SECRET INVASION REVIENT EN MARVEL DELUXE

Noël étant la période propice pour offrir de jolis albums de collection, Panini propose dès cette fin de semaine un Marvel Deluxe consacré à SECRET INVASION, histoire de nous rafraîchir la mémoire et de rassembler l'intégralité de la saga dans un bel ouvrage pour bibliothèque racée. Mais de quoi s'agit-il, au fait? Pour faire bref, voilà des années que les Skrulls ( des aliens pouvant épouser les apparences et les pouvoirs de n'importe lequel des super héros et habitants de notre planète ) vivent parmi nous et peaufinent une invasion massive : le moment est venu, et ils abattent leurs cartes. Certains des héros traditionnels de la Marvel ne sont ainsi pas tout à fait ceux que nous pouvions imaginer... Le grand dilemme est de savoir qui croire; qui est qui, à qui se fier? L'intrus, l'ennemi, est parmi nous, rien ne le distingue plus de notre voisin, notre frère... Dans une Amérique post 11 septembre qui a vu la menace intégriste grandir en son sein, c'est tout un symbole, celui d'un monde où trembler devant tout le monde, ou personne n'est à l'abri de son voisin, des certitudes qui volent en éclat. Votre ami, votre cousin si gentil ou si discret est peut être en train de peaufiner une bombe dans son garage, et vous le retrouverez au journal télévisé de ce soir, à la une, avant qu'il aille croupir pour qui sait combien de temps, dans les geôles chauffées au fer blanc de Guantanamo.

 
Après avoir demandé aux lecteurs de choisir leur camp ( Whose side are you on? durant Civil War ) Bendis tisse un récit efficace et rythmé, invitant à la défiance totale envers son prochain ( Trust no one... ) et qui a tout de même un gros défaut; celui de rester prudent quand aux pertes superhéroïques, et de ramener sur la scène trop de personnages d'un coup, par un subterfuge que je n'apprécie pas. Les dégats matériels sont par ailleurs un peu exagérés, et la reconstruction, si on en juge les albums Marvel post SI, a été achevé bon train. De plus l'opinion publique a plutôt bien digéré ce qui fut, soulignons le, une colonisation pure et simple à une échelle quasi planétaire! Leinil Francis Yu n'est pas ma tasse de thé aux crayons, mais là il fait de son mieux et je me suis surpris à en penser pas mal de bien! Son utilisation des ombres, des traits hachurés et des corps anguleux, contribuent à la paranoïa ambiante qui est le sel de cette saga. Au bout du compte, reste désormais une société livrée aux "forces du mal", où le sacrifice et sa récompense n'ont guère plus de sens. Une société finalement très proche de la notre, malheureusement. En cela Marvel accomplit encore un pas en avant vers la suppression des frontières morales et sème le trouble parmi les amateurs de bons gros combats dychotomiques. Ce qui fait écho à notre société où l'humble citoyen qui se contente d'accomplir son devoir, son travail, avec probité et efficacité, est vu comme un looser, et où sont mis en avant les marginaux, les personnages hors normes, les provocateurs, ceux qui parlent plus fort que le voisin, les plus vulgaires et les plus violents, souvent. On regrettera juste, au final, que la fin de cette grande saga n'ait pas été à la hauteur de nos attentes. Certes, elle fut le détonateur idéal pour ouvrir l'ère du Dark Reign et conférer à Osborn tous les pouvoirs pour qu'explose sa folie à la face du monde. Mais la manière dont certains personnages sont revenus (Mockingbird, Spider-Woman) et d'autres nous ont quitté (Wasp) a été franchement trop vite expédié et même bâclé psychologiquement parlant. L'idée de l'infiltration, et ses ravages possibles au sein de la communautée costumée, aura aussi semble moindre en fin de parcours, comme si Bendis n'avait pas assez osé, pas asse tenté, pour faire voler en éclats le mosaïque Marvel qui n'attendait que cela. On pouvait mieux faire avec une telle idée de fond, c'est une évidence.
 
Rating : OOOOO
 



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