MINIATURE JESUS #1 : La noirceur profane de Tedd McKeever

On met parfois la main sur de bien étranges comics, en cherchant un peu. Cette semaine, je suis tombé sur une copie du premier numéro de Miniature Jesus (chez Image), créature complète de Ted McKeever, qui est responsable sur ce titre du scénario jusqu'à l'encrage et le lettrage. A one man job, indeed. L'artiste est déjà auteur de Metropol, The Extremist (avec Milligan) et de plusieurs parutions pour le label Vertigo. Au centre du récit, la figure de Chomsky, un ancien alcoolique qui tente tant bien que mal de résister à ses vieux démons, et qui ne semble pas avoir un mental à l'épreuve des balles. On le retrouve en effet en pleine conversation avec le cadavre putréfié d'un chat, qui assume par la suite la forme d'un dieu égyptien, Bast, avant de l'insulter. Sans omettre plus tard une sorte de petit gnome, un mini démon issu de la conscience du protagoniste, censé l'empêcher d'oublier les erreurs liées à son passé. Bref, c'est un début d'histoire assez barré, et bien malin qui parvient à saisir où souhaite en venir McKeever. Par la suite, c'est une autre conversation qui implique Chomsky, cette fois avec le vendeur d'une petite enseigne locale, perdue dans un trou paumé américain. Tout ça semble décousu et flotter dans un doux parfum d'irréalité, de délire pré ou post éthylique, par exemple. Et puis hop, changement de cap et de point de vue, nous voici dans une église, ou un pasteur va faire une découverte déroutante : derrière lui, le petit Christ accroché à la croix prend vie, s'anime et abandonne sa punition, pour s'enfuir sous la menace de l'homme d'église, qui cherche à l'écraser comme on le ferait avec un insecte gênant. L'occasion d'une dernière planche saisissante et efficace qui donne vraiment envie d'ouvrir le numéro deux.
En fait, nous sommes ici dans une Amérique désolante, vide, une sorte de western moderne désincarné. McKeever crée un contraste fort intéressant, dans cette oeuvre en noir et blanc, entre la beauté froide et soignée des premières scènes (un motel vide, un homme peut être aussi vide à l'intérieur) et l'apparition de vignettes, de planches gores et caricaturales, comme peuvent l'être celles mettant en scènes les démons personnels de Chomsky. Entre impossibilité d'obtenir la rédemption, noirceur de la psyché humaine, et mise à mal de la foi chrétienne, cette nouvelle mini série en cinq parties avance dans l'opacité, au sens propre et figuré du terme, mais sonne indubitablement comme une production exigeante et toute personnelle, oeuvre d'un auteur versatile et inspiré. A suivre de près, donc. 


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