ROOK EXODUS TOME 1 : UNE AUTRE VISION D'UNE AUTRE FIN DU MONDE


 Avec Rook : Exodus, Geoff Johns ouvre une nouvelle brèche dans le paysage des comics post-apocalyptique, et ce n’est pas une mince affaire : sur Exodus, planète de secours d’une Terre en ruines, tout s’effondre déjà. Décidément, l’humanité a le chic pour planter ses jardins dans des cimetières. Elon Musk devrait en prendre de la graine. En fait, le monde d’Exodus a tout du cauchemar écologique en cinémascope : une planète à l’agonie, des ruines technologiques, une faune mutante terrifiante, et des survivants masqués capables de contrôler des espèces animales. Mais ce don a un prix : à force d’utiliser ces casques psychiques, les porteurs s’animalisent eux-mêmes, et si le matériel tombe en panne, ils risquent aussi un sérieux retour de bâton. On découvre là une sorte de malédiction mentale et physique qui ne va pas sans rappeler la lente déshumanisation des super-héros, trop investis dans leurs pouvoirs. En tous les cas, c'est plutôt bien vu et ça permet de mettre en scène toute une faune aux ordres de rares survivants, qui ne sont pas tous des chics types. Au centre du récit, Rook, gardien des corbeaux, semble à la dérive : hanté par un passé tragique, assailli par les cris des volatiles dans sa tête, il s’enivre pour faire taire ce vacarme intérieur. Johns creuse ici un thème qui ravira les amateurs de révisionnisme héroïque : l’épuisement psychique du héros, la solitude du survivant, l’ambiguïté du pouvoir. Face à lui, Sanglier, parce qu'il contrôle ces charmantes bestioles, vit presque en harmonie avec ses bêtes. C'est une figure touchante et tragique, opposée à la brutalité d’Ursa, le géant dominateur des ours présents sur Exodus, qu'on devine d'emblée être le grand antagoniste de la série. 



Et puis il y a Jason Fabok, qui réalise une mue spectaculaire. Il met de côté les planches ultra-calibrées des Three Jokers ou de Batman, pour miser sur une esthétique crue, rugueuse, presque grotesque. Ses créatures – sangliers titanesques, ours menaçants, oiseaux tournoyants comme des spectres perdus – hantent véritablement les pages. Reste une légère frustration dans tout ce tableau positif : si les masques sont très réussis, entre Power Rangers désabusés et soldats vétérans de la fin du monde, les personnages, eux, semblent figés. Ils parlent, ils tirent, ils souffrent, mais ils ne parviennent pas tout à fait à gagner en sympathie ou à faire naitre l'empathie. L’action semble se produire autour d’eux, sans qu’ils en soient les véritables moteurs. Le spectacle est dans la nature, pas dans l’humain. L'humain, lui, c'est la clé de l'effondrement. Celui qui ose penser pouvoir terraformer un monde vierge pour pallier la catastrophe qui est advenue sur sa planète de naissance. Celui qui emmène dans son sillage les espèces animales en voyage, pour coloniser et repeupler à son image ce qui ne lui appartient pas. C'est bien toute la tragédie d'Exodus : difficile d'être du côté de ces personnages, tant on souhaiterait, en fait, que la nature leur inflige une ultime défaite, nature balafrée et violée, au nom de la sacro-sainte technologie mortifère. Malgré cela, Rook : Exodus pose les bases d’un monde intrigant, vraiment. Entre Mad Max, bestiaire mutant et mélancolie post-héroïque, il y a là une matière puissante pour une saga ambitieuse. Il faudra que les prochains tomes donnent plus de corps aux personnages et plus de rythme à leur destin. Mais pour une première, le ton est là, le style aussi, avec une envie de briser les codes classiques du genre. Sans compter l'édition grand format très soigné d'Urban Comics, qui sait toujours comment nous appâter, sans avoir besoin de casque cybernétique. 



