Scurry est de retour, et c'est une bien bonne nouvelle, tant cette série nous a plu l'an dernier. Pour rappel, il s'agit d'un monde où les humains semblent avoir disparu et où les animaux sont désormais livrés à eux-mêmes, pour survivre et trouver de la nourriture. Nous suivons en particulier une colonie de petite souris, deux personnages plus précisément du nom de Wix et Pict. La seconde citée vient de s'enfuir, mais elle a été capturée par une fauconne, qui l'emporte bien loin vers la montagne. Le petit Wix pour sa part, qui est secrètement amoureux d'elle, met tout en œuvre pour la retrouver. Pendant ce temps, une machination politique est ourdie dans la colonie des souris, afin de contraindre ses habitants à abandonner le refuge, pour tenter de trouver de quoi subsister dans la ville abandonnée. L'échiquier politique des humains est reconstitué à dimension animale; on y trouve les mêmes manigances, les mêmes conflits d'intérêts, et cela se mêle à un récit intime et d'aventure, où on tremble pour deux petites créatures en apparence sans défense, immergées dans un monde particulièrement cruel. Car oui, le règne animal, cela peut sembler plein de tendresse et d'émerveillement au premier regard, mais les animaux entre eux n'ont que faire des bons sentiments lorsque vient le moment de se nourrir et de se remplir la panse. Les faucons capturent les souris et sont attaqués par les corbeaux, les loups rôdent dans les bois et déchirent et broient les proies qu'ils croisent, les castors règnent en maître sur le lac, où ils ont construit un barrage avec l'aide plutôt forcée des autres rongeurs des environs. Avec au final la création d'un lac artificiel qui menace toute la forêt et risque d'avoir des répercussions terribles. Le tout est raconté avec beaucoup de poésie, et en même temps une bonne dose de suspens. Ces bestioles sont mises en images de manière absolument remarquable par Mac Smith.
La leçon de mise en page confine au talent cinématographique. Pour nous faire vibrer, frissonner, avec les mésaventures de ces souris perdues dans une nature hostile, Mac Smith sait jouer avec grande habileté de toutes les cordes possibles, c'est à dire le cadrage, la perspective, les effets de mise à distance, le dynamisme Chaque planche est un mini récital, qui donne une impression de réalisme incroyable, pourtant obtenue à partir d'un dessin traditionnel (pas de swipe facile, l'artiste est simplement doué!). Dans ce second tome, de nouveaux animaux s'ajoutent au cast, entre une tortue massive, un élan majestueux, des renardes sorcières bien étranges, des écureuils, les castors, un serpent... Et le mieux dans tout cela, c'est que chaque brique s'ajoute aux précédentes pour former un tout homogène, qui fait sens. Passée la surprise du premier tome, Mac Smith parvient cette fois à ajouter une vraie bonne dose d'aventure à l'état pur. Il y est question d'être traqué, de construire un barrage, d'échapper au déluge qui vient, et chaque fois c'est l'ingéniosité, le courage, et une bonne dose de chance, qui vont venir au secours de petites souris qui ne baissent jamais les pattes. En fin de volume, vous trouverez un cahier de croquis fort pertinent, où il est possible de constater à quel point les crayonnés de Smith sont beaux. L'artiste vous présente lui-même les nouveaux animaux ajoutés à son bestiaire magnifique, et on tourne la dernière page avec une seule et unique envie, vite avoir entre les mains le troisième et dernier tome d'une trilogie recommandée pour tout le monde!
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