PUNISHER NOIR : La guerre pour patrie

Frank Castelione est un de ces héros américains qui ont lutté et vaincu durant la première guerre mondiale, au cotés des forces de l'Alliance. Mais le retour au bercail, après le conflit, fut des plus amers. Il doit gérer la perte de Ruth, sa femme, la recession, et le racket quotidien des mafieux new-yorkais qui contraignent tous les commerçants à payer le pizzo, le prix d'une protection toute relative, sans laquelle votre boutique part vite en flammes. Frank est un homme fier et courageux, il n'a pas risqué sa vie contre les allemands pour se plier à de petits malfrats locaux, alors il résiste. Question d'exemple, également, de montrer à son jeune fils de quelles qualités est composé un homme, un vrai. Le fiston a de mauvaises fréquentations, et pourrait même devenir à son tour un de ces voyous des rues, sauf qu'une éducation à la dure et une bonne conscience de fond le sauvent du naufrage. Mais pas de l'orphelinat : le géniteur est finalement abattu, pour avoir refusé obstinément de se coucher. Animé par une soif de vengeance inextinguible, inspiré par un feuilleton radiophonique mettant en scène un justicier implacable du nom de Punisher, l'adolescent va grandir avec une idée fixe en tête, et un masque à tête de mort comme carte de visite.

Le Punisher des années trente fait ce qu'il peut pour jouer en terrain connu. Ainsi, tout au long de ces quatre épisodes, nous retrouvons des figures familières, comme le mafieu Jigsaw (Puzzle), la machine à tuer nommée "le Russe", ou encore Barracuda. L'inspecteur de police n'est autre qu'un certain Soap, alors que le garçon commis à la caisse, dans la magasin du père Castelione, est Mr Bumpo. Les amateurs du long run de Garth Ennis ne seront pas surpris de ces noms qui ont accompagné les aventures de Frank Castle durant plusieurs années. Le récit de Frank Tieri est tout entier orienté vers une course linéaire en direction d'une vengeance qu'on devine inéluctable. Le Punisher alors comme maintenant n'a pas d'états d'âme, et même la torture, les coups, les balles, n'arrêtent pas sa juste vindicte. Paul Azaceta lui, illustre à sa façon cet album. Point de réalisme exaspéré, ou d'attention particulière aux anatomies, il dessine des figures anguleuses qui grouillent dans l'ombre, charge le trait, rend des planches expressionistes qui ne voient jamais la lumière du jour. Pour le dernier épisode, il reçoit le renfort de l'italien Antonio Fuso, chargé de singer son style, sans y mettre autant de personnalité, bien entendu. La version "Noir" du Punisher est somme toute assez simple à lire et plaisante dans son traitement. Elle respecte assez bien ce qu'on peut attendre d'un tel anti héros et de ses motivations, et ne perd en souffle et en cruauté que dans une dernière partie, un combat gore et rocambolesque entre notre héros et le Russe, qui prend place dans un zoo. Un clin d'oeil évident au premier story-arc d'Ennis, qui avait déjà eu recours à ce type d'arène en son temps. Comme toujours, à dix euros le volume, la collection 100% Marvel rend cette lecture abordable au plus grand nombre. Recommandée chaudement à ceux qui suivent le personnage dans son incarnation classique.

Rating : OOOOO

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!

FABLES LA FORÊT NOIRE : LE RETOUR INESPÉRÉ DE L'UNIVERS DES FABLES

Sept ans après la conclusion épique de Fables , la série fait un retour inespéré avec une douzaine de numéros qui reprennent exactement là o...