INFERNO : JONATHAN HICKMAN BOUCLE SES VALISES
PRIMORDIAL : L'ODYSSÉE DES ANIMAUX DANS L'ESPACE DE LEMIRE ET SORRENTINO
Au milieu de tant de documents inutiles, Pembrook trouve quelque chose qui retient son attention : c'est une disquette. Un enregistrement des signes vitaux des singes qui ont été envoyés dans l'espace. Le gouvernement américain a signalé à l'époque que les deux animaux étaient morts peu de temps après le lancement. Clairement, Pembrook n'est pas d'accord avec ce qu'il découvre : selon ces relevés scientifiques, les singes étaient encore vivants lorsque le vaisseau est entré en orbite. Le chercheur décide de passer quelques appels pour rapporter ce qu'il a découvert, mais ces coups de fil, loin de résoudre quoi que ce soit, ne font que soulever encore plus de questions. Le lendemain, alors que Pembrook se trouve devant l'immeuble où il travaille, un homme à l'allure mystérieuse s'approche de lui et lui demande de monter dans une voiture… un enlèvement en bonne et due forme, qui va l'amener à rencontrer une ancienne collaboratrice russe du projet Laika, qui s'était alors occupée avec amour de la malheureuse chienne perdue dans l'espace. Tous les deux vont devenir des cibles, car même s'ils en savent peu, c'est déjà beaucoup trop pour les services secrets et leurs objectifs de discrétion absolue. Pendant ce temps-là, le lecteur ébahi se rend compte que nos trois animaux sont bel et bien vivants, qu'ils ont acquis une forme de conscience inédite, qui leur permet de communiquer, et qu'ils cherchent le moyen de… rentrer sur Terre! Avec des influences assumées (au niveau de l'esthétique) comme 2001 : l'Odyssée de l'espace, Lemire et Sorrentino nous conduisent par la main à travers une œuvre de grande et de petite envergure à la fois. Il y a de grands concepts, des idées qui pourraient bien passer au dessus de la tête de pas mal de lecteurs, qui jouent avec notre compréhension de l'espace et du temps. Mais rien ne se superpose jamais à ce qui fait vraiment évoluer l'intrigue : son noyau émotionnel. Quelque chose d'aussi simple que les liens forts qui peuvent unir un chien et son maître. L'universel au service de l'intime. Des existences insignifiantes au service d'un album qui aborde l'immensité infinie de la réalité. Andrea Sorrentino nous séduit une fois de plus avec un travail exceptionnel. Des compositions de pages originales, une narration dynamique et un style très personnel; une fois de plus on remarque à quel point Lemire et lui se complètent à merveille. La capacité de l'italien à mélanger espionnage et science-fiction, dans une synthèse visuelle cohérente, est admirable et la lisibilité est toujours notable, même quand l'artiste tend à l'abstraction. Mentionnons également la couleur du sensationnel Dave Stewart, qui permet à Sorrentino d'atteindre son potentiel maximum. Urban Comics nous fait le plaisir de publier Primordial dans un format oversized qui fait que nous profitons au mieux de cette beauté, qui à défaut d'apporter toutes les réponses, nous plonge dans les limbes délicieuses du mystère conceptuel de la réalité, et probablement, de la création artistique.
BLACK ADAM : ANATOMIE DU DERNIER FILM DC/WARNER
ULTRAMEGA : LES KAIJUS DE JAMES HARREN CHEZ DELCOURT
COPRA VOLUME 3 : LES PORTRAITS DÉCOMPOSÉS DE MICHEL FIFFE (CHEZ DELIRIUM)
Avec Guthie commencent les trois récits les plus ésotériques, qui surfent entre dimensions étrangères, métaphysique et folie furieuse. Abandonnée en piteux état dans une autre dimension, elle va devoir se refaire une santé avant de se retrouver à nouveau confrontée à ses poursuivants. Et ça ne se finira pas de la meilleure des manières. Situation également très tendue pour Rax et son gilet bien particulier, une des armes les plus formidables que quiconque n'ait jamais portée. Seulement voilà, quand on est incarcéré et sur le point d'être abandonné dans une sorte de "zone fantôme" scellée, mais aussi battu à mort par des codétenus qui profitent d'un moment de doute, quel espoir peut-il encore subsister de reprendre une vie plus ou moins normale? Une question à laquelle il n'y a pas forcément de réponse. Quant à Xenia, elle possède toujours dans son organisme ce fragment d'un casque au pouvoir incommensurable, qui fait d'elle une créature au pouvoir quasi divins. Instable et confrontée à des instincts et désirs des plus contradictoires, elle tente de sauver Vincent, la version Copra du Docteur Strange, dans un univers totalement fantasmagorique, qui permet à Michel Fiffe de lâcher prise définitivement, d'instaurer une construction des pages, une insertion des dialogues et une progression logique de l'histoire des plus dingues. C'est dans cet épisode qu'il donne la pleine mesure de ce qui constitue sa force, sa faculté de s'émanciper des canons du genre pour écrire planche après planche sa propre histoire, dans tous les sens du terme. Il est donc fort logique et pertinent que ce soit cette aventure précise qui vienne clore le volume 3 de Copra. Comme toujours un petit bijou graphique, qui derrière l'apparente simplicité des traits et des formes, recèle une inventivité et une singularité que nous avons rencontré bien peu souvent dans l'histoire du média. En fait, il s'agit d'un titre totalement à part, qui a tout autant de chance de vous rebuter que de vous faire tomber radicalement amoureux. Comme nous faisons partie de ceux qui ont eu le coup de foudre, vous pouvez deviner le plaisir évident à retrouver cette galerie de portraits qui sert un peu d'interlude ou de second départ à un monde fascinant. À retrouver chez Delirium, un éditeur qui ressemble aux créatures qu'il publie, et dont il partage les qualités.
