ULTIMATE SPIDER-MAN 12 : Peter Parker no more

C'est un cycle, une histoire qui se termine. Celle de Peter Parker, teenager et super-héros, protagoniste de la série Ultimate Spider-Man. Ce numéro 160 est donc historique, comme vous le savez probablement tous, puisque même les médias généralistes se sont emparés de l'info, voilà quelques mois. Bien entendu, en grande partie, ils se sont contentés de recracher ou commenter sommairement une simple dépêche, sans même préciser que le Parker en question était celui de l'univers Ultimate, et pas le personnage qui fête cette années son cinquantenaire. La compétence, on l'a ou on ne l'a pas. Et sinon, où en sommes nous, au niveau du récit? Peter et Mary-Jane sont de nouveau ensemble, et le Green Goblin est de nouveau déchaîné. Bref, la routine. Sauf que là, le vilain sur son planeur fait dans le sérieux, au point qu'il trucide même le docteur Octopus, quand il ne veut pas collaborer selon ses plans, pour se débarrasser de Spidey. Ce même jeune tisseur de toile qui n'en mène pas large. Au cours d'une folle bataille, il se ramasse une méchante balle qui était destinée au départ à Captain America. Pas le temps de souffler ou de s'évanouir, voilà que le Goblin et sa troupe se dirigent vers le Queens, demeure des Parker. On devine qu'il ne s'agit pas d'une invitation à dîner, mais bien l'acte finale d'une vengeance meurtrière. Certes, la Torche et Iceberg sont là pour assurer la protection de May et opposer une résistance minimale, mais ils ne font pas le poids et mordent la poussière très vite. Le grand combat, l'ultime round, sera donc entre Spider-Man et Osborn, et ce sera une boucherie. Bendis orchestre là une fin musclée et chargée en testostérone, où l'issue pour le monte en l'air est donc fatale, vous le savez. Le tout illustré par Bagley, grand habitué du titre, habile et efficace à l'extrême pour ce qui est de briller dans un comic-book des plus mainstream. Je n'aime pas trop sa version de Mary-Jane, cela dit. Elle ressemble à une jeune fille anorexique ou droguée. Ou bien est-ce moi qui ai cette impression? Panini propose la version Vf dans un emballage un peu particulier, un blister noir qui vient souligner le deuil et l'importance historique de ce numéro. Parker quitte la scène (pour toujours?) alors que son ennemi ultime, à la dernière case.... Indispensable et mémorable pour les lecteurs de l'univers Ultimate, une page se tourne. Pour les autres, une anecdote.



Rating : OOOOO

BATMAN SHOWCASE 1 : La suite de Batman Incorporated

Pour lire la suite de Batman Incorporated (publié premièrement dans le dernier numéro de Batman Universe chez Panini) il suffit de vous rendre en kiosque, et de passer à Urban Comics, nouvel éditeur de Dc Comics en France. Le temps de transition qui nous sépare du grand reboot sera meublé par une revue provisoire, Batman Showcase, qui en cette fin février nous offre les épisodes 5 à 8 de la série de Morrisson. Le premier d'entre eux a de quoi rebuter les nouveau arrivants, et il est symptomatique de la façon dont Grant écrit ses scénarios. C'est très complexe et fouillé, voir un peu le foutoir. Batman est toujours épaulé par El Gaucho, qu'il a recruté pour sa Bat-association en Argentine, mais aussi par Batwoman, et Le Masque. Ensemble, ils déjouent les plans du Leviathan dans les Malouines, tels que nous les avions découverts dans la dernière revue Panini de décembre. Comme entrée en matière pour le néophyte, c'est pratiquement impossible.
Heureusement, la suite est bien plus accessible, et franchement réussie. Chris Burnham illustre les deux chapitres consécutifs avec brio. Tout d'abord, la lutte entre Leviathan et Batman nous permet de faire connaissance avec le Parkoureur, la version frenchie choisie par l'homme chauve souris pour son projet Incorporated. Pendant ce temps, le Dark Knight original fait de la désintoxication sur les forums Internet, puis assume l'identité de Nero Nykto, enquêteur au service de la pègre, pour démanteler un réseau de criminels. Pas le temps de s'ennuyer, Morrisson mène sa barque toutes voiles dehors.



Mieux encore, il nous gratifie ensuite d'un épisode hilarant, où les deux héros sont des indiens redresseurs de tort, Frère Chiroptère, et son fils Corbeau Rouge. Tous les deux oscillent entre pathétique et héroïsme à l'état pur, et si on finit par les prendre en sympathie, c'est également parce qu'ils vont se retrouver, bien malgré eux, embarqués dans une aventure rocambolesque, avec bien sur le duel entre Batman et le Leviathan en toile de fond. Toutes les scènes avec le Chiroptère sont drôles, émouvantes, parfaitement maîtrisées. Un des meilleurs moments que j'ai passé avec Batman depuis des mois, qui plus est enlevé et qui donne le sourire.
Pour finir, l'épisode 8 plonge Batman et un groupe de milliardaires venus assister à la présentation de l'Internet 3.0 de Bruce Wayne, dans une aventure toute virtuelle. Au sein d'une interface digne de Tron, ce bel aréopage est la cible de cyber criminels qui menacent leurs avatars, mais l'anti virus concocté par Batman Incorporated veille au grain, sous la forme d'Oracle et de Batman himself, et leurs versions digitalisées. A noter que ce comic-book a été produit en 3D (d'où les dessins de Scott Clark, forts jolis) mais il ne vous servira à rien d'aller enfourcher vos lunettes, celles que vous avez récupéré au Pathé Gaumont du coin, en vous faisant extorquer dix euros lors de la dernière séance 3D à laquelle vous avez assisté. C'est ici la version normale qui est publiée, gardez votre calme.
En complément, de nombreuses explications pour les néophytes, un organigramme de Batmn Incorporated, une cover semi rigide lumineuse qui attirera petits et grands... Bref, Urban comics a mis les petits plats dans les grands, pour le lancement de "son" Batman en kiosque. Malgré quelques coquilles évidentes, qui ne font pas belle figure... Mon conseil? Ne résistez pas!

Rating : OOOOO


THE INFINITY CRUSADE : La croisade cosmique de Jim Starlin

Parfois, le bien est encore moins désirable que le mal. Prenez par exemple le cas d'Adam Warlock, lorsqu'il s'efforça de chasser ces deux notions antithétiques de son âme, pour endosser brièvement la manteau de l'omnipotence cosmique, à la fin d'Infinity Gauntlet. Sa partie négative s'est réincarnée sous la forme du Mage, et a bien failli causer la perte de l'univers tout entier. Mais son coté positif n'est pas en reste. Voilà qu'il se matérialise sous la forme d'une femme, une version féminine d'Adam Warlock, particulièrement portée sur la spiritualité et le divin, au point de se baptiser elle même la Déesse. Et pour être à la hauteur de son titre, elle aura besoin, c'est évident, de faire oeuvre de prosélytisme, et de recruter des âmes crédules, qui croiront en elle et en l'illumination prochaine, qui viendra ravir le cosmos et apporter un nouvel âge de paix universelle. Miss Richards, des Fantastiques, Hercule, Tornade, le Silver Surfer, Jean Grey, ne sont que quelques uns de ses fidèles recrutés à leur insu, pour participer à cette vaste opération de salut. Sauf que dans l'esprit retors de la Déesse, sauver l'univers et le détruire, c'est un peu la même chose. La paix universelle, on l'obtient, selon elle, lorsque la création cesse d'être, ce qui est le meilleur moyen de faire disparaître le mal, certes, mais à quel prix! En attendant, elle rassemble son armée sainte sur une planète crée artificiellement (Paradis Omega), grâce au pouvoir combiné de toute une série de cubes cosmiques, et se prépare à recevoir tous les autres héros de la Terre, bien décidés à ramener les brebis égarées et à sauver l'univers, une fois de plus. Cela va sans dire : parmi la légion des intervenants, une place de choix est réservée à Adam Warlock, mais aussi à Thanos (toujours dans son rôle ambigu de vilain presque repenti, plein de sagesse et de duperie) et aux membres de la Infinity Watch, les amis et alliés d'Adam, pour le meilleur et pour le pire.



