
Il faut remonter à 2018 pour assister aux débuts de la Justice League de Scott Snyder. Et si vous connaissez les œuvres du scénariste, vous savez d’emblée que la lecture ne sera pas de tout repos. Avec lui, les concepts les plus nébuleux prennent corps, l’intrigue se déploie en une mécanique à tiroirs, et le lecteur éprouve parfois cette sensation désagréable qu’une fois toutes les portes ouvertes, une part essentielle du propos lui a peut-être échappé en chemin. Ici, l’histoire s’appuie sur les événements qui clôturent l’ensemble de la saga que l’on appelle Metal. Le Mur Source n’existe plus : autrement dit, l’univers a perdu ses limites. L’insondable a pris forme, et une énergie absolue, contenant à la fois toute la puissance de la création et celle de la destruction (la Totalité) est désormais en mouvement. Sa trajectoire la mène vers la Terre, où elle finit inévitablement par s’échouer. Un tel pouvoir, capable aussi bien de réparer le cosmos que de l’anéantir définitivement, ne peut qu’attiser les convoitises. Super-héros et super-vilains entrent alors dans la danse. Les premiers, animés par l’ambition de faire le bien ; les seconds, menés par un Lex Luthor à la tête de sa Légion du Mal, y voient l’occasion rêvée d’asseoir leur nihilisme ou leur volonté de domination. Luthor parvient même à pénétrer la singularité cosmique en se réduisant à l’échelle microscopique, jusque dans l’organisme de Superman. Ce dernier, accompagné du Limier Martien, demeure l’un des rares à pouvoir affronter la force cosmique en personne. Pendant ce temps, Sinestro, le perfide Sinestro, a réussi à accéder aux forces du spectre ultraviol et entend laisser la haine submerger notre planète. L’ensemble est d’une complexité vertigineuse : les enjeux puisent leurs racines aussi bien dans l’histoire de l’humanité que dans la tapisserie même de la création. Bref, nous sommes face à du Snyder pur jus. Heureusement, des dessinateurs comme Jim Cheung ou Jorge Jiménez livrent un travail quasi irréprochable, offrant une puissance visuelle et une lisibilité parfois salutaires. De quoi, à l’occasion, suppléer un scénariste dont les idées, aussi foisonnantes soient-elles, gagneraient sans doute à s’exprimer avec un peu plus de simplicité et de clarté.

La suite, c'est le crossover Drowned Earth. Très régulièrement, les comics nous confrontent à de véritables cataclysmes planétaires menaçant l’existence même de la Terre. Là où, dans la réalité, nous frémissons au passage d’une tempête, l’imaginaire super-héroïque n’hésite pas à noyer purement et simplement le globe entier. C’est précisément le point de départ de cette histoire qui implique la Justice League et Aquaman, et, dans une moindre mesure, les Titans. Beaucoup de choses ont changé depuis la mort de Poséidon, et les super-héros doivent désormais faire face à une menace aussi inattendue que redoutable. Des créatures cosmiques, sortes de dieux des océans venus d’autres univers, avaient été emprisonnées pendant des millénaires après leur défaite face au seigneur des mers. Libérées à présent, elles n’aspirent qu’à une chose : se venger. Et, bien entendu, elles n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Pour ne rien arranger, l’eau qui submerge progressivement la planète est de nature mystique. Tous les malheureux qui entrent en contact avec cet élément sont immédiatement transformés en monstres aquatiques. Même le commissaire Gordon, à Gotham, n’y échappe pas : la ville a littéralement les pieds dans l’eau, quand ce n’est pas la tête. Metropolis subit le même sort, et, à vrai dire, c’est un peu le cas partout sur le globe. Et les super-héros, dans tout ça ? Au début, ils encaissent. Et durement. Même Superman se révèle impuissant face à l’ennemi, tandis qu’Aquaman traverse une véritable déchéance, subissant une humiliation sans précédent. Clairement, c’est du lourd, du très lourd. Un blockbuster de haut vol qui vous tombe dessus comme une vague géante — et le plus surprenant, c’est que cela fonctionne remarquablement bien. On retrouve un arrière goût du run de Byrne (puis Harrs) et Jae Lee sur Namor, dans les années 1990. Au menu, du Howard Porter, du Francis Manapul, et bien d'autres encore. Ne cherchez pas la petite bête, New Justice, c'est du blockbuster sur très grand écran.

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