BATMAN 66 : CHEZ URBAN COMICS EN HORS-SERIE (BATMAN SAGA HS 8)

Batman, tra la la la la la ... Vous avez tous encore en tête (pour peu que vous ne soyez pas sous la vingtaine) le générique mythique de la première série animée consacrée au personnage, celle qui mettait en scène Batman et Robin dans des aventures particulièrement kitsch et savoureuses, à prendre au troisième degré. Des combats improbables, des couleurs flashy et une ambiance vintage, des onomatopées géantes pour rythmer l'action, contaminant le média télévisuel et le rapprochant d'un comic-book... Tout ceci fait partie de la légende, avec Adam West dans le costume gris et noir, et Burt Ward en Robin malicieux. Aujourd'hui cette série revit sous la forme d'un titre mensuel qui lui rend hommage, justement dénommé Batman '66. Urban Comics le publie sous forme de numéro hors-série, et les premiers épisodes sont à lire dans le Batman Saga HS 8 qui est daté de l'automne dernier. Bien entendu, l'atmosphère est radicalement différente de ce que nous pouvons trouver en ce moment chez Snyder et Capullo; ici le sérieux est resté au placard, et les aventures sont décalées, tant au niveau de ce qui se déroule dans ces pages, que du dialogue et des interactions entre personnages. Le langage est fleuri, avec un justicier qui parsème ses enquêtes de "vieille branche" ou de "jeune merveille" comme si des titis parisiens avaient pris possession de la ville de Gotham. Gros point positif, les amateurs de la série télévisée seront respectés puisque les costumes, les visages, les adversaires, sont au diapason de ce que fut le show dans les années soixante. Les premiers criminels suivent un ordre logique d'apparition (Mister Freeze, le Pingouin, le Riddler, le Joker et sa moustache à la Cesar Romero) et même les personnages secondaires suivent cette règle de conduite (Alfred a les traits de Alan Napier, l'acteur d'alors, et Bruce et Dick, dans le privé, ont de jolis chandails rétros. Sans parler d'une Catwoman droit issue de nos souvenirs brûlants). 
Jeff Parker livre donc un travail crédible et cohérent, si le but ultime est de faire un clin d'oeil long et appuyé aux nostalgiques de cette ère révolue. Oui, révolue. Car il faut bien le dire, si l'humour et la débrouillardise d'Adam West nous font sourire sur le moment, le titre a du mal à nous passionner sur la distance. Autant lire un épisode une fois de temps en temps peut s'avérer un plaisir coupable, autant affronter 120 pages de Batman '66 d'une seule traite finit par avoir un effet soporifique. Car oui, c'est léger, fun et truffé de références pour fans avertis, mais après coup, on a la sensation d'avoir lu des histoires qui vont être très vite oubliées, sans la moindre réelle importance. Le dessin est bien sur à l'unison, avec Ty Templeton et Joe Quinones qui produisent des pages psychédéliques et cartoonesques qui aident à faire revivre la série d'autrefois. Les back-up sont par contre rapidement expédiées, avec moins de talent, par des dessinateurs moins inspirés. On notera la tentative d'inclure dans ces aventures du passé des instants de grâce liés à des choses plus récentes, comme le Red Hood ou le docteur Harleen Quinzel. C'est d'ailleurs cela que j'aurais voulu lire : une série qui ne renie rien et assume tout de son héritage (ce qui n'est pas le cas ici car Jeff Parker n'ose pas aller très loin dans le délire propre aux aventures du Batman de la télé), tout en allant lorgner vers le futur plus sombre et désabusé qu'est notre présent. En lieu et place de ceci, nous avons droit à du Batman '66 calibré et policé pour être le plus fidèle possible à la télévision. De quoi sourire, mais pas de quoi s'en décrocher la mâchoire (sauf à trop bailler...)



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