FANTASTIC 4 ET SURTOUT FATALIS 2099 : L'OMNIBUS CHEZ PANINI


Au début des années 1990, Marvel a décidé d’expédier ses héros dans un futur lointain, l’an 2099, histoire de tester leur résistance à l’usure du temps et aux dictatures d’entreprise. Dans ce monde dystopique, les grandes corporations règnent en maîtres, les super-héros appartiennent au passé, et les collants colorés ne sont plus qu’un souvenir embarrassant. Spider-Man, les X-Men, le Punisher, Ghost Rider et même Ravage (le joujou futuriste inventé par Stan Lee) se sont prêtés à l’exercice. Mais la série la plus surprenante n’a pas mis en avant un justicier : elle a donné la vedette à un vilain, ou plutôt à l’ombre d’un vilain. Fatalis lui-même. Entre 1993 et 1996, Doom 2099 a compté quarante-quatre épisodes, publiés en VF par Semic dans la revue 2099. Disponible en cette fin septembre au format Omnibus chez Panini ! Dès le départ, l’ambiguïté est savoureuse : l’homme qui revient en Latvérie prétend être Victor von Doom, mais nul ne peut vraiment en avoir la certitude. Voyage temporel ? Clone ? Imposteur convaincu ? Le doute plane, et l'incertitude nourrit la tension dramatique. Toujours est-il que l’intéressé se conduit bel et bien comme Fatalis, avec l’arrogance, la mégalomanie et le sens politique qui le caractérisent. Son retour, toutefois, n’a rien d’un triomphe. La Latvérie du futur est aux mains de Tiger Wylde, un dictateur bardé de technologie, qui expédie Doom au tapis avec une facilité humiliante. Blessé, défiguré, presque réduit à néant, l’ancien monarque reprend la tradition : un visage mutilé derrière un masque de fer, symbole d’un destin qui refuse de changer. 



La convalescence du tyran déchu le mène à la rencontre des Zefiro, une tribu tzigane qui réactive un vieux lien avec le passé. Grâce à eux, Fatalis se réinvente : nouvelle armure, nouvelles armes, et surtout une nouvelle posture. Car dans ce futur où les multinationales écrasent les peuples, Fatalis se transforme en champion de la liberté. Attention : champion à sa manière, c’est-à-dire avec une main de fer, un sens très personnel du bien commun et un ego toujours sans pareil. Pour reprendre le contrôle, Doom déploie une stratégie méthodique : accumulation de ressources, exploitation d’un minerai rare et instable, le Tritonium, puis reconquête progressive de son territoire. Le récit de John Francis Moore suit une lente montée en puissance : d’abord le paria humilié, ensuite le rebelle soutenu par quelques alliés, enfin le chef incontesté, prêt à reprendre son trône et à rappeler à tous qu’en 2099, comme depuis les années soixante, Fatalis reste Fatalis. Au dessin, c'est Pat Broderick qui imprime son style au titre, avec une minutie précieuse et beaucoup d'expressivité. La série se distingue par son ton sombre, son mélange de science-fiction et de politique, et par ce paradoxe délicieux : le dictateur traditionnel se mue en libérateur, mais sans jamais cesser d’être lui-même. Doom 2099, c’est le rêve suprême de tout despote éclairé : sauver son peuple, mais à condition que ce peuple obéisse sans discuter. En somme, un Fatalis transposé au XXIe siècle… et toujours en avance d’un masque sur tout le monde. Avec même du Warren Ellis en fin de parcours, pour mettre en scène l'ascension définitive vers le pouvoir d'un personnage complexe, qui va aussi être au centre de l'actualité avec Doom World, publiés en plusieurs softcovers (deux par mois) dans les semaines à venir. On y reviendra, forcément. Pour aujourd'hui, ajoutons juste que l'omnibus de Panini nous semble indispensable !



