TRINITY #1 : UNE SOIREE TRANQUILLE ENTRE SUPER-HEROS

La Trinité est de retour. Et pas face à une menace invincible, mais dans le cadre bien plus tranquille d'un repas de famille, où l'introspection et l'envie de partager un verre sont les moteurs d'un récit plutôt intimiste. Il y a eu quelques changements dans la dynamique entre ces trois héros. Superman est mort, et c'est son avatar d'avant les New 52 qui est arrivé sur la scène, dans un univers narratif (les New 52 donc) auquel il n'appartient pas. Conséquence directe, les rapports avec Diana et Bruce ne sont pas les mêmes que ceux qu'il avait établi de son coté. L'autre Superman flirtait avec Wonder Woman, celui-ci est père de famille, et la mère du petit Jon est Lois Lane. Le gamin a des pouvoirs, cela va de soi. Qu'il tient directement du paterne, avec entres autres une vision surhumaine qui lui permet de voir les formes et les présences à travers un obstacle. Quand Bruce Wayne et Diana se présentent à la porte avec un sanglier pour le repas, le voilà qui s'affolle et commet une gaffe. Un instant de détente, le petit gag censé faire sourire et instaurer un doux climat familial, tempéré par une incompréhension de surface. Ce sont donc les dialogues qui priment dans ce numéro, les échanges entre Clark et Bruce, ou la complicité naissante entre cette Lois et l'Amazone rivale.
On aurait pu et du s'attendre, vu le sujet et le talent de Francis Manapul au scénario et au dessin, à un numéro qui démarre sur les chapeaux de roue et fait de l'esbrouffe en faisant rugir le moteur. Au lieu de cela, c'est silencieux comme un moteur électrique, et ça file doucement vers une conclusion évidente ; il existe un lien fort entre ces trois figures fortes, et de leur union, de leurs relations, découlent le reste de la mythologie Dc. L'artiste est en très grande forme, avec un subtil équilibre entre un réalisme plastique de premier ordre, et suffisamment de distance dans les sujets représentés, une touche abstraite par moments, qui fluidifie le récit. Fidèle à son habitude sur Flash, il utilise des doubles pages à la construction intelligente et audacieuse pour placer les crédits, et introduire l'histoire, jouant sur la symbologie des personnages mis en scène. Le point de vue est intéressant également, car au milieu de cet aréopage de figures héroïques, c'est Lois Lane qui raconte la scène, c'est elle qui est le fil reliant le lecteur au comic-book. Curieusement, c'est probablement Superman qui est le moins gâté dans ce premier numéro, et qui bénéficie d'une caractérisation moins évidente ou heureuse. Il est évident que l'avenir sera plus explosif, et que les muscles ne tarderont pas à saillir, mais pour le moment, voici un départ tout en douceur, qui déroute totalement et s'intéresse aux individus et pas trop à leurs dons fabuleux. Une trinité humaine, forcément plus proche de nous. 



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