Certains objecteront que cette saga, qui constitue la troisième et dernière partie d'une trilogie, commence sérieusement à manquer de souffle. Ils n'auront pas tout à fait tort. Inutile de préciser que c'est le volet le moins indispensable, et d'ailleurs les dessins aussi se ressentent d'une certaine lassitude. Ron Lim avait du augmenter la cadence de son travail d'une manière conséquente, et il n'avait plus trop le temps de faire oeuvre de précision chirurgicale. Son encreur, Al Milgrom, n'est de toute évidence pas non plus à la hauteur, et cela finit par se voir. Semic avait opté en son temps pour une publication Vf sous formes de trois albums hors-série, qui existent également en version reliée, facilement trouvable sur les sites de ventes aux enchères. Mais c'est du coté des Tpb en Vo qu'il y a de quoi se régaler. Infinity Crusade a été présentée sous la forme de deux volumes (un seul eut été à classer du coté des petits omnibus) qui reprennent, outre la saga principale, les différents tie-in qui mettent en scène Warlock and The Infinity Watch, série déclinante qui allait tirer sa révérence quelque temps après. Panini n'envisage pas de récupérer cette aventure dans les prochains mois, et il faudrait tout d'abord que les hommes de Modena s'intéressent au cas de Infinity War, avant d'avoir la chance de relire les (mes)aventures de la Déesse, incarnation du bien résidant en Adam Warlock. Du bon gros comic-book mainstream, qui correspondait bien à l'idée que le lecteur des nineties avait d'un "event" ces années là. Encore que quand je feuillette la X-Sanction de Jeph Loeb, et les previews d'Avengers Vs X-Men, j'ai des doutes sur l'évolution naturelle de notre médium favori. Que voulez vous, je suis un nostalgique, et j'ai toujours aimé Infinity dans toutes ses déclinaisons...


Rating : OOOOO

FLASHPOINT 1 : Le grand bouleversement chez Dc enfin en kiosque !

Les revues kiosque aussi sont arrivées, chez Urban Comics. On commence aujourd'hui avec Flashpoint, qui met un terme à l'univers Dc tel que nous l'avons toujours connu. Dans ce premier rendez-vous (il y en aura trois en tout) l'essentiel du sommaire est consacré aux derniers chapitres de la série régulière Flash, de Geoff Johns. Vers Flashpoint nous permet de comprendre et d'assister à la plus grande catastrophe chronale jamais enregistrée dans le microcosme Dc, qui a ensuite provoqué le grand reboot dont nous ne cessons de parler depuis septembre. Après un excellent épisode illustré par Scott Kolins (un grand habitué du genre) qui permet de mieux saisir la personnalité et les motivations d'Eboard Thawne, alias le Reverse-Flash (ici baptisé Nega-Flash en Vf), nous entrons dans le vif du sujet, avec le toujours délicieux Manapul aux crayons. Barry Allen doit mener l'enquête sur un cadavre d'encapé, retrouvé mort sans cause apparente, en costume. Le grand âge du cadavre pourrait même faire penser à un décès naturel (il semble avoir 90 ans) sauf que cette hypothèse ne tient pas la route, après une simple analyse Adn. La victime aurait en fait seize ans, et serait un nouveau héros à peine arrivé en ville. Comment a t'il pu vieillir si vite? Flash a de quoi s'inquiéter, d'autant plus que l'apparition du Barry Allen d'une Terre parallèle (en motard justicier au look fort sympathique) a de quoi lui glacer le sang. Il semblerait que énorme catastrophe soit sur le point d'arriver, que le temps soit prêt à imploser, à cause d'une anomalie provoquée par un ou des individus qui ne sont pas à la bonne époque. Qui, et dans quel but? Ce sont les derniers jours de l'univers Dc traditionnel, ne me dites pas que vous n'avez pas envie de lire ça! En plus, le récit est rondement mené par Geoff Johns, et on ne s'ennuie pas un seul instant. Si souvent les aventures chronales qui rythment la saga des différents Flash finissent par être confuses et redondantes, ici c'est assez simple à comprendre, et surtout, c'est historique. Je dirais même incontournable.



Pour finir, la première partie de Flashpoint, bien entendu. Barry Allen s'est assoupi au travail, et grand mal lui en a pris. Quand il émerge du brouillard, c'est pour reprendre pied dans un monde totalement différent de celui qu'il fréquentait avant la sieste. Nous autres lecteurs sommes les seuls, avec Barry, a nous rendre compte de suite que rien ne va. En effet, le grand héros de la ville (encore que très contesté par la police elle même) semble être un certain Citizen Cold, qui fait bien sur écho au Captain Cold que nous connaissons, pour être un vilain historique (membre des fameux Lascars). Barry est d'autant plus stupéfait qu'il se retrouve sans son anneau et ses pouvoirs, et que la première personne qu'il rencontre, en quittant son lieu de travail, n'est autre que sa mère, pourtant décédée depuis des années. Nous y sommes, l'univers Dc va changer a jamais, et pour commencer, nous allons, trois mois durant, nous familiariser avec cette réalité alternative, construite un peu sur le modèle de ce que les lecteurs des X-Men avaient découvert durant Age of Apocalyspe, par exemple. Le monde aussi semble au bord de l'implosion, avec deux factions antagonistes (menées par Wonder Woman et Aquaman) qui sont en guerre, et ont déjà ravagé une grande partie de l'Europe. Apparemment, la présence de Batman sera nécessaire pour que les héros de cet univers puissent avoir une chance d'éviter la grande catastrophe qui s'annonce. Oui, mais de quel Batman parlons nous, durant Flashpoint? Pour un numéro d'ouverture, rien à redire. Tout est exposé rapidement, mais clairement, et même le lecteur occasionnel, qui ne connaît pas vraiment les personnages du sous-bois Dc, ne devrait pas trop perdre le fil du récit. D'autant plus qu'Urban Comics fait un vrai effort sur le rédactionnel, avec des notes bienvenues en ouverture et clôture de revue, et avant chaque partie importante du contenu. C'est concis, essentiel, et probablement décisif pour qui tente l'aventure pour la première fois. Andy Kubert dessine Flashpoint, et hormis quelques visages au second plan à peine esquissé, son style hyper cinétique est d'une beauté plastique qui ravira le lecteur. Finissons sur une remarque pratique. Les revues kiosque Urban Comics ont donc une couverture souple cartonnée, qui est peut être un poil trop rigide, pour ceux qui sont habitués à triturer leurs magazines durant la lecture. Voire même, un petit décollage semble poindre le bout du nez entre la couverture et la première page intérieure. Espérons que la revue résiste avec le temps. Car pour le reste, c'est de l'excellent travail, à tous points de vue. Je suis séduit, moi qui avais tant de doutes. Pour le programme éditorial de l'année à venir, c'est autre chose, mais on en reparlera. J'ai envie de dire : Give Urban a chance, car je veux y croire, Dc mérite bien cela. Alors n'attendez pas et foncez achetez ce premier numéro de Flashpoint. Qui sait si votre histoire d'amour avec Dc ne va pas commencer ce mois ci?

Rating : OOOOO

BATMAN : SOMBRE REFLET vol.1

(spoiler inside, c'est possible...)   De l'avis général des fans de l'homme chauve-souris, ce SOMBRE REFLET est une des meilleures histoires du héros depuis bien longtemps. Un classique moderne, pour ainsi dire. Bonne idée donc, que celle qu'a eu Urban Comics, de débuter sa collection d'albums librairie par cette oeuvre aboutie, qui est présentée en deux parties. La première est disponible, et chroniquée ici. La seconde sera publiée dans deux mois. Le Batman à l'honneur est encore Dick Grayson, malgré le récent retour de Bruce à Gotham, dans le temps présent.  S'adapter à sa nouvelle mission, son nouveau costume (fardeau?) n'est pas une chose simple, et on a l'impression (Alfred le majordome le lui fait d'ailleurs remarquer avec humour) qu'il ne s'investit pas plus que ça pour se couler dans sa nouvelle forme, comme si tout cela ne pouvait être que provisoire. Des restes de l'enfance du petit Dick, transporté d'un cirque à l'autre, d'un numéro périlleux au suivant, au gré des tournées, comme il est rapidement rappelé en début d'album? Toutefois, une mission périlleuse l'attend, lorsque un gamin de Gotham se mue en bête féroce, et que dans son sang est retrouvée une mixture semblable à celle qui est a la base de la transformation reptilienne de Killer Croc, un des ennemis légendaires du Dark Knight. Qui a bien pu voler la préparation chimique, détenue jusque là par la police? Dans quel but? Batman mène l'enquête mais ceux qu'il interroge sont froidement abattus avant d'avoir des réponses (y compris la mère du gamin en question). Toutefois, il finit par trouver une piste crédible : une vieille demeure témoin d'un effroyable carnage, à l'époque où Gotham fut quasi rasée par un tremblement de terre surpuissant. Là sont organisées de mystérieuses ventes aux enchères dans un climat satanique des plus oppressants. Dick parvient à s'introduire sous une fausse identité, grâce aux bons services d'Oracle (Barbara Gordon), mais son déguisement hight tech ne trompe personne. En pleine cérémonie, le voilà contaminé par un gaz hallucinogène et pris d'assaut par tous les témoins présents. Une bien mauvaise passe...