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BATMAN GHOSTS OF GOTHAM TOME 1 : CLÉMENCE ET CHÂTIMENT


Cela fait de longues années que Bruce Wayne combat le crime sous le masque de Batman. En conséquence, son corps est aujourd’hui meurtri : on ne compte plus les balles reçues, les coups de couteau, les ligaments endommagés ou les os brisés. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’avec le temps, le justicier de Gotham soit peu à peu perclus de douleurs et perde en efficacité sur le terrain. Une opportunité extraordinaire se présente alors à lui : un sérum révolutionnaire, capable de régénérer le corps, de conserver une forme de jeunesse prolongée, et de réparer la plupart des maux liés à l’âge. Mais la scientifique à l’origine du projet (Scarlett) n’est pas une inconnue. Bruce l’a rencontrée lorsqu’il n’était encore qu’un jeune garçon. Sa mère n’était autre que la compagne de Joe Chill, le criminel tristement célèbre pour avoir assassiné les parents de Bruce dans une ruelle sordide de Gotham. Chill, on le découvre, était aussi d’une violence extrême avec cette femme, enceinte à l’époque. Si elle a pu accoucher loin de son bourreau, c’est parce qu’il avait été gravement blessé dans un accident de la route… et sauvé in extremis par un chirurgien d’exception : Thomas Wayne. Pendant que les services sociaux de l’hôpital faisaient croire que le bébé n’avait pas survécu et que la mère avait disparu, Thomas, en soignant un homme peu recommandable, offrait sans le savoir une seconde chance à celui qui allait bientôt devenir son assassin. Pour Batman, c’est un dilemme aussi cruel que personnel. Difficile à encaisser, d’autant qu’une nouvelle menace surgit dans les rues de Gotham : quelqu’un s’en prend à des adolescents fraîchement libérés d’un établissement de redressement aux méthodes extrêmes. On les retrouve morts… et vidés de leur sang. 



C’est un double dilemme en fait, pour Bruce Wayne. D’un côté, toute cette histoire ravive en lui les souvenirs de son père, chirurgien, et du fameux serment des praticiens : sauver une vie n’est pas négociable dès l’instant où l’on en a les moyens, peu importe le passé de celui qui en a besoin. La famille Wayne va bien entendu en payer le prix fort, à la fois pour cet altruisme, mais aussi pour les conséquences liées à ce fameux traitement capable de ralentir les effets du vieillissement — voire de rajeunir au niveau cellulaire. Il s’agit d’un traitement expérimental, ultra coûteux, réservé à une élite : la crème de la crème. Est-ce que ce n’est pas un peu trop facile, quand on s’appelle Bruce Wayne, qu’on est milliardaire, et qu’on patrouille en collants pour faire régner la justice dans les rues de Gotham, d’avoir recours à un tel produit alors que, dans le même temps, la population décline physiquement, année après année, sans aucun recours ? Ajoutez à cela le sort réservé à des adolescents, et donc le discours sur la possibilité de se racheter à un âge où tout reste encore possible, même quand on a mal commencé sa vie — et vous obtenez un scénario particulièrement intelligent de la part de Tom Taylor. Il signe ici des débuts remarqués et remarquables sur le titre Detective Comics. D’autant que, côté dessin, Mikel Janin est en très grande forme : ses planches flirtent avec l’iconique, sans jamais donner l’impression d’en faire trop ou de chercher à épater la galerie. Je me doutais que ce premier volume serait une lecture agréable, mais pas à ce point. C’est vraiment un album à recommander les yeux fermés à tous ceux qui sont sensibles à l’univers du Dark Knight.


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MÉTAMORPHES VOL. 2 : LOUVE STORY (CHEZ DRAKOO)


Ambre et Lucas ne sont plus vraiment des adolescents comme les autres. Nous l'avons découvert dans le premier volume de Métamorphes. Les deux lycéens ont été investis de pouvoirs assez étonnants à la suite de ce qui ressemble à un banal accident… mais dont les responsables s’avèrent en réalité bien plus mystérieux et retors. Ambre, issue d'une famille très aisée — son père est député — est un peu la star de beauté de son lycée. Elle sort avec une étoile montante du basket. Lors de fortes poussées de stress ou de colère, elle se transforme en une sorte de louve-garou couverte de poils. Bonjour la facture pour l'épilation. Lucas, à l’opposé, est l’exemple parfait du jeune geek un peu rachitique, qui passe son temps avec ses amis à se lancer dans des jeux de rôle. Lui, il devient une sorte de vampire. Bien entendu, il craint la lumière du jour, mais possède en échange des réflexes aiguisés et une force hors du commun, contrebalancés — cela va de soi — par une soif de sang typique des créatures de son espèce. Quant à "l’organisation" tapie derrière toute cette histoire, elle tente de mettre la main sur les deux adolescents, notamment en infiltrant une des leurs au sein du lycée en tant que nouvelle conseillère principale d'éducation. Celle-ci est en réalité une doppelganger — une créature capable de changer de forme et d’adopter l’apparence de presque n’importe qui. Tout cela donne évidemment lieu à une histoire riche en action, en retournements de situation, et même en frissons. Et comme le scénariste n’est autre qu’Olivier Gay, on y retrouve en plus une bonne dose d’humour, ainsi qu’une fluidité et une efficacité narrative remarquables.




