepter parmi eux. Le problème étant que l'impossibilité de communiquer entraîne toute une série de quiproquos et une méfiance bien difficile à dépasser. Il faut aller au fin fond de l'univers, c'est-à-dire ne pas avoir peur de creuser pour découvrir et se découvrir soi-même, semble nous dire l'auteur, pour se trouver. La surprise finale, je vous la laisse découvrir en vous procurant cet album publié aux éditions Soleil. Mais autant le dire tout de suite, Corso est une lecture hautement recommandable, qui a l'avantage de pouvoir s'adresser à tout un tas de publics différents, tout en étant probablement en mesure de satisfaire un peu tout le monde. Une des jolies découvertes de ce début d'année.






LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : MARY BELL, L'ENFANCE MEURTRIÈRE


 Dans le 195e épisode de son podcast,  Le bulleur vous présente Mary Bell, l’enfance meurtrière que l’on doit au scénario de Thea Rojzman et au dessin de Vanessa Belardo, un ouvrage publié chez Glénat dans la collection Karma. Cette semaine aussi, je reviens sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie de l’album Hild, les femmes des Nibelungen que l’on doit à Veerle Hildebrandt ainsi qu’aux éditions Anspach


- La sortie d’Osez Joséphine, le troisième et dernier tome des Mémoires du Dragon Dragon que nous devons au scénario de Nicolas Juncker, au dessin de Simon Spruyt et c’est publié chez Le Lombard


- La sortie de l’album L’enfer que l’on doit à Nicolas Badout qui donne une suite et une fin au film du même nom inachevé d’Henri-Georges Clouzot, un album édité chez Sarbacane


- La sortie de l’album Le serpent majuscule, adaptation d’un roman de Pierre Lemaitre par Dominique Monféry pour un titre publié chez Rue de Sèvres


- La sortie de l’album Un battement d’aile de papillon que l’on doit à Loïc Malnati ainsi qu’aux éditions Paquet


- La réédition en grand format avec des bonus de Quelque part entre les ombres, premier tome de la série Blacksad que l’on doit à Juan Díaz Canales pour la partie scénario, Juanjo Guarnido pour le dessin et le tout est édité chez Dargaud.




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DAREDEVIL BORN AGAIN : DD EMMÉNAGE CHEZ DISNEY + AVEC DIGNITÉ (EP.1/2/3)


 La simple logique des choses nous pousse toujours à nous méfier d'un produit qui subit de trop importantes mutations en phase de production en cours. Surtout lorsqu'il s'agit de la série Marvel culte par excellence, ce Daredevil qui a régalé durant trois saisons, à l'époque où tout cela était diffusé sur Netflix. Avec un changement de showrunner intervenu sans crier garde, (Dario Scardapane, l'homme derrière le Punisher, a repris les rênes de Born Again), le nouveau projet Disney+ paraissait voué à un destin discutable. Mais bonne nouvelle : le résultat est loin d'être mauvais et surclasse les plus récentes déceptions que nous venons de (très mal) digérer. Les réalisateurs Justin Benson et Aaron Moorehead insufflent à chaque épisode un vrai parti pris narratif et optent pour des choix narratifs audacieux, tandis que Scardapane s’efforce de sauver un projet qui, à l’origine, semblait réticent à embrasser le ton et la grandeur des épisodes diffusés sur Netflix, beaucoup plus musclés et sombres que ce que la plateforme Disney à l'habitude de nous refourguer sans vergogne. Au final, le résultat oscille entre l'esprit originel des saisons précédentes et une nouvelle direction, avec sa propre identité. Pour les fans qui espéraient avant tout retrouver Charlie Cox dans le rôle de Matt Murdock/Daredevil, Vincent D’Onofrio en Wilson Fisk/Kingpin, ainsi que Deborah Ann Woll et Elden Henson dans les rôles de Karen Page et Foggy Nelson, la série remplit son office, tout en cueillant les plus sensibles à froid. Le Tireur (Bullseye, pardonnez-moi, je suis un ancien) est lui aussi à nouveau en grande forme, et sa première mauvaise action est d'assassiner ce pauvre Foggy dans la premiers tiers du premier épisode. L’intrigue prend alors son envol avec un bond temporel significatif, et se concentre ensuite sur la campagne électorale de Wilson Fisk, bien décidé à devenir maire de New York. Les références à la politique contemporaine sont flagrantes : des parallèles sont tracés avec Donald Trump et Eric Adams, tandis que la série met en lumière les similitudes entre Matt et Fisk, deux hommes aux identités doubles, qui prétendent détenir la vérité tout en abreuvant le grand public de mensonges au sujet de qui ils sont vraiment. Karen a plaqué Matt pour digérer la perte de son ami Nelson (ou pour être exact, Matt a eu besoin de disparaître et la belle blonde en a eu assez d'attendre de ses nouvelles). Contre toute attente, l’absence de scènes d’action dans les premiers épisodes (enfin, une fois qu'on a passé la terrible attaque de Bulleye et le traditionnel plan séquence durant lequel Daredevil combat comme s'il s'agissait d'un ballet sanglant) s’avère être un atout : au lieu de plonger immédiatement dans des règlements de compte en costume, la série prend le temps d’explorer les motivations des personnages. Et sur ce plan, ils apparaissent tels des oignons. Une couche en cache l'autre, Daredevil et compagnie ont une vraie épaisseur à l'écran.