En parallèle aux déboires de Batman avec la House of Mirror et de la lutte de Grayson contre les effets persistants du gaz hallucinogène, le commissaire Gordon a la désagréable surprise de voir son fils, James Gordon Jr, revenir à Gotham. Quand on sait que celui ci est supposé être un assassin, un être des plus instables, on comprend qu'il n'y a pas de quoi sauter au plafond. Le fiston a vu un analyste, et accepte aujourd'hui de se soigner, pleinement conscient de son statut de psychopathe (au sens médical du terme). Il demande même de l'aide au paternel pour trouver un job. Mais à votre avis, est-il prêt à se ranger des voitures, et vivre la parfaite petite vie de l'employé modèle, débarrassé de ses folies et de ses pulsions violentes? Snyder fait un travail remarquable d'écriture, avec ce Black Mirror. Il offre enfin une légitimité et une crédibilité à Dick, sous le costume de Batman (il état temps, vu que Bruce est revenu). Il réintroduit de subtils éléments propre à choquer et interroger le lecteur, comme cette barre à mine qui servit autrefois au Joker à massacrer le pauvre Robin d'alors (Jason Todd), et qui est ici mise aux enchères comme symbole du mal absolu. Aux dessins, Jock et Francavilla privilégient l'expressionnisme et la noirceur au réalisme détaillé et anatomique d'un David Finch, par exemple. Du coup, la folie de l'ensemble, la coté malade et torturé, finit par prendre le lecteur aux tripes, comme si le gaz hallucinogène respiré par Batman se répandait aussi par ses narines. Ajoutez à cela une interrogation sur la transmission, le passage de témoin d'une génération à l'autre, du père vers le fils (à double niveau, chez les Wayne, et les Gordon) et de ses ratés, et vous obtenez ce qui a été quasi unanimement salué comme le récit majeur mettant en scène Batman de ces dernières années, plus encore que ceux de Morrisson, taxés par moments (à tort!) de divagations confuses. Sans vouloir entrer dans ce genre de polémiques, je confirme qu'il s'agit là d'une très bonne histoire, croisement génétique entre un Year One et A Long Halloween, de surcroît présenté dans un album bien agréable à prendre en main, qui laisse augurer de bonnes choses pour la présence du Dark Knight en librairie, durant l'ère Urban, qui ne fait que commencer. Avec un nouveau film prévu dans les prochains mois, la Bat-mania n'est pas prêt de s'éteindre.

Rating : OOOOO (oui , j'irais jusque là!)




UNE ANTHOLOGIE DC POUR FETER L'ARRIVEE DE URBAN COMICS

Urban Comics attaque la librairie (et le kiosque) en cette fin février. Première étape importante pour convaincre de nouveaux lecteurs peu disposés à pénétrer l'univers Dc, voici venir une anthologie de presque 300 pages, comprenant (je cite) 16 récits majeurs de 1939 à nos jours. Première bonne nouvelle, le choix de bien séparer les différentes grandes époques du comic-book (avec les âges d'or, d'argent, de bronze, et moderne) et d'inclure une partie didactique rédactionnelle pour les nouveaux venus. C'est clair, concis, et ça permet d'avoir entre les main un ouvrage accessible à tous, même à ton petit frère qui jusque là s'était borné à lire du franco-belge. Bien sur, qui dit âge d'or dit forcément les origines des plus grands héros de l'univers Dc (Superman, Batman, Wonder Woman) maintes fois narrées et retravaillées, ici présentées dans leur forme originelle, brute, et forcément en décalage avec les goûts du public moderne. Mais ce sont de petits bijoux historiques, au style et à la forme caduque, mais au fond inépuisable et toujours d'actualité. La partie dédiée à l'âge d'argent est aussi intelligemment travaillée. On y découvre vite le monde des Green Lanterns, on se familiarise avec Flash (ou plutôt les Flash, car c'est une vraie dynastie en évolution perpétuelle), et aussi la JLA, sans oublier le concept de Terres parallèles, si crucial pour comprendre l'architecture des grands moments made in Dc. Avec l'âge de bronze, il est vite possible de noter à quel point le caractère ingénu et romantique des premières années s'obscurcit et se radicalise, en même temps que défilent les derniers soubresauts des seventies, et s'écoulent les eighties. La modernité nous frappe de plein fouet, avec le Superman/Man of Steel de Byrne (qui franchement parvient à allier classicisme revisité et fraîcheur narrative) et quelques autres récits mineurs, qui permettent toutefois de créditer des artistes incontournables comme Morrisson ou Geoff Johns. Certes, on regrettera que ce ne sont pas leurs travaux les plus déterminants ou marquants qui sont ici présentés, et qu'au risque de devoir payer quelques euros de plus, on aurait bien aimé en avoir d'avantage sous les yeux. Last but not the least, Urban se tourne vers l'avenir et offre la première version Vf du numéro un de la Justice League de Jim Lee, le titre le plus vendu aux States en 2011, le fer de lance du reboot Dc. Une histoire déjà chroniquée ici et qui est en effet comme une porte vers un nouvel univers, une nouvelle existence pour tout un microcosme super héroïque. Ceux qui souhaitent lire ce récit fondateur sans acheter l'anthologie devront encore patienter un trimestre, avant l'arrivée du mensuel Dc Saga, qui le republiera cette fois en kiosque.
Objet idéal pour ceux qui des super-héros ne connaissent que Marvel? Ou joli ouvrage patiné mais finalement dispensable? Je tendrais plus volontairement vers la première hypothèse. Pour un peu plus de vingt-deux euros, dans un format certes plus petit que ce à quoi je m'attendais (je rêvais déjà de l'équivalent d'un Deluxe de chez Panini), mais avec une cover en béton armé et une qualité d'impression remarquable, cette anthologie pourrait vite devenir le cadeau à faire à vos amis indécis, à tous ceux qui font de l'urticaire en pensant à Dc, ou songent secrètement à s'y mettre sans jamais franchir le pas. Une entrée en matière légère mais agréable pour un éditeur (Urban, donc en définitive Dargaud) très attendu en cette fin d'hiver 2012.

Rating : OOOOO (allez quoi, un bel objet!)

Cinécomics : GHOST RIDER L'esprit de Vengeance

Quelle folie a bien pu me pousser (à part la réalisation de cette chronique journalière) à me rendre au cinéma pour assister à la projection du second film dédié au Ghost Rider? Oui, car la seule idée qu'il puisse exister une suite au premier long métrage consternant est déjà un fait bien étrange. On pensait que plus personne n'oserait revendiquer cet échec, on a eu tort. Voilà le second service, qui n'est pas vraiment une suite directe (le cast a été retourné comme une vieille chaussette, seul Nicolas Cage assure la transition) mais encore moins un reboot (en somme, ce qui s'est passé précédemment n'est pas renié). Cette fois, voici le synopsis : Danny (Ketch? Probablement que le choix du prénom n'est pas un hasard), jeune garçon porteur d’une prophétie, suscite la convoitise de Roarke, un homme mystérieux possédant de grands pouvoirs, et qui est à l'origine du pacte signé par Johnny Blaze. On fait alors appel au cascadeur sur le retour pour se lancer à la recherche de l’enfant en lui proposant comme récompense de le libérer de son alter ego, le Ghost Rider. Poussé par le désir de lever sa malédiction et celui de sauver le garçon, le Rider tente de s’affranchir de la menace de Roarke, tout en s'enflammant devant le danger et en infligeant des coups de chaînes infernales à tours de bras. Le pire dans cette histoire, c'est qu'une fois ces quelques lignes portées à lecran, l'évidence est frappante. Il n'y a pas, ou si peu, de scénario construit. Tout n'est qu'exagération, surenchère et raccords ratés. Le film est mal construit, mal préparé, sans fondations. Du coup on assiste à une sorte d'improvisation génialement bête, portée par un Nicolas Cage des grands jours, capable de grimaces et autres facéties, comme un De Funes sous acide (voir la scène de l'interrogatoire mené par un Blaze contenant avec peine le Rider pour comprendre). Le quatrième long métrage de Brian Taylor et Mark Neveldine, Ghost Rider: L’Esprit de Vengeance, est si mal ficelé et tient à peine debout, qu'il en est presque attachant. C'est un feu d'artifice, un florilège de moments débiles (le Rider qui urine des flammes, le prêtre alcoolo joué par Idris Elba) et de dialogues absurdes. Mais on sent que les auteurs n'ont pas honte, au contraire ils parviennent à assumer la crétinerie de leur création, et la dirigent inexorablement vers le B-movie propre aux soirées dvd cultes, où on aime se moquer de ces pellicules embarrassantes, qu'on regarde pourtant pour la énième fois, entre amis.



