Rendons hommage à Roy Thomas, qui avait bien senti le vent tourner. C'est lui qui décida, chez Marvel, que l'heure était venue de surfer sur la vague du satanisme et de l'horreur, et de lancer de nouvelles séries plus ésotériques, qui allaient connaître un succès certains dans les seventies (comme Tomb of Dracula, par exemple). C'est le cas du Ghost Rider, dont la paternité reste à ce jour plutôt douteuse, au point qu'un procès en cours a agité le web ces derniers jours. Gary Friedrich et Roy Thomas la revendiquent, sans oublier de mentionner Mike Ploog qui dessina les premiers épisodes. Une moto (les Hell'sAngels étaient très à la mode), une tête de mort en flammes, un costume en cuir et des chaînes, il n'en fallait pas plus pour que le look du personnage entraîne une adhésion massive. Mais les récits aussi ont beaucoup contribué à la réussite du titre. Friedrich dépeint avec brio l'angoissante réalité des sectes sataniques, que nous pouvons rattacher, d'une certaine manière, aux communautés hippy et au mouvement psychédélique en vogue à cette époque (la famille de Charles Manson). Il s'attaque également sérieusement aux thèmes les plus controversés, comme celui du droit des indiens américains, attachés à leurs traditions ancestrales (bien avant le Scalped de Jason Aaron). Ce terreau compose les premières aventures que publient ces dernières semaines Panini, dans ce numéro de Marvel Classic, où pointent en filigrane de vagues références au lesbianisme de groupes ésotériques féminins, et où s'annonce discrètement des films de légende à venir, comme L'exorciste, pour le plus célèbre. Mike Ploog dessine, comme c'est aussi le cas sur Werewolf By Night (Loup-Garou) ou Monster of Frankenstein. Un habitué, le physique du rôle. Il semblait alors parfait pour mettre en scène le Ghost Rider, avec son trait qui emprunte aussi bien à Steve Ditko qu'à Will Eisner. C'est manifeste et spectaculaire, quand il réalise des poursuites en automobiles, des églises sataniques, ou des monstres terrifiants. Sa version de Johny Blaze et de la belle Roxanne est de surcroit touchante et efficace. Aujourd'hui, il semble parfois difficile de bien comprendre à quel point ces épisodes historiques purent marquer leur époque, bousculer certains esprits et faire crier au scandale les critiques les plus puritains (Satan dans un comic-book...). D'autant plus que malgré ces débuts en fanfare, Ghost Rider n'a jamais atteint le rang de personnage incontournable de l'univers Marvel, et la qualité moyenne de sa production a finit par chuter assez rapidement. Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié le grand retour du personnage dans les années 90, quand le costume et la malédiction furent récupérés par le jeune Danny Ketch. Depuis, plusieures tentatives pour remettre le héros en flammes sur le devant de la scène ont fini par péricliter. Même le film avec Nicholas Cage fut un echec cuisant, par manque cruel d'inspiration. Attention cependant, une séance de ratrappage vous attend dans les salles obscures mercredi prochain, avec le deuxième volet de Ghost Rider en long métrage. On y reviendra vite sur ce blog, soyez-en certains.
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