OLDIES : LE PROJET PEGASUS (MARVEL TWO-IN-ONE)

Tous les profanes qui ignorent la réalité de notre univers super-héroïque sont parfois surpris des termes, du jargon qu'il nous arrive d'employer chaque jour. Nous qui nous extasions pour des crossover, ne jurons parfois que par la sacro-sainte continuity et pestons devant certains fill-in. Une des expressions les plus compréhensibles, et dans le même temps si appréciée des Marvel fans, c'est le team-up. Autrement dit, deux personnages qui se rencontrent et unissent leurs forces dans un but commun. Dans les années 70, la Maison des Idées décident de surfer sur l'engouement, et propose un mensuel justement titré Marvel Tem-Up. Au départ, c'est Spider-Man qui a la vedette (avec quelques apparitions de la Torche) et se retrouve en bonne compagnie, mois après mois. Le succès aidant, c'est ensuite Ben Grimm qui décroche sa propre parution, basée sur le même principe. Ainsi est née une des séries emblématiques de son époque, Marvel Two-in-one. Il faut dire que dans les seventies les Fantastiques ont un gros noyau de fans, et pour être exact, ce sont surtout La Chose et son comparse Johnny Storm (qui eut droit à des aventures en solo sur les pages de Strange Tales) qui charment le lecteur. Un peu d'auto-critique tout de même : Marvel Two-in-one n'a pas non plus été un trésor continu, et il arrivait fréquemment que certaines histoires n'avaient rien d'inoubliable, et d'ailleurs MTIO sera abandonnée dans les années 80 au profit de The Thing, tout bonnement. Le Projet Pégasus, lui, obtient un succès d'estime notable. Tout d'abord, le prologue de la saga est présenté dans les numéros 42 et 43, avant que l'histoire ne s'accomplisse du #53 au #58. Il est né un peu par hasard, lorsque Ralph Macchio est appelé à remplacer à l'improviste le scénariste Roger Slifer. Première mesure : plonger Ben Grimm au coeur du quotidien du projet Pégasus, un vaste complexe sous-terrain qui abrite une ribambelle de super vilains en détention, et peuplé par des scientifiques et leurs passionnantes recherches. 

Au projet Pégasus, nous trouvons aussi l'étrange Wundarr, un être surpuissant mais doté du cerveau d'un enfant, auquel Ben Grimm était venu rendre visite (puisqu'il était plongé dans le coma suite à une exposition massive aux rayons du Cube Cosmique). Rapidement les machinations ourdies par un groupe subversif vont faire précipiter la situation, Et obliger la Chose à affronter de sérieuses menaces. Lorsque la trame commence à prendre de l'ampleur, Macchio reçoit le renfort du regretté Mark Gruenwald au scénario, et les deux compères vont pouvoir jouer avec le Marvel Universe en faisant intervenir nombre de personnages plus ou moins connus, pour le plaisir des lecteurs. Parmi les intervenants les plus cotés, signalons Captain America, ou Quasar, pour lequel Gruenwald aura un vrai coup de foudre, au point de lui consacrer un titre personnel une décennie plus tard. Mais encore Man-Thing, Giant-Man (Bill Foster l'ancien Goliath, qui change de patronyme durant la saga) , la sauvage Thundra (dans une incarnation catcheuse), ou encore le cyborg Deathlock (loin de la version télévisuelle vue lors de Marvel's Agents of Shield, et qui se paye le luxe de blesser La Chose!). C'est aussi durant cette période que les vicissitudes de Wundarr touchent à leur terme, avec la naissance de l'énigmatique Aquarian. Bien entendu les vilains ne manquent pas et nous rencontrons au fil des pages Klaw le maître du son, Solarr, Nuklo, ou bien les Amazones. Contrairement aux comics de nos jours (certains épisodes se lisent en cinq minutes chrono) ces numéros sont marqués par un verbiage redondant et qui n'a pas toujours très bien vieilli, ce qui peut rebuter le lecteur habitué aux boutades à la Bendis ou à l'ultra décompression moderne. Par contre le dessin risque d'en attirer plus d'un : Passons sur Sal Buscema qui joue les comètes provisoires, et saluons le travail de John Byrne (maître incontesté du comic-book mainstream)  encré par le vétéran Joe Sinnott, et de George Perez qui livre des planches raffinées et inventives pour l'époque. Sans pour autant être une aventure incontournable, le Projet Pégasus est une éloquente plongée dans les comics Marvel des années 70, un témoignage précieux de ce que fut la production dite mineure d'alors. Pour lire cela en Vf, il faut se procurer les Special Strange de 1983 (du #53 au #58) ou attendre que Panini se décide à publier tout cela dans un album de la collection classic, en kiosque. Après tout il a été annoncé que la publication allait reprendre dans quelques mois alors...



