MARVEL WORLD 1 : C'EST PARTI POUR LE RÈGNE DE FATALIS




 En fait, Marvel World, c'est un peu l'incarnation moderne de ce que fut autrefois le pilier du super-héroïsme chez Lug puis Semic, l'inoubliable Strange. Sauf que la qualité des séries Marvel, en ce moment, n'est pas toujours à la hauteur des ancêtres glorieux. Toujours est-il que ce premier numéro de la revue phare de Panini propose les débuts de Le Règne de Fatalis, raison suffisante pour s'y coller, et découvrir ce nouveau grand événement tant attendu. Dans l’univers 616, tout finit toujours par tourner autour de Victor von Fatalis. Ici, littéralement, puisque One World Under Doom transforme la planète en annexe de la Latverie, avec hymne martial et sourire crispé obligatoire. Après six mois de retraite mystique, où il avait troqué les lasers pour les grimoires, Fatalis revient donc en Sorcier Suprême convaincu de détenir enfin la solution à tous les problèmes du monde. En quelques pages, Ryan North montre un Victor impérial, sûr de son génie, déroulant son programme politique comme un PDG mégalo : fin de toutes guerres, santé pour tous, éducation gratuite… bref, la dictature éclairée dont beaucoup rêveraient, faute d'avoir accès à ce qui est un privilège pour une grande partie de la planète. On pourrait applaudir, si le tout n’était pas servi avec cette arrogance chère au personnage, entre le despote visionnaire et l’influenceur Linkedin qui n’a jamais eu tort de sa vie. Face à lui, les Avengers hésitent entre l’indignation morale et la perplexité : comment renverser un tyran qui fait mieux qu’eux dans les sondages ? Ils se rapprocheraient même du Baron Zemo, preuve qu’on touche le fond stratégique. North orchestre cette confusion avec une ironie délicieuse : les héros partent en mission sans plan, en espérant que Reed Richards improvisera quelque chose en route. Spoiler, il va se planter. Graphiquement, R.B. Silva est convaincant. Fatalis est vraiment majestueux : un souverain sorcier drapé de sortilèges, présent dans des pages qui débordent d’énergie, de combats inattendus et de citoyens hypnotisés par les discours télévisés du maître. Chez Marvel, cela s’appelle une dystopie ; dans la tête de Victor, c’est le monde parfait. Le Règne de Fatalis frappe surtout par cette question perfide que North glisse entre deux explosions : et si Fatalis avait raison ? Rien de tel qu’un tyran efficace pour replonger les héros dans leurs contradictions. 



Il y a deux autres épisodes essentiels dans ce premier numéro de Marvel World. Tout d’abord, vous assisterez au nouveau départ de Spider-Man, cette fois confié aux bons soins du scénariste Joe Kelly. Il s’agit en réalité d’un véritable petit festival offert par le dessinateur espagnol Pepe Larraz qui, comme vous le savez sans doute, compte aujourd’hui parmi les meilleurs artistes à l’œuvre chez la Maison des Idées. C’est lui qui parvient à transcender cette relance somme toute très classique : Peter Parker cherche un emploi, en trouve un grâce à une ancienne connaissance du lycée, fréquente une nouvelle petite amie et voit de nouveaux ennemis œuvrer dans l’ombre contre lui. Bref, rien que l’on n’ait déjà lu ou relu, mais l’ensemble a au moins le mérite d’être superbement illustré. Du côté d’Iron Man, c’est désormais Spencer Ackerman qui reprend la série. On retrouve un Tony Stark revenu à la tête de son entreprise… pour s’en faire évincer presque aussitôt. Une panne d’armure au beau milieu d’une démonstration, une chute sévère, une blessure grave et le voilà contraint d’entamer une longue rééducation. Ce retour à la case départ débouche sur une nouvelle sorte de « guerre des armures » qui l’oblige à faire un net pas en arrière dans l’utilisation de sa technologie. L’ensemble est plutôt intéressant, voire franchement intrigant, servi par les dessins prometteurs de Julius Ohta. Le reste, en revanche, se révèle nettement moins enthousiasmant. L’épisode des Avengers, directement lié aux événements du Règne de Fatalis, est d’un ennui profond et parfaitement dispensable : une simple transition narrative centrée sur le Captain America version Sam Wilson, sans véritable intérêt. Même constat pour les épisodes consacrés à Thor, ici issus d’Immortal Thor. Le titre souffre d’un handicap majeur : vous devez prendre l’histoire en cours de route et, si vous n’avez pas lu les chapitres précédents, vous risquez d’être complètement perdu face à ce que propose Al Ewing. D’autant plus que chaque planche est réalisée par un dessinateur différent, ce qui exige une attention soutenue et exclut pratiquement tout lecteur novice. Dommage : le Dieu du Tonnerre a connu des jours bien plus passionnants, y compris récemment. Terminons avec une information importante : si Le Règne de Fatalis vous passionne ou vous a simplement convaincu de casser votre tirelire, sachez qu’il existe une autre publication du même type, actuellement disponible chaque mois. Panini y insère un ensemble de séries annexes, comme Doctor Strange, les Avengers Supérieurs ou Doom Academy. Nous n’avons pas encore tenté l’aventure, mais je vous en reparlerai, le cas échéant.



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