Cotés acteurs et caractérisations des personnages, il vaut mieux étendre un voile, et changer de sujet de discussion. Pour Cage, j'ai déjà donné mon opinion. Au moins son Ghost Rider est bien plus effrayant et crédible que lors du premier film. Son cuir calciné et son crâne enflammé sont une belle surprise, surtout lorsqu'on sait qu'une coupe budgétaire est intervenue en cours de réalisation. Heureusement, elle n'a pas eu trop d'effets négatifs sur la partie "effets spéciaux" qui portent souvent les scènes d'action à bout de bras, moments jouissifs privés de toute réflexion, scandés par des morceaux de heavy metal sans complexes. On s'attend à ce que Blaze finisse par sauter la mère du petit Danny, qui au passage a enfanté le fils du Diable en personne, par le biais d'un de ses pactes dont il a le secret. Mais non, Violante Placido restera immaculée, et curieusement, les réalisateurs, si portés vers l'action et les explosions, n'ont pas le temps de penser à l'érotisme et encore moins à la romance. Idris Elba (Moreau, le prêtre) est un monument de bêtise, un personnage écrit avec les pieds, mais c'est ce qui est drôle, finalement. Dès l'introduction, quand on le voit projeté au bas d'une falaise, parvenant au moment de la chute à se retourner pour canarder ses poursuivants, le tout en slow motion, on devine que le too-much va la disputer à l'imbécillité pure et simple. Mais ce Ghost Rider (la suite) assume tout. On a l'impression que le message est : Oui notre film est bancal, improbable, régressif, mais justement, on le voulait ainsi, et vous allez voir, ce sera encore pire que ce que vous pensiez. Alors fatalement, à vouloir trop en faire... La fin est ratée, totalement. Une scène misérable d'exorcisme avec des moines solitaires, et un ChristopheR Lambert (le R final est important) dans un rôle aussi rapide que dispensable, probablement appelé à la rescousse devant la défection de Danny Boon (trop cher) ou Christian Clavier (trop cheap). Mais bon, que voulez vous, devant un tel sommet de rien du tout, devant une telle accumulation de bêtise et de troisième degré revendiqué, on est presque forcé de tirer sa révérence en présentant le chapeau bas, tout en attendant le troisième épisode, qui à ce point de l'analyse tient vraiment du miracle (ou de la possession démoniaque). Et puis on se souvient tout penaud que la place pour voir ce film en 3D (parfaitement inutile) nous a coûté plus de douze euros, et on peste contre notre nature de moutons dociles, qui ne savent résister à l'appel des salles obscures, dès qu'il s'agit d'un projet initié par Marvel. Nous sommes de grands enfants...

Rating : OOOOO


MARVEL UNIVERSE 31 : L'illisible Chaos War est enfin terminée

Troisième et ultime numéro de Marvel Universe consacré à Chaos War. Bonne nouvelle, la purge est donc finie. Je parle de purge, car franchement, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu une saga aussi décousue, inutile, et baclée. En gros, Amatsu-Mikaboshi, membre du panthéon japonais, est devenu l'incontournable Roi du Chaos, et son objectif est de précipiter la création dans le néant. Jusque là, il est surtout parvenu à plonger les lecteurs dans un sommeil profond (voir les volumes précédents, chroniqués ici). Pour le dernier acte, Panini nous propose dans ce numéro les trois parties du tie-in intitulé Dead Avengers, qui nous permettent de suivre la lutte d'anciens membres des Vengeurs, aujourd'hui décédés mais brièvement rappelés à la vie, suite au chaos primordial qui s'est abattu sur l'univers. Ils ont une double mission : affronter les forces du mal, menées par le Moissonneur, et Nekra Sinclair, une sorte d'albinos en maillot de bain. Mais aussi protéger les corps des vrais Avengers, plongés dans une espèce d'animation suspendu, un coma artificiel. Absolument aucun intérêt, à part celui de revoir de grands noms du superhéroïsme comme Captain Marvel (que les scénaristes feraient mieux de laisser en paix, quel blasphème) ou encore la Vision, qui n'est pourtant pas humain au sens propre du terme. Van Lente tente bien de justifier sa présence par un sacrifice final noble et prévisible, mais on n'y croit pas un seul instant. Par contre le Spadassin me manque, j'aime bien ce bretteur hors pair, un des rares héros français, moustache à l'appui, comme nous voient toujours les américains conservateurs (et comme apparait Dujardin dans le récent The Artist, il faut bien admettre que parfois on se tire une balle dans le pied nous mêmes). Grummett aux dessins, c'est correct, mais que de temps perdu avec cette ineptie!



Pour finir, les deux derniers volets de la saga Chaos War proprement dite. Confus, à un tel point que je ne suis pas sur d'avoir tout compris. En gros, le King of Chaos a la création en son pouvoir, le néant semble devoir engloutir l'univers, mais voilà que Amadeus Cho, un simple post-adolescent au QI fantastique, parvient à le piéger avec l'aide d'Hercule, devenu entre temps le Roi de tous les Dieux (à la place de Zeus), en l'isolant dans un univers de poche. Ouch, bonjour la crédibilité et le stratagème moisi. Tout ça a lieu en quelques planches, c'est baclé, vite emballé, le temps d'un baillement et c'est fini, le monde est sauf, enfin, ce qu'il en reste. Du coup, devant tant de dévastations, Pack et Van Lente ont une idée de génie, c'est à dire tout effacer d'un simple coup d'éponge, grâce aux pouvoirs divins d'un Hercule dépeint comme un idiot congénital surpuissant jusque là. Tant qu'à ecrire un truc idiot et bancal, autant ajouter la cerise sur le gâteau avant de servir. On retrouve des Dieux à toutes les sauces, à ne plus savoir où donner de la tête, et même les dessins de Khoi Pham n'incitent pas à se passionner pour ce jeu de massacre narratif. Ajoutons, pour être complet, les rôles déterminants joués par Galactus et Athena, qui prennent part à la mascarade, et n'en sortent pas grandis. Chaos War, c'est fini, et c'est une bonne chose. Heureusement que Marvel Universe repartira du numéro un, dans deux mois, car les trois dernières parutions ont été d'une sottise infinie.

En bonus, une brève histoire mettant en scène un héros afro américain du nom de Blue Marvel, qui jusque là se cachait car le gouvernement des Etats-Unis estimait que le grand public n'était pas prêt à applaudir un superhéros de couleur. Le festival de l'imbécilité, jusqu'à la lie.

Rating : OOOOO






100% MARVEL : ASTONISHING THOR Les retrouvailles

Thor est à l'honneur également, en ce mois de février, avec un album proposant l'intégralité de la mini série The Astonishing Thor, de Robert Rodi. Sur Terre, la météo semble s'être emballée. Tempêtes, raz de marée, tout cela finit par décider Thor à aller enquêter sur la cause des désastres, pas si naturels que ça. Armé de son marteau, le voilà qui prend son envol pour les tréfonds de l'espace, où il va vite se rendre compte de la présence d'un visiteur inopportun, qui pourrait bien avoir une grande part de responsabilité dans ce désordre. Il s'agit d'Ego, la planète vivante, qui orbite autour d'Uranus, et traverse notre système solaire. Defant le refus de l'astre géant de dialoguer, le Dieu Tonnerre se fache, mais il se fait rembarrer et expulser comme un débutant par l'Etranger, cet alien moustachu et surpuissant (avec un new look capillaire), qui révèle à notre Vengeur être un peu le papa d'Ego, puisqu'il en est le savant créateur. Les malheurs de Thor ne sont pas fini pour autant. Il tombe ensuite sur le vaisseau d'un des doyens de l'univers, le Collectionneur, dont la passion est (le nom est clair à ce sujet) de capturer puis mettre en cage des spécimens de toutes les races biologiques que le cosmos abrite. Et là, coup de théâtre absolu, parmi ces proies captives, il y en a une qui est isolée, à l'intérieur d'un univers de poche fabriqué artificiellement, et qui n'est en fait que Alter-Ego, le "petit frère" de la planète vivante. Affamé et très en rogne, il risque de ne faire qu'une bouchée de Thor, ingénu justicier toujours prêt à tomber dans le panneau. Robert Rodi convoque une partie du panthéon cosmique et ravive de bons souvenirs chez les lecteurs nostalgiques des sagas de Starlin. Sa version de Thor transcende les étoiles et vise l'infini. S'il ne trouve jamais le souffle épique des grandes épopées d'alors, le récit reste plaisant, et ménage plusieurs surprises que je vous laisse découvrir. A noter aussi le personnage de Zéphyr, charmante élémentale, une sorte de Tornade en plus gracieuse, et oserais-je dire, plus belle. Le grand atout de cet album, c'est également le formidable travail de Mike Choi (il est vrai épaulé par un Frank D'Armata étincelant aux couleurs), à qui ont peut toujours reprocher une certaine staticité, mais qui offre des planches à couper le souffle, par moments, et une version d'Ego absolument géniale, parvenant à restituer admirablement le vertige du concept d'une planète vivante. Ce 100% Marvel est plutôt destiné aux admirateurs des épopées cosmiques, à ceux que l'appel des étoiles fait frémir, aux lecteurs de Marvel Universe, par exemple. Très esthétique, et sympathique à lire.