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THE PUNISHER RED BAND #1 : LA REVIEW V.O


 Depuis quelques années, le Punisher est  un paradoxe ambulant. Frank Castle a été récupéré dans le monde réel par des groupes qui l’ont brandi comme une icône de la droite dure, une récupération qui va totalement à l’encontre de ce qu’il est. Marvel, embarrassé par la situation, a choisi de mettre le personnage en retrait, avant de carrément s'en débarrasser avec une maxi série écrite par Jason Aaron, dont j'ai déjà dit assez de mal par le passé (oui, l'opinion n'est pas partagé par tous, mais j'ai trop de respect pour le Punisher pour trouver ça satisfaisant). Alors, enfin, on respire, voici Punisher : Red Band #1. Le retour de Frank est à la fois brutal et déroutant. Percy et Ohta ne s’embarrassent pas de préliminaires : ça démarre par des explosions et du sang partout, c'est glauque et ça ne fait pas dans la dentelle. Le Punisher bien amoché des premières pages est amnésique, Castle ne sait plus vraiment qui il est, mais qui conserve l’essentiel : la faculté d’abattre ses ennemis avec une efficacité clinique. Le concept des publications Red Band est parfaitement assumé : violence graphique, hémoglobine en vente libre, chairs lacérées et cadavres calcinés. Non pas qu'auparavant, le Punisher était un gentil garçon, mais enfin, vous me comprenez. Ohta met en scène un Frank massif, un colosse grotesque qui s'est pris plusieurs balles dans le buffet (et qui nous fait une sorte de compte rendu détaillé de ses blessures). Face à lui, des figures tout aussi brutales, comme Tombstone, dont la sauvagerie dépasse de loin ses dernières incarnations dans Amazing Spider-Man. Ici, on se retrouve face à un monstre carnassier, qui va très loin dans la boucherie. Pourtant, la série ne se limite pas à une orgie gore. Percy, qui connaît ses classiques (Wolverine, par exemple), sait qu’écrire le Punisher implique de montrer les conséquences de sa croisade. Frank n’est pas un héros et il ne l’a jamais été. C'est une sorte d'anomalie qui dérange, un mal nécessaire. L'ambiguïté est au cœur du récit : on aurait envie qu'il s'en sorte, de l'aider, mais on devine que ça va chauffer et que la violence ne fait que commencer. Le trait rugueux de Julius Ohta colle à merveille à l’univers crasseux de Castle : ce n’est pas beau, ça fiche les foies. On a bien une gentille vieille dame qui vole au secours de Castle, sans avoir rien demandé en fait (vous vous rappelez Joan, à l'époque de Garth Ennis ? Il y a de ça, mais sans l'humour d'alors). Et surtout, il y a Wilson Fisk, le Caïd, dans un rôle inédit, avec entre les mains le grand twist de ce premier numéro, dont on ne vous dira rien, pour ne pas vous gâcher la lecture. C'est malin, à défaut d'être original. Et c'est l'assurance que Castle ne va pas aimer du tout. Bref, un Punisher Red Band qui parvient à offrir une lecture viscérale, brutale et sans compromis, et à renouer avec l’héritage de la ligne MAX, tout en ramenant sur le devant de la scène un personnage trop vite remisé au placard. Frank Castle est de retour, et il n’a rien perdu de son appétit pour la punition. Pour les explications, ce qu'il a fait durant son "absence", ce sera pour une autre fois. Peut-être. 



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NAMOR : LE DERNIER ROI D'ATLANTIS AVEC JASON AARON


 Namor, le Prince des Mers, n’a jamais été réputé pour sa modestie. Pénétré de son droit divin à régner sur les abysses, il alterne depuis toujours entre gestes d’altruisme envers les hommes de la surface et fureurs destructrices qui trahissent autant sa susceptibilité que son orgueil monarchique. C'est autant un super-héros qu’un souverain en exil permanent, qui oscille entre l’autorité et la révolte. Dans la mini-série conçue par Jason Aaron, on le découvre pourtant dans une posture inhabituelle : volontairement incarcéré dans une prison de haute sécurité, au large de nulle part, presque privé d’eau et donc de sa force. Les humiliations des gardiens ne rencontrent aucune riposte. Le Prince des Mers accepte son sort et se détourne, pour la première fois, de la politique des profondeurs. Mais l’Histoire a horreur du vide : en son absence, sept prétendants au trône d’Atlantis s’entredéchirent. Stingray (autrefois surnommé Manta durant nos années Lug et Semic) vient l’avertir : s’il n’intervient pas, cette guerre civile menace de s’étendre et d'ennuyer jusqu’à la surface. Car à force de voir surgir sur leurs côtes des armées atlantes belliqueuses, les humains commencent à s’impatienter. Les croisières de luxe perturbées, le commerce maritime entravé : autant de signaux que la diplomatie hypocrite saura très bien traduire en « légitime défense ». Les dieux Dollar, eux, ne supportent pas que l’écume des mers bouscule leurs profits. Namor doit donc replonger, non par goût du pouvoir, mais parce que l’équilibre géopolitique des océans ne tolère pas son silence. On comprend alors que ce personnage, trop souvent réduit à ses colères, incarne en réalité une question plus vaste : comment trouver sa place dans un monde où l'exclusion est le maître-mot, et embrasser dans un même geste responsabilités politiques et aspirations personnelles ?



