Ce n'est pas parce que la population
mondiale mutante est passé sous la barre des deux centaines, que le monde
entier va enfin accepter l'idée de cohabitation pacifique entre humains et
mutants. Du reste, pour envenimer les choses, lorsque Scott Summers effectue
une intervention devant le conseil de sécurité de l'Onu, lors d'une conférence
sur le désarmement, c'est un mutant, Quentin Quire, qui met le feu aux poudres.
Usant de ses pouvoirs sur l'esprit, il force les politiciens du monde entier à
révéler en public leurs plus lourds secrets, déclenchent une vague d'hostilité
planétaire contre ce qui reste des X-Men. Pendant ce temps, un adolescent de
quatorze ans, Kade Kilgore, hérite de l'empire financier et industriel de son
père, qu'il vient tout juste d'assassiner. Kilgore parvient dans le même temps
à se hisser au rang de nouveau roi noir du Club des Damnés, nouvelle mouture.
Une ascension qui va lui permettre de porter un coup mortel aux mutants, lors
de l'inauguration du musée de la mutanité, à San Francisco. Alors qu'une
délégation de X-Men assiste au vernissage, les terroristes du Club des Damnés
font irruption, neutralisent assez facilement les super-héros qui leur font
face, et déchaîne derrière eux une Sentinelle qui parvient à s'auto-assembler,
avant de prendre le chemin d'Utopia, le refuge de tous ceux qui portent en eux
le gène X, pour réaliser un carnage qui s'apparente au génocide.
Scott Summers, en tant que leader des
X-Men survivants, militarise l'île d'Utopia et n'hésite pas à s'appuyer sur les
plus jeunes habitants d'Utopia pour repousser la menace (comme la jeune Idie,
que Wolverine a pris sous son aile). De son coté, Logan estime que les jeunes
pousses n'ont pas à perdre ainsi leur innocence, que leur place est dans une
école, et pas au front. En parallèle à la menace de la Sentinelle qui investit
Utopia, nous assistons alors à un conflit cruel, Cyclope contre Wolverine, une
déchirure qui fera date, et va diviser lourdement les mutants, au point de
créer deux factions diamétralement opposées, pour ce qui est de la philosophie
et du cadre de vie. Ce fut un peu la même chose chez les lecteurs américains,
surpris de voir deux conceptions du monde en butte, principalement celle de
Logan, qui serait génétiquement plus porté à la réponse militaire, mais c'est
bien cela qui fait le sel de cette mini-série en cinq volets. L'évolution d'un
personnage majeur, qui de mutant mi homme mi bête, devient la conscience
historique du rêve de Charles Xavier, et s'en va fonder le nouvel institut
supérieur pour jeunes mutants, prétexte à l'excellent mensuel Wolverine
& the X-Men, de Jason Aaron (auteur brillant de ce Schism) et Bachalo.
Mais derrière la grande bagarre idéologique, probablement se cachent des
raisons plus profondes, sentimentales. Scott et son ami griffu ont tous les
deux été amoureux de la belle rouquine Jean Grey, mais celle-ci a épousé le
premier cité, son amour de toujours. C'est lorsque Cyclope la mentionne que le mano
a mano devient sanglant, et que la limite irréversible est franchie. Il y a
(presque) toujours une femme derrière certaines des décisions cruciales que
prennent les grands hommes, ainsi en est-il de même chez les grands mutants.
Schism, une aventure concise dans le temps, mais rondement menée et fort
agréable à lire, illustrée par cinq artistes différents, qui ont en commun un talent fou (Davis, Acuna, Adam Kubert, Pacheco, Cho). Une des plus intéressantes, dans la carrière récente des
X-Men. Publiée en Vf sur les pages du mensuel X-Men 15 et 16
(Panini, mai et juin 2012)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!