Rating : OOOOO

JUST A PILGRIM : Le pélerin irrévérencieux de Garth Ennis

Garth Ennis a-t-il un problème avec la religion, ou est-ce son âme de protestant contestataire, en bon irlandais, qui ressurgit à chaque fois qu’il s’attèle à la rédaction des scénarii de ses œuvres ? Toute sa carrière est truffée de références irrévérencieuses, dont la plus ouvertement caustique est le célèbre « Preacher ». Toutefois, je souhaiterais toucher un mot d’une autre de ses créatures, le Pèlerin impitoyable de la série Just a pilgrim. Cette dernière nous plonge dans un monde post apocalyptique qui n’est pas sans rappeler Mad Max. Après la grande « brûlure » du XXI° siècle, l’eau des océans s’est évaporée et la planète toute entière est plongée dans un chaos indescriptible, où la lutte pour la survie suit la règle du plus fort. Le Pèlerin est à son aise dans cet élément : armé de son fusil, mais aussi de sa Bible, il évangélise, réconforte, et trucide par la même occasion, et porte au fond de ses cicatrices et de son regard courroucé tous les secrets du pécheur repenti, d’un lourd passé qui le tourmente et le pousse sur la voix du salut, arrosée du sang frais des infidèles qui lui tombent sous les mains. Ennis irrigue son travail avec la même sève vénéneuse dont il se sert en règle générale : du cannibalisme aux relations zoophiles (ici un pauvre colon est fécondé bien malgré lui par une créature répugnante) tout est prétexte à de cinglantes incursions sur le territoire de la provocation, et le plus étonnant est qu’elle est quasi toujours juste, fait mouche et obtient l’absolution du lecteur qui pourra aller à en rire à s’en décrocher la mâchoire. La couverture du volume 1 (collection Semic Books) nous offre un premier plan du personnage qui révèle de faux airs de Clint Eastwood inspiré par une dévotion déviante, qui justifie ses pires délires. Les dessins de Carlos Ezquerra servent parfaitement le scénario d’Ennis, entre planches bien dégueulasses et élucubrations post apocalypse en plein désert peuplé de monstres difformes et d’êtres au-delà du rachat. Billy Shepherd, 10 ans et demi, est le prétexte idéal pour nous compter ce récit qui transcende les limites; la lueur de l’innocence qui parvient à atteindre le Pèlerin derrière sa carapace au vitriol. Protégé, probablement choyé, à sa façon, par ce solitaire désabusé, il apporte, nonobstant les mésaventures et les tragédies qui vont lui arriver, une mince flammèche d’espérance, que l’univers noir foncé d’Ennis n’oublie pas de souffler avant de refermer la porte.


Le second volume, toujours dans la collection Semic Books – les deux étaient bradés à trois euros dans nombre de Carrefours ces temps derniers, soit dit en passant – est un peu plus bienveillant à l’égard du Pèlerin, puisque cette fois Ennis semble tenté par la volonté de permettre à son personnage de se racheter pour tous ses crimes passés, qui sont fort nombreux et assez insoutenables pour le bon chrétien bien pensant. Mais la cruauté suprême n’est-elle pas de laisser entrevoir le bonheur quand de toutes manières celui-ci n’a plus le droit de citer, ni même de raison d’être, sur un monde désolé et destiné à l’extinction ? Le Pélerin pénètre dans une sorte de refuge/oasis peuplé de survivants qui s'attèlent à la création d'un nouvel Eden, mais tel le classique ver dans la pomme, le mal ne va pas tarder à ronger les belles illusions de ces nouveaux pionniers. Ennis continue son grand bonhomme de chemin sur l’autoroute vers le succès qu’il a su bâtir de ses propres mains : le gore – provocateur – irrévérencieux mais toujours juste et ironique, qui a défaut de réviser les canons du bon goût, permet de tisser des récits adultes, intelligents, explosifs et jubilatoires, sans se soucier des barrières étriquées de la morale et de la vraisemblance. Une œuvre magistrale et profonde camouflée sous l’écorce d’une bonne grosse série B à fort taux d’hémoglobine, que les amateurs de l’irlandais, qui a réanimé le Punisher après un coma dépassé, se doivent de posséder.

Rating : OOOOO




100% MARVEL : PANTHERE NOIRE L'homme sans peur

Matt Murdock et T'Challa (la Panthère Noire) sont deux hommes blessés, à terre. Chacun à sa façon va devoir se relever. Le premier cité est devenu le jouet de la main, et sa folie furieuse s'est manifestée ouvertement durant la saga Shadowland, qui a conclu (baclé?) le travail initié par Bendis et Brubaker sur le titre. Merci Matt Fraction... Depuis Matt erre au Nouveau Mexique, histoire de renaître spirituellement (à lire dans le piètre Daredevil:Reborn déjà chroniqué). Le Roi du Wakanda, lui, a du affronté Fatalis dans un duel sanglant pour son royaume, lors de la récente Doom War. Au terme de laquelle les réserves de vibranium (principale richesse du Wakanda) ont disparu, ce qui explique en partie pourquoi la Panthère Noire a du renoncer à son titre et à ses pouvoirs, passés sur les frêles épaules de sa soeur. T'Challa rencontre Matt à New-York, et se voit investi par celui d'une mission singulière pour un chef d'état africain. Défendre le quartier de Hell's Kitchen en l'absence du Diable Rouge, et se débrouiller seul, sans aucune aide, juste pour (se) prouver que derrière le titre se cache aussi un homme, un vrai, qui ne craint pas la peur. Quand je dis seul, c'est vraiment seul. Même Tornade, sa femme, doit le laisser tranquille (et au passage on remarquera une charmante voisine qui lui fait de l'oeil dès les premières planches...). Foggy Nelson, l'associé de Murdock, lui fournit de faux papiers et lui offre ainsi une nouvelle identité, celle d'un citoyen congolais, qui devient vite (en temps de crise, bravo. Comment a t'il fait?) le manager d'un petit fast-food. T'Challa ne va pas avoir le temps de s'ennuyer dans sa nouvelle petite vie urbaine, puisque le quartier est tout sauf tranquille, et en l'absence des grands noms de la pègre (le dernier en date, Hood, a mordu la poussière) chacun pense pouvoir tirer son épingle du jeu. Une pensée qu'une famille roumaine, avec à sa tête un certain Vlad l'empaleur, a eu de suite.



Il y a beaucoup de bonnes idées dans cette aventure de la Panthère, qui semble là un néophyte perdu dans la jungle urbaine (Urban Jungle, le titre du Tpb en VO). Ce qui est intéressant avec ce personnage, c'est de le dépouiller de ses atours de souverain, de l'isoler du contexte hight-tech hautement improbable de son état fantôme, en Afrique, pour en faire un simple citoyen/redresseur de torts, baignant dans la même fange et le même background que des héros comme Luke Cage ou Spider-Man, qu'il va d'ailleurs rencontrer (forcément...) au fil du récit. David Liss maitrise son sujet et prend un plaisir visible à orchester cette confrontation avec un nouvel ennemi digne du hall of fame de la Panthère. Certes, on pourrait objecter que l'idée d'expériences semblables à celle visant à créer un super-soldat, organisées dans différentes nations, pourrait vide aboutir à l'apparition de dizaines de justiciers/criminels venant d'horizons lointains. C'est un peu facile, mais ça permet aussi d'ouvrir le marché du super-héroïsme, comme le fait Morrisson sur Batman Inc. Mais je m'égare, nous ne sommes plus dans le propos. A ce sujet, notons que les dessins de Francavilla (un habitué du style pulp) sont fort réussis. Ambiance sombre à souhait, cette touche malpropre et pourtant sexy qui magnifie les luttes à hauteur de trottoir, son job est fait avec talent et contribue au succès de cette transition casse-cou. Daredevil cède donc sa place, momentanément, à un souverain africain déchu, qui ne s'en sort pas trop mal, voire même l'eclipse momentanément, si on compare ce volume au bien fade Reborn encore en librairie.