Aaron semble être, ces derniers temps, la carte maîtresse que joue Marvel lorsqu’il s’agit de réinventer un personnage et de l’adapter aux préoccupations contemporaines. Nous avons dit que Namor s’aimait beaucoup, mais en réalité, cet amour qu’il porte à lui-même n’est-il pas plutôt une forme de haine ? Très jeune déjà, il a souffert de son statut d’hybride, qui lui a valu le rejet d’une grande partie des siens. Son grand-père, alors maître de la cité d’Atlantis, était un homme corrompu, pour qui le bien du peuple ne comptait absolument pas. Namor, lui, prit très tôt l’habitude de fréquenter les oubliés et les déclassés, découvrant à quel point l’injustice régnait sous les mers. Mais son sang princier le plaçait dans une position paradoxale : il ne pouvait pas se ranger du côté des faibles, car il était destiné à devenir le garant d’un système oppresseur dont il devait perpétuer les mécanismes. Et puis, Namor fit souffrir Atlantis à son tour : il l’entraîna dans des guerres absurdes, réagit sans cesse au quart de tour, considéra la diplomatie comme l’ultime recours, seulement après l’échec des coups, des bombes et des attaques. Ces choix laissèrent évidemment des cicatrices profondes dans le royaume. Aujourd’hui, alors qu’une grande guerre de succession éclate, Namor a choisi un temps de se mettre en retrait. Mais son retour l’oblige à composer avec les erreurs du passé et à faire preuve d’une subtilité nouvelle face aux événements présents. Ce parcours l’amène à se rapprocher de celle qui fut sa première petite amie encore adolescent, mais aussi à affronter les fantômes de son histoire et à se mesurer aux créatures des profondeurs : coraux vivants, baleines mutilées par l’exploitation et la destruction systémique depuis des décennies… Deux temporalités confiées à deux artistes différents, Alex Lins (le plus intéressant des deux) et Paul Davidson. Bref, tout cela est complexe. Cette série propose plusieurs niveaux de lecture, très loin du super-héroïsme classique. À l’image de Namor lui-même : insaisissable, stratifié, jamais là où on l’attend, et impossible à enfermer dans une simple définition. En tout cas, une publication qui ne se contente pas d’effleurer son personnage : la série creuse, exhume et révèle des facettes trop longtemps méconnues ou ignorées.