On craint parfois de tomber dans le redite, comme avec cette décision de Matt de renoncer à jamais (rires) au costume de Tête à cornes, pour se recentrer sur sa carrière d'avocat. Mais l’arrivée de nouveaux personnages bien connus des lecteurs de comics insuffle une énergie différente : Nikki M. James campe l’assistante du procureur Kirsten McDuffie, Margarita Levieva incarne Heather Glenn (ici dans un rôle de psychothérapeute), tandis que Michael Gandolfini interprète le jeune stratège politique Daniel Blake (féru de réseaux sociaux), et Clark Johnson prête ses traits à l’enquêteur privé Cherry, ancien gradé de la police, qui a démasqué Matt sans le vouloir. Il ne faut bien entendu pas demander à Born Again de respecter la trame du très célèbre récit de Frank Miller ; il s'agit ici de quelque chose de complètement différent qui puisse dans la détestation de Wilson Fisk pour les super-héros, et qui d'ailleurs fait régulièrement référence à ce qui se passe dans les autres recoins du Marvel Universe, avec la mention d'autres encapés. Puisque nous nous contentons pour le moment de parler des trois premiers épisodes, il faut aussi mentionner la manière dont se termine le troisième. Pour beaucoup de monde l'ultime scène énigmatique est synonyme du retour du Punisher, que les Marvel Studios ont eu la bonne idée de repêcher. L'acteur (Jon Bernthal) est en effet probablement le meilleur choix possible sur le marché pour endosser le rôle de Frank Castle. Daredevil Born Again c'est aussi beaucoup de scènes de procès, beaucoup de palabres donc, avec un héros mineur (White Tiger, le Tigre blanc) qui est utilisé pour mettre en avant l'hypocrisie des justiciers urbains et démontrer à quel point Murdock peut-être un sacré avocat. Un élément tragique à prendre en compte : le décès de l'acteur qui l'interprète, Kamar de los Reyes, des suites d'un cancer quelques temps après avoir bouclé ces scènes qui assument ainsi un sens poignant. Un aspect particulièrement réussi réside également dans l’attention portée à la perspective des citoyens ordinaires, un élément souvent négligé dans la vision du monde Marvel au cinéma. Matt écoute discrètement les conversations des habitants à propos de Fisk, tandis que des segments journalistiques donnent la parole aux New-Yorkais, pour exprimer leurs avis sur leur futur maire. Le triptyque initial de cette première saison de Born Again semble donc de bonne facture et présente toute une série de promesses et d'interrogations qui devraient normalement aboutir à un nouveau face à face tendu, une nouvelle déflagration, entre Daredevil et le Caïd. Il faut signaler que ces deux derniers sont toujours aussi bien campés et qu'on aurait difficilement pu rêver mieux sur le petit écran. Charlie Cox est une fois encore extraordinaire avec sa manière d'être toujours aux aguets, d'évoluer avec discrétion et charisme, tandis que la fureur rentrée, la menace constante, l'explosion silencieuse qui caractérise le Kingpin/D'Onofrio n'ont jamais été aussi bien évoquées. Bonne pioche jusque-là, reste maintenant à attendre la confirmation dans les prochaines semaines. Même le générique, où des représentations iconiques se désagrègent sur la musique inquiétante composée par John Andrew Grush et Taylor Newton Stewart (The Newton Brothers), annonce d’emblée qu’il s’agit d’une œuvre différente mais respectueuse de ce que nous avions vu sur Netflix. Une digne suite, une suite digne, la différence est subtile, mais pour le moment, ça fonctionne.