PAUL DINI PRESENTE BATMAN : TOME 1 (LA MORT EN CETTE CITE)

Non, le Batman de la fin des années 2000 n'est pas seulement celui de Grant Morrison. Le titre Detective Comics aller ainsi être confié au scénariste Paul Dini. Celui-ci est issu de l'animation et son arrivée va coïncider avec un retour aux sources policières du personnage, qui va mener l'enquête dans une Gotham digne d'un polar, qui n'est pas sans évoquer assez souvent les atmosphères urbaines crées par Will Eisner pour The Spirit. Batman n'est pas qu'un justicier sombre qui passe ses nuits à tabasser des criminels psychopathes, c'est aussi un individu doté d'une intuition et d'une capacité innée à résoudre les énigmes les plus ardues. C'est ainsi que commence ce premier tome de la nouvelle collection proposée par Urban Comics : Paul Dini présente Batman. D'emblée nous avons affaire avec une organisation de petites frappes qui se déguisent en riches notables de la vill, afin d'aller détrousser la bonne société qui fréquente salons et plonge les mains dans les plateaux à caviar. A la tête de ces malfrats peu recommandables nous trouvons Surface, un criminel qui associe déguisements et larcins de haute volée. Bruce Wayne parvient à identifier son ennemi sans avoir besoin de recourir à son costume de chauve-souris; il lui suffit de fréquenter les boîtes de nuit et les clubs sélect de Gotham pour commencer à se faire une idée de qui tire les ficelles dans l'ombre. Esprit d'observation, déduction logique, valent aussi bien qu'un bon batarang dans la mâchoire, ou les derniers gadgets high-tech exposés dans la Bat-Caverne. C'est aussi le modus Operandi d'Edward Nygma, alias Le Sphinx, qui vient tout juste de sortir d'un long coma, et parait s'être mis sur le droit chemin, au point d'épauler la Police sur une affaire de meurtre, qui va le mener, lui et le Dark Knight, à frayer dans les clubs sado-maso de la ville. 


Dis comme ça, on pourrait presque se poser la question de savoir si dans cet album le lecteur sera en terrain connu. Bien sur, ça va de soi. Les ennemis traditionnels, le cast de la Bat-Family (les bons et les méchants) ne manquent pas au rendez-vous. Avec par exemple Poison Ivy, qui est victime de ceux qu'elle a donné en pâture à ses plantes carnivores. Le Joker, toujours aussi cinglé, qui embarque Robin (Tim Drake à l'époque) pour une virée dantesque en voiture, où les pauvres badauds de passage (on est en période de Noël...) sautent comme les quilles au bowling, les bras chargés de paquets. Mais aussi le Pingouin, qui est revenu à Gotham et tente de se refaire une santé financière en abandonnant le crime, pour vendre horriblement chers des T-Shirts à l'effigie de son club. Sans oublier Harley Quinn! Bref, Dini transporte Batman dans un univers classique et ultra référencé, mais ajoute avec pertinence une touche d'humour caustique tout du long de ces récits courts, indépendants, qui fonctionnent un peu comme l'antithèse des trames de Morrison, qui prospéraient de manière labyrinthique et demandaient une relecture de synthèse pour appréhender les plus infimes détails. Le dessin est essentiellement confié à Don Kramer, un artiste qui assure le job avec un style sobre, classique, sans fioritures ni vrais défauts. Agréable. On trouve aussi du Williams III dans ce premier tome, et sa mise en page, son découpage artistiquement audacieux font merveille. Urban Comics éditera le run de Paul Dini dans trois albums, dont il s'agit ici de la première livraison. Ils sont à recommander à ceux qui souhaitent lire du Batman intelligent, à la croisée du roman noir et de l'action super-héroïque. Avec de fort jolies couvertures de Simone Bianchi, qui ne se refusent pas non plus. 



THE MULTIVERSITY GUIDEBOOK : SUIVEZ LE GUIDE (GRANT MORRISON)

Les fans de Grant Morrison, et ceux pour qui le concept de Terres Parallèles, et de Crisis chez Dc (voir notre article sur le sujet) est un must incontournable, vont devoir se procurer ce Multiversity : Guidebook de 80 pages. Au menu, le lecteur trouvera les fiches des 52 univers tels que décris dans Infinite Crisis, par exemple, mais aussi un récit super-héroïque classique qui rend un hommage appuyé à la grande époque de Jack Kirby. Cette preview devrait probablement vous donner envie de vous laisser tenter. En tous les cas, ne manquez surtout pas The Multiversity en Vf, chez Urban Comics, lorsque le moment sera venu (cet été). 