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CIVILISATIONS ROME : FIN D'UN EMPIRE AVEC RICHEMOND ET FERNIANI


 Est-il possible de prévenir l’avenir ? Peut-on vraiment savoir ce qui va se passer, et ainsi empêcher – ou au contraire favoriser – les grandes catastrophes qui bouleversent les civilisations ? C’est la question que se posent Les Enfants de Seth, une sorte de secte capable d’établir les thèmes astraux de certaines dates précises pour en tirer des enseignements sur le futur. Dans le troisième volume de Civilisations, une trilogie où l’astrologie se mêle à l’histoire antique, nous voilà projetés au IIIe siècle de notre ère, à une époque où l’Empire romain commence à se désagréger : lassitude, mauvais choix stratégiques, expansion démesurée devenue incontrôlable, perte de foi envers les dieux traditionnels au profit de la nouvelle religion catholique, sans oublier la menace des barbares aux frontières. Un menu qui n'augure rien de bon. Dans ce contexte peu idyllique, les empereurs se succèdent à un rythme effréné, et meurent souvent dans des conditions absurdes : ici, une rébellion de légionnaires lassés de jouer les maçons alors qu’ils s’étaient enrôlés pour guerroyer ; là, une mort foudroyante (littéralement parlant) interprétée à l’époque comme la manifestation de la volonté de Jupiter. C’est dans ce monde crépusculaire que ces Enfants de Seth tentent de sauver ce qui peut encore l’être. Leur pari ? Miser sur un simple soldat, Dioclès d'Illyrie, en qui ils perçoivent une figure exceptionnelle : dévouement, force et courage sont ses seules armes face à ce qui ressemble déjà à une fin de règne écrite 129 ans d’avance. Dit ainsi, et vu avec les codes du XXIe siècle, on pourrait s’attendre à un récit complotiste du type « je vous l’avais bien dit, tout était orchestré dans l’ombre ». Mais France Richemond va beaucoup plus loin. Son propos dépasse ce simple artifice narratif pour livrer une véritable leçon d’histoire, foisonnante certes, mais nourrie d’un ésotérisme puissant qui enrichit le récit, le complète, l’absorbe, bref : le rend encore plus captivant.



Bien sûr, nous savons que certains d’entre vous achètent une bande dessinée avant tout pour son dessin. Et vous serez ici comblés. Le travail de Federico Ferniani est d’une qualité remarquable : chaque planche est d’une minutie exemplaire, chaque vignette, chaque décor, chaque arrière-plan respire la volonté de ne rien laisser au hasard. Les expressions des personnages sont parfaitement réussies, et les figures féminines se distinguent par une grâce particulière, notamment Aula, une sorte de médium dont les dons exceptionnels lui permettent de se glisser incognito parmi les plus puissants et d’influencer le destin selon ses desseins. La mise en couleur d’Axel Gonzalbo magnifie l’ensemble : intime et subtile dans les scènes en intérieur, ample et majestueuse dans les panoramas d’architecture romaine, qu’il s’agisse de l’Empire d’Occident ou d’Orient. Seul petit bémol qu'il serait possible d'apporter, cette vision très négative de la décadence de l'empire, qui se meurt dans des orgies, des révolutions de palais, de la violence qu'on devine parfois un peu gratuite. On placera ça sur le compte de la nécessité de muscler l'entrejeu pour saisir le lecteur au collet et lui donner envie de tout lire d'une traite, sans respirer. Après Crète et l'Egypte, ce dernier volume consacré à Rome est probablement un épouvantail pour les professeurs d'histoire qui traquent les incohérences ou les outrances au nom de la vérité (que par ailleurs nous ne connaissons qu'à travers le prisme d'observateurs qui se contredisent, souvent). Je ne leur en veux pas, j'ai cette manie, moi aussi. Mais ce n'est pas le propos ici, pas tout le propos. Et l'album est si beau, si riche, que s'en passer pour cette raison serait quand même une bien mauvaise idée. 



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ALL-NEW VENOM T1 : QUI DIABLE EST LE NOUVEAU VENOM ?


 Avec All-New Venom, Marvel joue une carte bien connue mais toujours efficace : transformer l’identité du porteur du symbiote en un jeu de devinette. Les paris sont ouverts. Al Ewing orchestre la manœuvre comme un prestidigitateur qui ne révèle jamais complètement ses cartes. Eddie Brock ? Dylan ? Non. Le fameux duo père-fils est mis hors-jeu dès le départ. Place à un hôte tiers, sorti du chapeau, et dont le secret alimente une enquête à tiroirs. On retrouve là un parfum de Red Hulk : même dispositif, même suspense étiré sur plusieurs numéros, mais avec une subtilité supplémentaire, car ici, rien n’est vraiment évident. Dans le premier numéro, la liste des suspects est établie : Madame Masque, Luke Cage, Robbie Robertson et Rick Jones. Des profils hétéroclites, chacun semble un bon candidat à cause d'un petit indice, mais aucun ne s’impose franchement. Le lecteur est invité à spéculer, c'est tout le charme des premiers épisodes de cette nouvelle série. On embraye cela dit sur un rythme effréné. Ewing déterre les Death-Throws, des clowns du crime acrobatiques venus des années 1980, et leur offre une nouvelle jeunesse sans rien gommer de leur kitsch assumé. Résultat : une bataille aussi absurde qu’attachante, avec l’ajout de recrues inédites, qui paraissent sorties tout droit de la même époque. Carlos Gómez s’éclate en dessinateur/designer, et ses chasseurs anti-symbiotes sont une trouvaille visuelle frappante, tout comme le nouveau costume symbiotique de Venom, dont le jaune métallique a de quoi surprendre. Mais bon, au milieu de tout ce chaos, reste la question, qui est Venom ? 