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OMNIBUS PUNISHER PAR GARTH ENNIS : TOME 1


 Il est de nouveau possible de lire le Punisher de Garth Ennis et Steve Dillon au format omnibus, chez Panini. Joie pour les retardataires ! Au début des années 2000, l'anti-héros n'est pas franchement à son apogée. Les lecteurs ont découvert à la fin de la décennie précédente des histoires complètement extravagantes, qui ont trahi l'essence du personnage, à un tel point que nous avons même pu lire une sorte de vengeur mandaté par des anges, revenu sur terre après sa mort, pour dessouder des criminels. Le genre de délire furieux à vous dégoûter des aventures de Frank Castle. Par chance, tout change lorsque Garth Ennis, génial auteur irlandais au style sarcastique et ultra décalé, reprend en main le personnage. Celui-ci s'installe dans un immeuble modeste et tente de faire profil bas ; néanmoins il finit très vite par sympathiser (à sa façon bien entendu, pas question de faire des soirées Champions League devant la télé) avec une galerie de voisins savoureuse, allant de l'obèse solitaire au jeune fanatique de piercing, sans oublier une autre voisine célibataire et un peu dépressive, qui voit arriver cette armoire à glace et semble séduite, tout en n'assumant jamais son attirance. Des cookies pour faire tourner la tête de Castle, est-ce bien raisonnable ? Un Punisher qui préfère rester dans l'ombre et qui tente de planifier ses opérations en-dessous des radars, mais qui va avoir besoin d'être à la hauteur pour ce qui l'attend. En effet il va devoir s'attaquer à Ma' Gnucci et toute sa famille de mafieux, une terrible bonne femme qui va lui mettre de sérieux bâtons dans les roues, mais qui finira logiquement punie de la plus terrible des façons, dans un zoo, au cours d'une scène décapante dont Garth Ennis à le secret. Quand je vous dis que c'est hyper truculent, croyez-moi c'est vraiment drôle. En parallèle à tout cela, vous allez aussi faire connaissance avec Le Saint, une sorte de pourfendeur des bonnes mœurs qui tente de nettoyer son quartier de ceux qu'il estime être de la vermine, convaincu d'être dans son bon droit, voire même de suivre les pas du Punisher, avec un travail d'utilité sociale. On marche sur la tête. 

La force du Punisher de Garth Ennis, c'est la mise en opposition d'un personnage aux méthodes ultra expéditives, qui rivalise d'ingéniosité (en se servant des moyens du bord, sur l'instant, employant même des ours dans un zoo, par exemple) pour se débarrasser des criminels (une machine à tuer froide et implacable, sans le moindre remords) et la causticité, l'humour de tout le cast qui gravite autour de lui, et tempère le climat mortifère dans lequel évolue ce justicier voué à la solitude, malgré quelques alliés ou voisins de passage qui se rapprochent en vain de lui. Sans négliger le détective Soap, chargé d'appréhender le Punisher, exemple parfait de ces types totalement dépassés qui se retrouvent face à un individu et une situation tellement abnormes qu'ils regrettent vite le jour de leur rencontre. Les "vilains" aussi sont gratinées, et ils sont si pathétiques ou originaux que le lecteur ne peut s'empêcher d'adhérer, un gros sourire aux lèvres, comme avec Le Russe, une montagne de muscle sans cervelle capable de faire passer un sale quart d'heure au Punisher, et dont le destin vire carrément dans le troisième degré jouissif. Le dessin est donc principalement l'œuvre du regretté Steve Dillon. Décrié par certains puristes car limité (apparemment) aux niveau de la palette des expressions, de la représentation des visages et de la minutie des fonds de case, l'artiste est toutefois à l'œuvre dans un autre registre, celui de la transposition froide et sans fioritures de la réalité, avec un trait empreint d'un humour "pince sans rire" capable de transmettre les scènes les plus outrancières et de les rendre crédibles, exprimant l'horreur ou la violence indicible avec ce détachement et cette coolitude qui rappelle à chaque page qu'il s'agit avant tout d'entertainment, et du bon, puisqu'on ne s'ennuie jamais avec ce Punisher là. Vous trouverez aussi du Darick Robertson, avec des pages violentes et "sales" où tout ce que l'univers du Punisher a de glauque est parfaitement retranscrit (avec un Wolverine un peu idiot en invité surprise). Album hautement recommandé donc, surtout que le premier omnibus qui comprenait déjà tous ces épisodes est épuisé, et son prix sur les sites de ventes aux enchères est quelque peu décourageant. Il existait aussi la solution des Marvel Icons (collection que nous regrettons) pour cette dose indispensable de punitions en tout genre.



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CYBORGS TOME 1 : RONIN (CHEZ SOLEIL)

 Tous les amateurs de science-fiction et d’anticipation ont rendez-vous chez Soleil pour le premier tome d’une nouvelle série en cinq albums...