NIGHTCRAWLER : RETOUR PANTOUFLARD DE CHRIS CLAREMONT

Kurt Wagner est de retour. Une bonne chose, pour ce mutant velu qui a toujours été une des ancres morales de son groupe, les X-Men. Kurt est un gentil personnage, vrai de vrai. Animé par des valeurs humanistes certaines, doté d'une foi sincère qui l'avait poussé à embrasser la carrière ecclésiastique, Diablo (son petit nom durant des années en Vf dans Special Strange) a manqué les dernières années de péripéties mutantes, et quand on voit ce qui s'est déroulé en son absence (Scott Summers qui assassine Charles Xavier, les X-Men traqués comme des terroristes) on se dit que peut être sa sagesse et sa tempérance ont fait défaut à plusieurs de ses coéquipiers et amis. Pour son come-back parmi les vivants, Chris Claremont a été sorti de la naphtaline, pour présenter un scénario classique et old school, tant sur le fond (le combat en salle des dangers, Kurt qui retrouve bien vite sa sorcière bien aimée, Amanda, et qui vide des bières avec Wolverine) que sur le forme (la mise en place est assez formaliste, on rappelle qui sont les personnages et leurs pouvoirs en plein milieu d'un combat simulé, ces derniers ne peuvent s'empêcher de deviser durant l'action, comme dans un bon comic-book des années 80...). Autre petit moment d'intimité d'importance, la conversation entre Nightcrawler et Rachel Summers, qui est là sans doute pour faire la jonction avec la période "Excalibur" des deux héros, car autrement, elle n'apporte pas grand chose à la dynamique de cette série. Le retour du mutant à la fourrure bleue, ses rapports avec ses anciens équipiers, sa tentative de retrouver une place dans un milieu à la fois familier et fort différent, semblent les clés de lecture d'un titre pas novateur pour un sou, qui prend la suite directe des événements narrés dans les premiers numéros de Amazing X-Men, de Jason Aaron. Le vilain que Chris Claremont imagine pour l'occasion est une sorte de robot qui se réplique, Trimega, et qui parait à première vue invincible. On ignore tout de ses motivations, on le voit juste cogner et tenter de se débarrasser d'Amanda Sefton, distribuer des claques à la ronde, mais on ne passionne pas pour autant. Loin de là...



Chris Claremont a-t-il encore quelque chose d'intéressant à dire. Question plus pertinente encore, lui laissera t-on dire quelque chose de pertinent, si cela devait être possible? Avec cette nouvelle série l'auteur repêche bon nombre de personnages secondaires qu'il avait déjà utilisé il y a des années de cela: la famille de Kurt Wagner est présente, avec Amanda, sa mère adoptive, ses amis et collègues du cirque où il a grandi. Mais la plupart de ces personnages n'ont pas beaucoup de charisme et on ne s'y attache pas vraiment. Il faut en fait attendre les dernières pages du 5e épisode pour vraiment comprendre ou veut en venir le scénariste, en quoi le retour de Nightcrawler peut se révéler tragique. J'ai tout de même des doutes sur la possibilité de vraiment considérer cette série comme viable dans le temps. Elle aurait constitué une très bonne mini en cinq ou six parties, avec un peu plus d'inspiration. Le dessinateur est Todd Nauck.  Pas trop de rodomontades, des planches propres, lisibles, bien construites, c'est assez agréable sans être foudroyant. Reste à comprendre où veut en venir Chris : souhaite t-il nous offrir de l'introspection, un mutant qui doit se rapproprier son identité et son rôle, ou une banale histoire super-héroïque à base de menace stéroïdée et d'adversaires absurdes et aux muscles crispés? Claremont je l'ai adoré, à son apogée, mais l'essentiel de sa production plus récente a fortement du mal à entrer en adéquation avec nos attentes moins naïves, et même quand il se lâche et propose des choses audacieuses et bouleversant le statu-quo (X-Men Forever est un bon exemple) il confond changement, évolution, avec réécriture à la hache de ses plus beaux personnages, qu'il n'hésite pas à malmener sans aucune logique. Chris fait ici le contraire : un calque de la bonne époque, entre clins d'oeil aux scènes d'autrefois (Kurt et Rachel Grey) qu'on retrouve même déclinées en posters dans des fonds de case, ce qui nous révèle que les X-Men sont comme leurs lecteurs, nostalgiques d'une époque qui ne reviendra plus, et qui nous manquera toujours. Nightcrawler, la série actuelle, est juste anecdotique. 


UNCANNY AVENGERS TOME 1 ET 2 : LE POINT SUR LA SERIE DE RICK REMENDER

Le point aujourd'hui sur les deux premiers tomes de la série Uncanny Avengers, en librairie.


Le Tome 1 : Au lendemain des événements de Avengers Vs X-Men, la confiance du grand public envers la race mutante est au plus bas. On se croirait revenus à la grande époque de Chris Claremont, quand les X boys and girls étaient pourchassés et devaient vivre dans un ostracisme des plus pesants, traqués par les Sentinelles, ces gros robots impitoyables. Les Vengeurs s'offrent alors comme groupe idéal pour la médiation et la réhabilitation. Captain America propose à Havok (le frère de Scott Summers, considéré par beaucoup comme un dangereux terroriste) de prendre la tête d'une nouvelle formation d'Avengers (la centième?) où cohabiteront mutants et quelques uns des plus grands héros de la Terre. Raison pour laquelle nous revoyons la Sorcière Rouge, Malicia, Wolverine (bien sur) ou Thor, dans le même roster. A peine le temps de tester la cohésion de l'équipe que c'est la panique à New-York. Avalanche attaque, et il semble plus puissant que jamais. Pendant ce temps, Crâne Rouge met la main sur le cerveau de Charles Xavier (un organe bien conservé après la mort, apparemment) et décide de s'en servir comme une arme pour assujettir ses ennemis (Wanda Maximoff et Malicia en font les frais, les autres aussi par la suite). Le mal absolu, aidé par le pouvoir du plus grand pacifiste mutant, c'est un comble. Cette nouvelle série replonge le lecteur dans un monde où le facteur X est une tare, et où le grand public n'attend que l'étincelle pour s'embrasser et consumer de sa haine ces mutants honnis. C'est d'ailleurs le plan de l'infâme Crâne Rouge : dresser le quidam moyen contre les héros en costume, enflammer la ville dans un brasier nourri à la haine de l'autre. John Cassaday (le dessinateur)  n'est pas au sommet de sa forme, avec des visages pas toujours très expressifs, et un peu plus de staticité qu'à l'accoutumée. Mais on se laisse prendre au jeu des interactions entre ces héros que tout ne rassemble pas forcément, et on s'étonnera de lire, dans la bouche de Crâne Rouge, une attaque virulente, en règle, de ce qu'est devenu l'Amérique aujourd'hui, qui n'est pas complétement absurde ou infondée. Remender profite de ces pages pour jongler entre espoir, bons sentiments, et portrait au vitriol d'une société dotée de recoins sombres trop nombreux.