Rating : OOOOO

THE INFINITY WAR : La guerre du pouvoir de Jim Starlin

Adam Warlock est certes parvenu à vaincre Thanos, à la fin de Infinity Gauntlet, mais cela n'a pas été sans conséquences. Il a du, par exemple, endosser brièvement le manteau de la toute puissance, et on ne sort pas indemne d'une telle expérience. Adam avait tenté d'expulser le bien et le mal de sa psyché, pour mener à terme sa mission, et ces deux conceptions vont lui causer du fil à retordre. A commencer par la partie mauvaise de son être, incarnée par le Mage, un des personnages légendaires qui ont émaillé les sagas cosmiques des seventies publiées sur des Masterworks encore inédits en France, et chroniqués sur notre site. Le Mage est mégalo, sans pitié, arrogant et agressif. Lui aussi veut mettre la main sur la création, et pour ce faire, il ne peut compter sur les gemmes du pouvoir, dont l'harmonie a été rendue caduque par une décision du Tribunal Vivant, à la fin du Défi de Thanos. Sa force de frappe dérive donc d'une autre source, plusieurs cubes cosmiques retrouvés à travers le cosmos et les dimensions, qui lui permettent notamment de lever toute une armée de doppelgangers, c'est à dire de doubles démoniaques des héros Marvel. Des versions monstrueuses et vouées au mal de Spidey, des X-Men, d'Iron Man, qui cherchent à se débarasser des originaux, pour prendre leur place, et faciliter le masterplan du Mage. Mémorable la grande scène des retrouvailles entre superslips, au sommet du 4 Freedom Plaza, quand la vérité explose littéralement aux yeux de tous. Il va falloir que nos héros s'unissent pour contrer les machinations de leur nouveau grand ennemi, et parmi les forces du bien, pour une fois, il faudra compter avec Thanos, le grand repenti de la saga précédente de Starlin.



Thanos est une figure ambigüe, et Starlin avait à l'époque décidé que l'heure était venue d'en mettre à jour toutes les incohérences, les oppositions, les états d'âme. Personnage culte chez nombre de lecteurs, il assume ici un rôle inédit de leader, tout en conservant une part obscure suffisament présente pour que personne ne puisse (à raison) lui faire confiance. Starlin s'amuse comme un fou à mettre en scène l'ensemble de l'univers Marvel, à présenter des combats homériques entre forces du bien, et du mal, et à retourner régulièrement le rapport des équilibres en présence. Jusqu'à bien entendu réactiver momentanément les pouvoirs des gemmes de l'infini, qui auront à l'époque été source de bien des ennuis, mais aussi de bien du plaisir pour le fan de comic-books. Aux dessins, Ron Lim finit par contre par devenir lassant. Lui qui avait fourni de bien belles planches sur Silver Surfer, et en relevant Georges Perez sur le saga précédente, semble là moins concerné, et a tendance à bacler son travail, en négligeant les fonds de case, et en esquissant à peine certains visages qui deviennent inexpressifs, lors des réunions de groupe. On lui a demandé de travailler vite et bien pour fournir à temps six volets de quarante pages chacun, et il fait ce qu'il peut, c'est à dire qu'il se débrouille dans l'a peu près. Comparé à Infinity Gauntlet, Infinity War est moins épique, moins dramatique, mais garde cette saveur des souvenirs propres au début des nineties, et met en scène une incroyable variété de personnages, en proie à une situation dramatique, avec une touche so cosmic que nous assure le maître Jim. Jamais republiée sous forme d'album indépendant par Panini, la saga existe, pour les lecteurs de VO, dans un joli Tpb très fourni, qui récupère aussi les tie-in de la série Warlock and the Infinity Watch, en complément du récit principal. Un pavé très flashy et corpulent, qui ne trompe pas sur la marchandise. Pour la VF, vous pouvez toujours récupérer les trois fascicules proposés à l'époque par Semic, qui existent aussi sous la forme d'un de ces "albums reliés" qui ont marqué notre adolescence. Sur les sites aux enchères, ou les forums spécialisés, vous devriez vous les procurer pour une grosse dizaine d'euros, au maximum. Une expérience à tenter, si ce n'est déjà fait.

Rating : OOOOO (une note nostalgique?)

PENGUIN : PAIN AND PREJUDICE Une mini réussie pour le Pingouin

Petit, franchement laid, le nez allongé en forme de bec, tuba et frac en guise de panoplie, et armé d'un parapluie couteau-suisse. Tel apparait le Pingouin, ce personnage crée en 1941 par Bob Kane et Bill Finger, et héros ces dernières semaines d'une mini série en cinq volets chez Dc. Aussi bien pour l'approche réaliste du scénario que pour la réalisation graphique, elle n'est pas sans évoquer le graphic novel dédié au Joker, en 2005, par Azzarello et Bermejo. Gregg Hurwitz parvient à dersser un portait psychologique approfondi d'Oswald Chesterfield Copplebot sans en devenir lourd pour autant. L'enfance bien difficile du nabot, ses relations avec les autres garçons qui le malmènent, y compris ses frères, pour son aspect particulier, et les brimades du père, le rapport plutôt morbide avec la mère, tout est ici exploité avec intelligence, à travers les flash-backs qui déroulent sous forme de didascalies introspectives. Il est finalement compréhensible (mais pas justifiable) que le Pingouin, depuis sa boite privée l’Iceberg Lounge, organise son petit théâtre personnel et criminel, à la recherche de la respectabilité et de l'admiration de ses semblables, et où il peut aisément briser celui qui ose le regarder et le prendre de haut. Toute l'histoire tourne ici autour d'un vol de diamants et de la relation entre Copplebot et la belle Cassandra, une aveugle, qui ne peut donc le juger sur l'aspect esthétique, mais s'attache un peu plus au fond (tiens, ça me fait penser à la love-story entre La Chose et Alicia Masters, pendant que nous y sommes). Batman entre lui aussi en action. Un Batman que son adversaire conçoit comme l'exemple patent ce ceux qu'il déteste et combat. Dommage que le plan final, conçu par le Pingouin, soit un peu trop proche de ce qu'on a pu voir au cinéma, et fasse perdre à la trame un peu de son réalisme chèrement gagné. On admirera par contre les dessins de Kudranski (déjà à l'oeuvre sur Spawn) qui fait preuve d'une minutie, d'une attention aux détails, quasi photographique, et utilise le clair-obscur avec dextérité et talent. Les couleurs de John Kalisz y sont aussi pour quelque chose. C'est grâce à lui que l'atmosphère semble aussi lugubre et froide, que les images semblent nous parvenir au delà d'une mince couche de brouillard, que les flash-backs sont restitués comme sur de vieilles pellicules jaunies ou en noir et blanc. Bref, du bon travail. L'occasion de rendre un peu de son prestige à ce criminel parfois grotesque, qui gagne ici en profondeur, dans une oeuvre que nous pourrions pratiquement qualifier de Penguin Year One. Un travail attachant et artistiquement brillant, qu'Urban Comics se devra de nous proposer dans quelques mois, pour le plus grand plaisir de tous les fans de Batman. Une des meilleures mini liées au Bat-Universe que j'ai pu lire ces dernières années.