CONCOURS : DEUX EXEMPLAIRES DE PRIMORDIAL (URBAN COMICS) à gagner !
Concours sur UniversComics!
En cette fin de mois d'octobre, nous remercions Urban Comics, qui met à notre disposition deux exemplaires de PRIMORDIAL, album signé Jeff Lemire et Andrea Sorrentino, un duo magnifique qu'on ne présente plus (Gideon Falls, Green Arrow...). Tirage au sort le 28 octobre. Pour jouer, rien de plus simple, vous vous rendez sur Facebook et vous suivez les instructions (ci-dessous). Si vous n'avez pas de profil FB, vous pouvez toujours nous laisser un message en commentaire, avec vos coordonnées. Bonne chance à toutes et à tous.
1957. L'URSS envoie la chienne Laïka en orbite autour de la Terre. Deux années plus tard, les États-Unis réitèrent l'expérience avec l'envoi de deux singes, Able et Baker. Les morts successives des cobayes des missions Spoutnik 2 et Jupiter scellèrent la fin des programmes russes et américains de conquête de l'espace pour réorienter les efforts des deux empires vers l'armement. Lors du démantèlement d'un projet spatial à Cape Canaveral, un scientifique - le docteur Donald Pembrooke - met cependant la main sur un relevé qui prouverait contre toute attente que les animaux auraient survécu...
Date de sortie : 28 octobre 2022
Pagination : 176 pages
EAN : 9791026825371
Contenu vo : Primordial #1-6
Prix : 21.01 €
LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LES PIZZLYS
Dans le 137e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Les pizzlys, album que l’on doit à Jérémie Moreau, édité chez Delcourt. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
- La sortie du du premier tome de La belle espérance intitulé Le temps des fruits verts, série que l’on doit au scénario de Chantal Van den Heuvel, au dessin d’Anne Teuf et c’est édité chez Delcourt
- La sortie de l’album La chambre des merveilles, adapté d’un roman de Julien Sandrel, par Philippe Pelaez qui en signe le scénario, Patricio Delpeche le dessin et c’est édité chez Grand angle
- La sortie de l’album Le matin de Sarajevo que l’on doit au scénario de Jean-Charles Chapuzet, au dessin de Christophe Girard et c’est édité chez Glénat dans la collection 1000 feuilles
- La sortie du premier tome d’Hollywoodland, album édité chez Fluide glacial que l’on doit au scénario de Zidrou et au dessin d’Éric Maltaite
- La sortie de Marilyn dernières séances tirés du livre de Michel Schneider qu’adapte Louison au scénario et au dessin et qu’édite Futuropolis
- L’adaptation en bande dessinée du film Diabolo menthe de Diane Kurys, adaptation que l’on doit à Cathy Karsenty et c’est édité chez Dargaud
THE PLOT HOLES : FICTION TOTALE POUR SEAN MURPHY
LA BELGICA TOME 2 : LA MÉLODIE DES GLACES CHEZ ANSPACH
Tandis que la Belgica est prisonnière des glaces et qu'une sinistre dynamique se met en place parmi les membres de l'équipage, qui sont peu à peu victimes de leurs démons personnels, du découragement, mais aussi de la maladie comme le scorbut, qui ne manque pas de les harceler, Elke va de l'avant et évolue. Si elle devient une égérie de la lutte sociale, elle reste toutefois fidèle au souvenir de celle qu'elle aime, et chaque opportunité de renouer avec une vie sentimentale se solde par une hésitation fatale ou un petit signe du destin, qui repousse encore davantage le moment où elle s'ouvrira à nouveau à la vie. Toni Bruno n'a pas besoin de beaucoup pour faire comprendre au lecteur ce qui est en train de se jouer et ce que ressentent ses personnages; avec un minimum d'effets, parfois quelques traits simplement, il est en mesure de nous faire ressentir les émotions des uns et des autres. Par endroits, il n'utilise pas même de dialogue, tant ceci semble superflu, comme par exemple -et cela va de soi- il nous donne à voir l'amitié entre Jean et le chien Sno, qui l'accompagne dans son périple sur la