Le troisième épisode fait coup double : il permet éliminer des suspects et il est là pour relancer le jeu avec un intrus inattendu. Venom fracasse du soldat d’A.I.M. dans une séquence jubilatoire, mélange de brutalité et d’humour pince-symbiote, où le héros doré prend presque des airs de Tortue Ninja survitaminée. Gómez accentue cette légèreté graphique, avant de basculer vers un design plus monstrueux quand le symbiote reprend le dessus, quand il voit Dylan menacé. Madame Masque, elle, confirme son rôle d’antagoniste, et ça fait du bien de la revoir en forme, quand on a connut ses belles heures dans les pages d'Iron Man. Et puis, coup de théâtre : Paul Rabin, le compagnon honni de Mary Jane, entre dans la danse. De quoi hérisser le poil des lecteurs les plus puristes, mais Ewing semble s’amuser à pousser le paradoxe : et si le type que Dylan déteste incarnait en fait le héros qui l’impressionne le plus ? En tous les cas, ce Paul a autant de charisme qu'un François Bayrou le neuf septembre au matin, et il finira par connaître un destin similaire. MJ, réveille-toi ! Au fond, All-New Venom est un exercice de style : relancer une franchise déjà usée par des décennies de porteurs du symbiote successifs, tout en injectant humour, second degré et clins d’œil malicieux. Ewing connaît son public et ses obsessions, et Gómez sublime chaque scène avec une énergie contagieuse. Reste la grande question : dois-je vous gâcher la surprise, à vous qui vivez dans une grotte depuis des mois et ne savez pas encore qui est le ou la nouveau/nouvelle Venom ? Allez, je vais être plein de mansuétude et ne le dirai pas, histoire de maintenir la pression, pour les deux pour cent du lectorat qui ne savent pas. Vous allez halluciner. Reste que ce premier tome est sympa, frais, je n'en attendais pas tant !



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : ROUGE SIGNAL


 Dans le 206e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Rouge signal, album que l’on doit à Laurie Agusti, un ouvrage publié chez 2042. Cette semaine aussi, le podcast revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie de l’album La tête de mort venue de Suède que l’on doit à Daria Schmitt et qui est publié chez Dupuis dans la collection Aire libre


- La sortie de l’album Des filles normales que l’on doit à Manon Debaye et qui est édité chez sarbacane


- La sortie de l’album Flous artistiques que l’on doit à l’auteur américains Dash Shaw, un titre publié chez Dargaud


- La sortie de la deuxième et dernière partie de L’âge d’eau que l’on doit à Benjamin Flao et qui est publié chez Futuropolis


- La sortie de l’album Les yeux d’Alex que l’on doit à Claire Fauvel, un ouvrage publié chez Glénat dans la collection 1000 feuilles


- La sortie du deuxième tome de la nouvelle Ciné Trilogy que signe Amazing Améziane, un titre consacré au réalisateur Steven Spielberg sorti aux éditions du Rocher.