Le second tome est plus complexe. Nous avons là une histoire ambitieuse qui plonge dans les méandres du temps et des possibles, et convoque sur la scène rien de moi que l'univers Marvel dans toute son existence. Les deux personnages majeurs sont les jumeaux de l'Apocalypse, Uriel et Eimin, les fils de Warren Worthington (devenu entre temps cavalier d'Apocalyspe avant de mourir des mains de Wolverine) et de Pestilence. Manipulé par Kang, les jumeaux représentent une menace pour l'humanité, puisqu'ils veulent préserver la race mutante, envers et contre tout. Les méthodes employées sont l'héritage de siècles de violence, de duperie, d'humiliation, qui ont servi d'éducation à ces victimes de la fourberie de Kang. Leur objectif final est de sauver tous les mutants, quitte à organiser le "ravissement", c'est à dire enlever tout le monde pour transporter les mutants sur une planète à part, un univers factice et pré organisé, avec l'aide de la Sorcière Rouge. Remender tire nombre de ficelles en même temps, convoque le background des différents Avengers et mutants pour tisser une toile complexe où les interactions passées, les trahisons et les peurs, les ratés et les triomphes d'autrefois, finissent par trouver un écho crucial dans le présent. Daniel Acuna est un excellent choix pour le dessin. Sans livrer une performance phénoménale, il est d'une justesse, d'une précision remarquables, et le travail sur les couleurs, les tonalités, rend hommage à sa prestation, souvent lunaire, crépusculaire. Cet album n'est pas forcément idéal pour le nouveau lecteur attiré par le nom ronflant des Avengers, mais c'est une des parutions les plus ambitieuses et les plus intelligentes dédiées aux groupe de Captain America et consorts que j'ai pu lire ces dernières années. La seconde partie de Ragnarok Now! (le titre de cette saga qui cligne de l'oeil vers la période Marvel Now!) sera publiée dans le tome 3, dont la sortie est déjà attendue avec impatience.


"CRISIS" CHEZ DC : LES ORIGINES D'UNE LONGUE TRADITION

Lorsque Julius Shwarz proposa les nouvelles incarnations de Flash ou de Green Lantern, il décida de ne pas suivre servilement les version pré existantes datant du golden age. Cependant Barry Allen, lors du premier épisode de sa nouvelle carrière, faisait déjà référence à son prédécesseur, Jay Garrick, après avoir feuilleté un comic-books le mettant en scène. Par la suite, Gardner F.Fox, dans le #123, osa la rencontre entre les deux bolides, en introduisant un concept oh combien crucial pour l'univers Dc, celui des Terres parallèles. Il fut décidé d'emblée que le Flash moderne (Barry) était celui de Terre 1 tandis que Garrick évoluait sur la Terre 2.
C'est ainsi qu'est née cette tradition des univers parallèles, qui chez Dc sont intrinsèquement liés au terme crisis. En gros, régulièrement, les justiciers de toute la planète affrontent une ou des menaces telles que seule l'union, qui fait déjà la force, peut aussi faire le triomphe sur l'adversité. Ces aventures homériques portent le nom de "crises" et font trembler l'univers à travers les dimensions. La dernière en date (Multiversity de Morrison) est aussi la première depuis l'arrivée des New 52. C'était presque fatal.
Gardner F.Fox a approfondi son idée de départ. S'il existe bien un Flash des origines sur Terre 2, il semble logique d'y trouver également d'autres versions des héros de l'univers Dc, et plus précisément, ceux qui étaient déjà sur le pont à l'ère du golden age, et dont on avait perdu la trace, ou qu'on ne savait pas comment utiliser. Dans les #21 et 22 de la série de la Justice League, un groupe de criminels découvrent l'existence de la Terre 2. Ils pactisent avec leurs pairs d'outre dimension, pour éliminer la Ligue de Justice, mais les nouveaux venus ont eux aussi des ennemis à trucider. C'est la Société de Justice (Justice Society) de Black Canary, Atom, Doctor Fate, Jay Garrick, Hawkman, Hourman, et Alan Scott, le Green Lantern du golden age. Les costumes de nos héros à nous sont déjà gratinés, à l'époque, mais ceux de la Société sont encore plus pittoresques. Mention spéciale pour la cape violette de Scott et le casque improbable de Garrick. Mais on s'y attache vite!