À notre connaissance, il n’existe pas de fan-club officiel d’Olivier Gay — mais nous pourrions bien être tentés d’en fonder un, tant le travail de ce scénariste parvient à nous séduire à chaque nouvelle publication. Injecter une bonne dose d’humour dans une bande dessinée qui s’adresse à la fois à un public adolescent et à des adultes un peu plus malicieux n’a rien d’évident. Il faut maîtriser le rythme, maintenir en permanence l’intérêt du lecteur, sans jamais tomber dans la facilité, la trivialité ou le gag poussif. C’est précisément pour cela que nous admirons autant son travail. Les portraits de jeunes qu’il dresse ici sonnent justes. Même si ce qui leur arrive est, bien entendu, hautement improbable, tout semble plausible dans la manière dont il évoque les réseaux sociaux, la vie au lycée ou simplement les relations amicales et familiales. On sourit à chaque page, car chaque scène apparait vrai, chaque réplique fait mouche. Et puisque nous parlons de précision, saluons également le travail de Jonathan Aucomte, qui accomplit exactement la même prouesse de son côté, mais sur le plan graphique. Au diapason, les compères ! Comme souvent, on retrouve cette dynamique d’attraction-répulsion entre les protagonistes. Ici, Ambre, qui ne semble clairement pas appartenir à la même catégorie sociale que Lucas — ni en apparence, ni en popularité —, se retrouve pourtant étroitement liée à lui. Elle n’a probablement jamais rencontré quelqu’un capable de faire preuve d’autant d’attention et de gentillesse. Tout les oppose : leur milieu, leur physique, leur place dans la hiérarchie du lycée. Et pourtant, les circonstances les réunissent, dans une aventure où leur prétendue relation provoque quiproquos et malentendus, au point d’interroger le lecteur : cette romance pourrait-elle devenir un peu plus concrète ? On s’amuse sincèrement, on se prend au jeu… Que demander de plus à cette excellente série publiée chez Drakoo ?


Tome 1 à retrouver ici 

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LES GUERRES SECRÈTES II : LE BEYONDER EN GOGUETTE


Je vous rappelle en quelques mots le principe des Guerres Secrètes, version années 1980. Le Beyonder, un être tout-puissant venu du fin fond de l’univers, convoque sur une planète composite — créée pour l’occasion — une belle brochette de super-héros et de super-vilains. Une fois sur place, tout le monde tape sur tout le monde, et le vainqueur se voit promettre une récompense à la hauteur : la réalisation de tous ses vœux. Pif, paf, pan ! Prends ça, manant ! Voilà, c’est résumé. Fallait-il vraiment envisager une suite, deux ans plus tard, avec Secret Wars II ? Évidemment, la réponse est loin d'être évidente. Comme vous le savez, ce n’est pas moi qui décide — et de toute façon, à l’époque, j’étais bien trop jeune. On retrouve donc le Beyonder, cette fois en déplacement. Il débarque sans prévenir sur notre planète, animé par une étrange quête : comprendre ce que signifie "vivre", à la manière d’un humain énigmatique. Lui n’a aucune expérience, et ses efforts se tendent vers cet objectif. Boire, manger, frapper, rêver… pour lui, rien n’a de sens. Il va donc consulter quelques héros qu’il connaît déjà, histoire de leur demander comment combiner observation et expérimentation dans l’espoir d’atteindre cette sagesse qui lui échappe. Après avoir frayé avec un scénariste de série télé à Hollywood — à qui il offre, de manière totalement imprudente, des pouvoirs extraordinaires —, le Beyonder débarque chez Peter Parker. Mais de cet échange inédit, le seul enseignement qu’il en tire, c’est comment on évacue ses intestins aux toilettes. A-t-il au moins entendu parler du papier hygiénique ? Mystère insondable et gastro au menu. Le Beyonder poursuit son odyssée philosophique auprès de Reed Richards (pour une fois peu loquace), puis des Heroes for Hire, Iron Fist et Luke Cage. Ce dernier, fidèle à lui-même, l’accueille comme un bourrin et commence par lui coller quelques coups, mais tout s’arrange ensuite. Le duo s’en tire avec les honneurs… jusqu’au moment où l’étranger transforme leur immeuble à étages multiples en un bâtiment tout en or, qui s’écroule aussitôt sous son propre poids. La raison ? Ce bêta de Cage lui avait confié que la vie était régie par l’argent et la possession de biens matériels. Du coup, le Beyonder repart, méditant sur les taux d’intérêt et comment se remplir les poches de dollars. Il était venu chercher la connaissance, il repart reconverti en gourou façon Bolloré.




