Car nous avons affaire là à un vrai récit épique et passionnant, qui comme dans les bonnes tragédies grecques, convoque la famille et ses affres, le sens du devoir et le rôle du destin. Scott Summers a abandonné son fils, ou a t-il accompli un geste d'amour extrême pour le sauver, lui donner une chance d'exister ? Selon notre sensibilité, et le fait d'avoir toutes les informations en main, l'opinion peut-être divergente sur ce point. En parallèle, les X-Men d'alors sont vraiment crédibles, très bien caractérisés, bénéficiant certes de l'héritage sublime de Chris Claremont, mais entamant une mue fascinante, avec toute une série de micro drames personnels, de doutes insidieux, qui minent la stabilité des différentes équipes. C'est évident quand on voit Scott Summers tout émoustillé devant le physique sculptural de Psylocke, Archangel se complaire dans une violence latente qu'il a du mal à contenir, ou Bishop qui se heurte aux méthodes trop gentillettes de ses compères, lui qui souhaiterait sortir les gros calibres plus souvent. Au dessin, différents artistes se succèdent, avec des styles qui ne collent pas forcément entre eux. D'habitude j'ai tendance à penser que c'est rédhibitoire pour un récit de ce type, que ça brise l'unité, mais pas ici, car c'est une brochette de talents incroyables. Andy Kubert défend le super-héroïsme classique et incisif, avec un trait nerveux et détaillé. Jae Lee donne dans la colère, livre des planches sombres, torturées, où explosent rage et violence, dans un jeu d'ombres somptueux. Brandon Peterson assure le job avec classicisme, et Greg Capullo démontre qu'il est en train de se faire une place au soleil parmi les tous meilleurs, ce qui n'était pas gagné quelques années auparavant (voir son passage sur Quasar pour comprendre…). En prime, on a droit à Mister Sinister dans toute sa splendeur énigmatique (bien avant le baroque actuel) et aux prémices d'une fin de décennie que nous regrettons aujourd'hui, de Onslaught au virus Legacy, en passant par Age of Apocalypse. On a droit à une vraie belle fusion entre le ton du soap opéra généalogique et le super-héroïsme traditionnel, une belle opposition entre rêve et méthodes pacifistes et attaques bille en tête, tous gros flingues dehors. Des X-Men et consorts déclinés à toutes les sauces, qui se brouillent (la prison pour X-Force), se découvrent et s'affirment (Cannonball/Rocket) ou tirent à tout va (Cable, Wolverine qui fait dans la découpe). Les mutants, quoi, comme on les a tant adorés.
LE CHANT DU BOURREAU EST DISPONIBLE DANS LA X-FORCE EPIC COLLECTION
Les volumes de la Epic Collection, délices de mes étagères consacrées à la version originale, sont aussi proposés en langue française, chez Panini. Et nous allons aborder une des histoires majeures des années 1990, un récit que tout amateur des aventures mutantes se doit de posséder et de connaître sur le bout des doigts. Séquence nostalgie alors, avec ce retour en 1994, pour un crossover en douze parties, que nous avions suivis, lors de sa première parution, à travers le jeu de piste habituel proposé par Semic… à savoir aller puiser dans différentes revues kiosque, dont les célèbres versions intégrales de 48 pages. Je parle bien sûr du Chant du Bourreau, qui porte le titre ronflant et un poil agressif en vo de X-Cutioner's song. Tout commence au Madison Square Garden : Charles Xavier, comme à son habitude, fait de son mieux pour assurer la cohabitation pacifique entre humains et mutants. Un joli discours émouvant, avec ses élèves et disciples qui assurent une protection rapprochée, mais inefficace : Cable (en apparence) lui tire dessus et le blesse grièvement, laissant le mentor dans un état critique, qui plus est infecté par le virus techno-organique qui ronge déjà le corps du leader de la X-Force des années 1990. Cable s'est enfui et il va falloir le retrouver, pour comprendre ses motivations, puis lui faire payer cet affront. En parallèle, les lecteurs découvrent peu à peu, épisode après épisode (jusque la grande révélation finale sur son identité, qu'on voyait venir gros comme un camion, mais qui n'en fut pas moins choquante pour autant) un nouveau vilain inquiétant du nom de Stryfe. Celui-ci semble en vouloir particulièrement au couple Jean Grey / Scott Summers, au point que les enlever ne lui suffit pas; il souhaite les humilier, les faire payer pour des crimes, des fautes, que les deux amants auraient commis sans en avoir le souvenir. Stryfe est un criminel efficace, motivé par un profond ressentiment et une honte familiale, c'est un personnage qui permet de laisser planer un suspens insoutenable au long de ces épisodes. Comme Cable est activement recherché, forcément son équipe aussi doit prendre le maquis. X-Force en péril donc, tndis que c'est tout le petit monde mutant qui s'agite sous la houlette de Scott Lobdell et Fabian Nicieza. Et on a beau chercher la petite bête, plus de vingt ans après, il n'empêche, oui, le Chant du Bourreau c'était vachement bien !
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