Si la trame peut sembler complexe pour l'époque, l'action prend vite le pas et fonctionne à plein régime. Le sense of wonder le plus naïf vient au secours d'intrigues autrement improbables et rocambolesques. Fox prend soin de présenter des vilains d'envergure, qui tiennent la route dès leur première apparition, et resteront par la suite des figures récurrentes de l'univers Dc. Citons Felix Faust, Chronos, ou le Doctor Alchemy. En pleine période de guerre froide, ces pages apportent une bouffée de fraicheur SF bienvenue, avec au menu des Terres parallèles, des univers imaginaires troublants, des créatures fantasmagoriques. Mieux encore, dans le #29 et #30 de la série Justice League of America, c'est au tour cette fois de Terre 3 d'entrer en lice. La même qui fut sous les feux de la rampe récemment lors du crossover Forever Evil. Celle où une version distordue des héros Dc (dédiés au mal) a pris le pouvoir, et où les copies maléfiques que sont Ultraman, Owlman ou encore Superwoman dictent leur sinistre loi. Régulièrement, au fil des ans, de nouvelles crisis voient arriver de nouvelles Terres, de nouvelles possibilités alternatives, que les lecteurs attendent avec avidité. 
Mike Sekowsky dessine les premiers rendez-vous historiques. Indiscutablement doué pour l'action et le dynamisme, il affine ici son style habituellement anguleux et brut, pour livrer une interprétation plastiquement plus souple que dans ses travaux précédents. Si vous souhaitez retrouver ces épisodes que nous pourrions qualifier d'historiques, en tant que proto-crises et mètre étalon de tout le multivers Dc à venir (qui s'installe dans ces pages brique après brique) il existe une série de six Tpb (Crisis on multiple Earths) qui démarre justement avec la première rencontre entre Terre 1 et Terre 2 (Justice League of America #21) pour aboutir plus de vingt ans plus tard aux aventures mises en scène par des auteurs de renom comme Gerry Conway et George Perez, stars des années 80. Un voyage dans le temps que je vous recommande au plus haut point!


TOP TEN : LES COVERS MARVEL POUR AVRIL 2015

En avril ne te découvre pas d'un fil, mais n'oublie pas pour autant d'aller acheter les meilleurs comic-books de chez Marvel! Ce fut difficile mais nous avons sélectionné une dizaine de couvertures parmi les parutions du mois d'avril 2015. Voici notre Top Ten avec des couvertures de Stéphanie Hans, Mark Brooks, Art Adams, Francesco Mattina, Phil Noto, et beaucoup d'autres. Régalez-vous bien.










OLDIES : LA MORT DE MISTER FANTASTIC (LE RUN DE TOM DEFALCO part one)

Nous sommes en 1993 dans Fantastic Four 381. Le scénariste Tom DeFalco décide de mettre en scène la mort d'un personnage capital; Reed Richards le chef des fantastiques est vaincu par son ennemi de toujours le Docteur Fatalis. A première vue il est incinéré dans une ultime tentative du dictateur mourant pour liquider son rival et l'emporter dans la tombe. Mais ce drame n'est pas arrivé du jour au lendemain. Depuis son avènement sur la série au début des années 90, DeFalco a fait vivre au quatuor une longue série d'épreuves personnelles qui n'ont épargné personne. Un par un les Fantastiques on connu l'enfer.
La Torche par exemple a mis le feu à l'université de New York de manière accidentelle, en voulant se défendre face a deux ennemis qui souhaitaient lui faire la peau. Réflexe dicté par la peur et le désespoir, compréhensible, mais qui coûta à son équipe une banqueroute presque totale, lorsqu'il fallu indemniser les victimes et sauver le jeune homme de la prison. En parallèle le pauvre Johnny devait accepter la grossesse de Lyja une skrull qui avait durant quelques années remplacé la sculptrice Alicia Masters, et qui était devenue sa femme! Un imbroglio sentimental qui a de quoi vous faire perdre la tête.
Susan, la soeur, a été de nouveau infiltré et dominé par son côté négatif et violent : Malice.  Affublée d'un nouveau costume aussi osé que vulgaire, elle doit également gérer l'arrivée sur la scène de son fils devenu adulte, quelques secondes après qu'il ait été enlevé encore jeune enfant. Une fois téléporté avec son grand père et revenu à son époque de départ, comment Franklin aurait pu convaincre sa mère d'être bien lui-même, alors qu'il venait de gagner une décennie au minimum en quelques secondes?
La Chose aussi a beaucoup souffert : Ben a été défiguré par les griffes en adamantium de Wolverine et cache son visage sous un masque métallique. Une ancienne petite amie, Sharon Ventura, est réapparue dans sa vie, mais puisque celle-ci a trahi Fatalis pour qui elle jouait au départ les espionnes, la punition a été sévère! La voici transformée en un monstre encore plus grotesque que son ancien petit ami. Alors vous comprendrez que lorsque le leader des fantastiques, Reed Richards,  connaît une fin tragique, incinéré aux yeux de tous, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Est-ce la fin des fantastiques?

