On craint parfois de tomber dans le redite, comme avec cette décision de Matt de renoncer à jamais (rires) au costume de Tête à cornes, pour se recentrer sur sa carrière d'avocat. Mais l’arrivée de nouveaux personnages bien connus des lecteurs de comics insuffle une énergie différente : Nikki M. James campe l’assistante du procureur Kirsten McDuffie, Margarita Levieva incarne Heather Glenn (ici dans un rôle de psychothérapeute), tandis que Michael Gandolfini interprète le jeune stratège politique Daniel Blake (féru de réseaux sociaux), et Clark Johnson prête ses traits à l’enquêteur privé Cherry, ancien gradé de la police, qui a démasqué Matt sans le vouloir. Il ne faut bien entendu pas demander à Born Again de respecter la trame du très célèbre récit de Frank Miller ; il s'agit ici de quelque chose de complètement différent qui puisse dans la détestation de Wilson Fisk pour les super-héros, et qui d'ailleurs fait régulièrement référence à ce qui se passe dans les autres recoins du Marvel Universe, avec la mention d'autres encapés. Puisque nous nous contentons pour le moment de parler des trois premiers épisodes, il faut aussi mentionner la manière dont se termine le troisième. Pour beaucoup de monde l'ultime scène énigmatique est synonyme du retour du Punisher, que les Marvel Studios ont eu la bonne idée de repêcher. L'acteur (Jon Bernthal) est en effet probablement le meilleur choix possible sur le marché pour endosser le rôle de Frank Castle. Daredevil Born Again c'est aussi beaucoup de scènes de procès, beaucoup de palabres donc, avec un héros mineur (White Tiger, le Tigre blanc) qui est utilisé pour mettre en avant l'hypocrisie des justiciers urbains et démontrer à quel point Murdock peut-être un sacré avocat. Un élément tragique à prendre en compte : le décès de l'acteur qui l'interprète, Kamar de los Reyes, des suites d'un cancer quelques temps après avoir bouclé ces scènes qui assument ainsi un sens poignant. Un aspect particulièrement réussi réside également dans l’attention portée à la perspective des citoyens ordinaires, un élément souvent négligé dans la vision du monde Marvel au cinéma. Matt écoute discrètement les conversations des habitants à propos de Fisk, tandis que des segments journalistiques donnent la parole aux New-Yorkais, pour exprimer leurs avis sur leur futur maire. Le triptyque initial de cette première saison de Born Again semble donc de bonne facture et présente toute une série de promesses et d'interrogations qui devraient normalement aboutir à un nouveau face à face tendu, une nouvelle déflagration, entre Daredevil et le Caïd. Il faut signaler que ces deux derniers sont toujours aussi bien campés et qu'on aurait difficilement pu rêver mieux sur le petit écran. Charlie Cox est une fois encore extraordinaire avec sa manière d'être toujours aux aguets, d'évoluer avec discrétion et charisme, tandis que la fureur rentrée, la menace constante, l'explosion silencieuse qui caractérise le Kingpin/D'Onofrio n'ont jamais été aussi bien évoquées. Bonne pioche jusque-là, reste maintenant à attendre la confirmation dans les prochaines semaines. Même le générique, où des représentations iconiques se désagrègent sur la musique inquiétante composée par John Andrew Grush et Taylor Newton Stewart (The Newton Brothers), annonce d’emblée qu’il s’agit d’une œuvre différente mais respectueuse de ce que nous avions vu sur Netflix. Une digne suite, une suite digne, la différence est subtile, mais pour le moment, ça fonctionne.
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