glace. Le travail de l'artiste est exceptionnel car il s'agit à la fois d'une recherche artistique de premier ordre, avec notamment l'emploi d'une encre d'autrefois, qui donne un cachet certain à l'histoire, qui baigne dans un gris verdâtre mélancolique et très efficace, mais aussi une recherche historique, puisque nous sommes ici devant des faits réels dans lesquelles ont été insufflés des éléments de fiction, dont le principal est bien entendu le personnage de Jean. Que ce soit l'expédition de la Belgica (à la toute fin du dix-neuvième siècle) ou le moment crucial où les droits des femmes ont commencé à évoluer en Belgique, tout est traité avec beaucoup de pertinence et les fils narratifs n'ont de cesse de se croiser, pour former au final un roman à deux voix, qui se laisse dévorer. La Belgica est une histoire vibrante et parfaitement mise en scène et elle bénéficie en outre de bonus notables. Dans le tome 2, c'est au tour du courrier de Jean, adressé à sa fiancée, et des portraits des différents membres de l'expédition, qui sont par ailleurs un peu plus mis en avant dans ces pages, à commencer par le cuisinier Louis Michotte ou le Docteur Cook, qui ont chacun leurs scènes de bravoure, ou dirais-je leur quart d'heure de célébrité. Une lecture particulièrement recommandée pour ceux qui aiment l'aventure et l'histoire, intimement mêlées, disponible chez Anspach Editions.
AMAZING SPIDER-MAN: MAXIMUM CARNAGE (MARVEL EPIC COLLECTION)
Carnage n'est pas seul. Lui s'est trouvé une copine psychotique quasiment tout aussi cinglée, et qui répond au nom de Shriek. Le couple dément bénéficie en outre d'une sorte d'enfant putatif, ou plutôt d'animal de compagnie, le doppelganger, à savoir un double difforme de Spider-Man, qui remonte au crossover The Infinity War. Mais notre histoire ultra violente présente d'autres super-vilains, qui font leur apparition, comme par exemple Carrion ou le Demogoblin. En face, il faut alors une véritable armada pour contrer tous les cinglés qui mettent la ville à feu et à sang. Beaucoup de personnages qui gravitent habituellement dans l'orbite du monde du Tisseur vont prêter main-forte, comme la Cape et l'Epée, Morbius, Black Cat, ou bien d'autres un peu plus inattendus comme Captain America, Firestar et Deathlock. Quand il y a plusieurs séries concernées, nous trouvons logiquement une liste imposante d'artistes au menu. Dans ce Maximum Carnage, au scénario, défilent par exemple Tom De Falco, David Michelinie, ou le spécialiste de la psychologie fouillée et torturée, Jean-Marc De Matteis, qui s'occupent tous de rendre la vie impossible à Spider-Man. Côté dessinateurs j'apprécie tout particulièrement Sal Buscema et son trait rigoureux, qui à l'époque a marqué profondément la série Spectacular Spider-Man, où il est resté de nombreuses années durant en poste. Mais nous trouvons aussi Mark Bagley, qui officie depuis des lustres sur le personnage, ou encore Alex Saviuk, dont le style est beaucoup moins gracieux que ses collègues. Mentionnons également le regretté Tom Lyle, qui bénéficie d'un encrage lourd et d'une mise en couleur parfois criarde, ce qui fait que ses planches sont plus surchargées et moins lisibles que les autres. Nous avons là 14 épisodes qui ont marqué leur époque, et qui constituent un tournant dans l'histoire de Spider-Man, puisque il s'agit d'un plongeon angoissant dans une violence irréfrénable, une tentative évidente d'adapter les aventures de Spidey aux années 90. Globalement cela fonctionne bien si on regarde l'ensemble avec l'œil nostalgique du lecteur que nous étions alors, mais il est vrai qu'avec le temps, cette avalanche de baston et de crimes n'apparaît pas comme le point culminant de la décennie pour le monte-en-l'air. Récréatif et bourrin, le genre de lectures dont on nous a abreuvés durant une décennie dingue.
