Aujourd'hui nous faisons un saut chez Glénat Comics, pour l'arrivée d'une nouvelle série signée Jim Zub, Wayward. L'héroïne est une jeune fille dont les parents ont divorcé, et qui est tiraillé entre papa et maman, ou plus précisément deux cultures différentes. Le paternel est irlandais, la mère japonaise, et c'est pour la retrouver que Rori Lane a fait ses valises, direction le pays du soleil levant. Là-bas, dépaysement assuré, et décalage horaire à l'arrivée. Il faut s'adapter dans un nouvel environnement, ce qui n'est pas facile, surtout quand dès les premiers pas au dehors rien ne se passe comme prévu. Tout d'abord, au moment de demander son chemin pour arriver à bon port dans le foyer qui l'attend, Rori a une étrange vision qui lui indique la voie. Ensuite, en bonne jeune fille imprudente, elle est prise à parti par quelques individus louches, et suivi par une horde de chats. Au delà des apparences, les masques tombent! Les petits voyous sont à leur tour maîtrisés par une jeune combattante à la chevelure bleue, et il s'avère qu'ils ne sont pas tout à fait humain, mais ressemblent en réalité à des hommes tortues fort laids. Des monstres qui se font laminer, fort heureusement. Et ça ne s'arrête pas là, puisque dans la cantine de son nouveau lycée, Rori repère un étudiant qui n'a pas l'air d'avoir très faim, et qu'elle suit à la sortie de l'établissement. Surprise, le beau gosse apprécie un autre type de nourriture, plus immatérielle, des sortes d'entités métaphysiques, qui lui sont nécessaires pour survivre. Rori n'est donc pas la seule à avoir des dons bizarres, et à ne pas trop savoir comment les mettre à profit.
Habituellement l'exploration du Japon passe par les mangas, les comics étant plus à l'aise au milieu des gratte-ciels américains. Ici, Zub nous envoie donc en terra incognita, pour un récit qui vise avant tout un public adolescent, avec une histoire qui puise sa force du coté du merveilleux, et de la mise en abîme de l'inconscient collectif dès lors qu'on évoque le Japon. On trouve aussi quelques références intéressantes à la civilisation locale, comme les cours au lycée qui sont décalés par rapport au rythme européen, ou le besoin de se fondre dans la masse, en adoptant par exemple couleur et coupes de cheveux traditionnels. Mais ce sont bien sûr Rori et ses nouvelles rencontres qui donnent le ton dans cet album, qui évoque tout à tour les histoires d'ados paumés avec leurs galères personnelles et les contes fantastiques à base de sorcières et de pouvoirs étranges. On a presque l'impression de lire une version 2.0 et niponisante de la formation des X-Men, avec des adolescents marginaux qui unissent leurs forces pour trouver une place qu'ils ignoraient détenir, dans leur solutide intrinsèque.
Le choix de Steve Cummings aux dessins est clair. Regardez certains gros plans, la manière de montrer les réaction des personnages, de les faire évoluer en situation. Le comic-book et le manga se télescopent, avec des couleurs qui renvoient plus encore vers le second cité. Personnellement j'ai toujours un peu de mal avec les planches où l'encrage est si léger, et où la présence du travail digital se fait autant ressentir. C'est toutefois adapté au ton souhaité, et reste efficace. Bref, voilà une lecture qui peut séduire par son aspect simple (simpliste?) et ses allusions innombrables au folklore japonais, baignées à la sauce comic-books. Toutefois l'ensemble manque aussi de profondeur, d'enjeux, et le scénario prend des raccourcis un peu trop allégrement. Je ne pense pas être le public auquel s'adresse Wayward, ce qui ne veut pas dire que cette histoire ne rencontrera pas un petit succès. A lire, en passant.
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