WONDER MAN : MY FAIR SUPER HERO (AVEC PETER DAVID)


 Il faut être honnête : sans la puissance de frappe de Disney+ et de ses séries télévisées, nous n’aurions sans doute jamais découvert en langue française cette histoire consacrée à Wonder Man. D’autant que le personnage ne rencontre guère de succès chez nous et qu’il est loin d’être une star des comics, y compris aux États-Unis. Simon Williams incarne en effet ce type de héros de « second plan » qui change régulièrement d’équipe au gré des événements, meurt, puis ressuscite, comme c’est le cas ici. L’histoire est néanmoins écrite par le regretté Peter David, qui n’a pas son pareil pour proposer un récit léger, émaillé de nombreux moments drôles, tout en conservant une dose suffisante de pathos et d’éléments scénaristiques intéressants afin de faire légèrement évoluer le héros qu’il met en scène. Wonder Man y est présenté comme un homme de cinéma, ce qui est d’ailleurs souvent le cas : il travaille à Hollywood, ou, en tout cas, aimerait continuer à y travailler. Pour cela, il lui faut des agents efficaces, capables de lui trouver des rôles ou de relancer sa carrière. La discussion va alors tourner autour d’un pari : Simon Williams serait-il capable de réhabiliter la criminelle connue sous le nom de Lady Killer, laquelle se manifeste d’emblée par une violence féroce, au point d’évoquer presque une version féminine de Wolverine mentalement manipulée ? Williams est de ceux qui pensent qu’il y a toujours du bon au fond des gens, prêt à émerger. Le pari consiste donc à amener Lady Killer à s’adoucir, voire à devenir une justicière plutôt qu’une grande méchante.



Spoiler : même si les débuts sont particulièrement difficiles, cela semble fonctionner avec le temps. Un véritable dialogue s’installe entre les deux, avec, en troisième et quatrième larron, Carol Danvers, et Hank McCoy qui viennent jouer les guest stars (très sympathique, le gimmick de la partie d'échecs). Oui, cela paraît possible. Oui, il est envisageable que cette assassine, au passé particulièrement éprouvant et déchirant (un passé qui nous est raconté dès le second épisode), devienne quelqu’un de bien, au service de la justice. Ou alors non, ce n’est pas possible, et, dans un final dramatique, le lecteur comprendra pourquoi. Je vous laisse en tout cas tenter la lecture si vous souhaitez savoir laquelle de ces hypothèses est développée, même si vous devinerez probablement laquelle des deux est la plus intéressante. Je précise au passage que le dessin signé Andrew Currie est très loin d’être conventionnel. Nous avons affaire à un artiste au style très singulier, dont les héros sont tous déformés, caricaturés, comme gonflés à l’hélium, avec des proportions de nature à faire sursauter les amateurs de réalisme. Il en résulte toutefois beaucoup de dynamisme et de peps dans ces pages. Reste enfin la question essentielle : combien d’exemplaires Panini va-t-il pouvoir vendre de cet album, sachant que la sortie demeure pour le moment confidentielle et que l’éditeur distribue peu, voire pas du tout, d’exemplaires en service de presse à ceux "qui savent" ? Cela explique pourquoi vous ne trouverez pas énormément de critiques dithyrambiques, comme c’est souvent le cas lorsque cette pratique est répandue. Bref, bonne chance, Simon Williams. Nous on t'aime, mais on connaît aussi tes limites. 


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