A l'époque, les FF étaient publiés dans Nova, qui abordait sa transition du petit format historique, au grand format. On pourra dire ce qu'on veut du run de De Falco, mais certainement pas qu'il était ennuyeux. On avait droit chaque mois à des épisodes truffés de sous-trame, et de coups de théâtre à la limite du vraisemblable, mais qui ouvraient des pistes pour les nombreux numéros à venir. La recette était simple : une écriture classique (avec parfois trop de verbiage pontifiant ou de bulles de pensées redondantes), pas mal de marivaudage et de la tension sentimentale (Lyja et Johnny Storm, Ben Grimm qui veut revoir Alicia alors que Sharon Ventura rentre à nouveau dans sa vie, les époux Richards qui se disputent à chaque page...), et de l'action, encore de l'action, impliquant une galerie de personnages attachants, avec de bonnes intuitions, très fonctionnelles (Devos le dévastateur qui veut détruire toutes les formes de vie au nom de la paix galactique, Paibok le skrull , Franklin Richards qui se retrouve propulsé à l'âge adulte, Sharon Ventura devient un monstre hideux...). Au dessin, Tom était aidé par un Paul Ryan vraiment remarquable. Auteur en outre d'une partie du "plot" de départ (il avait son mot à dire quand à l'évolution de l'action), Ryan livre la plupart du temps des planches d'une grande lisibilité, avec des personnages identifiables et une belle minutie dans les détails, sans jamais sauter un épisode ou passer la main pour un fill-un de derrière les fagots. Plusieurs années de fidélité pour une longue saga, un long run qui peut se relire avec trépidation, mais uniquement en Vo et sous forme de single issues, car à ce jour pas d'omnibus, de Tpb qui se suivent et reprennent tous ces épisodes. Bien sur, encore moins besoin d'évoquer la Vf, sauf si vous avez les vieux Nova dans votre collection. C'est ce que j'appelle une histoire sérielle sans complexe, qui ne s'embarrasse pas de singer la réalité, qui s'amuse à s'épanouir et à épater le lecteur comme devraient le faire tous les bons comics qui privilégient l'histoire au détriment des tours de manche d'artistes en mal de reconnaissance. Je vous assure, quand Fatalis serre la main de Reed Richards, et que sur la cover du #381 le "four" est barré, et que s'étalent les mots no more, ça le fait vraiment. Le lecteur adolescent que j'étais alors en garde un excellent souvenir, celui d'une époque où le sens of wonder n'avait pas encore le drapeau en berne, et où on se laissait berner par ce genre de rebondissements improbables. 

Ps : Reed resta "mort" pendant suffisamment longtemps pour titiller les lecteurs. Mais promis, je vous parlerai de la suite du Run de DeFalco une prochaine fois. Comme indiqué dans le titre, cet article est juste une "part one". A suivre...


100% MARVEL : MOON KNIGHT TOME 1 (ALL-NEW MARVEL NOW)

Dans la collection 100% Marvel (All-New Marvel Now) voici le retour de Moon Knight, personnage culte s'il en est. Marc Spector est un ancien mercenaire qui a quelques problèmes psychologiques évidents; outre le fait qu'il s'affuble d'un costume blanc pour aller combattre le crime durant la nuit, il possède aussi deux autres identités civiles qu'il utilise à certaines occasions. On a souvent comparé Moon Knight à Batman. Une sorte de Bright Knight, qui lui aurait comme crédo d'annoncer sa venue, d'être l'antithèse de l'ombre, comme il le souligne à plusieurs reprises dans ces nouveaux épisodes. Difficile de savoir si en réalité il possède véritablement les pouvoirs de Konsha, incarnation d'une déïté lunaire égyptienne ou si Marc à tout imaginé au point d'être en réalité un dément convaincu de posséder des dons formidables.  Les différents scénaristes qui au fil des décennies se sont succédés se sont parfois contredit et aujourd'hui c'est au tour de Warren Ellis d'apporter sa pierre à l'édifice. Il propose une série de six épisodes tous indépendants les uns des autres, de petits récits qui ne nécessitent aucune connaissance particulière du passé du personnage. Pour commencer Moon Knight affronte un criminel qui dépèce ses victimes afin d'incorporer a son propre corps les morceaux qui lui servent. Ensuite il doit mettre hors d'état de nuire un sniper avide de vengeance avant de se retrouver au prise avec des fantômes. Ces premiers épisodes sont peut-être les moins palpitants de l'album, comme si Ellis cherchait encore ses marques, mais par contre les dessins de Declan Shalvey, et plus particulièrement sa mise en page, son story telling,  frappent agréablement l'oeil dès les toutes premières planches.