Le Beyonder possède, au fond de lui, cette candeur, cette innocence propre à celui qui ne sait rien, faute d’avoir rien expérimenté. Mais il veut tout savoir, tout vivre — et vivre, justement. Il s’acoquine donc tout naturellement avec la pègre locale, qui lui apprend les ficelles du métier. Doté de pouvoirs illimités, le Beyonder dame le pion au Caïd, investit la Maison Blanche, devient le maître incontesté de toute l’Amérique. Mais cela ne lui suffit pas : que vaut une telle existence si l’on prive les autres de leur libre arbitre ? Et surtout : où trouver un véritable sens à la vie ? Dans l’amour, peut-être ? Le Beyonder commence par une brève aventure avec une prostituée, qui lui apprend les bases du comportement intime. Puis il décide (véridique !) de tomber amoureux de Dazzler. Comme s’il l’avait choisie sur catalogue, il se met en tête qu’Alison doit devenir sa compagne, point final. Évidemment, cela ne plaît pas à tout le monde : les X-Men décident de lui régler son compte, et la jolie blondinette, objet de ses attentions, choisit de le plaquer à la première occasion. Le Beyonder souffre, déprime, et c’est sa rencontre avec la jeune Tabitha (membre des Nouveaux Mutants et de X-Force par la suite) qui lui permet de retrouver un peu d’élan, avant de nouveaux affrontements, tour à tour avec les X-Men, les super-vilains de l’univers Marvel, et à vrai dire un peu tout le monde. Le fait est qu’il nourrit l’ambition démesurée d’effacer la mort elle-même. Modestie, avant tout. Jim Shooter est capable du meilleur comme du pire. Son récit n’est pas dépourvu de bonnes intentions, bien au contraire, et ce qu’il dit ou esquisse sur la création — notamment dans le final — se révèle plutôt juste et même poétique. Mais les nombreux tie-in s’avèrent souvent redondants, parfois improvisés, et Secret Wars II déborde dans trop de séries, jusqu’à ressembler à un gigantesque pudding indigeste. Si l’on se contente de suivre la série principale en neuf volets, comme ici, l’ensemble demeure beaucoup plus cohérent et pertinent. Sauf qu’Al Milgrom, au dessin, livre une prestation disgracieuse : une multitude de petites cases surchargées de didascalies et de dialogues rendent la lecture fastidieuse — surtout pour celles et ceux qui n’ont pas vu d’ophtalmo depuis trop longtemps. Secret Wars II n’est donc pas une lecture indispensable, mais elle peut encore surprendre, avec le recul, par la justesse et l’inspiration de certaines pages, où un être tout-puissant et omniscient se trouve tourmenté par la simple condition de mortel — une énigme qu’il n’appréhende jamais vraiment, mais qu’il ne cesse de questionner, entre pathétique et poésie. Panini nous fait la divine surprise de ressortir la chose dans un bel album à 32 euros, avec même un coffret et les premières Guerres Secrètes du nom. Chouette, alors ? 




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SUPERMAN DARK PROPHECY TOME 1 : SUPERWOMAN


