THE BIG BURN : ROMANCE ET BRAQUAGE AVEC HENDERSON ET GARBETT


Au départ, ça ressemble à une histoire d'amour assez caricaturale, mais ensuite, ça tourne à la tragédie mystique et déjantée. The Big Burn commence par une histoire d’amour criminelle qui aurait pu être résumée en un one-shot parfaitement autonome. Owen et Carlie, deux apprentis braqueurs, visent par hasard la même banque. Dans la panique, ils tombent amoureux. Elle, stratège froide ; lui, charmeur un peu tête brûlée. Un duo improbable, porté par l’adrénaline et condamné dès la première page. Car, bien sûr, ils se font prendre. Fin du conte de fées ? Pas tout à fait. Ce n’était que le premier cinquième du récit, avant l’entrée en scène du troisième larron, assez inattendu : le Diable. C'est bien pratique pour échapper à la justice et la prison, il suffit de lui vendre l'âme, et le tour est joué. Le marché semble fonctionner dans un premier temps, mais ce n'est qu'une illusion cruelle. Si on feuillette ces pages distraitement, on peut croire qu'il s'agit d'une romance. Avec plus d'attention, on comprend : Joe Henderson se concentre surtout sur une rupture. L’éclat des débuts s’éteint vite, remplacé par le regret, la trahison et la débrouille sans espoir. Owen, privé de Carlie, perd pied. Avec l'âme, c'est tout simplement la vie qui a foutu le camp. Un grand vide se dresse entre les deux voleurs, qui n'ont plus rien au fond d'eux, si ce n'est le sentiment de ne plus être réellement là, pleinement. Owen refuse d’accepter cette mutilation affective et met en branle un plan de braquage infernal pour reconquérir ce qui a été offert au Malin. Mais peut-on vraiment aller voler le Diable chez lui ?



Pendant ce temps, Carlie végète dans un asile, et semble bien décidée à se laisser convaincre que rien de ce qu'elle a vécu est réel. On dirait une sorte d'Ocean’s Eleven possédé, avec en prime des dialogues grinçants entre Owen et le Diable, où chaque phrase sème le doute autant chez le héros que chez le lecteur. Un Owen qui utilise les recherche de sa partenaire pour rassembler d'autres individus (peu recommandables) aux quatre coins du monde. Des âmes perdues (ou vendues, pour être exact) et précieuses, chacun apportant sa pierre à l'édifice, pour mettre au point le plan parfait et tromper le Diable. Sauf que pour le rencontrer à nouveau, ce plan requiert un détail qui fait froid dans le dos : il va falloir mourir ! Côté visuel, Lee Garbett confirme qu’il est plus qu’un artisan solide. Son trait rappelle vaguement Cliff Chiang : des visages anguleux, des regards doux, sauf ceux du Diable, acérés comme des lames. L’alchimie avec Lee Loughridge fait le reste. Le coloriste opte ici pour des palettes sobres, des aplats qui ancrent les personnages dans une familiarité trompeuse. Et lorsqu’on plonge en Enfer, il brouille ses couleurs, les rend brumeuses comme si le réel se dissolvait sous nos yeux. Le rythme est effréné, on passe d'un retournement de situation à l'autre, on sourit souvent, et beaucoup. On vibre, aussi. C'est clairement une réussite décomplexée, un album qui se veut divertissant et intelligent dans sa manière de toujours promettre l'inattendu à chaque tournant. On soulignera juste, car on est omniscient et pointilleux, chez UniversComics, l'étrange ressemblance entre cette histoire et celle publiée l'été dernier dans la série Dylan Dog en Italie. Un diptyque intitulé Stangata agli inferni, qui présente la même trame de fond, le même casse aux enfers, le besoin de mourir tout en revenant à la vie grâce à un complice, le même passage au volant d'un véhicule pied au plancher, une fois dans l'au-delà. Et d'autres petites coïncidences, qui sèment un peu le trouble. En tous les cas, The Big Burn, et le Dylan Dog en question, offrent tous de bons moments de lecture !



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