Rating : OOOOO

BEFORE WATCHMEN : LA POLEMIQUE

BEFORE WATCHMEN est encore en phase de réalisation, bien loin de la finalisation, que déjà les commentaires acerbes et les remarques acides fusent de toutes parts. Il semblerait donc que l'idée de toucher à un monument tel que Watchmen ait provoqué des réactions pour le moins épidermiques. Alan Moore a bien entendu été lapidaire sur le sujet, et ses fans n'ont pas apprécié l'idée de présenter une série de prequelles au grand oeuvre du maître. Pour ma part, je suis soulagé sur un point important : personne ne touchera à Watchmen. Je m'explique : une prequelle, tout aussi réussie ou au contraire sabordée qu'elle puisse être, ne portera pas atteinte au travail final de Moore, qui restera toujours une pierre angulaire du genre, appréciée et adulée. Ce qui s'est passé avant Watchmen pourrait être un petit apéritif sympathique, un complément à l'hisoire principale, à lire ou pas, selon vos envie, mais n'influencera pas le pavé de Moore, sa dynamique, son récit majeur. Il s'agira seulement d'ecrire dans les marges, ou pour être plus précis, de broder dans les limbes du récit, sans pouvoir intervenir sur son cortex, sa sève. Beaucoup de bruit pour rien, donc. Réaliser une suite eut été une toute autre paire de manches. Cela eut été dire : Watchmen n'est pas complet, si vous vous arrêtez à ce que vous avez lu, vous ne connaîtrez pas le fin mot de l'histoire, et là Moore aurait eu toutes les raisons du monde de sortir l'artillerie lourde (encore que l'artiste qui travaille dans le monde du comic-books doit accepter l'idée qu'en l'absence de contrat spécifique au creator owned, les personnages sont propriétés de la maison d'édition, et donc du consumèrisme capitaliste qui les exploite jusqu'à l'os). Watchmen EST complet. La série de titres censés nous narrer les vicissitudes des personnages avant que ne débute la fresque de Moore met en appétit, quand on regarde les artistes engagés sur le projet, et quand on pense à ce qu'on pourrait en retirer, au niveau des intrigues. Mais ce sera toujours marginal, une sorte de What If sans conséquences, sans substance, qui pourra même être parfaitement snobé et ignoré par les lecteurs purs et durs qui crient à la profanation. Before Watchmen, un projet casse-gueule par excellence. Je souhaite juste, pour finir, que les scénaristes soient à la hauteur de la tâche, et que le plus grand respect s'unisse à la passion pour ce travail, pour mitiger l'impression que ce sont les dollars qui s'agitent en coulisses et orchestrent le tout. L'important c'est qu'on nous fiche la paix avec l'After Watchmen. Autrement je sors la fourche et le noeud coulant, moi aussi.

Au fait, pour les distraits, Before Watchmen, c'est :

- RORSCHACH (4 issues) – Writer: Brian Azzarello. Artist: Lee Bermejo

- MINUTEMEN (6 issues) – Writer/Artist: Darwyn Cooke

- COMEDIAN (6 issues) – Writer: Brian Azzarello. Artist: J.G. Jones

- DR. MANHATTAN (4 issues) – Writer: J. Michael Straczynski. Artist: Adam Hughes

- NITE OWL (4 issues) – Writer: J. Michael Straczynski. Artists: Andy and Joe Kubert

- OZYMANDIAS (6 issues) – Writer: Len Wein. Artist: Jae Lee

- SILK SPECTRE (4 issues) – Writer: Darwyn Cooke. Artist: Amanda Conner
 












COVER STORY (8) : THE NEW MUTANTS 98

Le personnage est aujourd'hui une locomotive certaine en termes de vente. Mais il n'en fut pas toujours ainsi. Bien qu'occupant le centre de la scène, sur cette cover de New Mutants (là où il fit sa première apparition), Deadpool n'en est pas pour autant le héros incontesté du contenu. D'abord, Gideon, sur la droite, est presque mieux mis en valeur, et son nom saute aux yeux bien plus facilement que celui du mutant déjanté. Ensuite, car ce premier round ne tourne pas à l'avantage de Wade Wilson, facilement mis hors d'état de nuire par la bande à Cable, bien aidé, il est vrai, par l'arrivée impromptue de Domino, qui met fin aux débats. Le tout se résume en quelques pages, sans que Deadpool ne soit vraiment caractérisé ou développé d'aucune autre manière, au delà du classique "mercenaire lourdement armé qui flingue, avec des tas de gadgets ultra cool". Rob Liefeld avait fait une sorte de crise de jalousie, à l'époque. Son compère Todd McFarlane avait atteint les sommets du petit monde des comics avec Spider-Man, puis avec son Spider-Man, une série taillée sur mesure pour l'ambitieux canadien. Il suffit de regarder le costume de Wade (notament les grands yeux) et de supporter ses vannes foireuses au mépris du danger pour comprendre qu'il y a du Spidey chez ce mutant tragique, mais toujours de bonne humeur. Le vrai départ de Deadpool en tant que personnage avec un vrai background, un vrai cast à ses cotés, et de véritables ambitions scénaristiques, sera donné pour sa part deux ans plus tard, avec une mini série réalisée par Fabian Nicieza et Joe Madureira. Elle fut même publiée alors sur les pages de Strange, la référence Vf de Lug puis Semic, ce qui correspondait un peu à une sorte d'intronisation officielle. Presque vingt ans ont passé, et les nouvelles générations ont adopté et acclamé Deadpool, avec cependant un risque programmé, celui de voir la poule aux oeufs d'or toussoter et crachoter, malade d'une surexposition risquée, d'une surproduction souvent galvaudée. Parce que finalement, Deadpool est-il vraiment si drôle?



Ps : Si vous trouvez la cover horrible, et êtes rebutés par les dessins de Rob Liefeld, rien de plus logique. Cela veut juste dire, et c'est très sain de votre part, que vous avez bien conscience que les nineties, c'est fini depuis belle lurette.

LE SUPERBOY DE JEFF LEMIRE : Smallville Attacks

Jeff Lemire est un auteur génial et polyvalent. Demandez lui de composer des oeuvres touchantes et originales (la trilogie Essex County, ou encore Lost Dogs) et il répondra présent de fort belle manière. Jetez le dans le grand bain du comic-book mainstream en collant lycra, et il saura présenter des points de vue intéressants et rafraichaissants. Cette règle vaut pour Superboy, une série de peu antécédente au grand reboot Dc, qui a comme protagoniste le clone croisé de Superman et Lex Luthor, création des laboratoires Cadmus. Conner Kent habite à Smallville, chez la mère adoptive de son ainé kryptonien, en compagnie du super chien Krypto, sur fond de crise économique dans le midwest. Conner va au lycée et il a un ami de confiance un peu nerd, Simon Valentine. Coté coeur, rien ne va plus depuis la fin de son histoire avec la belle Wonder Girl. Il se sent de plus très attiré par Lori, petite nièce de Luthor, ce qui ne va pas sans poser des problèmes de conscience (on rase de près l'inceste, vu le matériel génétique utilisé pour créer notre héros). L'apparition répétée du Phantom Stranger n'annonce rien de bon non plus, et il est probable que des aliens hostiles se soint insérés subrepticement dans la petite bourgade tranquille. Les ennemis traditionnels ne manquent pas non plus, puisque Conner va devoir croiser sur son chemin des calibres comme le Parasite, Poison Ivy (un de mes fantasmes) ou Psionic Lad, enigmatique garçon venu du futur. De très bons dialogues entre les membres du cast viennent souligner le bon travail de Lemire, qui instaure planche après planche un climat angoissant, qui caractérise ce thriller / Sf de belle facture. Lemire balance habilement les éléments rassurants et propres à la mythologie de la série (le super chien, les idéaux superhéroïques, la course de vitese entre Superboy et Kid Flash) et une touche claustrophobique et très sombre, comme tout bon comic-book moderne et décalé l'exige. Pier Gallo également est un bon choix pour le dessin. Son style est fluide et assez élégant. Pas d'esbrouffe ici, mais beaucoup d'attention aux petits détails comme les regards, les postures, qui permettent aux personnages de gagner en complexité psychologique. Sa construction de certaines planches est aussi remarquable et bien trouvée. En marge de son ainé bien plus célèbre, et loin, très loin devant des inepties adolescentes comme la série télévisée Smallville, le Superboy de Jeff Lemire est de ces découvertes à faire. Un message que j'adresse discrètement à nos amis d'Urban Comics, désormais titualires de la licence Dc.