 Quand on évoque Superman auprès de lecteurs encore vierges — ceux qui n’ont jamais vraiment mis le nez dans un comic book — on se heurte souvent à une image simplifiée, presque caricaturale du héros : celle d’un extraterrestre solitaire, dernier survivant de Krypton, parfois épaulé par sa cousine Supergirl, et affublé d’une version adolescente de lui-même, Superboy. Mais les lecteurs aguerris savent qu’il n’en est rien. Superman, ce n’est pas seulement un personnage : c’est une véritable franchise, une constellation de figures ayant hérité, peu ou prou, des pouvoirs de l’Homme d’Acier. La dernière en date à rejoindre ce panthéon inattendu n’est autre que Lois Lane. Oui, la Lois Lane, l’indomptable journaliste du Daily Planet, épouse de Clark Kent à la ville, vient elle aussi d’acquérir des facultés résolument spectaculaires. Au terme du grand crossover Absolute Power — dont on taira ici les détails pour le moins rocambolesques —, la voici capable de voler, dotée d’une force surhumaine et quasiment invulnérable. En somme, elle n’a plus grand-chose à envier à son célèbre mari. Mais ces dons extraordinaires n'effacent pas les soucis ordinaires : comme Clark, Lois doit désormais jongler avec sa double identité. Sauver le monde, oui, mais sans oublier de trouver un coin discret pour se changer. Et surtout, éviter que la presse — son propre domaine de compétence — ne découvre ce secret encombrant. Ce paradoxe ironique constitue le cœur du numéro spécial qui ouvre l’album, avant que l’on ne bascule dans la série régulière Superman, avec le numéro 19. Et là, changement de ton : fini les dilemmes domestiques, place à la baston sans retenir les coups. Car c’est ni plus ni moins que Doomsday qui fait son grand retour. Oui, ce Doomsday. Cette masse destructrice qui, jadis, tua Superman, revient semer le chaos à Métropolis. Et comme si cela ne suffisait pas, le récit nous propulse également à la fin des temps, où Superman doit s'entretenir avec un certain Piégeur Temporel.



Il ne s’agit donc pas, à proprement parler, d’un relaunch ou d’une nouvelle série, mais bien de la continuation du titre Superman. Certes, on atteint ici un excellent point d’entrée pour de nouveaux lecteurs, d’où l’idée, chez Urban Comics, de lancer une série d’albums intitulée Dark ProphecyLe scénario est confié à Joshua Williamson, qui introduit toute une série de nouveautés. À commencer par la relation naissante entre Jimmy Olsen et Silver Banshee, ou encore un nouveau Lex Luthor, désormais amnésique, qui semble sincèrement animé par une volonté de rédemption — et visiblement troublé à l’idée du mal qu’il a pu infliger par le passé. Les actions de Superman et des autres personnages à super-pouvoirs qui gravitent autour de lui sont désormais coordonnées par une sorte de cellule de supervision high-tech, conçue pour maximiser leur efficacité : être au bon endroit, au bon moment. Et il faut bien ça, car, comme nous vous l’avons déjà dit, le retour de Doomsday s’annonce particulièrement problématique. Ce dernier, fidèle à sa nature, revient après chaque défaite sous une nouvelle forme, enrichie des erreurs précédentes. Pire encore : une ancienne civilisation, autrefois victime de sa violence, débarque sur Terre pour le capturer — ou plutôt pour l’exploiter. Et la requête n’a rien d’amical : il s’agit clairement d’un ultimatum. Heureusement, Superman et Lois, qui forment plus que jamais un couple uni et redoutablement efficace, vont devoir affronter ensemble cette menace. Sous des costumes assez proches, les deux héros incarnent une nouvelle forme de synergie super-héroïque. Côté dessins, on est gâté : seuls des artistes de tout premier plan sont mobilisés, avec notamment l’excellente Laura Braga, et l’omniprésent — mais toujours convaincant — Dan Mora. Deux styles complémentaires qui confirment que, sur le plan graphique, DC Comics conserve peut-être une légère avance sur ses concurrents. Bref, un album à la fois très agréable et facilement accessible, même pour les lecteurs novices.



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : SEUL (L'AFFAIRE ROMAND)


Dans le 202e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Seul, l’affaire Romand que l’on doit au scénario d’Olivier Petit et au dessin de Valette, un ouvrage publié chez Petit à petit dans la collection Docu BD.

Le podcast revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie du premier tome de la série Mi-mouche intitulé Tu veux te battre ? Que l’on doit au scénario de Véro Cazot, au dessin de Carole Maurel et c’est publié aux éditions Dupuis


- La sortie de l’album Les héros du peuple sont immortels que l’on doit à Stéphane Oiry et aux éditions Dargaud


- La sortie de l’album Les poissons, eux, ne pleurent pas que l’on doit au scénario de Laurent Galandon, au dessin de Jean-Denis Pendanx et le tout est publié aux éditions Daniel Maghen


- La sortie de l’album Whisky que l’on doit au scénario de Bruno Duhamel, au dessin de David Ratte et c’est publié aux éditions Grand angle


- La sortie de l’album Blanche que l’on doit à Maëlle Reat, un album publié chez Glénat


- La réédition de Zaï zaï zaï zaï à l’occasion des 10 ans du titre que l’on doit à Fabcaro et qui est publié aux éditions 6 pieds sous terre