Le Moon Knight de Shalvey est noir et blanc. Et rien d'autre. Le seul moment où on y trouve du rouge, c'est quand il se fait tabasser. Pour le reste, c'est une figure spectrale tout ce qu'il y a de plus visible, au beau milieu de la nuit. Il aime se faire annoncer. Les meilleurs moments, c'est lorsque le héros enquête sur une série de cobayes d'expériences sur le rêve, qui font tous les même songes, en même temps, et en deviennent fous. Là le dessinateur atteint l'apogée de son art, et certaines planches sont aussi belles que malsaines, en nous plongeant dans un rêve fongique inquiétant. Ensuite Moon Knight délivre une adolescente qui a été enlevée, en gravissant un à un les étages d'un immeuble désaffecté, et en distribuant à chaque fois une bonne ration de coups de pieds aux fesses. Pour finir, un flic frustré souhaite devenir le Spectre Noir (vieil ennemi de Moony) afin de gagner enfin la considération dans le regard des autres, mais va devoir déchanter... Ces petites histoires ne laisseront guère de traces dans la continuity Marvel, prise dans son ensemble, et c'est cela que certains reprochent à cet album. Il faut en fait le voir comme un exercice de style, une tentative de raconter quelque chose, sans se lancer dans une on-going à tiroirs, comme si les auteurs avaient bien conscience que tous les titres All-New Marvel Now au pedigree audacieux (Moon Knight, Elektra, Iron Fist...) n'étaient pas là pour perdurer et se pérenniser, mais destinés à s'éteindre au bout d'un an ou deux de parution. Au moins cette nouvelle mouture a t-elle le mérite de rendre une copie soignée, artistiquement aboutie, à défaut d'avoir l'ambition de faire de son personnage central un vrai héros incontournable de chez Marvel. Moon Knight restera un outsider poissard, ce qui ne gâche en rien le plaisir de lire ces épisodes. 



MARVEL'S AGENT CARTER : LA SERIE RETRO DE L'UNIVERS MARVEL

Peggy Carter connaît un après-guerre des plus frustrants. Elle qui fut une force vive de l'armée américaine, qui devint la petite amie de Captain America lui même, se retrouve reléguée au simple rang de secrétaire de service, au sein de l'ancêtre du Shield, tout juste apte à servir le café à ses supérieurs et à taper à la machine sous le regard concupiscent de ses collègues sexistes. Il lui faut également faire le deuil de Steve Rogers, disparu lors d'une énième mission, et ceci des années avant qu'on le retrouve finalement congelé comme un bâtonnet de colin dans un bloc de glace à la dérive. Le titre officiel de cette nouvelle série (qui a démarré la semaine dernière, ce mardi nous avons eu droit au second épisode) est Marvel's Agent Carter. Autrement dit, une sorte de version nostalgique de Marvel's Agents of Shield, avec une tonne de gadgets en moins, et une bonne dose de charme en plus. Afin de faire raccord avec le cinéma, on introduit d'emblée quelques uns des moments les plus tire-larmes de Captain America, et puis ce sera forcément tout, car à la fin des années quarante, que je sache, les super-héros n'étaient pas encore sur le pont (dans la généalogie cinématographique, j'entends). Si Peggy s'ennuie et déprime, elle va cependant avoir l'occasion de donner à nouveau sa pleine mesure, grâce à l'intervention du père de Tony, Howard Stark. Presque aussi hâbleur que le fiston (encore à naître), l'inventeur milliardaire s'est fait dérobé certains joujoux hautement dangereux, qui ont fini dans le camp ennemi (les russes, quoi). Il n'en faut pas plus pour que le Congrès le soupçonne d'être un espion, un traître. Pour se dédouaner, Stark demande de l'aide à l'agent Carter, en passant par un intermédiaire flegmatique et au charisme so british : le valet de chambre des Avengers, l'Alfred Pennyworth de la famille Stark, à savoir Jarvis. Tiens, c'est une bonne surprise de le voir, ce bon vieux Jarvis. Même si une rapide opération mentale laisse quelques doutes. On le découvre ici avec au moins 30/40 ans au compteur, ce qui voudrait dire qu'il aurait atteint le nouveau siècle avec presque 90 ans dans la besace. Mais bon je chipote, je chinoise. 


Haylay Atwell. Parlons un peu d'elle. Sans pour autant tomber dans le machisme dénoncé par la série. Je ne me souvenais pas qu'elle était aussi voluptueuse, nous sommes loin de l'agent de terrain surentraînée qui ne mange que de la salade et des barres vitaminées. La scène du premier épisode, lorsqu'elle apparaît revêtue d'une perruque blonde, en fait même une bombe anatomique certaine, ce qui a pour effet secondaire de rendre les combats un tantinet moins crédible, comme s'ils se déroulaient parfois en slow motion. Pas grave, des détails. La grande qualité de la série, c'est son style très old school assumé, le même qui avait fait les délices des amateurs du premier Captain America. Mais également son rythme, la rapidité avec laquelle les enjeux sont dévoilés, à des années lumières de la lenteur et de la lourdeur des premiers rendez-vous de Marvel's Agents of Shield, qui ont provoqué bien des bâillements et de la perplexité. L'ensemble sera resserré (huit épisodes) et devrait présenter, apparemment, une confrontation où s'entrechoque espionnage, cynisme et humour froid entre Peggy Carter, les services du contre espionnage américain, et une organisation criminelle d'envergure, Leviathan. Je parle d'humour, car les scènes entre l'héroïne et Jarvis sont souvent savoureuses, pour ne pas dire du feuilleton radiodiffusé des exploits de Captain America, qui ne manque pas de faire son effet (avec des bruitages vintage du plus bel effet) et entre en écho burlesque avec les aventures présentes de l'agent Carter. Aux manettes, Louis D'Esposito, Joe Russo, et ensuite Joe Johnston permettent une réalisation crédible et en tous points dans la lignée de ce que Captain America avait initié au cinéma. 