SILVER SURFER RENAISSANCE : ON REPLONGE DANS LES 1990s?
Bien entendu, puisqu'il est question de tout ce que je viens de citer, il sera aussi fait mention des gemmes du pouvoir, notamment celle de la réalité, qui a été confiée à Thanos à l'insu de tous, par Adam Warlock. Le hasard faisant bien les choses, vous avez probablement lu ces épisodes il y a peu de temps, dans l'intégrale 1992-1993 d'Adam Warlock, où est publié la série Warlock & the Infinity Watch. Et bien ici, à défaut d'être une suite directe, nous avons affaire à des épisodes apocryphes qui se déroulent justement à cette époque-là. On retrouve également Nebula, qui passe un sale moment avec celui qu'elle considère comme son père, c'est-à-dire notre cher titan Fou, outre les habituelles machinations de ce dernier, qui à défaut d'être devenu fréquentable, passait alors pour une sorte de super vilain fataliste et philosophe à deux doigts de se réformer définitivement, mais dont tout le monde se méfiait en raison d'un potentiel maléfique inné et incontrôlable. C'était l'époque où on le retrouvait tel un bon fermier, assis sur le pas de la porte, en train de deviser sur le sens de l'existence et la vanité des grands objectifs qu'on ne peut jamais atteindre. Ce serait bien sûr exagéré de dire que le scénario de Ron Marz est d'une originalité à toute épreuve et qu'il s'agit là d'un album à la hauteur de ce que nous pouvions lire dans les années 1990. C'est par contre un bonbon nostalgique qu'on peut réserver à ceux qui ont connu l'époque en direct, et qui comprennent ce que les deux artistes sont en train de faire, et également quelle est en outre la portée symbolique de leur présence sur ces pages. Attention toutefois, la plaie n'en finit plus de se rouvrir à ce sujet. Prenez Thanos, par exemple. Tant qu'il apparaissait sporadiquement, voire même disparaissait pendant longtemps de la scène, avant de revenir sous forme d'un Titan ultra puissant, prêt à annuler la moitié de l'univers, il était nimbé d'un prestige exceptionnel, qui lui a permis de devenir ce personnage à part. Aujourd'hui, après avoir été exploité à toutes les sauces et battu régulièrement par un peu tout le monde, qui peut encore avoir la même idée de Thanos, qui peut encore autant trembler qu'à cette époque où il endossait enfin le gant du pouvoir? Si pour vous le vrai cosmique Marvel, ce sont les années Jim Starlin, je vous recommande tout de même de jeter un œil à Silver Surfer Rebirth. Ça semble taillée pour vous, cette sortie-là!
RECKLESS ÉLIMINER LES MONSTRES : TROISIÈME MANCHE CHEZ DELCOURT
LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : ANA ET L'ENTREMONDE
– La sortie du 7e tome de la série Aya de Yopougon que l’on doit au scénario de Marguerite Abouet, au dessin de Clément Oubrerie et c’est édité chez Gallimard
– La sortie de l’album Les sauveurs que l’on doit au scénario conjoint de Fabien Morin, Julien Derain et Laurent Hopman, au dessin de Chhuy-Ing Ia et c’est édité chez Deman éditions
– La sortie du deuxième et dernier tome de Ténébreuse que l’on doit au scénario de Hubert, au dessin de Vincent Mallié et c’est édité chez Dupuis dans la collection Aire libre
– La sortie de l’album Vergès, une nuit avec le diable que l’on doit au scénario de Jean-Charles Chapuzet, au dessin de Guillaume Martinez et c’est édité chez Glénat dans la collection 1000 feuilles
– La sortie de l’album L’ombre des pins que l’on doit au scénario conjoint de Valérian Guillaume et Cécile Dupuis, qui signe aussi le dessin, et c’est édité chez Virages graphic
– La sortie en intégrale de Peepshow que l’on doit à Joe Matt et aux éditions Vagator dans la collection Revival
LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BILLY LAVIGNE
Dans le 196e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Billy Lavigne que l’on doit à Anthony Pastor, un ouvrage publié chez Casterma...

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Comme chaque samedi désormais, nous vous proposons de plonger dans l'univers de la bande dessinée au sens le plus large du terme,...
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WORLD WAR HULK (Marvel Deluxe - Panini) A l'occasion de la sortie (avant les fêtes, bien entendu) du Marvel Deluxe consacré à...
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UNIVERSCOMICS LE MAG' 46 Octobre 2024 / 60 pages / gratuit Disponible ici (lecture + téléchargement) : https://madmagz.app/fr/viewer/...