Rating : OOOOO

MARVEL CLASSIC 5 : LES PREMIERS TOURS DE ROUE DE GHOST RIDER

Rendons hommage à Roy Thomas, qui avait bien senti le vent tourner. C'est lui qui décida, chez Marvel, que l'heure était venue de surfer sur la vague du satanisme et de l'horreur, et de lancer de nouvelles séries plus ésotériques, qui allaient connaître un succès certains dans les seventies (comme Tomb of Dracula, par exemple). C'est le cas du Ghost Rider, dont la paternité reste à ce jour plutôt douteuse, au point qu'un procès en cours a agité le web ces derniers jours. Gary Friedrich et Roy Thomas la revendiquent, sans oublier de mentionner Mike Ploog qui dessina les premiers épisodes. Une moto (les Hell'sAngels étaient très à la mode), une tête de mort en flammes, un costume en cuir et des chaînes, il n'en fallait pas plus pour que le look du personnage entraîne une adhésion massive. Mais les récits aussi ont beaucoup contribué à la réussite du titre. Friedrich dépeint avec brio l'angoissante réalité des sectes sataniques, que nous pouvons rattacher, d'une certaine manière, aux communautés hippy et au mouvement psychédélique en vogue à cette époque (la famille de Charles Manson). Il s'attaque également sérieusement aux thèmes les plus controversés, comme celui du droit des indiens américains, attachés à leurs traditions ancestrales (bien avant le Scalped de Jason Aaron). Ce terreau compose les premières aventures que publient ces dernières semaines Panini, dans ce numéro de Marvel Classic, où pointent en filigrane de vagues références au lesbianisme de groupes ésotériques féminins, et où s'annonce discrètement des films de légende à venir, comme L'exorciste, pour le plus célèbre. Mike Ploog dessine, comme c'est aussi le cas sur Werewolf By Night (Loup-Garou) ou Monster of Frankenstein. Un habitué, le physique du rôle. Il semblait alors parfait pour mettre en scène le Ghost Rider, avec son trait qui emprunte aussi bien à Steve Ditko qu'à Will Eisner. C'est manifeste et spectaculaire, quand il réalise des poursuites en automobiles, des églises sataniques, ou des monstres terrifiants. Sa version de Johny Blaze et de la belle Roxanne est de surcroit touchante et efficace. Aujourd'hui, il semble parfois difficile de bien comprendre à quel point ces épisodes historiques purent marquer leur époque, bousculer certains esprits et faire crier au scandale les critiques les plus puritains (Satan dans un comic-book...). D'autant plus que malgré ces débuts en fanfare, Ghost Rider n'a jamais atteint le rang de personnage incontournable de l'univers Marvel, et la qualité moyenne de sa production a finit par chuter assez rapidement. Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié le grand retour du personnage dans les années 90, quand le costume et la malédiction furent récupérés par le jeune Danny Ketch. Depuis, plusieures tentatives pour remettre le héros en flammes sur le devant de la scène ont fini par péricliter. Même le film avec Nicholas Cage fut un echec cuisant, par manque cruel d'inspiration. Attention cependant, une séance de ratrappage vous attend dans les salles obscures mercredi prochain, avec le deuxième volet de Ghost Rider en long métrage. On y reviendra vite sur ce blog, soyez-en certains.


Rating : OOOOO

COVER STORY (7) : POWER GIRL 1 (2009)

On raconte que certains lecteurs de comics seraient des obsédés sexuels, que ceci expliquerait la présence d’héroïnes aux formes attrayantes, sur les pages de nos Bd favorites. Le phénomène manga n’a pas aidé à chasser ce lieu commun : combien de fois, en jetant un œil sur ce type de production, me suis-je retrouvé avec un héros désireux d’aller vérifier ce qui se trouve sous les jupes de filles à peine sorties de la puberté ( Dès Dragon Ball ou GTO Teacher le ton est donné…)? Le sexe, ou tout du moins, l’érotisme en images, est en réalité moins présent aux Etats-Unis, où règne toujours un certain puritanisme et le spectre du fameux comics code qui était censé protéger les jeunes pousses; encore que nombre de productions plus adultes ont fait exploser le marché ces dernières années. Le cas de Power Girl est intéressant, car il s’agit là d’une œuvre totalement mainstream, qui ne s’adresse pas particulièrement à un public averti (au contraire, l’académisme de la trame de fond lorgne du coté des fans habituels de Superman, dévoreurs de comics basiques au kilomètre) mais qui a un petit coté sexy outrancier facilement vérifiable : la protagoniste du titre possède une poitrine très avantageuse, voire exubérante, qui fait tourner les têtes des lecteurs et de ses admirateurs. Power Girl n’est pas une de ces brindilles nourries à la salade et au pain blanc, c’est une femme tout en courbes sinueuses, qui en joue dès la couverture du numéro 1 de la dernière on-going en date, avant le reboot de septembre dernier. Le centre de gravité de la page est tout entier dédié à deux melons fort respectables, comme on en rêve bien souvent. On peut d’ailleurs trouver une vignette édifiante dans cet épisode d'introduction: lorsque la petite se retrouve seule dans sa navette kryptonienne, en direction de la Terre, on constate déjà, à la voir ainsi nue dans son vaisseau, que la marchandise est de premier choix ! Power Girl is here, et incontestablement, sa marque de fabrique sera double, et particulièrement bien mise en évidence! A ceux qui objecteraient que l'image de la femme n'en sort pas grandie, je rétorquerais en passant que ce n'est pas le propos, et que l'artiste aux dessins est... une dessinatrice, la bien douée Amanda Conner, qui explosera tôt ou tard au firmament. Power Girl, c'est aussi le Girl Power, quoi.






PUNISHERMAX Tome 3 : CIBLE CASTLE

Le troisième volume de la nouvelle série PunisherMax, chez Panini, est sorti cette semaine. Il s'agit d'une parenthèse dans le récit élaboré par Jason Aaron, puisque cet album contient en fait quatre one-shot indépendants, publiés aux States entre 2009 et 2010, qui explorent les facettes les plus dures et amères du monde cruel dans lequel évolue le personnage à tête de mort. Le premier de ces spéciaux est ainsi un X-Mas special scénarisé par Aaron lui même, dans lequel Frank Castle va avoir l'occasion de décimer le clan des Castellano. Mais rien ne se passe exactement comme prévu, puisqu'il va également devoir aider la maitresse du boss à mettre au monde un nouveau né, et rendre la foi à un prêtre désabusé. Une aventure fort sympathique et gore, illustrée par le français Roland Boschi, dont les planches rugueuses et presque caricaturales font ressurgir l'horreur et le sentiment de violence irréaliste qui domine. L'humour est aussi subtilement présent, notamment avec la belle scène d'acouchement, ou le début de l'histoire, quand le Punisher est grimé en Père Noël, dans un bar miteux de la ville. Ensuite, place au Butterfly de Valerie d'Orazio. C'est d'ailleurs elle, "Papillon", l'héroïne de ce one-shot. il s'agit d'une tueuse à gage qui couche ses mémoires sur papier, et embarasse de la sorte un certain nombre de personnages peu recommandables, qui n'apprécient pas de se voir nommer. Du coup, ça défouraille à tout va, pour un livre brûlant. Le Punisher n'intervient pas, sauf à la toute fin, et on constate, comme dans l'aventure précédente, qu'il ne rechigne plus à placer une balle dans la tête des femmes, quand le besoin s'en fait ressentir. La parité, ça passe aussi par ce genre de détail.

Place également à Get Castle, qui donne son nom à l'album de ce mois. Castle, justement, qui se rend au Pays de Galles pour un service/hommage à un vieil ami, dont le fils a été piégé par des ripoux du S.A.S, qui comptaient bien trafiquer en toute quiètude la drogue volée durant le conflit en Afghanistan. Un récit classique et carré, qui sans être particulièrement réussi ou inspiré, fonctionne plutôt bien car il évoque ce sentiment de fidélité et de devoir que les soldats, ou membres des services secrets, doivent à leur fonction et à leurs supérieurs. Une notion que notre anti héros respecte fort. Scénario de Rob Mitchell, et dessins (comme pour Butterfly) de Laurence Campbell, dont la noirceur omniprésente est un atout indéniable pour dessiner cette série.
Pour finir, nous pouvons lire Happy Ending, qui bénéficie de la présence de deux poids lourds. Milligan est au scénario, et Jose Antonio Ryp illustre son récit. Ce dernier est toutefois moins en forme que sur ses oeuvres avec Warren Ellis, par exemple. Le personnage féminin, sur les gros plans, est moins réussie que ce que j'escomptais. Il s'agit là d'une histoire à la Bonnie and Clyde, avec en duo une masseuse peu farouche qui détient des informations précieuses sur un boss mafieux (qu'elle compte bien vendre, mais que celui ci veut récupérer dans le sang) et un comptable anonyme pris dans la tempête, pour avoir eu la mauvaise idée de tromper sa femme en fréquentant un salon de massages érotiques. Il découvre au passage que rien ne vaut l'adrénaline et le risque, pour gommer une existence grise et monotone. Pourquoi pas; en tous les cas cette transformation personnelle est un peu rapide et pas très crédible. Le Punisher est lui fidéle à son crédo : il flingue, et pose les questions ensuite.
Un album plutôt solide, avec quatre récits agréables, même si dans l'ensemble, nous sommes bien sur dans un autre registre, par rapport à ce que nous avions lu les deux fois précédentes. Une petite baisse de régime structurelle, en attendant la suite pondue par Aaron, dans quelques mois.

Rating : OOOOO

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