LE CALENDRIER VINTAGE DE NATHAN SZERDY

Petite récréation sympathique ce mercredi, avant d'aller voir ce qui se passe du coté de chez l'Agent Carter, et dans le premier tome de la nouvelle série de Moon Knight, prévus dans les prochains jours sur ce site. Aujourd'hui ce sont les jolies pin-up très vintage, issu d'un calendrier imaginaire, conçu par l'artiste Nathan Szerdy. On y trouve certaines des héroïnes les plus sexy de l'univers Dc, et ça méritait bien un coup d'oeil.
Le site de l'auteur : 








LE REGNE DU MAL / FOREVER EVIL : 2eme PARTIE (JUSTICE LEAGUE TOME 7)

Petit rappel des faits... Le mal semble l'avoir emporté sur le bien, dans l'univers DC Comics. Le syndicat du crime, version maléfique de la Ligue de Justice, est arrivée sur notre planète en provenance de Terre 3. Après avoir neutralisé tous les héros qui se retrouvent enfermés dans la matrice nucléaire de Firestorm, le Syndicat a mis à feu et à sang le monde pour se l'approprier, et en faire un cauchemar à son image. La poche de résistance la plus crédible est organisée autour de Lex Luthor, qui n'est pourtant pas un philanthrope de nature. A ses cotés, bons et méchants sont forcés de conclure une alliance : Batman, Catwoman, Black Adam, Sinestro, tout le monde est uni pour changer la donne, mais il est difficile de combattre lorsque aucun accès à aucune technologie moderne n'est possible. Le virus Grid s'est emparé du corps robotique de Cyborg et contrôle de la sorte toutes les communications à l'échelle de la planète. Cyborg lui-même finit par être reconstruit et trouve des alliés un peu particulier avec les Metal Men du professeur Magnus, qui se mettent au service de l'humanité et vont l'aider à renverser la vapeur. Il faut dire aussi qu'au sein du syndicat les dissensions existent, ainsi que les trahisons et les lourds secrets. Par exemple qui est ce membre encore non identifié retenu prisonnier avec une cagoule qui lui masque de visage? Son identité pourrait bien avoir de lourdes conséquences sur le conflit qui ravage la terre. Comme souvent lorsque la situation semble désespérée, pour de bon, c'est un détail, un oubli fatal, un grain de sable dans l'engrenage, qui permet un retournement de situation imprévu. 

Disons le tout net. Geoff Johns est meilleur lorsqu'il prend en main le destin d'un héros, au singulier, et qu'il l'achemine vers de nouveaux horizons, patiemment, mois après mois (Aquaman, Shazam, par exemple). Donnez lui un grand crossover à développer et il aura tendance à tomber dans certains travers, à savoir la surenchère dans la violence et la baston, et un manque parfois de lisibilité de l'action, qui ne progresse pas toujours à un rythme crédible. Ici le désespoir règne, le mal triomphe, mais en quelques coups de poings bien placés et quelques morts bien spectaculaires (une jambe arrachée, Atomica écrasée sous une botte...) Johns tente de nous convaincre que les héros, bien épaulés par quelques vilains momentanément rangés du coté des bons, peuvent devenir des vigilantes badass, prêts à sortir les crocs et mordre à sang. David Finch essaie de se mettre au diapason, mais je trouve que l'encrage est souvent trop gras, et les couleurs trop sombres, ce qui vient gâcher un travail qui n'est de toutes façons pas le meilleur qu'il ait jamais produit, loin de là. Je pense tout de même que son trait gagnerait à être proposé dans une version noir et blanc, avec juste les crayonnés. Cet album propose les derniers numéros de Forever Evil, mais aussi les épisodes associés de la Justice League, ceux où Cyborg et les Metal Men tiennent le rôle de vedettes. Ces derniers sont la bonne surprise du chef. Ils sont drôles, touchants, caractérisés de manière prévisible selon le métal qu'ils représentent, mais peut être pour cela très fonctionnel. Ivan Reis y est fort à l'aise, comme d'habitude. Le Règne du Mal, c'est une grosse production, un blockbuster estival à consommer avec modération, en sachant qu'il y a des kilos de sucre dans le produit, et qu'en abuser provoquerait son lot de caries, et une sévère prise de poids. On en attendait plus. Ou plus exactement, on en attendait mieux. Faute de quoi, on essaiera de se consoler avec un Lex Luthor qui retrouve son statut de star de l'univers Dc, sans pour autant qu'il si facile de le cerner véritablement. 


LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR

 Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familia...