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DR WERTHAM : DE LA PSYCHIATRIE AU COMICS CODE ET LA CENSURE


 On connaissait Harold Schechter et Eric Powell pour leur saisissant travail consacré au tueur en série, Ed Gein, plongée morbide dans l’univers du plus célèbre des cinglés du Midwest, publié chez Delcourt il y a quelques années. On les retrouve aujourd’hui avec une sorte de biographie sélective du docteur Wertham (chez Dark Horse pour la VO), un portrait en clair-obscur du psychiatre le plus détesté de l’histoire des comics, pour avoir été à la base d'un code de déontologie très particulier, qui a bien failli signer l'arrêt de mort de toute une industrie. Fredric Wertham, c’est d’abord un paradoxe ambulant. Médecin brillant, il contribua à la fin de la ségrégation dans les écoles américaines, ouvrit des cliniques accessibles aux plus pauvres, traita Albert Fish et Robert Irwin (deux grands malades dont les crimes horrifièrent l'Amérique) avec une politesse et un tact désarmants. Humaniste progressiste, presque visionnaire… et pourtant, c’est le même homme qui, dans les années 1950, mena une croisade contre les comics de crime et d’horreur, les accusant de corrompre la jeunesse et d'encourager les épisodes délirants et les passages à l'acte. Résultat : le Comics Code Authority était né, véritable chape de plomb qui mutila l’imaginaire populaire pendant des années. Schechter et Powell ne choisissent pas la caricature ou le trait vengeur d'un bout à l'autre, mais une biographie ambitieuse, au carrefour du roman policier, de l’essai critique et de l’histoire sociale. L’ouvrage, massif (près de 200 pages et truffé de bonus, merci Delcourt), s’ouvre sur le cas de Jesse Pomeroy, adolescent meurtrier de Boston dans les années 1870, qu’une partie de la presse accusa déjà d’avoir été perverti par les dime novels. Autrement dit : bien avant Spider-Man, l’Amérique cherchait déjà un bouc émissaire culturel. Wertham n’invente rien, il réactive une vieille obsession. Powell permet d'entrée de jeu de donner de l'air dans un ensemble sérieux et étouffant par moments (les crimes peuvent être insoutenables). Son trait noir et blanc, à la fois sec et sensible, installe une ambiance de film noir des années 1950. Les criminels semblent sortir tout droit d’un cauchemar expressionniste, tout en gardant une effroyable dimension humaine, et Wertham rythme la succession des drames, droit dans ses certitudes, souvent justes, d'ailleurs.



L’équilibre. Il règne tout de même comme une dichotomie dans cet album. La première partie nous montre un Fredric Wertham quelque peu frustré et qui est généralement un individu à prendre avec des pincettes, dans le milieu professionnel. Imbu de lui-même, il est persuadé d'avoir toujours raison, mais il faut aussi admettre qu'il sait ce qu'il veut et qu'il sait ce qu'il fait. Il faut bien évidemment replacer son travail dans le contexte, avec les connaissances de l'époque. En tout les cas, Wertham fait preuve d'empathie envers les patients, et contrairement à ce que l'on pourrait croire aujourd'hui, il est plutôt à classer dans le camp des progressistes, au niveau politique. C'est par la suite que ça se gâte, lorsqu'il commence à se fixer de façon presque monothématique sur les comics et  à voir dans ces illustrés (souvent violents et qui proposaient aussi des histoires effrayantes) une sorte de cristallisation du mal, de déclencheur de tous les traumatismes chez les jeunes, au point de les pousser sur le chemin de la délinquance et de la criminalité. Une opinion qui ne s'appuie sur aucun fait scientifique et qui tourne à l'obsession. Certes, Wertham va produire La séduction des innocents, une des raisons pour lesquelles le comics code va être instauré, mais dans le même temps, il a clairement perdu en crédibilité auprès de ses confrères, et ce qu'il a gagné en célébrité lui a été retiré en terme d'image publique. Tout ceci est bien retracé, bien documenté et bien rythmé, ce qui n'était pas gagné d'avance étant donné le caractère assez aride du sujet. C'est donc une lecture à recommander pour tous ceux qui sont intéressés par cette époque trouble et par la manière dont l'opinion publique percevait, dans les années 1950 et 1960, la liberté d'expression, la bande dessinée, mais aussi, au sens large, pour replonger dans l'enfer de la ségrégation, la manière dont l'Amérique acceptait sans vergogne une division intolérable conceptuellement et humainement. Bref un album qu'on ne serait trop vous recommander, parce qu'il est bien conçu, intelligent et pertinent. Le titre V.O, Dr. Werthless, est malheureusement un jeu de mots qui ne pouvait être traduit directement en français (Wertham/Worthless, c'est-à-dire inutile).



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FANTASTIC 4 ET SURTOUT FATALIS 2099 : L'OMNIBUS CHEZ PANINI

Au début des années 1990, Marvel a décidé d’expédier ses héros dans un futur lointain, l’an 2099, histoire de tester leur résistance à l’usu...