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MOTORHEAD BACK FROM THE DEAD - LE METAL CHEZ PETIT À PETIT


 On vous en a déjà souvent parlé ici : on adore les docu-BD publiés par les éditions Petit à Petit. Il s’agit de bandes dessinées hybrides, à mi-chemin entre le reportage et la biographie illustrée, qui retracent la carrière d’un artiste, racontent un fait de société ou dressent le portrait d’une ville, en alternant des chapitres dessinés et des pages rédactionnelles pour mieux contextualiser et apporter des informations précises. Cette fois, c’est le rock metal qui est à l’honneur avec un volume consacré à Motörhead, monument incontournable de la musique à guitare rugissante, référence absolue pour tous les amateurs du Hellfest. Bien sûr, si le groupe a atteint une telle renommée, c’est avant tout grâce à la personnalité hors norme de Lemmy, son chanteur et frontman. Une figure légendaire, à la vie picaresque, dont la trajectoire démente est ici brillamment retranscrite. Même sans être un fan invétéré de Motörhead, on se laisse happer par ce destin hors du commun, celui d’un type capable d’enfiler 60 cigarettes par jour, 3 litres de vodka, et toute une panoplie de substances plus ou moins licites — à l’exception notable de l’héroïne — pour alimenter sa machine intérieure. Un album qui rend hommage avec justesse et énergie à l’icône Lemmy, sans en gommer les excès, et qui s’inscrit dans la droite ligne des réussites de cette collection décidément essentielle. Avec leur look de bikers et leur philosophie "no bullshit", Motörhead a imposé une esthétique et une éthique qui ont influencé des centaines de groupes, bien au-delà du metal. Non sans une dualité étonnante entre les excès apparents sur scène, une image de sauvages incontrôlables, et une forme de savoir vivre gentleman au civil, loin des feux de la rampe. Un Lemmy maître à bord d'une formation qui change régulièrement de roster et qui implique pleinement ses roadies dans l'aventure, et qui fédère les fans au fil des ans, jusqu'à inclure les futures vedettes internationales de Metallica. Tout, vous saurez tout sur Motörhead.



Pour structurer au mieux cet album, c’est Fabrice Rinaudo qui s’est chargé du scénario, tandis que Samuel Degasne s’est occupé de toute la partie documentaire. L’album se divise en dix-sept chapitres, plus une introduction et une sorte d’épilogue touchant, dans lequel on retrouve Lemmy, accueilli par quelques-uns de ses collègues rockstars dans une sorte de bar céleste, au paradis des musiciens. Auparavant, on a droit à l’essentiel : la vie de Lemmy, bien sûr, sa rencontre avec Lars Ulrich et la manière dont Motörhead a influencé Metallica ; les nombreuses arrivées et départs dans un groupe en perpétuel mouvement, au gré des coups de gueule ou des recrutements de dernière minute ; les répétitions acharnées, les passages télévisés les plus divertissants — comme ce fameux moment sur TF1 où le groupe se retrouve face à Yves Mourousi et Marie-Laure Augry, alors duo vedette de l’info chez nous. C’est un parcours musical, mais surtout un parcours humain qui est ici mis en valeur, avec pour chaque chapitre un style graphique différent, porté par des dessinateurs qui, le plus souvent avec talent, cherchent à se fondre dans l’ambiance ou à coller au propos, pour offrir des planches aussi percutantes que possible. Parmi les contributions les plus originales, audacieuses ou tout simplement les plus réussies, citons Lionel Chouin, chargé de l’anniversaire de Lemmy, lorsque collègues et amis lui rendent hommage ; Arnaud Michel, capable de synthèse, de caricature, de produire des pages aussi crades que belles ; et bien entendu Christian Rosado, parfait pour les ambiances glauques façon polar. Sans oublier l’Italienne Letizia Cadonici, que l’on avait déjà repérée chez Petit à Petit et découverte chez Shockdom. En somme, cet album ne s’adresse pas seulement aux fans absolus de Motörhead — encore que, bien évidemment, ces derniers risquent d’y trouver un livre de chevet à lire et relire — mais aussi, et surtout, à celles et ceux qui ne connaissent pas vraiment cette légende du metal, et qui vont ici en découvrir presque toutes les facettes. Une bio réussie, c’est une bio qui raconte, contextualise, fait ressentir et suscite l’empathie. Sur tous ces points, c’est un carton plein.



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ROOK EXODUS TOME 1 : UNE AUTRE VISION D'UNE AUTRE FIN DU MONDE

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